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B.3.2 Ensembles céramiques de la vallée de la Saône à la fin du Haut Empire et durant l’Antiquité tardive

SAAST Acad. MACON

I. B.3.2 Ensembles céramiques de la vallée de la Saône à la fin du Haut Empire et durant l’Antiquité tardive

I.B.3.2.1 Le milieu du IIIe siècle : l’ensemble du site de Mancey / La Bussière [71274-06]

Dans la vallée de la Saône, le seul ensemble exploitable du milieu du IIIe siècle provient de l’établissement rural de Mancey / La Bussière, fouillé au début des années 1980165. L’intervention a porté sur un bâtiment de la pars rustica, le reste de l’exploitation n’a pas été dégagé. Le matériel recueilli dans cette construction provient du dernier état d’occupation, les phases antérieures n’ayant guère été explorées. L’homogénéité du matériel permet d’offrir un panorama à peu près complet des productions attestées dans le val de Saône à la fin du Haut Empire. Etant donné l’absence de contexte stratigraphique précis, nous nous bornerons à présenter les principales productions attestées.

Le registre des céramiques fines est dans son ensemble attribuable à la partie centrale du IIIe

siècle. On observe la présence de sigillées de Gaule centrale (formes Drag 37 et 44, pl. 390, n° 1, 2 et 9) mais aussi de Gueugnon (formes Drag 33, 45, 46, pl. 390, n° 3 à 5). Quelques productions sont attribuables à la Gaule de l’Est (formes Drag 32 et Oswald 68, pl. 390, n° 6 à 8). La sigillée claire B de la moyenne vallée du Rhône est attestée par des bols Desbat 15 et un éventuel gobelet Desbat 67 (pl. 390, n° 10 à 12). La céramique métallescente et variantes est représentée par des productions de Gueugnon (forme

163 Près des deux tiers des céramiques sont attribuables au Haut Empire.

164 Ferdière et Foutreau, op. cit., p. 45, fig. 8, n° 1-4 ; Chambon (M.-P.) et Rouquet (N.) – La céramique à engobe brossé du site de Lazenay à Bourges (Cher), dans SFECAG Fribourg 1999, p. 375, fig. 3, n° 6 et fig. 4.

165 Vaussanvin (H.) – Le site gallo-romain de La Bussière (Saône-et-Loire), Découvertes archéologiques en Tournugeois, 8, p. 17-104.

Gueugnon 1, pl. 390, n° 13 et Nied 33 à décor d’applique166, pl. 391, n° 3) et d’Autun (gobelet Nied 33 et variante Walters 81, pl. 391, n° 7 et pl. 390, n° 14). On note la présence de productions trévires (Symonds groupe 30, pl. 391, n° 5) et quelques indéterminées (assiette Drag 42 (pl. 391, n° 1), cruche à décor excisé (pl. 391, n° 2) et gobelet Nied 33 (pl. 391, n° 4)). Dans la catégorie des pâtes fines engobées, on relève enfin un petit pichet s’apparentant à la forme Desbat 84 en sigillée claire B (pl. 391, n° 6).

La céramique commune forme un ensemble très homogène dans lequel dominent de manière écrasante les productions attribuables aux ateliers de la forêt de la Ferté, dans le sud du Chalonnais167. Il s’agit de vases à pâte sableuse cuite en mode A ou B. Le répertoire typologique des céramiques claires comprend un nombre limité de formes. On remarque des plats tripodes (pl. 391, n° 8-10 dont un Joly 4 (n° 8)), des jattes (pl. 391, n° 11-12), des mortiers et des marmites Joly 6 et 8 (pl. 392, n° 1-3), des bouilloires, pots et faisselles à lèvre simple déversée dont types Joly 10, 11 et 13 (pl. 392, n° 4-10). Quelques pots possèdent un bord à gorge interne (pl. 392, n° 11-12). Le pot n° 12 est encore attesté à la Ferté (type Joly 12). Le répertoire des céramiques sombres (pl. 393, n° 1-11) est très poche du précédent, si ce n’est la plus grande variété des bords à gorge interne (pl. 393, n° 9-11).

