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SAAST Acad. MACON

II. A.7.1.5 La nécropole des Champs Saint Roch [71014-010]

II.A.7.1. Les nécropoles

La topographie funéraire d’Augustodunum au Haut-Empire est bien connue, en grande partie grâce au fait que la ville actuelle a débordé tardivement les limites urbaines de la ville augustéenne. Un réexamen précis de leur implantation s’avère donc inutile, exceptées quelques observations de détail. Répétant un schéma classique, les nécropoles du Haut-Empire se sont implantées le long des voies sortant de la ville (fig. 11, p. 80). Plusieurs pôles funéraires peuvent donc être circonscrits.

II.A.7.1.1 La nécropole de Bois Saint-Jean / La Verrerie [71014-001]

La nécropole de Bois Saint-Jean / La Verrerie se développe le long de la voie d’Autun à Bourges (fig. 11, p. 80, 014-01). Deux grandes concentrations de découvertes peuvent être individualisées autour du hameau de la Verrerie et de la ferme de Bois-Saint-Jean. Au sud, près de l’Arroux, se trouvait jusqu’au début du XIXe siècle un mausolée du Haut-Empire traditionnellement appelé la Gironette. Il n’est toutefois pas certain que cette structure ait appartenu aux groupes de sépultures précédents. Excepté ce mausolée, le recrutement de la nécropole au Haut-Empire paraît relativement varié mais modeste : artisans, musiciens et militaires font partie des couches sociales représentées.

II.A.7.1.2 La nécropole du Breuil d’Arroux [71014-003]

Nous proposons d’isoler une nécropole au Breuil d’Arroux (fig. 11, p. 80, 014-03). Les découvertes de ce secteur, traditionnellement considérées comme appartenant au pôle funéraire de Bois Saint-Jean / La Verrerie [71014-001], en sont en effet séparées par le complexe du Temple de Janus [71014-002]. Située à la sortie nord de la ville, la nécropole du Breuil d’Arroux s’étire le long de la voie d’Agrippa et non pas en direction de l’ouest. Mal connue, elle comprend plusieurs mausolées circulaires indiquant un recrutement en partie aristocratique (pl. 282 n° 2-4). Des sépultures plus modestes sont cependant attestées.

II.A.7.1.3 La nécropole de Saint-Symphorien [71014-004]

L’existence d’une nécropole du Haut-Empire à l’emplacement de l’actuel hameau de Saint-Symphorien (fig. 11, p. 80, 014-04) repose sur de rares indices. En effet, le grand nombre de stèles trouvées dans le hameau ne correspond pas forcément à des monuments en place, plusieurs observations indiquant la fréquence de leur réemploi durant l’Antiquité tardive [71014-004]. Une stèle découverte sur l’incinération sous-jacente permet toutefois d’affirmer que ce secteur avait bien une vocation funéraire dès le Haut-Empire490, sans que l’on puisse cependant caractériser le recrutement de la nécropole.

II.A.7.1.4 Nécropole des Drémeaux [71014-008]

Le suburbium oriental est occupé par une vaste nécropole longeant le tronçon commun des voies en direction de Langres et Besançon (fig. 11, p. 80, 014-08). De nombreuses découvertes indiquent qu’elle commence dès la porte Saint-André et s’étend le long de la voie romaine dans le quartier des Drémeaux491. En l’état de la documentation, le recrutement de la nécropole paraît relativement modeste au Haut-Empire.

II.A.7.1.5 La nécropole des Champs Saint Roch [71014-010]

490 MSE, III, 1874, p. 374-375 = Rebourg, CAG 71/1, p. 150, n° 450.

491 En patois local, Drémeau signifie dormeur. Il s’agit généralement d’un très bon indice toponymique de la présence d’une nécropole : information R. Niaux, que je remercie.

Cette nécropole, découverte au XIXe siècle, se situe à l’est de la route actuelle d’Autun à Chalon, à hauteur du plan d’eau du Vallon (fig. 11, p. 80, 014-10). Certains auteurs ont parfois proposé de la rattacher à celle de Saint-Pierre l’Etrier ou bien à celle du Champ des Urnes. Clairement circonscrite, elle semble suffisamment importante pour être une nécropole autonome. Son recrutement paraît modeste492. II.A.7.1.6 Nécropole du Champ des Urnes [71014-013]

La nécropole du Champ des Urnes, connue dès le XVIIe siècle, se trouve au sud de la ville antique. Elle s’étend le long de la voie d’Agrippa en direction de Chalon et de la voie de Mâcon (fig. 11, p. 80, 014-10). La Pierre de Couhard, un mausolée pyramidal dont il ne subsiste que le blocage interne, est le monument le plus célèbre de ce pôle funéraire. Le recrutement de la nécropole semble relativement varié au Haut-Empire : à côté du mausolée dit Pierre de Couhard, coexistent des sépultures plus modestes, mais aussi celles d’un vétéran et d’un sévir augustal.

