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3. La place de la voix dans la pratique didactique conscientisée

3.2 La voix comme moyen privilégié pour accrocher les apprenants

4.2.1 La conscience des obstacles réduisant la motivation des apprenants

au cours de l’expérience de l’enseignement se rapportent à l’intérieur de la classe et à son extérieur. Il s’agit, en classe, de matériels didactiques « introuvables », de manuels scolaires et de programmes non appropriées au niveau et aux besoins des apprenants. En dehors de la classe, l’anglais est la langue qui « gagne du terrain » libanais. Tous ces facteurs – selon les enseignants cibles – ont constitué une génération d’apprenants non motivés à apprendre la langue étrangère, et d’un niveau cognitif faible en cette langue.

Les enseignants qui ont parlé d’absence de matériels didactiques (A, B, H, I, K, L) sont plus nombreux (six) que ceux qui ont parlé de présence de matériels didactiques (deux). Les autres n’ont pas évoqué les matériels didactiques peut être parce qu’ils ne les considèrent pas comme étant un problème essentiel qui les empêchent de mieux réussir leur mission en classe, ou bien qu’ils ne leur donnent pas cette importance dans le processus d’enseignement/apprentissage de la langue (Tableau 27).

Le besoin de certains enseignants de matériels didactiques s’inscrit dans un but didactique déclaré par quelques uns : motiver à apprendre (I) ou faire passer un message, une information quelconque (B).

M et G sont satisfaits de la présence de matériels didactiques et il faut noter que ceci est en rapport avec la qualité de l’établissement où elles enseignent le français. En effet, il s’agit d’un établissement privé de bonne qualité, l’espace de l’établissement scolaire est motivant à tout apprentissage et il est une source de satisfaction pour les enseignantes.

A (insatisfait) de l’équipement en matériel pédagogique [Q. (9 : 18)]

B

le grand manque des matériels didactiques dans nos établissements de sorte que le professeur doit, dans beaucoup de cas, se débrouiller lui-même pour pouvoir faire

parvenir à l’apprenant une information quelconque [Q. (9 : 8-12)]

G (satisfaite) des matériels didactiques [Q. (9 : 12-13)]

H

pour travailler l’oral, on a besoin de matériel didactique comme les supports audio-visuels. Mais malheureusement ces supports ne sont pas disponibles à la portée des

enseignants [Q. (9 : 8-12)]

I

l’absence quasi totale de matériels didactiques qui nous oblige à utiliser seulement des matériels traditionnels qui sont incapables de motiver les apprenants. Utiliser par exemple un rétroprojecteur pour expliquer la leçon peut créer une animation et

une motivation qu’on n’arrive pas à susciter si on utilise seulement le tableau [Q. (9 : 4 -13)]

K le manque des matériels didactiques. le seul support qu’on utilise c’est le livre, il n’y a pas même une petite librairie à l’école. [Q. (9 : 8 -10)]

L l’absence des matériels didactiques : vidéo, rétroprojecteur, magnétophone etc. on ne dispose de rien au Lycée, rien n’est disponible [Q. (9 : 6 -10)]

M

dans l’établissement où j’enseigne on est bien gâté. Pas de problèmes matériels, on travaille dans un bâtiment moderne, à l’architecture agréable à vivre. On y trouve de

vastes classes et plusieurs cours des espaces verts. Une grande bibliothèque assez riche par rapport à à d’autres établissements du Sud. Un amphithéâtre qui accueille les habitants de la ville à plusieurs occasions un grand gymnase. Je peux dire que je suis plutôt satisfaite même si l’enseignement n’a jamais été mon rêve [Q. (9 : 4 -12)]

Tableau 27 : la carence en matériels pédagogiques

Les enseignants cibles (formés dans la période scolaire selon l’ancien programme), trouvent des difficultés à faire acquérir aux apprenants le contenu des manuels scolaires (écrits selon le nouveau programme) : (Tableau 28).

