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2. Les influences reçues dans la période du choix du métier

2.1 Place de l’influence de la perception vocale dans la période scolaire sur le choix du

2.1.1 Le modèle tonal chez le modèle de référence et le choix d’enseigner le français

Comme la voix de l’enseignant écoutée dans la période scolaire jouera un rôle considérable dans la constitution des représentations et des attitudes positives chez l’apprenant vis-à-vis du métier (en tant que manière de parler désirée, en tant qu’enseignant de FLE aimé sur le plan interpersonnel et respecté car « dominant » vocalement, en tant que langue étrangère apprise et appréciée), c’est que finalement, l’apprenant dans la période scolaire choisit d’être enseignant de français car il s’est projeté dans l’avenir en tant qu’enseignant effectif qui a une position « dominante » à laquelle il souhaitait accéder.

[…] Ces variations vocales correspondant aux statuts peuvent amener des personnes, désireuses de se hausser sur l’échelle sociale, à vouloir adopter la voix des classes dominantes. (G.-D. de Salins (2000 : 272)

Il s’agit d’un « modèle » auquel l’apprenant aspire et qu’il veut imiter afin d’avoir sa place dans l’avenir. C’est de son professeur-modèle qu’il a construit des représentations des formes de phonation en classe, et de la place considérable que peut avoir un enseignant de français. C’est l’une des raisons pour lesquelles certains enseignants cibles ont choisi d’enseigner le français :

L

j’ai choisi ce métier par amour pour le français et pour imiter mon professeur de langue, j’ai voulu à tout prix être comme elle, dire les mêmes mots, adopter sa méthode

[Q. (6 : 3-7)]

P c’était une enseignante BELGE qui m’a enseigné en classe de brevet + et ça a joué un rôle dans le CHOIX que j’ai fait pour cette langue [entretien : 9-10]

F mon prof de français […] m’a aidée à prendre la décision de me jeter dans l’enseignement [Q. (4 : 12-15)]

Tableau 11: l’enseignant modèle comme facteur encourageant le choix du métier.

Le professeur mémorisé a ainsi joué un rôle essentiel dans la constitution du modèle de référence chez ces trois enseignants. Le modèle tonal d’une voix d’enseignant modèle fait justement partie des éléments constituants du modèle de référence. Si l’enseignante L a mentionné les points qu’elle veut imiter dans les manières d’être du professeur : « être comme elle, dire les même mots, adopter sa méthode », par contre, la manière de parler n’est pas évoquée de manière directe dans ses propos. C’est que, comme nous l’avons précisé précédemment, la perception de la voix n’est pas saisie en tant que facteur à part, séparé de la parole, du verbal par l’apprenant. Celui-ci ne semble percevoir que l’effet qu’elle produit sur

« l’image » du professeur en général et elle disparaît du champ de ses représentations (sauf quand elle est distinguée, hors du normal, comme les cas des professeurs mémorisés par les enseignants (C, J, E). Le professeur mémorisé joue donc un rôle dans le choix d’enseigner et dans le choix de la langue enseignée, quand il est considéré comme modèle de référence.

2.1.2 L’attitude positive vis-à-vis de la langue française

L’attitude d’un individu vis-à-vis d’un objet quelconque aura un effet direct ou non sur la réalisation de l’action (choix du métier). La relation existante entre l’attitude et le comportement est étudiée en psychosociologie notamment par J.C. Deschamps & J.L.

Beauvois (1996). Ceux derniers ont présenté - selon un historique de la notion - les études menées dans ce domaine où l’attitude passe d’un simple « état de préparation à l’action », à

« l’évaluation de l’objet ». Ils sont parvenus à la conclusion que l’attitude ne conduit pas seule à la réalisation de l’action. Elle est constituée de deux composants qui sont : le sentiment éprouvé et l’intention d’accomplir une action. C’est l’intention qui peut aboutir à l’exécution de l’action si l’individu conçoit que la situation actuelle est favorable à son accomplissement.

