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SAAST Acad. MACON

I. B.3.3 Ensembles céramiques de l’Antiquité tardive au nord du territoire éduen

Les ensembles céramiques tardifs exploitables dans le nord du territoire éduen sont peu nombreux. On ne dispose d’aucun contexte correct de la fin du Haut Empire, même si quelques fouilles anciennes permettent de dessiner un aperçu sommaire du vaisselier à cette époque.

199 Cf. Dinet I, pl. 370, n° 9.

200 Faure-Boucharlat, Vivre à la campagne, p. 190, fig. 9, n° 2 ; Genève : Haldimann (M.-A.) – A6. Genève 6 (civitas), dans Schucany (C.), Martin-Kilchner (S.), Berger (L.), Paunier (D.) (dir.) – Römische Keramik in der Schweiz. Bâle, 1999, pl. 13, n° 35.

201 Pernon, Portout, pl. X, en bas à droite.

202 Faure-Boucharlat, op. cit., p. 192, fig. 11, n° 9-10 ; Vallauri (L.) – Les vases en pierre ollaire, dans Démians d’Archimbaud (dir.) – L’oppidum de Saint-Blaise du Ve au VIIe s. (Bouches-du-Rhône). Paris, MSH, 1994 [DAF, 45], p.

198-200.

203 Bonifay (M.) – Les sigillées d’importation méditerranéenne, dans Bonifay (M.), Carré (M.-B.) et Rigoir (Y.) –

Fouilles à Marseille. Les mobiliers (Ier – VIIème siècles apr. J.-C.). Etudes Massaliètes, 5, 1998, p. 363.

204 Carandini (A.) (dir.) – Atlante delle forme ceramiche. I. Ceramica fine romana nel Bacino mediterraneo (medio e tardo impero). Rome, 1981, pl. XLI.

205 Bonifay, op. cit., p. 366.

206 Information Y. Rigoir, que je remercie.

I.B.3.3.1 Remarques sur le vaisselier du nord du territoire éduen à la fin du Haut Empire

Plusieurs fouilles d’établissements ruraux effectuées dans la région d’Avallon, sur les sites des « Pargues » à Noyers-sur-Serein [89279-14] ou du « Crot-au-Port » à Fontenay-près-Vézelay [89176-01] ont livré un abondant mobilier du IIIe siècle. Celui-ci provient de fouilles réalisées sans enregistrement stratigraphique précis, ce qui limite fortement la valeur des observations.

Dans ces contextes, la céramique fine est majoritairement composée de céramiques métallescentes, provenant dans son immense majorité des ateliers de Jaulges / Villiers-Vineux. Les productions trévires sont très rares, tout comme celles de Gaule centrale. Les productions de céramique à revêtement argileux de Domecy-sur-Cure sont essentiellement des pots à décor estampé (pl. 439, n° 42). Parmi les productions de Jaulges, les formes les plus fréquentes sont les jattes Drag 45 et Ch 323b, les gobelets Nied 33 et Séguier 6.01 et 6.02. Les céramiques sigillées paraissent peu fréquentes, les formes Drag 45 étant les plus représentées.

Dans le registre des céramiques communes, on trouve en revanche une proportion écrasante de céramiques commune claires sableuses de l’atelier de Domecy-sur-Cure (pl. 436-439).

I.B.3.3.2 Le vaisselier de la première moitié du IVe siècle

On ne dispose pas d’ensemble stratifié de la première moitié du IVe siècle dans le nord du territoire éduen. Toutefois, le matériel du bâtiment CC du site des Fontaines-Salées à Saint-Père-sous-Vézelay [89364-02], en grande partie publié par B. Lacroix208, permet quelques constatations.

Le registre des céramiques fines paraît exclusivement composé de sigillées d’Argonne et de céramiques à revêtement argileux de Jaulges-Villiers-Vineux. Les premières sont notamment illustrées par des bols Ch 320 (pl. 473, n° 1 et 10) et des plats Chenet 304 (pl. 475, n° 1). Celles de Jaulges sont représentées par des jattes Ch 323a (pl. 473, n° 2 et pl. 474, n° 1) et Ch 323c (pl. 473, n° 3).

