• Aucun résultat trouvé

Le département de Tacuarembó, où se situe la région d’Ansina, est le premier département en nombre de bovins, avec 10% des effectifs, alors que celui de Rio Negro, où se situe Young, se classe 12ème sur 19. Les deux départements présentaient en 2014 des surfaces équivalentes de cultures fourragères (prairies temporaires, cultures fourragères annuelles, prairies sursemées), après que celles de Rio Negro aient été en nette diminution au cours des années 2000 (cf. Tableau 3). Les prairies temporaires représentent aujourd’hui 76% des surfaces agricoles du département de Tacuarembó et 44% de celles de Rio Negro, 64% au niveau national contre 80% dans les années 1990. Concernant les cultures de vente, les surfaces de riz ont diminué au cours des années 2000 pour se stabiliser à 12 140 ha pour la région Centre dont fait partie la région d’Ansina contre 18 870 ha au milieu des années 2000, alors que les surfaces de blé et soja ont fortement augmenté. L’ensemble de ces statistiques masque en réalité de fortes disparités intra-départementales dans les dynamiques d’évolution des usages des terres agricoles. La sylviculture est très présente dans ces deux départements mais uniquement en bordure de nos régions d’étude, nous n’en abordons donc pas ici les caractéristiques ; il en va de même de l’élevage laitier, qui y est devenu anecdotique.

Tableau 3 : usage des terres agricoles, départements de Rio Negro et Tacuarembo - années 2011 et 2012-2013 (source des données : DIEA 2014, anuario estadistico ; Recensement agricole 2011)

(en ha/département) Tacuarembó Rio Negro

Surfaces agricoles totales du département (2011)

1 491 000 914 000

Prairies naturelles (2011) 1 135 000 soit 76% 405 000 soit 44%

Prairies naturelles sursemées ou fertilisées et prairies temporaires (2012-2013) 110 000 (7%) 116 000 (13%) Dont prairies temporaires

(2012-2013)

41 000 49 250

Cultures fourragères annuelles (2011) 23 500 (1,5%) 32 800 (3,6%) Cultures de vente (2011) 49 000 (3%) 224 000 (24,5%)

117 3.3.1 Région d’Ansina – département de Tacuarembó

La région d’étude d’Ansina (cf. Figure 7, Figure 8) forme un triangle traversé par les rivières Tacuarembó et Yaguari coulant du nord-est vers le sud-ouest, avec en son centre la petite ville d’Ansina (3500 hab.). Le substrat du crétacé est formé de schistes et lutites ainsi que de siltites et de grès argileux très fins (smectites), donnant, par une grande quantité d’argile, un caractère assez peu drainant à cette roche-mère. Cela explique la présence de nombreux cours d’eau aux crues fréquentes et rapides. Elle peut être découpée en trois grands étages écologiques :

− Les lits majeurs des cours d’eau principaux présentent des brunisols associés à des gleysols hydromorphes occupés par une forêt-galerie parfois très large protégée de la coupe par des lois environnementales. À cause du relief plan, la présence de ces cours d’eau a parfois donné naissance à des zones marécageuses asséchées en été. Les zones inondables de végétation herbacée qui s’y trouvent sont utilisées pour le pâturage. Cet étage occupe entre 25 % et 30 % des surfaces de la région d’étude ; − Les très larges plaines alluviales anciennes de ces cours d’eau, aujourd’hui non

inondables, forment un relief très plan (moins de 1 % de pente) et sont occupées par une buissonnaie formant une transition aux abords de la forêt-galerie puis par une prairie permanente. Dans ces plaines alluviales planes, la roche-mère sédimentaire a formé des planosols et des solonetz (couche argileuse dans l’horizon B leur donnant un caractère quasi imperméable). Ce relief plan, la disponibilité en eau à proximité, ainsi que ces types de sols ont fait de cet étage écologique une zone propice au développement de la riziculture. La prairie permanente qui y est encore présente possède produit en moyenne 2500 kg MS/ha/an. Cet étage occupe environ 30 % des surfaces de la région d’étude, et environ la moitié de sa superficie est occupée par les surfaces de rotation rizicole.

− Entre les anciennes plaines alluviales des cours d’eau principaux s’étalent de larges interfluves qui alternent avec des talwegs formés par des cours d’eau temporaires. L’écoulement des eaux dans ces talwegs est limité aux périodes de pluies et ne provoque pas d’érosion ou de creusements notables, mais forme un relief et des zones localement et temporairement humides. Les interfluves présentent des vertisols associés à des brunosols, sols mélaniques à très bonne capacité d’échange cationique et à fort taux d’argiles, ainsi que quelques luvisols au nord-est de la région d’étude (amont). Si les brunosols sont tout à fait adéquats à la mise en culture, les vertisols présentent un taux assez important d’alumines échangeables qui les rendent un peu moins propices à cet usage, tout comme les luvisols qui sont par ailleurs plus sensibles à l’érosion à cause d’une proportion d’argile moins importante. Les interfluves sont occupés en partie par des cultures de soja et blé, en

