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SAAST Acad. MACON

III. B.1.1 Des centres régionaux en déclin : l’exemple de Nuits-Saint-Georges

Les abandons de centres régionaux au cours de l’Antiquité tardive sont rares dans les cités des Eduens et de Chalon, puisqu’ils se limitent actuellement à l’agglomération des Bolards à Nuits-Saint-Georges.

III.B.1.1.1 Une forte rétraction dès la fin du IIIe siècle

Les fouilles effectuées par E. Planson suggèrent une très forte rétraction de l’agglomération dès les dernières décennies du IIIe siècle. L’ensemble des structures d’habitat est abandonné dans la seconde moitié du IIIe siècle et on peut considérer qu’après cette période, l’agglomération ne paraît plus occupée à l’exception des constructions publiques (sanctuaire de Mars Segomon [21464-04], mithraeum [21464-05] et bâtiment public interprété comme étant une basilique [21464-02] (pl. 72)).

Les fouilles de la nécropole sud, située « Au Gibot » [21464-06] (pl. 78), le long d’une voie se dirigeant vers l’agglomération antique de Seurre904, semble confirmer une baisse très sensible de la population. Alors que près de quarante-quatre sépultures des IIe et IIIe siècles ont été dégagées, seules deux peuvent être attribuées avec certitude au Bas-Empire. [21464-06, sép. 15 et 16].

La première, une inhumation en pleine terre, contenait une monnaie de Tétricus. La seconde était peut-être contenue dans un coffrage en bois indiqué par la présence de pierres de calage autour du squelette. Le mobilier associé (deux jattes en sigillée luisante (forme P 34 et variante P 37) (pl. 79, n° 1 et 2), un gobelet en verre vert (forme Isings 109) (pl. 79, n° 3), une demi-monnaie fruste du IVe siècle) permet de dater ce dernière du milieu du IVe siècle. Trois autres inhumations en pleine terre sans mobilier d’accompagnement [21464-06, sép. 4, 6 et 7] pourraient être, sur la seule base de leur orientation similaire, contemporaines des sépultures précédentes. On aimerait disposer d’observations plus précises sur la nécropole du « Moulin Chaudot » [21464-07], située au nord de l’agglomération, mais les découvertes sont trop anciennes pour pouvoir esquisser son évolution durant l’Antiquité tardive.

III.B.1.1.2 L’occupation de l’Antiquité tardive

Au IVe siècle, seul le centre monumental montre désormais des indices de fréquentation : le mithraeum [21464-05] est toujours en usage et l’édifice public indéterminé [21464-02], situé à quelque distance au sud-est, a livré de nombreuses monnaies du IVe siècle. La nature de la fréquentation du sanctuaire de Mars Segomon [21464-04] est plus difficile à interpréter à cette période. Bien que l’area du temple ait livré un très grand nombre de monnaies du IVe siècle, celles-ci proviennent d’une vaste couche de démolition riche en mobilier architectural, peut-être liée à un four à chaux observé sur le pronaos du temple (pl. 75, n° 2-3). La pratique de la stips perdure peut-être sur un site à moitié en ruine, mais il est aussi envisageable que ce matériel a été perdu par des récupérateurs de matériaux eux-mêmes. A l’époque valentinienne, le démontage du sanctuaire semble s’accélérer et il est peu probable qu’il accueille encore des pratiques votives. Dès cette époque, on peut se demander si le site des Bolards correspond encore à une agglomération.

A la fin du IVe et au début du Ve siècle, seul le mithraeum [21464-05] semble encore fréquenté, comme en témoignent de nombreuses monnaies théodosiennes recueillies dans l’édifice. La frappe la plus tardive, de Théodose II, suggère une utilisation jusque dans les années 430.

III.B.1.2 Continuité de l’occupation avec rétraction de l’occupation : Alesia et Bourbon-Lancy L’évolution la plus fréquente observée dans les centres régionaux au Haut-Empire se caractérise par une continuité de l’occupation accompagnée d’une forte réduction de la surface occupée. Parmi cette catégorie, les sites les mieux connus sont indéniablement Alesia et Bourbon-Lancy.

III.B.1.2.1 Le devenir de la parure monumentale du Haut-Empire La fin du IIIe siècle

D’une manière générale, la fin du IIIe siècle ne se caractérise pas par de profondes mutations de la parure monumentale. Bien que les fouilles des édifices publics soient souvent anciennes et entachées d’imprécisions, il est notable que ceux-ci ne connaissent pas alors d’abandons ou de démantèlements massifs. La situation est relativement proche de la capitale de la cité, où les constructions publiques sont peu affectées par l’évolution de l’occupation urbaine à cette époque.