Les céramiques communes sont illustrées par quatre groupes de productions distingués par B. Lacroix. Parmi les céramiques claires, on distingue un premier ensemble à pâte rose-orangée sableuse, qui provient selon toute vraisemblance des ateliers de Domecy-sur-Cure [89145-01], distants d’à peine dix kilomètres. On remarque des jattes caractéristiques (pl. 474, n° 4 et 475, n° 2) qui sont d’ailleurs attestées sur cet atelier (pl. 436, n° 11), mais aussi des cruches (pl. 474, n° 8) et des formes ouvertes (pl. 474, n° 2-3), proches des formes de céramique à engobe brossé du Berry209. Le second groupe de céramique commune claire, moins bien décrit par B. Lacroix, pourrait lui aussi provenir de Domecy-sur-Cure. Au moins une forme de cruche (pl. 473, n° 9) est en effet connue parmi les productions de cet atelier (pl. 439, n° 44). Parmi ce second groupe, on trouve des « faisselles » (pl. 473, n° 7 et 474, n° 9), des pots (pl. 473, n° 8) et des bols ou marmites (pl. 473, n° 5-6). Ces derniers ressemblent fortement aux bols à baguette médiane et lèvre en boule rentrante attestés à Autun dans le courant du IVe siècle en céramique commune sombre lissée210. La marmite (?) n° 5, pl. 473 ressemble à des productions de la moyenne vallée de la Loire211. La céramique commune sombre comprend des vases à pâte brute et des productions lissées ou lustrées (pl. 473, n° 4, pl. 474, n° 5-7).

Bien que provenant de fouilles anciennes, l’ensemble du bâtiment CC du site des Fontaines-Salées permet quelques constatations sur les céramiques en usage dans le nord du territoire éduen au cours de la première moitié du IVe siècle. Le vaisselier de cette époque montre une association de sigillées d’Argonne et de céramiques à revêtement argileux de Jaulges, que l’on peut considérer comme caractéristique de cette

208 Lacroix (B.) - Mobilier d'un habitat du IVe siècle aux Fontaines Salées, RAE, XIX, 1968, p. 191-233. N’ayant pu réunir le mobilier de cette fouille, actuellement conservé au musée de Saint-Père-sous-Vézelay, nous nous basons sur les observations de l’auteur.

209 Chambon (M.-P.) et Rouquet (N.) – La céramique à engobe brossée du site de Lazenay à Bourges (Cher), dans

SFECAG Fribourg 1999, p. 374, fig. 2, n° 1. 210 Supra, § I.B.3.1.2 et pl. 167, n° 10.

55 région. Il semble apparaître dans l’étude de B. Lacroix que les productions de Jaulges l’emportent nettement en nombre sur celles d’Argonne212. Les céramiques communes, documentées par plusieurs formes entières, indiquent à n’en pas douter une poursuite de l’activité de l’atelier de Domecy-sur-Cure dans la première moitié du IVe siècle. D’une manière générale, plusieurs formes trouvent de proches parallèles typologiques avec des productions de la moyenne vallée de la Loire.

I.B.3.3.3 Le vaisselier de la seconde moitié du IVe et du début du Ve siècle

Le matériel issu d’un sondage sur un modeste établissement rural à Censy [89064-01] permet de préciser quelque peu les assemblages en usage à la fin du IVe siècle213. Les ensembles céramiques sont dans l’ensemble très modestes. En effet, les deux contextes les plus riches en matériel (US 010 et 012) n’ont livré respectivement que 166 et 405 restes pour 22 et 37 NMI. Encore faut-il noter que le matériel est très fragmenté et n’offre presque aucune possibilité de collage. Ce constat ne doit toutefois pas occulter le fait que les deux ensembles sont les seuls ensembles stratifiés du Bas-Empire dans le sud du département de l’Yonne. Par ailleurs, la présence de matériel résiduel semble très faible voire nulle. L’ensemble provenant de l’US 012 (nappe d’épandage) semble représentatif d’un faciès régional peu connu auparavant, mais qui commence à se dessiner au nord du Morvan, notamment grâce aux fouilles de Chevroches (58)214. Une monnaie de Valentinien permet de le situer dans la seconde moitié du IVe siècle.