Bien que le nouveau programme ait l’avantage de donner une place privilégiée à l’oral (C, H), les manuels scolaires ne conviennent pas au niveau de l’apprenant libanais ni à ses besoins, ils sont surchargés et leur contenu n’est pas bien organisé, les textes, les objectifs proposés et les évaluations ne sont pas cohérents (A, B, D, E, G, H, J, K, N, O). Tous ces inconvénients sont susceptibles de démotiver les apprenants, et par suite de rendre de plus en plus difficile la tâche de maîtriser la classe.

Le dernier facteur extérieur influent la pratique didactique de l’enseignant est la deuxième langue étrangère présente dans le milieu socioculturel des apprenants : l’anglais.

Six enseignants cibles seulement l’ont remarqué (Tableau 29). Nous constatons qu’il existe actuellement (dans la période de l’exécution du corpus), une emprise de l’anglais sur le français dans le milieu socioculturel (médias : radio, informatique, télévision, etc.) Cette emprise apparaît dans les expressions comme « prend le dessus » « gagne du terrain » (D),

« gagne du territoire » (O), « le français n’a plu de place réelle » (E) « restreignent le domaine du français » (A). Notons que les six enseignants sont chevronnés donc ils ont tous une longue

expérience d’enseignement. Cette emprise de l’anglais sur le français n’existait pas dans la période où les enseignants étaient des apprenants de la langue même la période du début de l’enseignement était mieux sur le plan de la place de la langue française.

A la politique erronée appliquée par les responsables au niveau des livres scolaires/

des évaluations [Q. (9 : 12-14)]

B le plus grand problème réside dans le contenu des programmes […] mais parfois les objectifs demandés à appliquer ne correspondent pas au texte. [Q. (9 : 13-20 )]

C

satisfaite des thèmes abordés dans le manuel. […] la plupart d’entre eux parlent de leur vécu et de leur occupation. Et les activités orales [...] pratiquées dans la

nouvelle méthodologie sont bonnes parce qu’elles aident les apprenants à s’exprimer oralement pour produire plus tard. [Q. (9 : 12-21)]

D

les nouveaux programmes qui détruisent toute motivation chez les élèves et les profs. A vrai dire, je ne sais même pas ce que j’enseigne. Ce fut mal préparé, trop ambitieux, décousu, et ne correspondant en rien à la réalité du niveau en français

au Liban [Q. (9 : 24-31)]

E nos programmes sont bien chargés et nous exigeons beaucoup de nos élèves […]

[Q. (9 : 9-14)]

G

le problème n’est pas dans le programme mais dans la signification du mot

« programme » [Q. (9 : 16-20)] L’apprentissage consiste à savoir qui est l’apprenant ? […] y a des fois où on se trouve obligé à mettre le livre e côté pour […] en but de remplir les trous qui se trouvent chez les apprenants [Q. (9 : 20-33)]

H

les nouveaux programmes mis en application depuis la réforme scolaire de 1997 ont donné une place privilégiée à l’oral Q. (9 : 4 -6)] mais le contenu des manuels

scolaires ne répond pas toujours à l’esprit des nouveaux programmes Q. (9 : 6-8)]

J

on facilite toujours les manuels scolaires dans les écoles publiques si bien que le niveau des élèves devient de plus en plus faible [Q. (9 : 11-14)]

le cœfficient de la langue française est sur 40 alors que les autres matières sont sur 60. cela décourage les élèves […] [Q. (9 : 15-19)]

K

le livre du bac série sciences […] détourne l’élève au lieu de l’aider. Les textes sont mal choisis, le questionnaire est mal posé […] le prof a recours à utiliser un autre

manuel qui peut aider les élèves [Q. (9 : 17- 24)]

N

le programme libanais a subi beaucoup de transformations dues aux transformations qui ont eu lieu en France, […] les gens à qui l’on a confié le changement du programme n’ont pas respecté le fond mais la forme. […] sans

créer aucune harmonie entre les différentes classes ou respecter ce que peut acquérir un apprenant libanais. [Q. (9 : 8-20)]

O

les nouveaux programmes au lieu de résoudre les problèmes dont se plaignaient les professeurs et les apprenants ont créé d’autres difficultés : bien que les thèmes soient en rapport avec le vécu de l’apprenant, les textes, pour la plupart, des moins

attrayants. En outre, le contenu du livre constitue pour l’élève une surcharge de plus. [Q. (9 : 15-21)]

Tableau 28: les programmes et les manuels non adaptés aux besoins des apprenants.