La seule exception à Alesia est l’abandon du monument d’Ucuetis [21008-06], sans doute le siège de la corporation des artisans forgerons. Il paraît détruit dans la seconde moitié du IIIe siècle par un violent incendie dont de nombreuses traces ont été observées lors des fouilles de 1908 et 1911. Le site ne

904 Cité des Séquanes. Sur ce site : Mangin (M.) et Bénard (J.) – Seurre, dans Agglomérations antiques de Côte-d’Or, p. 162-164.

175 semble pas avoir été réoccupé et, à moins d’envisager un transfert du siège de cette corporation dans un autre édifice de l’agglomération, il est probable que son abandon corresponde à la fin de son activité. La première moitié du IVe siècle

Sur les deux sites d’Alesia et de Bourbon, l’essentiel de la parure monumentale du Haut-Empire paraît encore en place dans la première moitié du IVe siècle.

Les fouilles du forum d’Alesia [21008-01] (pl. 4-9) montrent que cet aménagement connaît une importante fréquentation à cette époque, comme le montrent de très nombreuses découvertes numismatiques. Il est probable qu’une partie des monnaies indique des activités cultuelles dans le secteur de l’area du temple, caractérisées par le jet d’offrandes monétaires. On ne peut en revanche définir l’évolution de la basilique du centre public : les quelques monnaies du IVe siècle recueillies dans l’édifice ne signalent guère que la fréquentation du secteur à cette époque. Il n’y a évidemment pas lieu de s’interroger sur l’état du bâtiment avec d’aussi maigres données.

La présence de réfections du portique entourant l’area du temple dans les années 360 apr. J.-C. confirmerait que le forum est alors toujours en usage dans la première moitié du IVe siècle.

Quelques constructions sommairement décrites par E. Espérandieu pourraient enfin appartenir à des aménagements du IVe siècle : dans le quart sud-ouest du forum, il a dégagé une série de murs délimitant une construction quadrangulaire disposée à cheval sur l’angle du portique et l’area du temple (pl. 4). On ne dispose cependant que de la seule appréciation d’Espérandieu, qui leur attribue une datation tardive.

Une partie des sanctuaires publics de ces agglomérations est toujours en usage dans la première moitié du IVe siècle. Outre les découvertes effectuées dans le forum d’Alesia, plusieurs découvertes montrent la poursuite de la fréquentation des édifices de culte.

A Alesia, les fouilles du sanctuaire d’Apollon Moristagus à la « Croix-Saint-Charles » (pl. 42) indiquent une fréquentation cultuelle dans la première moitié du IVe siècle. Celle-ci est illustrée par la découverte de nombreuses monnaies dans le temple et l’édifice thermal [21008-34]. On ne peut cependant suivre Espérandieu qui proposait une vaste reconstruction du sanctuaire aux alentours de l’époque tétrarchique.

C’est très certainement le sanctuaire d’Apollon Borvo de Bourbon-Lancy [71047-08] qu’évoque en 310 l’auteur éduen du panégyrique de Constantin905 : tous les temples semblent t’appeler de leurs vœux, en particulier celui de notre Apollon, dont les eaux punissent les parjures, que tu dois plus que personne détester. Dieux immortels, quand nous accorderez-vous ce jour où cette divinité bienfaisante, après avoir partout établi la paix, viendra là-bas aussi visiter les bois sacrés d’Apollon, son temple vénéré et les bouches fumantes de ses fontaines, dont les eaux jaillissantes couvertes de buée par leur douce tiédeur sembleront sourire à tes yeux, Constantin, et s’offrir d’elles-mêmes à tes lèvres. Tu admireras sûrement là-bas aussi le sanctuaire de ta divinité protectrice et ces eaux issues d’un sol qui ne porte pas la moindre trace de feu : rien n’est désagréable dans leur saveur et leur émanations, mais au goût et à l’odorat, elles rappellent la pureté des sources froides906. Au vu de la description, il paraît bien que l’ensemble du sanctuaire ait encore été en usage au début du IVe siècle, ce que semblent confirmer les rares mentions de découvertes numismatiques effectuées dans le secteur thermal.

Parmi les « centres régionaux », Alesia est la seule agglomération où un édifice de spectacle soit attesté. Il s’agit d’un théâtre de plan gallo-romain [21008-02], qui a fait l’objet de nombreuses interventions archéologiques permettant de retracer son évolution au Bas-Empire.