Bien que recueilli lors d’une fouille ancienne, le matériel de Mancey montre une homogénéité réelle. Les céramiques fines et communes concourent à placer cet ensemble peu après le milieu du IIIe

siècle, ce que confirme la présence d’un antoninien d’Herennius Etruscus à fleur de coin (RIC IV, 3, 125b=Rome, 251 apr.). Ce matériel, tout à fait représentatif des découvertes de surface de la moyenne vallée de la Saône, illustre de nettes affinités avec les assemblages de la région lyonnaise et de la moyenne vallée du Rhône. Les céramiques fines correspondent à celles recueillies dans le lot 1 de l’îlot de la Vieille Monnaie à Lyon, daté entre 240 et 270, où l’on trouve comme à Mancey une association entre Drag 37 et 45 en sigillée, jattes Desbat 15, cruches Desbat 84168, gobelets Niederbieber 33 et jattes Gueugnon 1 en céramique métallescente169. Le répertoire des céramiques communes est lui aussi très proche d’autres découvertes de Lyon ou de Vienne170.

I.B.3.2.2 Le courant du IVe siècle : Saint-Rémy / La Vigne de Saule [71475-02]

Les ensembles exploitables du courant du IVe siècle sont particulièrement peu nombreux dans la vallée de la Saône. Le plus significatif provient de l’hypocauste 3 de la villa de La Vigne de Saule à Saint-Rémy. Une couche de destruction a livré un grand nombre de vases en sigillée luisante, quelques-uns en sigillée d’Argonne et quelques vases en céramique commune. Il semble malheureusement que ce mobilier a fait l’objet d’une sélection a posteriori, qui a eu pour effet de faire disparaître une bonne partie de la céramique culinaire.

Le répertoire des céramiques fines indique à l’évidence un net faciès rhodanien, caractérisé par la domination des sigillées luisantes et la rareté des productions septentrionales. Parmi les premières, on note la présence de bols P 37 (pl. 406, n° 3 et 5), P 34 (pl. 406, n° 6), Paunier 398 (pl. 406, n° 4), P 36 (pl. 406, n° 8) et P 30 (pl. 406, n° 7), de pichets P 66 et P 75 (pl. 406, n° 10 et 9) et d’assiettes P 1 (pl. 406, n° 11). La sigillée d’Argonne, faiblement représentée, est illustrée par deux bols Ch 320 (pl. 406, n° 1 et 2) respectivement décorés des molettes UC 143 et UC 7.

166 Sur ces productions récemment repérées à Gueugnon, Delor (A.) et Devevey (F.) – Gueugnon (Saône-et-Loire), la Plaine du Fresne. Premier bilan des découvertes d’avril 2003, dans SFECAG Vallauris 2004, p. 449, fig. 9, n° 13 et p. 450.

167 Publication d’une typologie dans Joly (M.) – Terra Nigra, Terra Rubra, céramiques à vernis rouge pompéien, peintes et communes : répertoire, chronologie et faciès régionaux en Bourgogne romaine, dans SFECAG Dijon 1996, Marseille, 1996, p. 129-130. Sur ce site, [71384-01].

168 Becker (C.) et Jacquin (L.) – La sigillée du centre de la Gaule dans trois ensembles de la fin du IIIe s. au milieu du IVe s. sur le site de l’îlot Vieille monnaie à Lyon, dans SFECAG Lezoux 1989, Marseille, 1989, p. 93-100.

169 Desbat (A.) et Picon (M.) – Les céramiques métallescentes de Lyon : typologie, chronologie et provenance, dans

SFECAG Dijon 1996, p. 475-490.

170 Pour la rue des Farges, Desbat (A.), Laroche (C.) et Mérigoux (E.) – Note préliminaire sur la céramique commune de la rue des Farges, Figlina, 3, p. 1-17, pour Vienne, Godard (C.) – Quatre niveaux d’abandon de la ville de Vienne (Isère) : éléments pour la chronologie des céramiques de la fin du IIe et du IIIe siècle apr. J.-C., dans SFECAG Rouen

49 Suite à la sélection déplorée plus haut, le répertoire typologique de la céramique commune est restreint et se compose de jattes ou bols et de mortiers en céramique commune claire sableuse orangée (pl. 406, n° 12-14). Les jattes les plus caractéristiques possèdent une carène (pl. 406, n° 13). La pâte s’apparente autant à celle des productions de céramique commune claire des ateliers de la Ferté171 qu’à celles de la céramique bistre produite à Sevrey aux VIe - VIIIe siècles172.