A ces facteurs restreignent le domaine du français pour laisser la place à l’anglais [Q. (9 : 23-25)]

D

très insatisfaite par la vision générale que l’on a à l’heure actuelle.

L’anglais gagne du terrain et cela est normal. Je me demande parfois si tout n’a as été organisé justement pour que les élèves détestent la matière

[Q. (10 : 1-6)]

E

je m’efforce toujours à convaincre mes élèves que le français est une langue utile, une vraie langue de communication et la réalité démentit ce que je dis […] la réalité qu’on vit est une réalité qui favorise l’anglais […] ce qui me gêne c’est que le français n’a plus de place réelle dans l’entourage de mes élèves … le cinéma, la télé, la publicité, les affiches, l’informatique … tout dans notre contexte social et culturel favorise l’anglais au dépens du français

[Q. (9 : 4-12 )]

M

la place de l’anglais au Liban prend le dessus en ce moment et il n’est pas facile de faire des activités ou de chanter en français avec des enfants qui

raffolent de tout ce qui est parlé et chanté en anglais [Q. (9 : 13 - 16)]

N l’anglais, l’ordinateur, la vie devenue plus rapide créent cet écart entre l’enseignant et l’apprenant libanais [Q. (9 : 30-32)]

O

l’anglais gagne plus de territoire. Les apprenants qui apprennent le français sont chaque année moins nombreux. Les parents veulent que leurs enfants apprennent l’anglais le considérant plus important que le français : c’est la

langue de la technologie, devenue indispensable dans notre vie.

[Q. (9 : 8-14)]

Tableau 29 : l’anglais qui gagne du terrain

Les influences de la place donnée à l’anglais en dehors de la classe se révèlent, dans les propos de quatre enseignants cibles, d’abord à travers l’attitude négative des apprenants face à la matière à l’intérieure de la classe : «les élèves détestent la matière » (D), « les apprenants qui apprennent le français sont chaque années moins nombreux » (O). Ensuite, elles se révèlent à travers la communication devenue difficile entre l’enseignant et ses apprenants : l’«écart entre l’enseignant et l’apprenant libanais» (N). Enfin, la place donnée à l’anglais en dehors de la classe faisait que les parents « veulent que leurs enfants apprennent l’anglais le considérant plus important que le français » (O).

Ainsi, plusieurs facteurs extérieurs à l’enseignant (les programmes et les manuels, les matériels didactiques, l’anglais) et l’enseignante P a mis le point sur la révolution technologique qui a constitué des apprenants non motivés à la langue :

« La nouvelle génération souffre 75 + la nouvelle génération court après la matière + fascinée par les révolutions technologiques + informatiques + c’est la génération d’Internet + la génération des satellites » [entretien : 197-200].

75 Le signe est une continuation de l’intonation, c'est-à-dire que l’enseignant quand il s’arrête de parler, son intonation dénote qu’il n’a pas terminé son idée, donc qu’il ne conclue pas. Tandis que le signe dénote une conclusion de l’intonation, c'est-à-dire que l’enseignant conclue une idée.

Tous ces facteurs ont joué un rôle déterminant dans la constitution d’un public d’apprenants non motivés à l’apprentissage de la matière.

Nous ne pouvons pas préciser si les influences extérieures ont premièrement agi négativement sur la motivation des apprenants et ensuite leur niveau a régressé, ou si c’est le contraire, c’est à dire qu’elles ont agi d’abord sur le niveau des apprenants ce qui les ont démotivés76. L’important c’est qu’en fin de compte, les enseignants se sont trouvés en classe devant un public d’apprenants non intéressés par la matière « le français », et d’un niveau très faible en français.

Depuis le Tableau 30 nous constatons dans les propos des enseignants cibles une relation réciproque de cause à effet entre deux éléments (les attitudes des apprenants face à la matière et leur niveau qui est faible en français.