En l’état actuel de la documentation, le bâtiment semble relativement bien conservé dans la première moitié du IVe siècle. Bien qu’il soit prématuré sur ces bases d’affirmer qu’il est encore utilisé comme édifice de spectacle au début de l’Antiquité tardive, l’intégrité du monument aurait permis d’y effectuer des représentations. Ce n’est qu’à partir de la fin du IVe siècle qu’apparaissent les signes manifestes d’un démontage de ses éléments architecturaux907.

Dans ce cadre encore bien conservé, apparaissent pourtant au IVe siècle des constructions parasites qui s’appuient sur l’édifice. Lors des fouilles du début du XXe siècle, J. Toutain avait signalé la

905 C’est l’opinion de Bonnard (L.) et Percepied (Dr.) - La Gaule thermale, sources et stations thermales et minérales de la

Gaule à l’époque romaine. Paris, 1908, p. 83 et d’A. Rebourg, Urbanisme, p. 195. Discussion : [71047-08]. 906 Panegyricus Constantinus dictus, XXI-XXII (trad. E. Galletier).

présence de constructions tardives entre les contreforts du mur délimitant la cavea, sans fournir d’arguments de datation pertinents. Une fouille plus récente d’A. Olivier et E. Rabeisen a permis d’observer un aménagement similaire entre deux contreforts du mur de façade du théâtre : il a livré plusieurs monnaies de la première moitié du IVe siècle (pl. 12). Si les aménagements décrits par Toutain sont contemporains, il est probable que le pourtour de l’édifice ait été partiellement colonisé à cette époque par des constructions semblables aux habitations qui se greffent sur le pourtour du cirque d’Arles à la fin du IVe siècle908.

La fin du IVe siècle et le début du Ve siècle : l’abandon définitif des édifices publics du Haut-Empire ? A Alesia, la fin du IVe et le début du Ve siècle voient l’abandon progressif ou le démontage des édifices publics du Haut-Empire : plusieurs monuments emblématiques de la topographie urbaine commencent alors à disparaître du paysage.

Dans le forum [site 21008-01], l’aile nord du portique entourant l’area du temple est encore intensément fréquentée à l’époque valentinienne, comme en témoignent de nombreuses monnaies909. Quelques observations indiqueraient même que les sols du portique ont été refaits après les années 350. Toutefois, celui-ci est détruit à la fin de l’époque valentinienne par un violent incendie, dont de nombreuses traces ont été observées lors des fouilles de J. Bénard en 1976-1977. Il semble alors qu’il abrite une activité de récupération de matériaux, sans doute avant l’époque théodosienne. Dans la zone du temple et de l’area, le nombre de monnaies fléchit sensiblement dès le milieu du IV ème siècle. L’absence de monnaies théodosiennes indiquerait que le centre monumental d’Alesia est définitivement abandonné à la fin du IVe siècle.

A partir de la seconde moitié du IVe siècle, le théâtre [site 21008-02] paraît en cours de démontage. La construction fouillée entre les contreforts du mur de façade est abandonnée et des couches de démolition liées à la récupération de matériaux se développent contre la façade de l’édifice (pl. 11). Les chaperons de murs sont démontés et on scie des blocs de grand appareil, sans doute pour des constructions proches910. De nombreuses monnaies et des décors de sigillée d’Argonne indiquent que cet épisode se déroule de manière certaine à l’époque théodosienne et dans la première moitié du Ve siècle.

Le sanctuaire d’Apollon Moritasgus [site 21008-34] connaît lui aussi de sensibles modifications à partir du milieu du IV ème siècle. Les indices de fréquentation disparaissent dans le temple octogonal et deviennent très rares dans les bassins qui accueillaient de nombreuses stipes depuis le Haut-Empire. L’ensemble thermal au sud-est du site est le seul secteur où des traces sérieuses d’occupation sont attestées. Espérandieu signale en effet plusieurs monnaies de la seconde moitié du IVe siècle (dont une, en or, de Valens). Il est cependant difficile d’affirmer que ces découvertes correspondent à une fréquentation cultuelle et non à des habitats. Il est en tout cas certain que, passé le début du Ve siècle, le sanctuaire connaît un début de démontage architectural. Une inscription à Apollon Moritasgus, associée à plusieurs fragments de sigillée d’Argonne qu’il convient de dater du courant du Ve siècle, a en effet été retrouvée en 1962 dans le comblement d’une fosse située dans l’îlot au sud du théâtre [site 21008-20] (pl. 29). Cette découverte montre que les éléments architecturaux du sanctuaire ont été déplacés de près d’un kilomètre, vraisemblablement afin d’être réemployés.