118 partie par des cultures fourragères ou de la prairie temporaire, alors que la prairie permanente couvre les pentes, les cuvettes humides et les talwegs (3600 kg MS/ha/an). Cette prairie est valorisée par le pâturage de bovins, facilité par la mise en place de petites retenues collinaires pour l’abreuvement du bétail au niveau des talwegs des cours d’eau temporaires. Certaines parcelles de prairie permanente des interfluves présentent un couvert de plantes herbacées parsemé de buissons de chirca (Dodonaea viscosa) dont la taille peut atteindre 1,5 m. Cela complique la surveillance des animaux et favorise la propagation de tiques, en diminuant fortement le potentiel productif. Cet étage occupe environ 45 % des surfaces. La part de terres cultivables est d’environ 50 %, et 30 % à 40 % des terres cultivables sont effectivement occupées par des rotations de grandes cultures. Les surfaces de prairies possédant des buissons de chirca vont en diminuant et occupent aujourd’hui environ 15 % des surfaces d’interfluves. On note au sein de ces interfluves la présence d’infrastructures non-entretenues (puits, bassins d’étiquage et embarcadères à l’abandon…), témoins de changements d’usages des terres.

Cette région d’étude présente un certain isolement géographique par rapport aux ports et à la capitale nationale, lié à la fois à la distance, à la mauvaise qualité des routes et aux inondations dues aux crues des cours d’eau. Elle se trouve par contre dans la continuité du territoire brésilien situé à une centaine de kilomètres au nord-est, ce qui favorise la présence d’échanges frontaliers économiques, matériels et humains. Elle est desservie par un unique axe qui la coupe sur sa bordure nord-est (route 26), conférant un certain isolement aux terres situées contre les confluences des cours d’eau majeurs au sud/sud-ouest, en l’absence d’infrastructures permettant de les traverser.

119

Figure 7 : délimitation de la région d'étude d’Ansina et localisation des étages écologiques présents

120 3.3.2 Région de Young - département de Rio Negro

La région d’étude de Young (cf. Figure 9) présente un sous-sol de grès fins issu de dépôts éoliens du quaternaire ayant un caractère plus filtrant que dans la région précédente. Elle peut également être découpée en trois étages écologiques :

− Au centre de la région d’étude se trouve un plateau sédimentaire sur le point culminant duquel se trouve la ville de Young (16 000 hab.). La roche-mère y a donné naissance à des brunisols profonds avec un fort taux de matière organique. L’absence d’horizon très argileux en profondeur permet un bon écoulement des eaux, et les cours d’eau qui alimentent l’une ou l’autre des rivières qui encadrent la région d’étude sont pour la plupart limités aux périodes de pluies. Ils prennent naissance au centre du plateau et forment en s’en éloignant des têtes de talwegs et des interfluves larges avec des pentes douces de 2 à 3 %, dont les parties les plus profondes ne sont pas cultivées et sont occupées par des prairies permanentes (4000 kg MS/ha/an) (cf. Figure 10). Ce cœur du plateau sédimentaire forme l’étage écologique majoritaire de la zone d’étude (50 % à 65 % de sa surface), dont 70 à 80 % est cultivable et occupé aujourd’hui par des cultures de vente (soja, blé). Des installations de confinement en plein air utilisées de manière temporaire pour la conduite et l’alimentation des animaux sont visibles près des bâtiments d’habitation, alors que des systèmes d’abreuvement à l’abandon au sein des parcelles agricoles marquent la diminution de l’usage des parcelles pour le pâturage (puits australien avec éolienne et tank de stockage, ancienne petite retenue collinaire non entretenue).

− À mesure que l’on s’éloigne de la ville de Young, les affluents des cours d’eau principaux encadrant la région d’étude ont creusé des talwegs avec des pentes plus importantes (6 % et plus), formant des interfluves plus étroits présentant plus de contraintes à la mise en culture (cf. Figure 11). On y trouve des brunisols parfois associés à des vertisols. Les talwegs et pentes plus importantes sont occupés par de la prairie permanente. Des problèmes d’érosion ont amené à la mise en place de terrasses de rupture de pente dans les parcelles avec le plus de déclivité. Ce deuxième étage écologique représente environ 30 % des surfaces de la région d’étude. 60 % des terres sont cultivables et sont occupées par des cultures de vente avec des rotations plus longues comprenant des cultures fourragères (soja, sorgho, intercultures de type avoine ou ray-grass, parfois prairies temporaires).

− Un troisième étage écologique est formé par les forêts-galeries associées à des prairies permanentes et des buissonnaies le long des cours d’eau principaux qui délimitent la région d’étude (15 % des surfaces), où se trouvent des gleysols

121 associés à des brunisols. Il fournit un fourrage d’excellente qualité, en quantité importante (au moins 4500 kg MS/ha/an), utilisé pour l’engraissement de bovins. Dans cette région d’étude, l’ensemble des terres cultivables en semis direct ont été mises en culture. De nombreux silos de stockage de grains dont les deux tiers ont moins de 15 ans sont visibles aux abords de la ville et le long des routes principales. La région est bien reliée à la capitale nationale par une des principales routes du pays, alors qu’une autre route perpendiculaire dessert le reste du département et le principal port d’exportation de céréales et oléagineux à 70km du centre de la région d’étude vers l’ouest, sur le fleuve Uruguay.

122

Figure 10: toposéquence du plateau d'interfluve large de la région d'étude de Young

123

3.4 Caractéristiques

démographiques

et

dynamique

Outline

Documents relatifs