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Grandes propriétés d’élevage bovin et apparition de cultivateurs à part-de-fruit à Young

développement des grandes cultures et plan de substitution aux importations

5.2 Différenciation des systèmes de production des régions d’étude dans les années 1950 : l’apparition fragile de

5.2.3 Grandes propriétés d’élevage bovin et apparition de cultivateurs à part-de-fruit à Young

5.2.3.1 Système de production d’élevage de reproducteurs bovins et ovins – plateau d’interfluves larges

La région de Young était une région de référence en production bovine et ovine du fait de la présence de ses nombreuses exploitations d’élevage d’animaux reproducteurs créées à la fin du XIXème siècle. A leur tête se trouvait la deuxième ou troisième génération de propriétaires d’une même famille. Ces unités de production occupaient une superficie allant de 5 000 ha à 10 000 ha. Elles fonctionnaient essentiellement sur la base d’une main d’œuvre salariée, mais la famille propriétaire était investie dans la gestion et le travail de sélection et de vente. Elles étaient présentes plutôt au sein du plateau d’interfluves larges autour de la ville de Young. L’élevage était conduit sur la base du pâturage mixte de bovins et d’ovins. Les animaux non vendus comme reproducteurs étaient engraissés et vendus comme bétail gras auprès du frigorifique local (Anglo, à Fray Bentos) jusque dans les années 1960. La bonne valorisation des animaux reproducteurs les avaient amenés à investir sur leur propriété. Ils avaient mis en place une certaine subdivision des parcelles (100 – 300 ha) afin de disposer d’une surveillance des animaux et d’une gestion plus rapprochées des lots

197 d’animaux reproducteurs, qui étaient conduits par âge et séparés du troupeau engraisseur. Le chargement animal se situait ainsi autour de 1 UGB par hectare. Ces propriétaires mettaient en location une partie de leurs terres d’interfluves via un système à part-de-fruit (200-500 ha). Ils mettaient en place à leurs frais quelques dizaines d’hectares de prairies temporaires qui leur permettaient de disposer d’un fourrage de plus grande qualité énergétique pour la croissance des reproducteurs. Ils investissaient leurs bénéfices dans le système productif, les infrastructures sur la propriété, et dans l’achat d’autres propriétés pour l’agrandissement.

5.2.3.2 Système de production des éleveurs naisseurs-engraisseurs de bovins et d’ovins pour la laine

Dans cette région se trouvaient également des élevages naisseurs-engraisseurs ouverts de bovins et d’ovins pour la laine atteignant à cette époque une surface de 5000 ha à 10 000 ha. Les bœufs et les vaches de réforme étaient engraissés à base de prairie permanente et vendus au frigorifique Anglo. La proximité de la station de train desservant le frigorifique avaient permis de meilleurs prix du bétail. Ils avaient donc investis dans une première subdivision parcellaire (300ha) leur permettant de gérer leurs animaux par lots d’âge, et d’acheter quelques mâles reproducteurs auprès des élevages de sélection de la région. Ils avaient ainsi augmenté le chargement à 0,9 UGB par hectare et diminuer l’âge d’abattage des bœufs à 4 ans et 500kg. La propriété était généralement possession de la même famille depuis trois générations et l’unité de production était gérée par un administrateur familial ou salarié présent toutes les semaines. Dans la majorité de ces exploitations les propriétaires étaient plutôt absentéistes et vivaient à Montevideo.

5.2.3.3 Développement de systèmes de production de cultivateurs à part-de-fruit Dès les années 1950, une impulsion au développement de grandes cultures fut donnée dans la région par des cultivateurs prenant en location à part-de-fruit des terres appartenant aux propriétaires-éleveurs précédemment décrits (éleveurs de reproducteurs et grands polyculteurs-éleveurs, qui disposaient des surfaces suffisantes et des capitaux pour les éventuelles avances d’achat de matériel complémentaire). Ces cultivateurs mettaient en culture de deux cent à trois cent hectares de terres situées sur le plateau d’interfluves larges autour de Young, présentant le moins de pente et plus proche des axes de transport. A la différence des quelques métayers présents dans la région d’Ansina, grâce à un capital de départ familial, ils disposaient le plus souvent de leur propre matériel (tracteurs 50 CV, charrue, herse, moissonneuse). Ils ne payaient donc que la mise à disposition des terres, ce qui leur permettait de conserver une plus grande part de la valeur ajoutée créée. Par ailleurs, la proximité de la ligne ferroviaire et de la gare de Young permettait un transport à moindre coût vers la capitale (entre 35 et 50% moins élevé que pour la région d’Ansina). Ils