III.B.1.2.2 L’apparition de monuments chrétiens

L’impression de déclin de la parure monumentale, particulièrement nette après le milieu du IVe

siècle, pourrait être atténuée par l’apparition des premiers édifices de culte chrétien.

A Alesia, les fouilles de P. Wahlen sur le site de la basilique Sainte-Reine [site 21008-37] ont en effet permis de repérer un petit édifice quadrangulaire tardif, matérialisé par quatre importants trous de

908 Sintès (Cl.) – Le résultat des fouilles, dans Sintès (Cl.) (dir.) – Carnets de fouille d’une presqu’île. Arles, 1990 [Revue

d’Arles, 2], p. 11-15 ; Ibid, Le site aux IVe et Ve siècles : une tentative de reconstitution, p. 59-62.

909 Celles-ci pourraient provenir d’un tronc à offrandes lié à une fréquentation cultuelle : information E. Rabeisen (Université de Bourgogne), que nous remercions.

910 A Argentomagus, le démontage du théâtre est lui aussi daté de la fin du IV ème siècle : Dumasy (F.), Prost (S.) et Sindonino (S.) – La fin de la ville (400 ap. J.-C.), dans Dumasy (F.) et Paillet (P.) (dir.) – Argentomagus. Nouveau regard

177 poteau, sous le chœur de la basilique des Ve – VIe siècles (pl. 51, n° 1). Il pourrait s’agir du lieu de culte chrétien primitif de l’agglomération, qui s’apparenterait aux églises en bois de la fin de l’Antiquité tardive911.

La présence sur le plateau d’Alise d’un modeste édifice cultuel chrétien à la fin du IVe siècle serait confirmée par la découverte, à proximité, du pseudo-service eucharistique de Sainte-Reine [site 21008-20]. Il s’agit d’une série de vases en plomb et étain, datables de la fin du IVe ou du début du Ve siècle, et portant des graffites mentionnant le nom de Regina (pl. 30-31). Cette martyre locale n’apparaît dans les textes qu’à la fin du VIe siècle912, mais ces deux découvertes semblent indiquer que son culte est en réalité beaucoup plus ancien. On remarquera que malgré la modestie de l’aménagement primitif, il est installé le long de l’axe principal de la ville, à proximité du centre monumental.

Dans le courant du Ve siècle, l’édifice est agrandi. Il prend alors la forme d’une basilique à plan en tau (pl. 51, n° 2), type architectural bien connu en Gaule de l’Est. C’est certainement ce lieu de culte que desservait le prêtre Senator913 auquel Germain d’Auxerre rendit visite vers 440. A cette époque, la basilique est désormais le seul pôle monumental d’une agglomération où les édifices publics du Haut-Empire sont à l’abandon et en partie démontés.

A Lormes / Lobromum [58145-01], agglomération que nous serions tentés de rapprocher du site d’Alesia, la Vie d’Eptade de Cervon signale la présence d’une ecclesia au début du VIe siècle914. Sa date de construction est inconnue, mais elle semble logiquement antérieure aux années 500915.

III.B.1.2.3 Les formes de l’habitat

La fin du IIIe siècle : abandon de structures emblématiques de l’habitat du Haut-Empire ?

Plusieurs observations effectuées à Alesia indiquent de sensibles modifications des formes de l’habitat à la fin du Haut-Empire. Celles-ci s’intègrent dans une tendance générale à la Gaule de l’Est.

Le phénomène le plus caractéristique réside dans l’abandon des caves et sous-sols, indiqué par des témoins matériels de la fin du Haut-Empire dans les couches de comblement [07, 12, 21008-13, 21008-17, 21008-19, 21008-20 et 21008-21]. Cette sensible mutation est cependant mal datée : quelques observations anciennes indiqueraient de prime abord qu’elle débute dès le IIe siècle. En effet, on signale des monnaies d’Antonin et Commode dans le comblement de la cave du bâtiment situé à l’est du « Monument d’Ucuetis » [21008-07] ; une monnaie de Faustine dans le comblement de la cave de la « Maison à la Mater » [21008-05]. Il faut cependant se méfier de ces deux exemples pour lesquels aucun inventaire du mobilier céramique n’est disponible916 : quand c’est le cas, il montre plutôt une fourchette chronologique centrée sur les dernières décennies du IIIe siècle. Le comblement de la cave de la « Maison au Silène » a ainsi livré un gobelet en céramique métallescente trévire Nied. 33 / Symonds 591 du troisième quart du IIIe siècle [21008-13], celui de la cave de la « Maison au Cheval Marin » contenait un important lot de céramiques sigillées et métallescentes de la fin du IIIe siècle [21008-12]. Dans les îlots F est [21008-17] et J [21008-19], les fouilles de M. Mangin et J. Bénard semblent de même indiquer un abandon des caves à la fin du IIIe siècle. Cette chronologie se retrouve d’ailleurs dans plusieurs fouilles anciennes : monnaie de Philippe dans une cave de l’îlot A [21008-21], comblement des caves de l’îlot au sud du théâtre [21008-20] suite à un violent incendie daté du IIIe siècle par les fouilleurs du début du XXe

