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2. Les facteurs du passé qui influencent la production vocale

2.3 Le degré de maîtrise du système tonal de la langue étrangère

2.3.1 Les interférences tonales propres à la langue maternelle

La langue étrangère qui est présente en classe est communiquée (ou elle est à communiquer) verbalement de manière contrainte (car exigé par le statut d’enseignant de la langue LE). Alors qu’à l’extérieur de la classe la langue étrangère est communiquée de manière éventuelle selon la volonté ou le contact arbitraire ou voulu de l’individu. En fait, à l’extérieur de la classe c’est la langue maternelle qui est le plus utilisée dans la communication verbale. Il semble évident à ce stade que la manière de parler diffère selon que l’enseignant parle en langue maternelle ou en langue étrangère, puisque chacune des deux langues possède un système tonal qui lui est particulier.

Parler en une langue étrangère diffère selon la nature de sa langue maternelle de chaque individu. Un Chinois par exemple ne parle pas français de la même manière que le fait un Libanais, ou un Marocain, ou un Anglais etc. les interférences du système tonal de sa langue maternelle sont fréquents et affectent sa production vocale.

La question essentielle sera dans quelle mesure l’enseignant de FLE maîtrise le système tonal de la langue étrangère et quel effet le degré de sa maîtrise du système tonal de la langue étrangère pourra l’aider ou lui faire obstacle à son échange verbal avec ses apprenants en classe? Dans quelle mesure l’enseignant pourra-t-il se servir des « indices tonals » propres au système tonal de la langue qu’il communique.

2.3.2 L’accent de durée propre à la langue française

En effet, la maîtrise du système tonal de la langue à enseigner fait partie des facteurs agissant sur le comportement vocal de l’enseignant en classe. Selon E. Lhote (1990), il est

13 Les influences antérieures sur la constitution des représentations, des connaissances, des répertoires sur la manière de parler en classe seront traitées dans la deuxième partie.

utile que l’enseignant précise à ses apprenants, par son discours vocal, les qualités intonatives et rythmiques de la langue cible. En français, la durée, l’intensité, la mélodie, la pause, l’accent, jouent un rôle important dans la structure rythmique d’un mot, d’une phrase et d’un énoncé quelconque. Un groupe rythmique en français est « réalisé en affectant la dernière syllabe d’une durée double de celle des autres syllabes » (E. Lhote, 1990 : 11). Par exemple dans le mot « de l’eau », la durée de la syllabe [o] change quand le mot est intégré dans une phrase comme : « de l’eau chaude » selon Lhote :

Maîtriser une langue donnée, c’est également distinguer son système tonal de celui des autres langues. Le français, n’étant pas une langue à « accent de mot », par opposition aux langues anglo-saxones et romanes, mais plutôt une langue de durée, le degré de maîtrise de cette nuance affecte le comportement rythmique du discours de l’enseignant en classe.

De plus, sur le plan mélodique, les mouvements ascendants et les mouvements descendants se succèdent suivant un principe d’alternance défini comme « une figure minimale à deux phases » (ibid. p. 80). Si l’enseignant en tient compte, ça peut lui servir pour délimiter les unités lexicales qui ne sont pas liées par un sens donné, comme dans l’exemple suivant :

A la syllabe finale, la descente mélodique fait que le locuteur diminue la hauteur de sa voix pour adopter un niveau plus grave que celui adopté à la syllabe initiale.

Mais s’il s’agit de mots lexicaux liés par un sens donné, le locuteur adaptera à la syllabe finale un niveau de hauteur plus élevé que celui adopté à la syllabe initiale comme le cas du mot

« oiseau » dans l’exemple qui suit :

Ainsi à la syllabe │z o│, il y a une remontée de la hauteur de la voix. La valeur maximale de l’intensité se situe bien au sommet mélodique que supporte une syllabe. La

De l’eau

De l’eau chaude

L’oiseau Il achète des gâteaux

L’oiseau chante

pause, comme l’allongement final et la coïncidence de l’intensité maximale avec le sommet mélodique seraient utiles à un découpage et à une segmentation d’un énoncé en unités linguistiques.

L’accent selon I. Fonagy a une fonction démarcative et il peut servir d’indice linguistique à l’écouteur surtout si ce dernier connaît le système tonal de la langue qu’il écoute, il pourra délimiter les mots si l’accent tombe régulièrement sur le début ou la fin d’un mot :

«Dans certaines langues, on distingue les mots par la mise en relief de l’une de leurs syllabes, […] dans les langues où l’accent tombe régulièrement sur une syllabe déterminée du mot, par exemple […] sur la dernière comme en français, il marque le début ou la fin du mot.

(1991 :109).

De plus, il précise que l’accent « articule et organise la parole », en divisant la chaîne parlée continue en séquence ou en « groupes rythmiques » :

L’accent établit […] une certaine hiérarchie sémantique dans la phrase, en prêtant plus ou moins d’intensité aux mots conformément à leur poids sémantique et à l’importance actuelle des mots dans le message concret.

L’importance du degré de maîtrise de ces caractéristiques intonatives et rythmiques réside dans le fait qu’à l’écrit, l’apprenant peut trouver des repères de rythme et d’intonation, par les points, les virgules, etc. Ce qui ne se présente pas à l’oral. L’apprenant pourra ainsi s’en servir au moins pour découper les unités sémantiques, syntaxiques.

Toutefois, une bonne maîtrise du système tonal du français ne signifie pas nécessairement que l’enseignant s’en rende compte dans son discours en classe, et qu'il en profite.

Tout semble être relatif à la personnalité de l’enseignant, et si ce dernier varie consciemment ou inconsciemment son rythme de parole et d'intonation, c’est que les invariants rythmiques en français sont selon E. Lhote très limités, le rythme semble instable, et parfois les groupes sonores ne correspondent pas nécessairement aux groupes de sens.

Ajoutons aussi les facteurs affectifs et physiologiques que nous avons déjà traités et qui peuvent intervenir au cours de l’échange verbal.

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