Le matériel recueilli dans l’hypocauste 3 de la villa de Saint-Rémy semble appartenir dans son intégralité au courant du IVe siècle. Les formes de la sigillée luisante semblent indiquent une datation vers le milieu de ce siècle, ce que confirme la chronologie des molettes d’Argonne, dont la datation est comprise entre 320 et 360 apr. J.-C. environ. L’influence rhodanienne du faciès céramique ressort bien plus au IVe siècle qu’au siècle précédent et on peut observer la rareté des importations de Gaule septentrionale et l’absence de celles de Gaule centrale. L’aspect des céramiques communes claires conduit à envisager l’existence d’un atelier local de céramique commune qui ferait le lien entre les ateliers du IIIe

siècle et ceux de l’époque mérovingienne reconnus dans la forêt de Givry (groupes de la Ferté et de Sevrey).

I.B.3.2.3 Le début du Ve siècle : le site de la Bibliothèque à Mâcon [71270-03]

Un diagnostic à l’emplacement de la Bibliothèque de Mâcon a permis d’observer une phase d’occupation de l’Antiquité tardive. Le matériel issu de cette opération est peu abondant mais homogène et bien conservé. Une fouille de sauvetage postérieure a livré des ensembles plus importants qui seront bientôt publiés par les fouilleurs173.

L’ensemble de la Bibliothèque montre un assemblage varié de céramiques fines associant sigillée luisante, sigillée d’Argonne et dérivée de sigillée paléochrétienne. La sigillée d’Argonne est représentée par deux bols Ch 320 (pl. 377, n° 5-6), respectivement décorés d’une molette du groupe 3 de Hübener et de la molette UC 120, la sigillée luisante par deux formes atypiques inconnues à Portout (pl. 378, n° 1-2). On note enfin l’apparition des premières céramiques dites Dérivées des Sigillées Paléochrétiennes (DSP). Deux groupes de productions peuvent être distingués. Le premier se caractérise par des parois fines, des pâtes grises et une surface gris souris. Deux vases appartiennent aux types Rigoir 18 (pl. 377, n° 7) et 6a (pl. 377, n° 8). Le premier est décoré de palmettes et de rouelles estampées ; la partie supérieure du vase est ornée d’incisions obliques. Le second vase est orné des mêmes incisions obliques. Le second groupe, représenté par un unique bol Rigoir 16 inorné, possède un pâte grise et une surface sombre, gris foncé à reflets bleutés.

Les céramiques communes ne sont illustrées que par deux formes, un bol174 et un pot à lèvre déversée (pl. 378, n° 4-5). Elles sont courantes dans le bassin Saône / Rhône, à Lyon comme à Portout175. Il s’agit de productions à cuisson réductrice dont la pâte s’apparente clairement à celles des céramiques bistres.

Le matériel issu de cette phase d’occupation paraît dater de l’époque valentinienne au plus tôt, dans la mesure où les formes de DSP sont postérieures aux années 370 apr. J.-C. La molette UC 120 semble indiquer une datation dans la première moitié du Ve siècle. Comme au IVe siècle, et ce malgré la présence de deux vases en sigillée d’Argonne, le faciès de cet ensemble s’apparente à celui de la moyenne vallée du Rhône.

171 Joly (M.) – Terra Nigra, Terra Rubra, céramiques à vernis rouge pompéien, peintes et communes : répertoire, chronologie et faciès régionaux en Bourgogne romaine, dans SFECAG Dijon 1996, p. 129-130.

172 Renimel (S.) – L’atelier céramique de Sevrey (IXe – XIXe siècles). Un millénaire de tradition céramique en Chalonnais.

Chalon-sur-Saône, MSHAC, 1974 [chronologie dépassée].

173 Etude de D. Bathèlemy (INRAP) et F. Lamoine en cours.

174 Cette forme est attestée au IVe siècle dans l’ensemble de Saint-Rémy (pl. 406, n° 12).

175 Pour la jatte, un exemplaire dans un contexte du Ve siècle à Portout : Pernon (J. et C.) – Les potiers de Portout.

Productions, activités et cadre de vie d’un atelier au Ve siècle ap. J.C. en Savoie, 20ème suppl. à la Revue Archéologique de

Narbonnaise, 1990, pl. X ; le pot possède une forme fréquente dans les contextes du Ve siècle à Lyon : Ayala (G.) – Lyon Saint-Jean : évolution d’un mobilier céramique au cours de l’Antiquité tardive, RAE, 49, 1997, fig. 26, n° 75, fig. 27, n° 94, fig. 32, n° 173.

