• Aucun résultat trouvé

B.3.1 Ensembles céramiques Autunois de la fin du Haut Empire et de l’Antiquité tardive

SAAST Acad. MACON

I. B.3.1 Ensembles céramiques Autunois de la fin du Haut Empire et de l’Antiquité tardive

I.B.3.1.1 La fin du IIIe siècle : site du 45, rue de la Grille [71014-VII 4, 1]

Un intéressant ensemble de la seconde moitié du IIIe siècle est fourni par les couches d’abandon d’un habitat fouillé en 1985 par A. Rebourg [71014-VII 4, 1].

Le registre des céramiques fines comprend des productions très variées. Les productions de Gaule centrale sont attestées par un vase Drag 45 (pl. 149, n° 1), une coupelle Lezoux 042, un fond de bol Drag 37 et un gobelet Déch 72 (pl. 149, n° 2-4). Le premier et le dernier vase sont assurément des productions du IIIe siècle148, les deux autres sont peut-être résiduels. L’intérêt de cet ensemble est d’avoir livré au moins quatre plats en sigillée africaine C Hayes 42 ou 44 (pl. 149, n° 8) et Hayes 50 (pl. 149, n° 5-7), fossiles directeurs permettant de placer cet ensemble à la fin du premier tiers du IIIe siècle au plus tôt. On constate que les sigillées africaines de ce contexte surpassent en nombre les productions de Gaule centrale, ce qui ne saurait constituer une tendance générale à Autun à la fin du Haut Empire. En effet, sur les autres sites autunois du IIIe siècle, la sigillée claire C est régulièrement attestée, mais généralement en des quantités plus modestes. Outre les céramiques sigillées, ce contexte a livré un échantillon varié de productions à revêtement argileux de type métallescent. Les productions de Gaule centrale sont assurément les plus représentées, essentiellement au travers de gobelets Nied 33 (pl. 150, n° 2-5 et 7), mais aussi une coupe Drag 40 au profil très empâté (pl. 149, n° 10). On recense une cruche en céramique métallescente trévire Symonds 689 (pl. 150, n° 1) et une jatte Drag 45 en céramique à revêtement argileux à pâte blanche, qui pourrait être une production locale (pl. 149, n° 11). Les productions de sigillée claire B de la vallée du Rhône sont attestées par un gobelet Desbat 67 (pl. 150, n° 6). Il est notable que les productions de l’atelier de Gueugnon ne sont pas clairement attestées dans cet ensemble et que celles de Domecy-sur-Cure et Jaulges / Villiers-Vineux sont totalement absentes.

Le répertoire des céramiques communes montre quelques tendances remarquables. Les céramiques communes claires sont essentiellement des productions à pâte fine, au registre typologique restreint. Les vases de cuisson en pâte sableuse sont rares. Parmi les pâtes fines, on note l’omniprésence des cruches (pl. 150, n° 11, 14-19) et des couvercles (pl. 150, n° 8, 14, 20). Plusieurs cruches (pl. 150, 14, 16, 18) s’apparentent nettement à des productions de la région lyonnaise ou de la haute vallée de la Loire149. Une autre (pl. 150, n° 19), d’un type très courant à Autun à la fin du Haut Empire150, est sans

148 Delage (R.) – Les sigillées du centre de la Gaule peuvent-elles contribuer à la datation des niveaux du IIIe s. ?, dans

SFECAG Saint-Romain-en-Gal 2003 , p. 183-185.

149 Respectivement Genin (M.) et Lavendhomme (M.-O.) (dir.) – Rodumna (Roanne, Loire), le village gallo-romain.

Evolution des mobiliers domestiques. Paris, 1997 [DAF, 66], pl. 123, n° 3 ; Leblanc (O.) – Contextes des IIe et IIIe siècles sur le site de Saint-Romain-en-Gal (Rhône), dans SFECAG Saint-Romain-en-Gal 2003 , p. 36, fig. 10, n° 1 ; Bonnet

45 doute une production locale151. Les pots sont très rares (pl. 150, n° 13). Les productions en pâte sableuse sont peu fréquentes : on trouve un mortier d’un type courant sur les ateliers bourguignons à la fin du Haut Empire (pl. 150, n° 21) et un unique pot (pl. 151, n° 3). On notera la présence de plats et marmites à engobe interne (pl. 151, n° 1-2), dont une céramique africaine de cuisine Hayes 183 ou 193 (pl. 151, n° 1). Le registre des céramiques communes sombres diffère nettement des productions à cuisson oxydante. Il ne comprend aucune cruche et aucun couvercle, mais des plats ou assiettes (pl. 151, n° 4-6), des jattes ou bols (pl. 151, n° 6-8) des marmites (pl. 151, n° 10-11) et un grand nombre de formes fermées (pl. 152, n° 1-17). Un bol (pl. 151, n° 7) s’apparente à une forme attestée à Roanne au IIIe siècle152. Les formes fermées, très majoritairement des pots à lèvre simple déversée, sont proches des types en usage à Lyon au IIIe siècle153. Ces vases, caractérisés par leur pâte blanche siliceuse et un fréquent engobe micacé, sont très courants à Autun à la fin du Haut Empire154. Il s’agit sans doute de productions locales.

