• Aucun résultat trouvé

B.2.5 La question des céramiques grises fines lustrées du nord du territoire éduen

SAAST Acad. MACON

I. B.2.5 La question des céramiques grises fines lustrées du nord du territoire éduen

I.B.2.5.1 Présentation

Un dernier type de céramique, encore mal connu, pourrait constituer un important fossile directeur de la fin de l’Antiquité tardive dans le nord du territoire éduen.

Il s’agit d’une céramique de service cuite en mode réducteur. Sa surface est souvent lustrée et fumigée, jamais engobée. Son répertoire typologique a pu être partiellement établi à partir d’exemplaires provenant de divers sites des départements de l’Yonne et de la Nièvre. Il s’inspire en grande partie des productions diffusées dans le nord de la Gaule durant l’Antiquité tardive comme la sigillée d’Argonne (f. 1.01 = Alzei 9/11, f. 4.02 = Ch 342, f. 3.02 = Ch 314) (fig. 5-6), mais aussi la céramique rugueuse / granuleuse (f. 5.03 = Alzei 32, f. 5.02 = Alzei 28) (fig. 6) et enfin plus rarement des DSP du groupe atlantique (f. 3.03 = Rigoir 2) (fig. 6). Cette parenté avec les DSP atlantiques peut s’observer par la présence sur certaines formes d’un décor estampé sommaire (arceaux et colonnettes sur une forme 1.01 à Auxerre) ou plus évolué comme des cerfs (fig. 5), trahissant ici de manière évidente l’imitation d’un décor de DSP atlantique144. D’autres formes, sans doute plus tardives, indiquent un faciès mérovingien (bols f. 4.03 à 4.06) (fig. 6). Enfin, quelques types sont plus originaux et n’ont pas de parentés typologiques avec les productions précédentes.

L’origine géographique de cette céramique reste à circonscrire, mais l’aspect micacé des pâtes pourrait indiquer un massif granitique, peut-être le nord du Morvan. L’aire de diffusion semble couvrir tout le bassin supérieur de l’Yonne, mais aussi la région Centre. En effet, des vases de f. 4.01 ont été retrouvés à Saint-Romain (36) et Boistailleur (28)145. Il resterait toutefois à établir de manière certaine que ces deux récipients se rattachent effectivement à notre groupe de production, ce que suggère la description de la pâte donnée par A. Ferdière et Y. et J. Rigoir. En revanche, les céramiques grises fines du nord du territoire éduen se distinguent nettement de productions grises fines d’Ile-de-France, qui possèdent un répertoire typologique et décoratif très différent (rareté des décors guillochés dans cette région).

143 Pour les sigillées africaines, on consultera essentiellement Hayes (J.-W.) – Late Roman pottery. Londres, 1972 ; Carandini (A.) et alii – Atlante delle Forme ceramiche. Rome, 1981 [Enciclopedia dell’Arte Antica Classica e Orientale, 1], p. 58-137 et pl. XXIX-CLVII ; Fulford (M.G.) – The red-slipped wares, dans Fulford (M.G.) et Peacock (D.P.S.) –

Excavations at Carthage : the British mission. The Avenue du Président Habib Bourguiba, Salammbo. The pottery and other ceramic objects from the site. Sheffield, 1984, p. 48-115. Pour la Gaule, Bonifay (M.), Carré (M.-B.) et Rigoir (Y.) (dir.) – Fouilles à Marseille. Les mobiliers (Ier – VIIe siècles apr. J.-C.). Paris – Marseille, 1998 [Etudes Massaliètes, 5] est essentiel.

Pour les DSP : Rigoir (J. et Y.) – Les sigillées paléochrétiennes grises et orangées, Gallia, 26, 1968, p. 177-244 ; Les dérivées-des-sigillées paléochrétiennes du groupe atlantique, Gallia, 31, 1973, p. 207-263 ; Des dérivées-des-sigillées paléochrétiennes, dans Céramiques hellénistiques et romaines, II. Paris, 1987 [ALUB, 331], p. 329-338 ; Les dérivées-des sigillées-paléochrétiennes, dans Solier (Y.) (dir.) – La basilique paléochrétienne du Clos de la Lombarde à Narbonne. Paris, 1991 [23e suppl. à la RAN], p. 123-213 ; Raynaud (C.) – Céramique estampée grise et orangée dite « dérivée des sigillées paléochrétienne », dans Py (M.) (dir.) - DICOCER. Dictionnaire des Céramiques Antiques (VIIe s. av. n. è. – VIIe s. de n. è.) en Méditerranée nord occidentale (Provence, Languedoc, Ampurdan), Lattes, 1993 [Lattara, 6], p. 410-418 ; Bonifay

(M.), Carré (M.-B.) et Rigoir (Y.), op. cit. ; Soulas (S.) – Eléments d’évolution de la céramique estampée d’après les fouilles de la place Camille Jullian à Bordeaux, SFECAG Libourne 2000, p. 145-153.

Pour la céramique à l’éponge : Raimbault (M.) – La céramique gallo-romaine dite « à l’éponge » dans l’Ouest de la Gaule, Gallia, 31, 1973, p. 185-206 ; Simon-Hiesnard (D.) – Du nouveau sur la céramique à l’éponge, SFECAG

Cognac 1991, p. 61-76.

144 Notre 2.01, découvert au XIXe siècle dans la nécropole de Champ-Pavé à Avallon [89024-41]. Sur la DSP atlantique, Soulas (S.) – Présentation et provenance de la céramique estampée à Bordeaux, dans Maurin (L.) et Pailler (J.-M.) (éd.) – La civilisation urbaine de l’Antiquité tardive dans le Sud-Ouest de la Gaule. Actes du IIIe colloque Aquitania et des

XVIe Journées d’Archéologie Mérovingienne. Toulouse, 23-24 juin 1995, Aquitania, 14, 1996, p. 237-253.

