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Mobilisation d’indicateurs économiques pour calculer la performance des systèmes de production en termes de création de richesse

problématique de recherche :

2.1 La base de notre ancrage théorique : l’agriculture comparée et le concept de système agraire

2.1.2 Application du concept de système agraire à une petite région et utilisation du système de production agricole comme sous-objet

2.1.2.2 Mobilisation d’indicateurs économiques pour calculer la performance des systèmes de production en termes de création de richesse

En calculant les performances économiques des systèmes de production agricole, il est possible d’identifier les raisons des mises en œuvre de systèmes de production différents au sein d’un même système agraire, et de contribuer à « rendre compte de la dynamique globale de l’agriculture de la région » (Cochet et Devienne 2006). Ce calcul passe par des indicateurs économiques mettant en valeur la création de richesse et permettant la

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56 comparaison entre elles des unités de production au sein ou entre systèmes agraires, et avec la richesse dégagée par d’autres secteurs de l’économie. La création de richesse est plus particulièrement mise en évidence par le calcul de la production de valeur ajoutée par ha et par actif agricole, qui permet de mesurer l’efficacité économique de l’activité.

La valeur ajoutée est égale à la différence entre le produit brut et la valeur des biens et services consommés dans la mise en œuvre du processus de production, dans lesquels sont comptés les amortissements économiques (Cochet et Devienne 2006). En comparant la valeur ajoutée produite par actif, on peut « comparer l’efficacité économique des systèmes de production hors subventions » (productivité du travail) (ibid., p.582). Le revenu agricole est considéré comme « la différence entre la valeur ajoutée nette et l’ensemble des redistributions qui traduisent les conditions d’accès aux ressources mobilisées dans le processus de production » (ibid., p.582). En comparant les revenus par actifs aux coûts d’opportunité du travail, on peut formuler des hypothèses quant à la reproductibilité, au maintien et aux perspectives d’évolution des systèmes de production.

La valeur des biens et services consommés par le processus de production au sein d’un système-type est calculée sur la base d’une compréhension fine du fonctionnement technique des systèmes de culture et d’élevage. On calcule ainsi le produit brut (PB) par hectare ou par animal (rendement moyen, type de produit vendu, prix unitaire moyen), les consommations intermédiaires (CI) par hectare ou par animal, qui sont directement liées au type de conduite technique, les amortissements (Am) (consommations annuelles de capital fixe), dont certains sont proportionnels à la surface ou au nombre d’animaux (clôtures…), et d’autres sont non proportionnels et ramenés à une valeur par actif (matériel de culture, équipement de contention des animaux…). Ces derniers sont « caractéristiques du niveau d’équipement du système de production », leur « dimension ne varie pas pour ce système en fonction de la superficie ou du nombre de vaches » (Garambois 2011, p.23). Les consommations de capital fixe sont calculées en fonction de la durée réelle d’utilisation des équipements (amortissement économique) (Garambois 2011).

Le calcul de la valeur ajoutée nette (VAN) correspond donc à la formule suivante : VAN = PB-CI-Am

La productivité nette du travail (P) est ensuite calculée en divisant cette VAN par « le nombre de travailleurs engagés dans la mise en œuvre du système ou à la durée effective de travail qui s’avère nécessaire » avec T le nombre de travailleurs total (Dufumier 1996, p.96). Plus la productivité est élevée, plus une différenciation sociale est possible au sein de la

57 société, grâce à la création de groupes sociaux non directement dépendants de la production agricole.

P=VAN/T

La VAN rapportée à la surface agricole utilisée permet de connaitre l’intensité de la production de valeur par unité de surface (VAN/SAU).

La valeur ajoutée créée se répartit ensuite entre la rémunération d’avances de capital (intérêts bancaires), de la force de travail (salaires), les loyers payés pour les terres, les impôts, et la part allouée au revenu agricole ou aux détenteurs de capitaux. Le revenu agricole moyen (R) peut donc être calculé en additionnant les subventions à la valeur ajoutée nette produite (Sub), et en retirant les intérêts des emprunts (Int), la rente foncière (RF), les impôts directs et indirects (Imp) et la rémunération de la main d’œuvre salariée (Sal).