II.A.7.1.7 Conclusion sur les nécropoles du Haut-Empire

Les nécropoles de la fin du Haut-Empire montrent une organisation classique à cette période. Elles forment une couronne de sites funéraires autour de l’espace urbain intra muros (fig. 11, p. 80). Sans surprise, celles-ci paraissent se développer le long des principaux axes sortant de la ville, à l’exception notable de la nécropole des Champs-Saint-Roch [71014-010] qui parait à l’écart493. Plus remarquable est l’absence totale de découvertes funéraires à la sortie ouest de la ville, le long de la voie se dirigeant vers Feurs et Clermont. La rareté des interventions archéologiques récentes dans ce secteur empêche cependant de savoir si ce constat découle d’une lacune documentaire ou d’une réalité archéologique. Il apparaît enfin qu’à l’exception du mausolée isolé de la Gironette [71014-01], les mausolées de l’aristocratie ne sont attestés que dans deux nécropoles au nord et au sud de la ville, celles du Breuil d’Arroux [71014-03] et celle du Champ des Urnes [71014-013]. Dans les deux cas, celles-ci bordent la voie d’Agrippa et il est possible que ce soit le long de cet axe majeur que les élites aient cherché à mettre leur mort en scène. II.A.7.2. Une ceinture de villae périurbaines

La documentation archéologique permet d’attester la présence de plusieurs établissements aristocratiques de type villa dans les environs d’Autun. Ceux-ci, presque tous explorés au XIXe siècle, sont pourtant difficiles à appréhender. Par ailleurs, il est difficile de cerner l’étendue exacte de ce qui paraît relever de l’espace périurbain. Pour ce type d’établissements, un éloignement maximal de deux kilomètres par rapport à la ville paraît acceptable.

L’établissement le plus important actuellement connu dans les environs immédiats d’Autun est sans aucun doute la villa de Montmain, située sur le bord du plateau surplombant la ville [71014-22]. La pars urbana dégagée au XIXe siècle, large d’au moins 70 m, comporte deux salles de réception à abside de grandes dimensions à l’ouest (la plus vaste mesure 15 m de long et 6 m de large) et un important ensemble thermal au nord, paraissant s’organiser autour d’un péristyle (pl. 297). La présence des salles en abside indique que cet état de l’édifice ne peut guère être antérieur au IIIe siècle, mais des éléments de datation complémentaires paraissent indispensables.

D’autres sites périurbains pouvant correspondre à des villae sont attestés dans les environs proches de la ville (fig. 11, p. 80), comme à Saint-Pierre-l’Estrier [71014-07], ou aux Borbes [71014-19], mais ils demeurent très mal connus. Il serait souhaitable que des fouilles viennent compléter les connaissances très lacunaires sur ce type d’établissements, tant il paraît clair qu’ils devaient entretenir un lien très fort avec la ville toute proche.

492 Une fouille effectuée durant l’été 2004 (dir. S. Venault, INRAP) a permis d’observer plusieurs dizaines de sépultures datant de l’époque augustéenne au IIIe siècle.

99 II.A.7.3. Les sanctuaires périurbains

Le suburbium d’Augustodunum abrite un certain nombre de sanctuaires essentiellement connus par des découvertes anciennes.

Le plus important est situé le long de la voie d’Autun à Bourges, à la Genetoye [71014-002] (fig. 11, p. 80 et pl. 280). Cet ensemble est célèbre pour son temple de plan gallo-romain appelé « Temple de Janus », dont subsistent deux côtés de la cella (pl. 281, n° 1-3). Fouillé au XIXe siècle par J.-G. Bulliot, le sanctuaire de la Genetoye était encore mal compris jusque dans les années 1970. La présence d’autres constructions avait poussé Bulliot à considérer que le temple s’intégrait dans un quartier d’habitat non englobé dans l’enceinte augustéenne. Depuis, les prospections aériennes de R. Goguey ont permis de repérer plusieurs autres temples et un très vaste théâtre de plan gallo-romain (pl. 281, n° 2-5). Complétée par ces découvertes, la signification du site est tout autre. A. Rebourg a proposé que la zone de la Genetoye abrite un vaste sanctuaire de type périurbain, qu’il compare à l’Albachtal de Trêves494, hypothèse suivie par W. Van Andringa495. Malgré l’indigence des données épigraphiques, il y a lieu de penser que, comme à Trêves et dans d’autres cités gauloises, le sanctuaire périurbain de la Genetoye avait pour fonction de fédérer les différents cultes de la Cité.