B comme j’aimais beaucoup le français

G J’ai choisi le français car j’aimais cette langue [Q. (5 : 23)]

H Parce que tout simplement j’aime la langue et la culture française. [Q. (5 : 17-18)]

L J’ai choisi ce métier par amour pour le français [Q. (6 : 3)]

O Je voulais faire des études que j’aimais et c’était la littérature française que j’aimais le plus. [Q. (5 : 10-15)]

P depuis mon enfance je l’ai aimé [entretien : 30-31]

Q J’ai préféré le français [entretien : 42-44]

Tableau 12 : l’attitude vis-à-vis de la langue comme facteur influent sur le choix du métier.

Les propos des enseignants cibles ont présenté leurs attitudes vis-à-vis du français comme étant un facteur (parmi d’autres) qui est à l’origine de leur choix d’enseigner le

français. Les attitudes positives des enseignants vis-à-vis de la langue française sont en même temps des sentiments éprouvés et des intentions. Nous constatons que la situation actuelle a joué un rôle dans la réalisation du choix du métier et leurs attitudes interviennent de manière indirecte dans le choix du métier, en étant une tendance, une orientation positive vers la langue enseignée. Elles interviennent plutôt dans le choix de la langue enseignée. La comparaison entre le métier essentiellement désiré chez certains dans leur enfance et celui choisi dans la période du choix du métier met en valeur le rôle de la période actuelle au choix du métier :

A neurologue/psychiatre [Q. (5 : 11)]

D mon ambition était la magistrature [Q (. (5 : 9))

I j’avais un penchant à tout ce qui se rapporte à la médecine [Q. (5 : 6-7)]

K mon rêve n’était pas de devenir enseignante de français mais d’étudier la médecine [Q. (5 : 8-9)]

M architecte d’intérieur [Q.(5 :13)]

N mon rêve d’être médecin [Q. (5 : 24)]

Tableau 13: le métier désiré durant la période scolaire

Le métier désiré chez cinq enseignants était autre que l’enseignement du français : il s’agit pour la plupart d’un métier scientifique comme la médecine (I, K, N), l’ingéniorat (M), la neurologie ou psychiatrie (A). L’orientation concernant le futur métier désiré dans la période scolaire s’avère plus scientifique que littéraire. Ceci nous donne une idée sur la manière de penser dans cette époque, et les représentations positives donnée aux études scientifiques par rapport à celles littéraires. Parmi les dispositions cognitives déclarées concernant l’enseignement du français et qui sont en rapport avec le passé scolaire nous soulignons celles positives (le niveau « stocké »67 de A) d’un côté et celles négatives (le niveau non satisfaisant de E et la formation non spécialisée de D):

A le niveau que j’avais stocké disons + en français + bon je l’ai gardé … que j’ai RECU jusqu’à la classe de cinquième bon je l’ai gardé [entretien : 25-28]

D J’ai une formation de juriste, j’ai dû faire une formation par mes propres moyens [Q. (4 : 6,17)

E mon niveau en français ne permettait pas de telles aspirations. [Q. 5 : 5 – 6)]

Tableau 14 : les dispositions cognitives déclarées qui se rapportent à la période scolaire.

67 Le « stock », selon B. Lahire, « se distingue du « tas » ou de l’ « amas » en ce qu’il s’avère organisé sous forme de répertoires sociaux […] de schèmes, répertoires distincts les uns des autres, mais interconnectés et comportant sans doute des éléments communs: il est composé de « produits » (les schèmes d’actions) qui ne sont pas tous nécessaires à tout moment et dans tout contexte ». ((2001 : 61-62). Ainsi, l’enseignant A utilise ce mot pour désigner plus un stockage d’informations que des schèmes d’actions. Et il pourra s’en servir au moment où il en aura besoin.

Le choix du métier s’avère ainsi conditionné, d’une part, par les représentations et les attitudes positives forgées par l’individu, quand il était apprenant dans sa période scolaire, vis-à-vis du métier et du statut de l’enseignant de FLE, et d’autre part, par son degré de conscience de ce que le milieu socioculturel lui apportera dans la période du choix du métier, comme par exemple les postes disponibles, la place accordée à l’enseignant de FLE et à la langue.

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