Les céramiques fines se caractérisent par la domination écrasante des céramiques à revêtement argileux de Jaulges-Villiers-Vineux et par la rareté des productions argonnaises du Bas-Empire. Dans la nappe 012, les productions fines de Jaulges représentent 81 % du nombre de restes, l’Argonne guère plus de 5 %. Toutes les formes classiques de cet atelier au Bas Empire sont présentes : jattes Chenet 323a (10 NMI), mais aussi Drag 45 (2 NMI), Chenet 323c (1 NMI) ou gobelet Chenet 333 (1 NMI) (pl. 433, n° 1-3 et 5). Bien que l’ensemble soit restreint, on note la prépondérance des Chenet 323a au détriment des autres formes, caractéristique déjà observée en Ile-de-France215. Cet assemblage confirme l’impression donnée par le matériel de prospection de la région, parmi lequel la sigillée d’Argonne reste anecdotique au bénéfice des productions de Jaulges et particulièrement de la jatte Ch 323.

La céramique commune claire montre un répertoire varié (pl. 434, n° 1-5). Un pot à lèvre triangulaire (434, n° 5) s’apparente à des productions en céramique sombre d’Autun216. Parmi les communes sombres, on retrouve les deux grands groupes étudiés à Autun et Saint-Père : les céramiques fumigées et lissées (pl. 433, n° 6-14) et les productions brutes (pl. 433, n° 15-18). Dans le premier, la forme la plus caractéristique est la jatte à baguette médiane et lèvre en boule rentrante, déjà rencontrée à Autun217, des assiettes (pl. 433, n° 8) et pots à lèvre en poulie (pl. 433, n° 13), un pichet (pl. 433, n° 14). Dans le second, on rencontre uniquement des pots, à lèvre simple déjetée (pl. 433, n° 16), en poulie (pl. 433, n° 15) ou triangulaire (pl. 433, n° 18).

Bien que relativement modeste, l’ensemble de Censy permet un certain nombre d’observations. Parmi les céramiques fines, on note de nouveau la prépondérance des productions de Jaulges au détriment des sigillées d’Argonne. Le registre des céramiques communes montre un certain nombre de modifications par rapport aux années 300-350. La plus visible est la disparition des productions de Domecy-sur-Cure et la multiplication des céramiques communes sombres fumigées et lissées. Parmi celles-ci, on retrouve la très caractéristique jatte à baguette médiane et lèvre en boule rentrante. Les pots à lèvre en poulie sont nombreux. De nombreuses formes sont proches de productions attestées à Autun, mais aussi dans la vallée de la Loire.

I.B.3.3.4 Le Ve et le début du VIe siècle

212 Lacroix (B.), op. cit., p. 205.

213 Poitout (B.) et Kasprzyk (M.) - Un établissement rural du Bas Empire à Censy « Fontaine de Senailly » (Yonne). Rapport de

sondage. SRA de Bourgogne, 2001.

214 Je remercie F. Devevey (INRAP) de m’avoir permis d’observer ce matériel, actuellement en cours d’étude.

215 Séguier, Morize, op. cit., p. 171, fig. 14.

216 Pl. 167, n° 15.

En l’absence d’ensembles significatifs, il est pour l’instant impossible de déterminer le répertoire du vaisselier de la fin de l’Antiquité tardive dans le nord du territoire éduen. On peut supposer une poursuite de la diffusion des productions de Jaulges durant une bonne partie du Ve siècle, suggérée par la découverte en prospection de nombreux exemplaires à parois épaisses sur les établissements ruraux de cette région. La présence des sigillées d’Argonne semble aussi marginale qu’au IVe siècle. Les premières céramiques grises fines lustrées apparaîtraient au milieu du Ve siècle. La typologie des céramiques communes est pour l’instant impossible à déterminer.

I.B.3.4 Conclusion sur les ensembles de référence de la fin du Haut Empire et de l’Antiquité