Un autre sanctuaire d’Apollon Grannus est supposé à Monthelon / Branges [71313-11], à proximité de la voie d’Autun à Bourges, mais l’ancienneté des découvertes ne permet pas de caractériser l’occupation.

II.A.7.4. Une série de dépotoirs

L’abondance des découvertes effectuées au pied des remparts de la ville antique a fait suspecter, dès le XIXe siècle, l’existence de dépotoirs extra muros. Le premier inventaire des découvertes n’a cependant été effectué que très récemment par A. Rebourg dans la Carte Archéologique de la Gaule496. La définition de ces dépotoirs soulève un certain nombre de problèmes, dans la mesure où elle repose sur des découvertes anciennes qui s’apparentent plus des récoltes d’objets qu’à de véritables fouilles. Cependant, l’absence de découvertes de type funéraire semble exclure que ces secteurs puissent correspondre à des zones de nécropole. Les rares observations récentes indiquent la présence de fosses et de remblais qui pourraient correspondre à des épandages de détritus497.

Cinq grandes zones de découvertes ont été individualisées par A. Rebourg (fig. 11, p. 80) : au nord, entre le rempart et l’Arroux ; au nord-est, entre le rempart, l’Arroux et le ruisseau de la Toison ; à l’est entre le rempart et le ruisseau de la Toison, ce dernier dépotoir semblant former une bande sur tout le flanc de la ville [71014-29 à 33].

L’éventail des découvertes couvre à peu près tous les domaines possibles des rejets domestiques (céramique, objets métalliques, objets en bois, restes fauniques et végétaux, huisserie...). C’est dans ce matériel qu’il faut sans doute chercher les déchets issus des habitations aisées d’Augustodunum, absents du centre de la ville depuis l’époque flavienne.

II.A.8. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA TOPOGRAPHIE D’AUGUSTOD UNUM INTRA ET EXTRA MUROS A LA FIN DU HAUT-EMPIRE

II.A.8.1. Considérations topographiques

Il apparaît désormais, à quelques exceptions près, que l’ensemble de la surface délimitée par l’enceinte augustéenne est occupée à la fin du Haut-Empire. L’archéologie préventive et les surveillances de travaux confirment chaque jour ce fait. Etant donné le périmètre délimité par l’enceinte (près de six

494 Rebourg, Urbanisme, p. 158-161.

495 Van Andringa, La religion en Gaule romaine, p. 64-81 et p. 239-242, dresse une synthèse des connaissances sur les sanctuaires périurbains en Gaule.

496 Rebourg, CAG 71/1, p. 144-146, n° 428-437.

kilomètres pour une surface d’à peu près 200 ha), on saisit l’étendue de la ville à cette période. On peut certes objecter que la documentation disponible ne permet pas de connaître la densité réelle de l’occupation des îlots, mais tous les sondages, même de surface réduite, livrent des structures maçonnées et des aménagements construits lorsqu’ils sont conduits à une profondeur suffisante, ce qui constitue un bon argument pour écarter l’hypothèse selon laquelle les îlots auraient été faiblement occupés.

La documentation archéologique permet d’entrapercevoir une organisation assez rigoureuse de l’urbanisme. Au centre de la ville, à l’ouest du cardo maximus, se trouve une bande d’îlots monumentaux [VIII-IX 8 et 9, IX-X 8, XI-XII 8 et XIII 8] (fig. 13, p. 81). Leur fonction exacte ne peut être déterminée avec certitude, mais la nature publique des structures rencontrées est hors de doute, tout comme la richesse et la monumentalité des aménagements observés. Parmi ceux-ci se trouvent vraisemblablement le forum (constitué selon nous des îlots VIII-IX 8 et VIII-IX 9, A. Rebourg proposant lui l’îlot XI-XII 8498) et peut-être le temple d’Apollon mentionné par Eumène499 [XI-XII 8 ?], ainsi qu’un important ensemble thermal [IX-X 8]. Il y a ici une volonté manifeste de mettre en valeur la bordure ouest du cardo maximus. A l’écart de cette zone, on trouve d’autres îlots publics dont la nature précise pose souvent problème [VIII-IX 5 et 6, VI 10, XI 9]. Les seul ensemble bien compris se trouve à l’extrémité sud-est de la ville : il est composé d’un théâtre [XIII-XIV 13-14], d’un amphithéâtre [XI-XII 13-14] et peut-être d’un sanctuaire de la déesse Bibracte comprenant un temple de type fanum [XIV 12, n° 2 et documentation complémentaire dans XIV 11, n° 3].