145 Ferdière (A.), Rigoir (Y. et J.) – Les céramiques paléochrétiennes en région Centre, RACF, 11, 3-4, 1972, p. 299-321.

41 L’étude du matériel de Saint-Germain d’Auxerre par S. Mouton a permis de distinguer 4 groupes de pâtes qui pourraient correspondre à autant de groupes de production146.

Le groupe 1 comprend des productions à la surface lissée et fréquemment fumigée. La pâte, dure, fine et homogène est de couleur gris pâle. Les cassures sont nettes. Elle est systématiquement micacée et présente fréquemment des petites inclusions noires, plus rarement des petits gravillons. Les vacuoles sont fréquentes. On y trouve notamment les formes 1.01, 1.02, 1.03, 3.02, 3.05, 4.03 et 4.05.

Le groupe 2 comprend des productions à la surface systématiquement fumigée et lissée. La pâte est tendre, fine et homogène et généralement de couleur brune. On observe quelques inclusions de mica et de petits points noirs. Les vacuoles sont rares. On y trouve notamment les formes 1.03, 3.03, 3.05 et 4.03.

Le groupe 3 comprend des productions lissées et fumigées. La pâte est tendre, de couleur brune. Elle est micacée, contient des inclusions blanches, des grains de quartz pouvant atteindre 2 à 3 mm de diamètre. Les cassures sont irrégulières et font apparaître de nombreuses vacuoles. On y trouve notamment les formes 3.01 et 3.04, qui peuvent être estampées147.

Le groupe 4 défini correspond enfin à des productions fumigées mais non lissées. La pâte est sableuse, de couleur gris foncé. Le dégraissant est abondant et de fort module. Il comporte des micas et des quartz. Nous pensons qu’il pourrait en réalité s’agir de productions communes.

La chronologie de ces productions est encore presque inconnue. Quelques formes retrouvées en ensemble clos dans la nécropole de Brêves, datent en partie du VIe siècle. Pour l’essentiel, seules les analogies typologiques avec d’autres productions de l’Antiquité tardive permettent de proposer une esquisse de chronologie.

I.B.2.5.2 Typologie (fig. 5 et 6, p. 42-43) Groupe 1 : formes ouvertes carénées

Forme 1.01 : Jatte à bord droit, proche de Alzei 9/11. Cette forme peut être lisse ou décorée de guillochis ou de décors estampés. Seconde moitié du Ve et VIe siècle ?

Forme 1.02. Assiette carénée et bord déversé. Seconde moitié du Ve et VIe siècle ?

Forme 1.03 : Jatte à bord droit. Peut-être une variante de petite taille de la forme 1. Décor de guillochis possible. Seconde moitié du Ve et VIe siècle ?

Groupe 2 : formes ouvertes

Forme 2.01. Plat à bord souligné d’une rainure. Imitation de Rigoir 56 ? Fin Ve et VIe siècle ? Groupe 3 : formes ouvertes à marli

Forme 3.01. Assiette à collerette proche de Chenet 313 ? IVe-Ve siècle ? Forme 3.02. Coupe à collerette, proche de Chenet 314 et Rigoir 3. Ve siècle ?

Forme 3.03 : Assiette à collerette, proche de Rigoir 2. Décor de guillochis possible. Seconde moitié du Ve

et VIe siècle ?

Forme 3.04. Jatte à collerette. Ve-VIe siècle ?

Forme 3.05. Plat à collerette. Forme inspirée de Rigoir 1 ? Seconde moitié du Ve et VIe siècle ? Groupe 4 : formes ouvertes profondes (gobelets et bols)

Forme 4.01. Gobelet, parfois décoré de guillochis. VIe siècle ?

Forme 4.02. Gobelet caréné, proche de Chenet 342. Seconde moitié Ve et VIe siècle ? Forme 4.03. Bol caréné. Première moitié du VIe siècle.

Forme 4.04. Bol à double carène. Seconde moitié du VIe siècle et première moitié du VIIe siècle ? Forme 4.05. Bol à bord en baguette, inspiré de Chenet 320 ? Seconde moitié du Ve et VIe siècle ? Forme 4.06. Gobelet ou bol caréné. Décor de guillochis. VIe siècle et première moitié du VIIe siècle ?

Groupe 5 : formes ouvertes profondes autres que gobelets et bols

146 Mouton (S.) - La céramique de l’Antiquité tardive, dans Sapin (C.) - Archéologie et architecture d’un site monastique. 10

ans de recherches à l’abbaye Saint-Germain d’Auxerre. Paris, 2000, p. 442-450. 147 Quelques exemples à Auxerre : Mouton, op. cit.

1.01 1.01 3.03 1.03 3.02 1.02 3.04 3.01 2.01 3.05

5.01 5.03 5.02 4.01 4.01 4.02 4.03 4.05 4.06 4.04 5.04

Forme 5.01 : Jatte à collerette et décor de bandes lissées. Ve siècle ? Forme 5.02 : Jatte, proche de Alzei 28 = Petit IIIa. Ve siècle ? Forme 5.03 : Jatte, proche de Alzei 32. Seconde moitié du Ve siècle ?

Forme 5.04 : Jatte décorée de guillochis (peut-être la forme 4.03 ou 4.04, non reconnue en raison de l’état fragmentaire du profil) : VIe - VIIe siècles ?

I.B.3 QUELQUES CONTEXTES DE CONSOMMATION TARDIFS DE LYONNAISE