R = VAN + Sub – Int- RF – Imp – Sal

Rapporté au nombre d’actifs familiaux, il permet de statuer sur le niveau de rémunération de la force de travail familiale, mais il peut aussi être ramené à la surface pour calculer le revenu agricole à l’hectare.

Dans le cas de systèmes capitalistes (où ceux qui apportent les capitaux ne travaillent pas dans le système productif dans lequel ils investissent et ne sont pas propriétaires des terres), le revenu agricole peut être ramené à la valeur du capital immobilisé pour calculer le taux de profit. Le calcul du Taux de Rentabilité Interne (TRI) permet de comparer le taux de profit de cet investissement à celui rapporté par un investissement dans d’autres secteurs de l’économie ou dans des opérations financières (Cochet et Devienne 2006; Cochet 2011).

Le niveau de la richesse produite par le travail appliqué à une unité de surface dans chaque système-type peut être représenté par une droite correspondant à la valeur ajoutée nette par actif en fonction de la superficie par actif (cf. Figure 2).

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Figure 2: représentation graphique des différents niveaux de richesse ou de revenu créés par le travail appliqué à une unité de surface dans différents systèmes de production (Source : adapté de Garambois 2011)

L’ordonnée à l’origine correspond aux charges non proportionnelles divisées par le nombre d’actifs. Le segment de droite représenté est borné par la superficie maximale correspondant au système de production représenté, déterminé par la pointe de travail la plus limitante en fonction du nombre d’actifs et du niveau d’équipement, et la superficie minimale observée pour ce système de production (Garambois 2011), ou celle en deçà de laquelle la rentabilisation du capital fixe non-proportionnel n’est pas assurée (Dufumier 1996). Ce mode de représentation graphique facilite la comparaison entre les systèmes de production modélisés concernant la productivité du travail ou le niveau de création de richesses par unité de surfaces et par actif.

Les résultats obtenus pour chaque système de production étudié peuvent être comparés entre eux et avec différents indicateurs de niveau et qualité de vie : seuil de pauvreté, ou revenu minimum indispensable pour couvrir les besoins de la famille dans la région d’étude quand ces seuils n’existent pas ou ne correspondent pas à la réalité étudiée. Ils peuvent aussi être comparés au revenu qu’il est possible d’obtenir avec un autre emploi pour les mêmes niveaux de qualification dans la région concernée, formant ainsi un « coût d’opportunité » de la force de travail qui peut expliquer le non-renouvellement de certaines activité de production, ou au contraire, leur maintien, voire recrudescence (Dufumier 1996). L’ensemble de ces comparaisons permet de statuer sur la reproductibilité du système de production.

Si la superficie par actif est limitée et s’il n’existe pas d’opportunité de travail rémunéré à l’extérieur, l’intérêt peut être de la travailler intensément pour maximiser le

59 revenu par unité de surfaces,. Le revenu par heure de travail en découlant peut possiblement être plus faible. Dans le cas de surfaces abondantes, les exploitants dont la main d’œuvre, familiale ou non, devient le facteur limitant, « peuvent avoir intérêt à maximiser leurs revenus par heure de travail en maintenant des systèmes de production plus extensifs et souvent moins rémunérateurs à l’unité de surface » (Dufumier 1996, p.99). Le mode de faire-valoir de terres au sein de l’unité de production est également un indicateur privilégié de la sécurité de la tenure foncière et du niveau de prélèvement sur la valeur ajoutée créée. Si les dépenses et les besoins de consommation ne sont pas couverts, alors il y a décapitalisation, afin de créer des liquidités pour faire face aux besoins de dépenses. La manière dont les redevances, correspondant à une partie de la valeur ajoutée produite, sont utilisées par les bénéficiaires est également un indicateur de fonctionnement

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