L’état de ces monuments à la fin du Haut-Empire n’est pas perceptible grâce aux données disponibles, mais des découvertes isolées d’éléments architecturaux indiquent la réalisation ou l’entretien de la parure urbaine au IIIe siècle 500.

Le reste de la ville semble en grande partie avoir été occupé par des îlots d’habitation de type aristocratique ou artisanal. Les premiers se reconnaissent dans la majorité des cas par la découverte d’éléments de décor ostentatoires, les seconds nécessitent quelques explications : à Autun, les recherches récentes d’A. Rebourg et surtout de P. Chardron-Picault ont montré qu’aux IIe et IIIe siècles, les activités artisanales ne sont pas uniformément réparties dans la ville, mais regroupées dans des « quartiers » situés près des remparts, à l’intérieur desquels les îlots sont entièrement occupés par des locaux d’habitation abritant de nombreuses activités artisanales (métallurgie du fer et du bronze, artisanat céramique, tabletterie)501. L’îlot XV 11 constitue le paradigme de ce type d’occupation, mais on peut supposer une situation similaire dans l’îlot III 13. Cette implantation est certainement due au fait que l’on a recherché à repousser du centre urbain des activités polluantes ou dangereuses (risque d’incendies).

Entre les îlots aristocratiques et artianaux, on peut supposer toute une palette de statuts intermédiaires que l’archéologie ne permet pas actuellement d’appréhender de manière satisfaisante. On ne peut classer finement des îlots d’habitation qui n’ont livré ni mosaïques ou décor luxueux ni indices d’activités artisanales.

II.A.8.2. Le IIIe siècle : apogée de l’occupation urbaine ?

A bien des égards, le IIIe siècle semble constituer l’apogée de l’occupation dans la ville antique. Dans vingt-neuf cas sur trente, les fouilles récentes ont mis en évidence des niveaux d’occupation indubitables de cette période. La seule exception se trouve dans l’îlot XIII 4 où une importante fouille de sauvetage a montré l’abandon des constructions dans les années 200 apr. J.-C. [Ilot XIII 4, n° 1]. Cet indice isolé ne saurait toutefois constituer la preuve d’une « crise » ou d’un étiolement de l’occupation urbaine étalée dans le IIIe siècle et commençant dès l’extrême fin du IIe siècle, comme cela est le cas dans de nombreuses villes de Narbonnaise502.

498 Supra, § II.A.2.1.

499 Eumène, Pro instaurandis scholis oratio, IX, 3 et 4.

500 Chapiteau en marbre de type « asiatique à acanthe épineuse », datable de la première moitié du IIIe siècle (H. = 0,57 m) trouvé à Autun : Olivier (A.) – Sept chapiteaux corinthiens de colonne, dans Autun / Augustodunum, p. 66-69, n° 101f.

501 Chardron-Picault (P.) – Les îlots artisanaux d’Augustodunum, dans Béal (J.-C.) et Goyon (J.-C.) (éd.) – Les artisans

dans la ville antique. Lyon – Paris, 2002, p. 199-207.

502 A Aix-en-Provence N. Nin parle de mitage progressif de la trame urbaine au IIIe siècle : Nin (N.) – Modalités du délaissement de l’agglomération d’Aix-en-Provence, dans Fiches, Le IIIe siècle en Gaule Narbonnaise, p. 135-154 [148] ; à

101 Récemment encore, plusieurs chercheurs ont avancé qu’Augustodunum était en crise dès l’époque sévérienne503. Cette hypothèse doit manifestement être réfutée, car elle paraît découler de la mauvaise connaissance, il y a quelques années encore, des fossiles directeurs du IIIe siècle à Autun. En effet, on datait couramment du début du IIIe, voire de la fin du IIe siècle, des céramiques métallescentes caractéristiques du milieu du IIIe siècle. Les progrès récents des recherches sur ces productions permettent désormais d’écarter des datations aussi hautes504.

L’étude détaillée des ensembles caractéristiques des niveaux d’abandon du IIIe siècle505 indique qu’il faut désormais écarter l’idée d’un mitage progressif de la trame urbaine dès les années 230 apr. J.-C. et repousser cet épisode dans le dernier tiers du IIIe siècle.

II.B LES FORMES DE L’OCCUPATION A AUG USTOD UNUM DURANT L’ANTIQUITE