I.B.3.2.4 Le milieu du Ve siècle : la fosse I de la Rue Dinet à Mâcon [71270-01]

Les fouilles de sauvetage de la rue Dinet ont entraîné la découverte de plusieurs structures dont l’essentiel se rattache au Haut Empire (IIe siècle), à l’Antiquité tardive (Ve-VIIe siècles) et au Moyen Age. Le matériel issu de ce site est extrêmement abondant. Une fosse a livré un ensemble du milieu du Ve siècle, le plus homogène que nous ayons pu étudier dans la vallée de la Saône.

Les céramiques fines, représentées par quatorze individus, attestent de la diversité des échanges dans la vallée de la Saône au Ve siècle. Un plat en sigillée africaine claire D (pl. 369, n°1) (forme Hayes 61B) indique la persistance des échanges avec le monde méditerranéen durant le Ve siècle. La fosse a livré trois bols Chenet 320 en sigillée d’Argonne (pl. 369, n° 2-4), respectivement décorés des molettes UC 78, UC 178 et Metz 4176. Les vases n° 3 et 4 ont une pâte à cœur gris caractéristique des productions du Ve

siècle. La sigillée luisante est représentée par les formes Pernon 10, 15, 21, 32/34 et 36 (pl. 369, n° 9 à 14). Le marli de la forme Pernon 21 (pl. 369, n° 11) est décoré de cercles estampés formés de petits carrés, la panse de la tasse Pernon 36 d’un décor incisé (pl. 369, n° 14). Toutes ces formes ne sont représentées que par un seul individu, exception faite de la forme P 32/34 (deux individus). L’engobe des vases est clair et peu adhérent : les reflets métallescents qui caractérisent la luisante sont presque absents. L’absence des formes P 37, 38 et 39 semble surprenante au vu de leur fréquence dans les contextes céramiques tardifs de la région. On notera enfin la présence de DSP d’origine régionale177. Un premier groupe (pl. 369, n° 5 à 7) se caractérise par une pâte grise, à surface gris foncé avec des reflets bleutés, à parois épaisses. Les formes attestées dans cet ensemble sont proches des types Rigoir 3 et 4 (pl. 369, n° 7 et 5) ou se rapprochent des formes fréquentes dans le sud-est de la Gaule (pl. 369, n° 6). Un second groupe est représenté par un unique vase Rigoir 56 (pl. 369, n° 8) à pâte grise, dure, avec de rares inclusions et un engobe adhérent gris olivâtre.

La céramique commune est représentée par quarante-cinq vases. La cuisson est oxydante à l’exception d’un individu (pl. 370, n° 16) qui pourrait être résiduel ou intrusif. L’ensemble des vases se caractérise par une pâte siliceuse sableuse comportant de nombreuses inclusions visibles à l’œil nu. Celle-ci est très proche de celle des productions des ateliers de mérovingiens de la région Chalonnaise (groupe de Sevrey). L’aspect général de ces productions semble homogène même si l’on peut distinguer des vases à la facture plus ou moins soignée. Le répertoire morphologique est relativement restreint : quinze formes peuvent être isolées. Parmi les formes ouvertes, les vases carénées sont de loin les plus nombreux. Le n° 3 pl. 370, est une jatte carénée à lèvre en boule. La carène est toujours marquée par un léger bourrelet. Ce vase, ici représenté par cinq individus, est particulièrement répandu dans les contextes mâconnais de la seconde moitié du Ve siècle. La jatte à bord déversé, séparé de la panse par une légère cannelure, carénée (pl. 370, n° 4) est représentée par deux individus. Ces deux formes trouvent de proches parallèles dans la vallée du Rhône178. La jatte carénée à lèvre déversée, régulière dans les contextes tardifs de Mâcon, est représentée par un individu (pl. 370, n° 2). Il semble ici que cette forme soit intrusive179. Les autres formes sont représentées par un ou deux exemplaires (assiette à bord déversé, pl. 370, n° 1 ; petit bol à marli très peu développé, pl. 370, n° 5 ; jatte à bord en boule, pl. 370, n° 6 ; bol à marli à lèvre retroussée, peut-être une imitation de sigillée luisante, de DSP ou de sigillée d’Argonne180, pl. 370, n° 7). Le mortier à collerette en boule faiblement saillante (pl. 370, n° 8) est typique des exemplaires mâconnais du Ve siècle. Parmi les formes fermées, deux sortent nettement du lot. Il s’agit des pots n° 9 et 11 pl. 370, respectivement représentées par treize et sept individus, représentant en gros un tiers des formes fermées. La première est un pot à lèvre en bandeau à gorge naissante. Dans les contextes plus tardifs, cette dernière est plus accentuée comme dans le cas des n° 10, 12 et 13 pl. 370. La seconde forme dominante est un pot à lèvre en bandeau. L’extérieur du bandeau est marqué par une gorge. Cette forme semble absente des contextes