Cet ensemble, bien calé dans le IIIe siècle grâce à la présence de plusieurs vases en sigillée africaine C postérieurs aux années 230, illustre de manière relativement fiable le faciès céramique autunois de la fin du Haut Empire, malgré la sur-représentation des sigillées africaines. D’une manière générale, on remarque le nombre peu élevé des sigillées de Gaule centrale, illustrant la diminution sensible de leur diffusion au IIIe siècle155. La provenance des céramiques fines est variée : les céramiques métallescentes de Gaule centrale et de la région trévire coexistent avec des productions de la vallée du Rhône et de Méditerranée (sigillée claire B, africaine C et céramique africaine de cuisine). Les céramiques communes montrent une nette distinction entre des vases à pâte fine claire essentiellement cantonnés au registre des vases à servir les liquides et des couvercles, et des vases en céramique sombre liés au stockage et à la cuisson.

I.B.3.1.2 Le milieu du IVe siècle apr. J.-C.

Le faciès céramique d’Autun vers le milieu du IVe siècle peut être illustré par deux ensembles provenant d’un sondage rue B. Renaud [71014-VIII-IX 7, 1] (pl. 167) et d’une fouille au centre commercial de la rue de la Croix-Blanche [71014-VIII-IX 13, 1] (pl 179, n° 2-10).

La couche US 618 du site de la rue B. Renaud offre un aperçu caractéristique de la consommation de céramiques à Autun au milieu du IVe siècle apr. J.-C. (tpq : maiorina de Magnence ou Décence).

On notera l’association de sigillées d’Argonne (formes Chenet 303 et Ch 320, Ch 329, Ch 330 (pl. 167, n° 1-4, décors du groupe 1 de Hübener)) avec des sigillées luisantes de la vallée du Rhône (formes P 37 (pl. 167, n° 5-6)). La présence d’un gobelet Nied 33 en céramique métallescente d’Autun (pl. 167, n° 7) est notable, mais peut être liée à un phénomène de résidualité.

Cet ensemble se caractérise par une faible quantité de céramiques commune claire, illustrée par une jatte (?) et un petit récipient en pâte fine (pl. 167, n° 8-9). Les céramiques sombres sont bien plus représentées, notamment par une production très caractéristique à pâte grise micacée et surface sombre lissée (pl. 167, n° 10-12). La forme la plus remarquable est un bol à bord en boule rentrant et possédant une baguette à mi-panse (pl. 167, n° 10). Celle-ci est signalée dans d’autres secteurs du territoire éduen156,

(C.) et alii – Mobilier céramique du IIIe siècle à Lyon. Le cas de trois sites de la ville basse : place des Célestins, rue de la République et place Tolozan, dans SFECAG Saint-Romain-en-Gal 2003 , p. 162, fig. 21, n° 7 et p. 176, fig. 40, n° 337-338.

150 Simon (J.) et alii – Contribution à l’étude de la céramique du Haut Empire à Autun (Saône-et-Loire) : le site du centre commercial Leclerc, dans SFECAG Saint-Romain-en-Gal 2003, p. 296, fig. 9, n° 5-8.

151 Creuzenet (F.) – La production de céramiques à Autun (Saône-et-Loire), dans SFECAG Dijon 1996, p. 33, fig. 11, n° 1-2.

152 Genin et Lavendhomme, op. cit., pl. 117, n° 10.

153 Bonnet et alii, op. cit., p. 158, fig. 18, n° 1-5.

154 Simon et alii, op.cit., p. 300, fig. 13, n° 13 et 16.

155 Delage (R.) – Première approche de la diffusion des céramiques sigillées du centre la Gaule en Occident romain, dans SFECAG Istres 1998, p. 293-298 ; Les sigillées du centre de la Gaule peuvent-elles contribuer à la datation des niveaux du IIIe s. ?, dans SFECAG Saint-Romain-en-Gal 2003, p. 189.

mais aussi dans le bassin de la Loire moyenne157. Les autres céramiques communes sombres pourraient, elles aussi, s’apparenter à des productions diffusées dans cette dernière région, notamment les pots à lèvre déjetée marquée d’une petite incision (pl. 167, n° 16-17)158 et un exemplaire à lèvre à légère gorge interne (pl. 167, n° 14)159 Certaines formes (pl. 167, n° 15 et 18) se rapprochent plus de celles de la région lyonnaise160.

Le site de la rue de la Croix-Blanche [71014-VIII-IX 13, 1] a livré quelques ensembles caractéristiques du courant du IVe siècle. Le plus important provient du comblement (US 012) d’un caniveau effectué vers le milieu du IVe siècle (pl. 179, n° 2-10).

