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2. Les influences reçues dans la période du choix du métier

2.3 Les résultats des influences reçues dans la période du choix du métier

2.3.1 Tableaux de comparaisons des facteurs influents le choix du métier Il s’agit d’influences positives (+) et négatives (-) concernant le choix du métier d’enseignement du français.

Les influences de la période scolaire Les influences actuelles au choix du métier E Sexe métier

Tableau 19: Résumé des influences déclarées « directes », antérieures et actuelles, sur le choix du métier

De ce tableau, nous constatons d’abord que le niveau cognitif reçu dans la période scolaire n’a pas eu d’influence directe ou plutôt déclarée sur le choix du métier d’enseignement (sauf chez A), bien que tous les enseignants cibles (sauf E) avaient un bon niveau en français.

Ensuite, le fait que treize sur quinze des enseignants cibles sont des femmes accroît la réflexion sur la probabilité suivante : « enseigner le français » s’avère, dans la mentalité des gens au (Liban-Sud), plus un métier pour les femmes que pour les hommes.72

En comparant les influences antérieures et actuelles au choix du métier, nous constatons qu’«enseigner » s’avère un métier déterminé plus par les influences de la situation environnante actuelle en T2 (période du choix du métier) que par ceux dans la période scolaire:

Choix causé par les influences dans la période

scolaire (T1) B, L, P, F

Choix causé par les influences dans la période actuelle au choix (T2)

C, D, E, G, I, J, K, M, N Choix causé par les influences dans les deux périodes

(T1) et (T2) A, F, H, O

Tableau 20 : comparaison des influences subies

Ce qui n’est pas déclaré par la majorité des enseignants et qui intervient d’une manière et d’une autre dans le choix du métier, c’est le sentiment d’être capable de maîtriser le minimum de la langue à communiquer. La formation scolaire intervient dans le sens où l’acquis stocké sous forme de mots, de syntaxe, de sémantique, de manière de prononcer et de parler la langue constitue un facteur contribuant d’une manière ou d’une autre dans le choix de la matière à enseigner.

24%

52%

24%

Influences dans T1 Influences dans T2 Influences dans T1 et T2

Figure 3 : Pourcentage des influences intervenues dans le choix du métier

Si le choix du métier « enseigner » est, pour la plupart, déterminé par les influences existant dans la période du choix (T2), celui de la matière à enseigner « le français » semble,

72 Cette probabilité ne peut se confirmer qu’avec un nombre plus grand d’enseignants interrogés dans la région.

Le nombre que nous avons entre les mains (17 enseignants cibles) ne représente pas toute la région de Liban-Sud bien qu’ils aient été choisis des grandes écoles de la région. Mais nous pouvons dire que notre étude ouvre des perspectives de recherches nouvelles que nous tentons d’aborder dans nos recherches ultérieures.

par contre, en rapport avec les influences reçues dans la période antérieure T1 (période scolaire) et les dispositions affectives et cognitives construites dans cette période73.

Nous constatons aussi que la majorité n’était pas « formée » à l’enseignement, précisément à l’Ecole Normale, (personne n’a fait des études dans une faculté de pédagogie), seuls cinq enseignants ont fait l’Ecole Normale. Ce fait nous renseigne un peu sur les dispositions des enseignants cibles à enseigner le français pendant la période du choix du métier.

2.3.2 Le manque de dispositions «didactiques » et « vocales » avant d’entamer l’enseignement

Ceux qui ont fait des études universitaires en lettres françaises (B, K, P, Q) (d’âges différents), ont reçu une formation cognitive en ce qui concerne la langue et non pas en ce qui concerne la didactique.

Ceux qui ont fait l’Ecole Normale (A, E, G, J) qui sont d’un même âge, ont reçu une formation beaucoup plus théorique que pratique concernant la didactique du français:

« Toutes les études étaient presque des études théoriques » résume l’enseignante G.

Avant d’entamer l’enseignement, il y en a qui avaient des représentations concernant l’enseignement, des représentations construites sur la qualité de l’enseignement dans le public et les problèmes qu’endurent les apprenants dans l’apprentissage du français :

E

ces pauvres élèves de l’école publique que je voyais tout le temps souffrir de la difficulté du français, faute de manque d’enseignants spécialisés ayant ce but de

faire un vrai changement quant à la situation d français et au niveau des élèves de l’école publique. (à mon époque de début, le français était un privilège)

[Q. (6 : 2 - 13)]

J

On savait bien que les élèves des écoles publiques sont faibles en français, surtout au Sud-Liban, à cause des niveaux des enseignants qui apprennent la langue, ils

sont parfois obligés à enseigner le français bien que leur niveau ou leurs connaissances soient modérées [Q. (5 :17-18)]

Tableau 21: Des représentations de certains sur le niveau des apprenants dans le public avant de pratiquer le métier

Si deux enseignants seulement (E, J) avaient ces représentations sur l’école publique avant de débuter dans l’enseignement du français, le plus probablement c’est qu’ils avaient fait leurs études scolaires dans un établissement public.

73 Revoir le tableau des influences dans la période scolaire p. 74.

En guise d’ouverture…

La période du choix du métier constitue l’étape où l’individu passe du statut d’apprenant à celui d’enseignant. Sa voix parlée varie entre ces deux positions : apprenant de la langue et enseignant de la langue. Ce changement de statut et de position va en parallèle avec le changement dans le type de voix produit : d’une voix non projetée à volume réduit en tant qu’apprenant qui respecte son enseignant vers une voix d’enseignant projetée à un public d’apprenants manifestant des intentions de communication didactiques. Cette réflexion fait penser à la préparation consciente ou inconsciente au fait d’« adopter » une « voix professorale » après avoir choisi le métier ; une voix susceptible de porter les messages didactiques et les transmettre dans les conditions souhaitées.

Dans ce chapitre nous avons constaté que la recherche des facteurs influents le choix du métier a contribué à délimiter la manière dont la préparation à la voix d’enseignant a eu lieu ou effectivement n’a pas eu lieu. Les dispositions à enseigner la langue étrangère se réfèrent en grande partie à la période scolaire en tant que :

- modèle forgé sur la manière de parler en tant qu’enseignant en classe ; - répertoire tonal concernant la manière de parler en langue étrangère ; - habitudes de manières de parler (conscientisées ou non) face à un public ; - savoirs cognitifs en la langue étrangère stockés.

Cependant, écouter la manière dont l’enseignant parle ne suffit pas pour que l’apprenant parvienne à adopter, dans la pratique, une « voix d’un enseignant modèle », ou à produire une voix qui peut transmettre les connaissances et les intentions de communication voulues. La place de la formation à l’enseignement est fondamentale pour aider l’individu à franchir le pas vers la position d’enseignant avec le minimum de difficultés. La formation vocale est une phase manquée mais qui s’avère essentielle. Pour pouvoir parler dans une langue il ne suffit pas de l’écouter (B. Lahire 2001 : 309), il faut interagir et communiquer la langue avec autrui dans les situations et les contextes concernés. C’est ainsi que se manifeste le rôle fondamental de la pratique (que ce soit durant la formation à l’enseignement sous forme de stages, ou en pratiquant le métier).

3. La place de la voix dans la pratique didactique conscientisée

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