176 Identification de cette molette P. Van Ossel, que je remercie.

177 Information Y. et J. Rigoir, que je remercie.

178 Ayala, op. cit., fig. 26, n° 68

179 Cf supra. Comme pour le n° 16, qui semble dater du VIIe siècle (Faure-Boucharlat, Vivre à la campagne, p. 232, fig. 9, n° 2), cette présence intrusive pourrait s’expliquer par le fait qu’un mur du haut Moyen Age recoupe la fosse ici étudiée.

51 mâconnais du dernier tiers du Ve siècle. Les formes à bord simple déversé sont représentées par deux individus (pl. 370, n° 14 et 15). Le n° 15 possède une forme qui était déjà attestée au début du Ve siècle dans l’ensemble de Mâcon / Bibliothèque181.

Dans cet ensemble, l’association de sigillées africaines, d’Argonne et de monnaies du Ve siècle fournit de précieux moyens de datation. La production de la forme Hayes 61B en sigillée africaine D s’étale de la fin du IVe siècle au troisième quart du Ve siècle. Les deux molettes d’Argonne UC 78 et 178 ont été classées par D. Bayard dans sa phase II, qu’il date de la première moitié du Ve siècle, entre 410 et 450 environ182. Le noyau sombre présent dans la pâte des n° 3 et 4 pl. 369 est un critère caractéristique du groupe techno-typologique 2 de W. Dijkman qu’il date des deuxièmes et troisièmes quarts du Ve siècle183. La sigillée luisante n’offre pas de précision chronologique supplémentaire. Les formes présentes dans cet ensemble sont toutes datées de la seconde moitié du IVe et de la première moitié du Ve siècle184. Les productions locales de DSP n’apportent aucun élément chronologique étant donné leur méconnaissance actuelle. On notera surtout la présence d’imitations de monnaies de Valentinien III (LRBC 867) datées du milieu du Ve siècle (pl. 371)185. Ces différents éléments nous incitent à placer le comblement de cette fosse vers le milieu ou le début de la seconde moitié du Ve siècle.

Bien que cet ensemble soit d’une faible importance numérique, il reflète de manière intéressante le faciès céramique de la vallée de la Saône au milieu du Ve siècle. Parmi les céramiques fines, on retiendra tout d’abord la présence de la sigillée africaine D, rare au nord de Lyon. La sigillée d’Argonne n’est guère plus abondante, Mâcon se situant en limite de l’aire de diffusion principale. La sigillée luisante de la vallée du Rhône est beaucoup mieux représentée, phénomène général à Mâcon durant le Ve siècle. On notera enfin la présence de productions régionales de DSP. Le répertoire typologique des céramiques communes est retreint et se limite à quelques formes. On remarque l’absence totale de céramiques rugueuses / granuleuses, productions typiques du Bas Empire dans le nord de la Gaule.

I.B.3.2.5 La fin du Ve et le début du VIe siècle : le remblai du secteur II de la Rue Dinet à Mâcon [71270-01]

La zone centrale de la fouille de la Rue Dinet (secteur II) a livré un remblai préparatoire destiné à l’assise d’une construction maçonnée, contenant un très abondant matériel. Les formes sont presque toutes complètes et l’ensemble, bien qu’issu d’un remblai, paraît très cohérent.

