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2. Quelle action vocale en situation d’enseignement ?

2.3 La préparation du corpus sonore : de l’observation à l’analyse

2.3.1 Les étapes de l’observation et les effets de contextualisation

L’étape de l’observation de classe n’a pas suivi un ordre précis dans le recueil des données empiriques, comme par exemple le fait d’être effectuée après ou avant les questionnaires ou les entretiens. Aller dans les classes se faisait selon les occasions qu’offraient les enseignants eux-mêmes. Notons qu’il s’avère difficile à chacun d’être observé et en plus d’être enregistré. Les classes choisies dépendent elles aussi de l’enseignant qui propose d’être observé dans telle ou telle classe115.

En effet, signalons que parmi les enseignants cibles il y en a un que nous avions déjà enregistré en avril 2003 quand nous étions en DEA. L’enregistrement a été effectué dans l’objectif d’analyser des interactions verbales au niveau de la prosodie de la parole mais n’a pas été exploité de manière suffisante116.

Trois autres enseignants ont été enregistrés dans les années 2004 et 2005.

L’enregistrement est effectué au moyen d’un dictaphone.

Nous avons pris d’abord contact avec les enseignants dans l’établissement où ils travaillaient. Les directeurs de chaque établissement ont facilité la première rencontre. Ensuite, le contact a été suivi au téléphone afin de se mettre d’accord sur le jour et l’heure où je pouvais entrer dans sa classe et observer. Les enseignants ont été avertis en avance sur le fait que leur cours serait enregistré.

Notre présence dans la classe semble avoir eu une influence sur les comportements des enseignants dans le déroulement des cours et dans le choix des activités didactiques. La présence d’une observatrice n’est jamais très agréable pour l’enseignant qui, nous semble-t-il, a le sentiment d’être jugé dans son travail, et plus encore lorsque celle-ci utilise un dictaphone.

Cet instrument semble particulièrement déstabilisant pour certains enseignants (ils ont à subir

« l’épreuve de l’enregistrement » lors d’un cours. En outre les enseignantes s’inquiétaient de la façon dont nous allions exploiter les données que nous recueillons, ce qui pouvait être très perturbant.

115 Que l’enseignant choisisse lui-même la classe où il va être enregistré revient peut être au fait que c’est la classe qu’il maîtrise le plus ou que c’est la classe qui a un bon niveau de français.

116 A l’époque nous avions transcrit uniquement 3 minutes du cours.

2.3.2 Préparation du corpus à sa lecture

Quand au corpus sonore, la préparation prenait une autre voie : le son a été amélioré avec le logiciel « Sound Forge 5.0» afin de pouvoir prélever les valeurs de fréquences, d’intensité et de durée.

A l’époque de l’observation et de l’enregistrement, nous ne savions pas que la méthode d’enregistrement des cours de classes diffère selon l’objet recherché surtout quand il s’agit d’analyser le comportement prosodique de l’enseignant. Nous ignorions à l’époque que l’enregistrement dans un endroit pareil (salle de classe) est très délicat. C’est après avoir assisté au séminaire de « phonétique pratique » 117 donné à L’ILPGA118 que nous avons été avertie sur ce point.

En effet, le fait que l’enseignant se déplace dans la classe exige qu’on lui attache un micro (genre de technologie : dynamique) au-dessous de sa bouche, car ce genre de micro est moins sensible aux résonances et aux bruits de la salle et il prendra plus la parole que le bruit.

Cependant, l’enregistrement en question a été effectué à partir d’un micro stable (statique) posé sur une table. Cette manière a empêché d’avoir une bonne qualité de son surtout que l’enseignant se déplace beaucoup en classe. De plus, l’échantillonnage du son a été fait à 44 000 Hz, alors qu’il devait être échantillonné à 22 000 Hz (fréquence d’échantillonnage pour la parole).

A l’écoute des enregistrements, le son présentait des résonances, et nous avons rencontré beaucoup de difficultés à prélever les valeurs des fréquences et des intensités. Pour ce fait, nous avons procédé à l’amélioration de la qualité du son. C’était un apprentissage en plus dans la matière phonétique.

La sonorité des enregistrements a subi plusieurs étapes d’amélioration, tout d’abord, l’échantillonnage a été converti de 44000 Hz à 22000 Hz.

Voici un exemple de signal ouvert avec Sound Forge et appartenant à l’enregistrement en question échantillonné sur 44000 Hz puis converti à 22000 :

117 Ce séminaire a été donné par Coralie Vincent et Bernard Gautheron, deux ingénieurs en techniques expérimentales au Laboratoire de phonétique et phonologie.

118 Institut de linguistique et de phonétique générales et appliquées, université Paris 3 - Sorbonne nouvelle.

Ensuite le son qui était « en stéréo » a été converti en « mono » comme suit :

Après il fallait rétablir le signal de façon symétrique par rapport à la ligne principale :

L’étape la plus importante était d’éliminer les résonances « perturbantes » :

On a choisi les fréquences de sorte à éliminer les résonances. Au fur et à mesure du règlement des fréquences, on a réécouté le passage sonore, on a choisi l’option By pass ou

Real time selon que le son est mieux ou mal perçu et on a gardé les valeurs qui sont meilleures pour la perception du son, c'est-à-dire qui présentent le moins de résonances.

Pour les séquences que nous avons choisies pour être étudiées, nous avons éliminé les résonances qui sont respectivement à 260, 600 et à 1200, il y a aussi à 2400 Hz.

La dernière étape était de régler le fenêtrage et l’intensité du son afin d’avoir une bonne résolution :

Dans cette fenêtre on a choisi la Fréquence minimale et celle maximale ainsi que l’intensité minimale et celle maximale, et nous avons précisé la taille du fenêtrage : Ce travail d’amélioration de son a abouti à un bon résultat bien qu’il ne soit pas parfait en comparaison avec les enregistrements spécialisés effectués dans le domaine de la phonétique. Le côté positif de ce travail d’amélioration de son était de permettre ensuite de faire des analyses pertinentes précisément de pouvoir relever les mesures de l’intensité, de la fréquence et de la durée. Nous souhaitons exploiter les connaissances déjà obtenues dans le cours de « travaux pratiques en phonétique » et les intégrer dans l’analyse des séquences choisies.

Le discours projeté de l’enseignant s’exprimant en langue étrangère manifeste sur le plan phonétique des manières de prononciation particulière. Certaines manières sont acquises par « habitus » et deviennent naturelles dans sa parole quotidienne en langue étrangère et d’autres sont propres au « discours enseignant » comme par exemple le fait d’allonger une consonne, une voyelle et une syllabe, ou bien le fait d’introduire des pauses à l’intérieur d’un mot ou entre les syllabes d’un seul mot, ou le fait d’accentuer un mot ou une syllabe etc.

L’analyse de la voix de l’enseignant s’inscrit ainsi dans une perspective qui tient compte essentiellement de l’analyse de l’intonation (particulièrement la durée, l’intensité et la fréquence). Nous prendrons en compte l’accentuation et le timbre dans l’analyse. Cette dernière s’inscrit dans la perspective phonétique qui est elle-même orientée vers la didactique.

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