Encore une fois, on retrouve une association de sigillées luisantes (forme P 37 (pl. 179, n° 2) et d’Argonne (formes Ch 319 et 320 (pl. 179, n° 5-7) ; un tesson est décoré d’une molette du groupe 3 de Hübener (pl. 180, n° 6)). Les productions de Jaulges sont attestées par une jatte Ch 323a (pl. 179, n° 3). Un mortier Drag 45 en céramique à revêtement argileux luisant n’a pu être attribué à un groupe de production précis.

Les céramiques communes sont peu nombreuses et se limitent à une assiette et un pot en céramique sombre (pl. 179, n° 9-10). Ce dernier est très proche d’exemplaires de la région de la Loire moyenne161.

On signalera sur le même site trois pots à lèvre en poulie (pl. 179, n° 12-13) et en boule (pl. 179, n° 14) provenant d’une fosse (US 40) ayant livré des monnaies de Constant et deux molettes sur sigillée d’Argonne des groupes 2 et 3 de Hübener (pl. 180, n° 12-13). Ces formes sont encore une fois proches de celles rencontrées sur le site de Dambron (Loiret)162.

Conclusion sur ces deux ensembles

La céramique recueillie dans les contextes du courant du IVe siècle est peu abondante à Autun. Ces deux ensembles issus des sites 71014-VIII-IX 7, 1 et VIII-IX 13, 1 permettent toutefois quelques constatations, dans la mesure où ils semblent constituer une bonne illustration du faciès local du milieu du IVe siècle. Celui-ci se caractérise par la coexistence des sigillées d’Argonne et luisantes de la moyenne vallée du Rhône, parfois complétées par quelques vases de Jaulges. Les productions méditerranéennes (sigillées claire C) sont attestées de manière très épisodique si elles ne sont pas résiduelles. La typologie des céramiques communes montre quelques similitudes avec la région de Lyon, mais surtout avec la région de la Loire moyenne.

I.B.3.1.3 Ensembles de la fin du IVe et du Ve siècle

Les ensembles de la fin du IVe et du Ve siècle sont à peu près inexistants à Autun, en grande partie à cause de la rareté des interventions archéologiques sur des occupations de cette période. Quelques observations ponctuelles ont permis d’atteindre des couches de la fin du IVe ou du début du Ve siècle, comme sur le site [71014-XVI 3, 3] où l’une d’elles a livré deux vases en sigillée luisante (forme P 37) et une jatte carénée en céramique commune claire (pl. 264, n° 1-3). Cette dernière forme, absente des

157 A Dambron (Loiret) : Ferdière (A.) et Foutreau (A.-M.) – La céramique domestique et non sigillée – recherche sur l’approvisionnement céramique, dans Ferdière (A.) (dir.) – Un site rural gallo-romain en Beauce : Dambron. Orléans, 1980, p. 45, fig. 8, n° 10-11 et p. 48, fig. 9, n° 10 ; Treilles-en-Gâtinais (Loiret) : Couvin (F.), avec la collab. de Roche (J.-L.) et Séguier (J.-M.) – L’établissement rural de Chanteau-de-Cuve à Treilles-en-Gâtinais (Loiret), dans Ouzoulias (P.) et Van Ossel (P.) (dir.) – L’époque romaine tardive en Ile-de-France. Document de travail n° 5. Diocesis Galliarum, Paris, 2001, p. 82, pl. 7, n° 8 et 10 ; Chartres (Eure-et-Loir) : Sellès (H.) – Céramiques gallo-romaines à Chartres et en pays Carnute.

Catalogue typologique. Tours, 2001 [16e suppl. à la RACF], p. 94-95, type 828.

158 Couvin et alii, op. cit., pl. 7, n° 4 et 15.

159 Mennessier-Jouannet (C.) – Un four du haut Moyen Age à Lezoux (Puy-de-Dôme), dans Fizellier-Sauget,

L’Auvergne de Sidoine Apollinaire à Grégoire de Tours, p. 390, fig. 7, n° 8 et 11 : ce four date en réalité du Bas Empire

(information A. Wittmann, que je remercie).

160 Ayala (G.) – Lyon Saint-Jean : évolution d’un mobilier céramique au cours de l’Antiquité tardive, RAE, 49, 1998, p. 240, fig. 27, n° 95 et p. 243, fig. 30, n° 129-130, mais en commune claire.

161 Couvin et alii, op. cit., p. 82, pl. 7, n° 16.

47 contextes du courant du IVe siècle, est attestée sur plusieurs sites tardifs autunois (Pavillon Saint-Louis [71014-XI-XII 8, 5] (pl. 215, n° 10) ; Hôpital [71014-XI-XII 8, 6] (pl. 219, n° 2).

Le courant du Ve et le VIe siècle sont illustrés par quelques découvertes éparses (centre commercial Leclerc [71014-VIII-IX 12, 2] (pl. 176, n° 1-2) et caves du Lutrin [71014-XVI 3, 1] (pl. 263, n° 2)) dont on peine à saisir la représentativité.