L’éventail des céramiques fines est particulièrement riche et varié. On dénombre des sigillées africaines claire D, des sigillées d’Argonne, des DSP et des sigillées luisantes. La sigillée africaine est représentée par deux plats en sigillée claire D (formes Atlante XLI 3-4186, pl. 372, n° 1 et Hayes 61B, pl. 372, n° 2) et une lampe Hayes IIa / Atlante X en sigillée claire C décorée de deux poinçons Ennabli F2 et un poinçon Ennabli F3 (pl. 372, n° 5). La sigillée d’Argonne est représentée par une assiette Alzei 9/11 (pl. 372, n° 3) et un bol Ch 319 très massif (pl. 372, n° 4). La petite lèvre déjetée sur l’assiette Alzei 9/11 ne paraît pas canonique. La catégorie de céramique fine la plus abondamment représentée est la DSP. Le répertoire typologique est très varié. Les productions sont dans leur immense majorité (pl. 372, n° 7 à 15 et 373, n° 1 à 4) à pâte grise et surface gris foncé à reflets bleutés (pâtes kaolinitiques ?), possédant des parois épaisses et une finition parfois sommaire, bien différentes des productions plus fines du courant du Ve siècle187. Une origine méditerranéenne, marseillaise notamment, semble totalement à exclure188. Le seul

181 Cf. supra, pl. 378, n° 5.

182 Bayard (D.) – L’ensemble du grand amphithéâtre de Metz et la sigillée d’Argonne au Ve siècle, Gallia, 47, 1990, p. 271-319.

183 Dijkman (W.) – La terre sigillée décorée à la molette à motifs chrétiens dans la stratigraphie maastrichoise (Pays-Bas) et dans le nord-ouest de l’Europe, Gallia, 49, 1992, p. 154.

184 Collectif - Céramiques tardives à revêtement argileux des Alpes du Nord et de la vallée du Rhône (de Martigny à Vienne), Figlina, 7, 1986, p. 19-49 ; Pernon (J. et C.) – Les potiers de Portout. Productions, activités et cadre de vie d’un atelier au

Ve siècle ap. J.C. en Savoie, 20ème suppl. à la Revue Archéologique de Narbonnaise, 1990 ; Raynaud (C.) – Céramique luisante,

Lattara, 6, 1993, p. 504-510. 185 Identification C. Brenot (CNRS).

186 Identification M. Bonifay (CNRS), que je remercie.

187 Cf. supra.

vase pouvant s’apparenter à ces productions précoces est une assiette (pl. 373, n° 5) à pâte grise, dure, avec de rares inclusions et un engobe adhérent gris olivâtre, production déjà attestée de manière marginale dans l’ensemble Dinet I189. Dans le premier groupe, on remarque des plats Rigoir 4 (pl. 372, n° 7 et 8), Rigoir 39 (?) décoré de rouelles (pl. 372, n° 9) et Rigoir 1 décoré de palmettes (pl. 372, n° 10). Les bols sont représentés par les formes Rigoir 6, Rigoir 17 ( ?) avec décor d’arceaux, Rigoir 16 avec décor de colonnes et arceaux, Rigoir 22 avec décor d’arceaux, rouelles et palmettes (pl. 372, n° 112, pl. 373, n° 1-2). On rencontre différentes variantes de la coupe à marli Rigoir 3 (pl. 372, n° 13-15) et des petits bols à paroi très massive (pl. 373, n° 3 et 4) d’attribution typologique incertaine. Les sigillées luisantes sont proportionnellement moins abondantes dans cet ensemble que dans la première moitié du Ve siècle. Etant donnée la nature du gisement, certains vases sont peut-être résiduels, comme un bol P37 (pl. 373, n° 10). Les autres formes sont des bols P 10 (pl. 373, n° 7), P XXVII-66 (pl. 373, n° 9), P 37b (pl. 373, n° 11) et P 35 (pl. 373, n°13). On remarque enfin un petit bol atypique à lèvre ornée d’un sillon externe, tout comme une jatte à lèvre triangulaire, types inconnus à Portout (pl. 373, n° 12 et 6) et des coupes à marli P 19 (pl. 373, n° 8).

A l’exception d’une pièce (pl. 375, n° 9), toutes les productions en céramique commune sont à pâte claire « bistre », provenant vraisemblablement des ateliers de la forêt de Givry dans le Chalonnais (ateliers du groupe de Sevrey). Le remblai du secteur II du site de la rue Dinet contenait plusieurs mortiers à petite lèvre saillante en boule (pl. 374, n° 1 à 3), forme attestée dans l’ensemble Dinet I dans le milieu du Ve siècle, mais aussi dans des ensembles lyonnais contemporains190. Certains exemplaires sont décorés