En effet, l’attitude négative se révèle dans les expressions comme « elles ne sont pas curieuses » (C), les élèves n’aiment pas lire » (K) ; « en la considérant comme matière fardeau imposée» (I).

Et le niveau faible des apprenants paraît dans les expressions comme « leur langue est assez faible (K), « difficultés à communiquer en français », « le niveau des élèves devient de plus en plus faible » (J), « il y a des des notions de langue qui ne sont pas du tout assimilées » (E), « le public concerné ignore la langue » (O), La difficulté […] à acquérir le bon usage de la langue française (B), « mes élèves ne s’expriment pas et ne produisent pas » (C).

Dans la mesure où l’extérieur ne s’améliorait pas, et que les facteurs influents dans le milieu socioculturel et en classe de langue demeuraient « négatifs », c'est-à-dire n’étaient pas favorables à un bon enseignement/apprentissage de la langue française, faire apprendre le français s’avère une tâche pénible pour l’enseignant qui devient un « maître » (dans la forme du métier) mais qui n’est pas « maître » dans sa « position d’enseignant » en classe, ni maître dans sa pratique didactique dont la réalisation des objectifs rencontrent plusieurs obstacles.

La difficulté de réaliser les objectifs didactiques est mentionnée par les enseignants (I, D, G et O). I parle «d’un « travail compliqué » pour l’enseignant, D parle de « motivation détruite » chez l’enseignant à cause des nouveaux programmes, pour O « L’enseignement de la littérature sera très difficile voire même impossible » avec des apprenants d’un faible niveau [Q. (10 : 1-5)] et G avoue qu’elle ne peut pas utiliser les matériels didactiques » à cause du niveau des apprenants.

76 P. Bogaards (1988) a parlé de l’influence de l’affectif sur le cognitif et vice versa.

B La difficulté ressentie par les apprenants à acquérir le bon usage de la langue dans leur manuel pour enrichir leur vocabulaire et leur culture. [Q. (9 : 22-30)] Ce n’est pas qu’elles ne l’aiment pas mais elles ne l’entendent qu’à l’école […] elles ne possèdent pas un bagage bien rempli [Q. (7 : 12 ; 20-21)]

D les nouveaux programmes qui détruisent toute motivation chez les élèves et les profs [Q. ( )]

E il y a des des notions de langue qui ne sont pas du tout assimilées + [entretien : 114-118]

G

Les apprenants trouvent beaucoup de difficultés à communiquer en français à l’oral et à l’écrit faute de compréhension - le niveau des apprenants ne me permet pas de

les (matériel didactiques) utiliser [Q. (9 : 7- 13)]

I

des matériels traditionnels qui sont incapables de motiver les apprenants.

[Q. (9 : 4 -10)] Le niveau faible des apprenants dû à leur prise de position face au français en le considérant comme matière fardeau imposée sur eux. Très rares sont les élèves qui montrent un intérêt et une attention à l’apprentissage du français. . [Q. (9 : 14-22)]

K Parce que leur langue est assez faible, les élèves n’aiment pas lire autre que ce qui est demandé dans le livre national. [Q. (9 : 14 - 16)]

J le niveau des élèves devient de plus en plus faible [Q. ()]

O le public concerné ignore la langue. [Q. (10 : 5-6)]

Tableau 30 : la non motivation des apprenants et leur faible niveau

Les enseignants cibles se sont trouvés devant une tâche « très pénible » et ressentent le besoin et l’obligation de travailler leur présence en classe, ce qu’ils devraient être dans voit obligé de créer des motifs pour que les apprenants aiment et apprennent la langue »[I. : Q.

(9 : 14-22)], « Je fais tout mon possible je les pousse […] je les force […] , je retire les mots même si cela s’avère difficile [ C : Q. (9 : 7-11)].

Nous pourrions dire tout d’abord, que l’enseignant qui tient compte de ses interlocuteurs-apprenants, en d’autres termes, qui prend en considération leur niveau perceptif

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