198 mettaient en place des cultures de blé, lin et tournesol. Les rendements en blé se situaient entre 10 et 20 quintaux par ha. Entre un tiers et 40% des terres de la région, essentiellement situées au sein du plateau d’interfluves larges, furent ainsi mises en culture. L’instabilité de l’accès au foncier des cultivateurs ne favorisait néanmoins pas une conduite durable des cultures (labours en pente, rotations ne permettant pas de restituer de la matière organique, absence d’amendements…) ce qui créa rapidement des problèmes d’appauvrissement des terres et d’érosion.

5.2.3.4 Système de grandes cultures des colons de l’INC

La dynamique de redistribution de terres à des agriculteurs familiaux portée par l’Institut National de Colonisation eut peu d’impact dans la région d’étude de Young. Une unique colonie fut créée aux portes de la ville sur 1000 ha de terres divisés en fraction de 100 ha attribués à des cultivateurs. Ils mirent en place des unités de production fonctionnant sur la base de main d’œuvre familiale et complétèrent la mise en culture de leur fraction par le métayage sur des surfaces de 50-70 ha. Ils possédaient du matériel d’occasion acheté localement : tracteur de 30 CV, charrue et herse. Ils faisaient appel à de plus grands cultivateurs possesseurs de moissonneuse pour la moisson. Ils durent faire face à la concurrence des cultivateurs à part-de-fruit déjà présents dans la région, possesseurs de matériel plus performant et cultivant des surfaces plus importantes, et il fut difficile pour ces producteurs de décrocher des contrats. Le règlement des colonies ne leur permit pas de s’agrandir ni de capitaliser dans du foncier qui leur appartint. La colonie persista jusque dans les années 1990, au départ en retraite de la totalité des titulaires des terres ou à leur dépôt de bilan. Les terres, qui appartenaient à l’Etat, furent ensuite vendues à un cultivateur de la ville et sortirent du système de l’INC. La faiblesse des surfaces et les contraintes imposées à ces cultivateurs à l’échec de cette initiative d’installation de nouveaux agriculteurs.

5.2.3.5 Systèmes d’activité des salariés ruraux

Les systèmes d’activité des salariés ruraux présentaient dans cette région une diversification beaucoup moins importante des sources de revenus que dans la région d’Ansina. Les salaires étaient en moyenne plus élevés que dans la région précédente car les offres d’emploi y étaient plus abondantes et diversifiées, le déplacement pour la recherche d’emploi facilité. Le coût d’opportunité de la main d’œuvre y était donc plus élevé (environ 20% de plus). Les contremaîtres disposaient comme dans la région précédente de droits à pâturage, du logement sur l’estancia et d’avantages en nature. Les ouvriers permanents vivaient dans des petits bourgs ruraux et pratiquaient une petite agriculture de complément (basse-cour). Les ouvriers spécialisés en élevage provenaient généralement du nord, du centre du pays ou des bordures de la région d’étude, car l’accès à la terre sur de petites parcelles ou via un accès informel était limité ou inexistant et ne leur permettait pas de

199 disposer de complément d’activité pour les moments où ils n’étaient pas employés. La présence d’élevages à haut potentiel génétique limitait aussi l’offre de mise en pension d’animaux dans les estancias au sein de la région d’étude. Les ouvriers spécialisés en grandes culture (saisonniers pour les récoltes et pour les pics de travaux aux champs) complétaient leur activité de manière itinérante en pratiquant par exemple le bucheronnage ou le charbonnage ou migraient temporairement à la recherche d’autres activités saisonnières (Gautreau, 2006). Il existait une bourse de travailleurs journaliers au centre de la ville d’Ansina, près de la station de train, où les employeurs se rendaient le matin pour embaucher ponctuellement la main d’œuvre dont ils avaient besoin.

5.2.4 Dynamique de différenciation des systèmes agraires des régions de polyculture-

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