siècle917.

911 Bonnet (Ch.) – Les églises en bois du haut Moyen-Age d’après les recherches archéologiques, dans Gauthier (N.) et Galinié (H.) (éd.) – Grégoire de Tours et l’espace Gaulois. Actes du colloque de Tours (3-4 novembre 1994). 13e suppl. à la

RACF. Tours, 1997, p. 217-237. Les exemples les plus anciens ne remontent cependant qu’au VIe siècle (église de

Satigny (Suisse / GE) par exemple).

912 Martyrologium Hieronymianum, p. 493 : (7 sept.) in territorio Eduae ciuitatis loco Alisia natale sanctae Reginae martyris.

913 Sur ce personnage, se reporter à l’appendice prosopographique, vol. II, p. 435, Senator.

914 Vita Eptadii, 20.

915 Eptade, qui vivait dans les années 500, s’y rendait parfois.

916 En effet, les sesterces du IIe siècle sont d’usage très courant en Gaule jusque dans les années 260 : Estiot (S.) – Le troisième siècle et la monnaie : crises et mutations, dans Fiches, Le IIIe siècle en Gaule Narbonnaise, p. 47-49.

917 Cet abandon des structures excavées est attesté à Nuits-Saint-Georges, où les données sont cependant moins précises [21464-04]. Toutefois, les habitats étant délaissés à la même époque, il paraît normal que les caves aient été progressivement comblées.

L’abandon des caves dans les habitats du nord de la Gaule à la fin du IIIe siècle a été plusieurs fois signalé, tant dans les agglomérations secondaires918 que les établissements ruraux919, mais ne trouve pas encore d’explications satisfaisantes. A Alesia, l’abandon des caves à la fin du Haut-Empire ne semble pas influer sur la pérennité de l’occupation : la majorité des habitats où ce phénomène est signalé est encore fréquentée au IVe siècle. Il y a là une modification particulièrement nette des manières d’habiter et, peut-être, des pratiques de stockages.

Une autre mutation de l’habitat à la fin du Haut-Empire réside dans la condamnation progressive des portiques situés en façade des habitations. En Gaule de l’Est, au milieu du Haut-Empire, la façade des bâtiments donnant sur la rue est généralement munie d’un portique, matérialisé par des dés de colonne et plus rarement par un stylobate. A Alesia, ce type de structure est omniprésent, puisqu’on le trouve dans presque tous les îlots fouillés [21008-03, 21008-04, 21008-05, 21008-06, 21008-07, 21008-08, 21008-09, 21008-13, 21008-15, 21008-16, 21008-21]. Il semble bien que ces portiques ne sont pas des aménagements urbanistiques planifiés car il est nettement perceptible, dans les îlots correctement documentés, que le rythme des bases est conditionné par les bâtiments situés en arrière du portique (par exemple îlots D [21008-13] ou H [21008-15] (pl. 20 et 23)920.

L’examen des plans indique que les portiques sont presque systématiquement condamnés à une date tardive au moyen de murs maçonnés. Il est fort probable que cette modification architecturale commence avant le IVe siècle, puisqu’elle apparaît dans des îlots où l’occupation ne dépasse pas les années 300 apr. J.-C., comme la bordure sud du forum [21008-08] (pl. 16, n° 1) ou l’îlot H [21008-15] (pl. 23, n° 2)921.

La première moitié du IVe siècle

L’agglomération d’Alesia est la seule où il est possible de caractériser les formes de l’habitat au début de l’Antiquité tardive. Les données se limitent cependant à quelques maisons, car une grande partie des îlots a été fouillée anciennement.

L’îlot F est le mieux documenté [21008-16 et 21008-17]. Dans le bâtiment XXIVa [21008-16], les salles du Haut-Empire sont subdivisées par des murs à l’appareillage grossier et les sols antérieurs dans les