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LES IMPACTS DE L’OFFRE EN MATIERES PREMIERES SUR L’INDUSTRIE DE TRANSFORMATION AQUATIQUE

2. Problématique de l’offre de produits aquatiques

2.1. Les principales tendances d’évolution du secteur des pêches

Compte tenu de la pression que la pêche exerce sur les ressources halieutiques dans différentes régions du monde, le secteur des pêches souffre d’un problème sérieux de raréfaction de la ressource. Les ressources en question ne permettent guère de couvrir la demande mondiale, de plus en plus accrue.

L’évolution du secteur des produits aquatiques au niveau mondial au cours des dernières années montre une stagnation de la production dans le domaine des pêches de capture, l’expansion de la production de l’aquaculture et une situation de plus en plus inquiétante concernant la durabilité des prises commerciales et des écosystèmes aquatiques.

En effet, la production mondiale des pêches de capture est restée stable depuis 1995 avec un palier de 86 millions de tonnes170, ce qui tendrait à prouver que le niveau de prélèvement maximum a été atteint. L’état des ressources halieutiques montre qu’environ 46% des principaux stocks ou groupes d’espèces sont pleinement exploités et font par conséquent l’objet de captures qui ont atteint leurs limites maximales ou qui en sont proches.

Dans de nombreuses régions du monde, les captures de pêcheries mondiales sont sur le point d’atteindre leurs limites des rendements maximum, quand elles ne les ont pas, déjà, dépassées. Dans le secteur de la pêche de capture, le comportement des acteurs privilégie l’initiative individuelle, et la tendance est que chaque exploitant se comporte de manière à optimiser son propre rendement net. Cela est connu, dans l’économie de développement, sous le nom de la « tragédie des biens communs ».

170 ftp://ftp.fao.org/fi/STAT/summary/2006.

1ère partie – Chapitre 1 : L’offre en produits aquatiques et son influence sur l’industrie de transformation

Cette tendance à la surexploitation a conduit les Etats à adopter des mesures de gestion des pêches, telles que les contingents individuels transférables, qui ont pour objet de remédier à ces comportements, ou, au pire, à les limiter. Toutefois, ces mesures de gestion présentent des problèmes tant économiques que sociaux qui ont conduit, dans de nombreux cas, les Gouvernement à mettre en œuvre des politiques de soutien au secteur.

Dans ce contexte général, les principaux facteurs motivant la surpêche dans le monde peuvent être identifiés comme provenant de 171 :

2.1.1. La surcapacité des flottes

Une des premières causes de la surpêche est la surcapacité de la flotte mondiale. Entre 1970 et 2004, la taille mondiale des flottilles industrielles de pêche a presque triplé ; en 2004, on comptait 4 millions de bateaux de pêche, dont 1,3 million navires pontés et 2,7 millions de navires non pontés, l'Asie comptant la proportion la plus élevée de la flottille

mondiale pontée avec 85%. La FAO estime que le niveau de capacité des flottilles de

pêche dans le monde est supérieur d’au moins 50% à ce qui est nécessaire pour effectuer la récolte actuelle.

Selon les estimations, il y avait en 2006 environ 2,1 millions de navires de pêche motorisés, dont près de 70 pour cent étaient concentrés en Asie. Le reste des navires se trouvait pour l’essentiel, par ordre décroissant, en Afrique, en Europe, au Proche-Orient, en Amérique latine et aux Caraïbes. Étant donné que près de 90 pour cent des navires de pêche à moteur dans le monde ont moins de 12 mètres de long, ils sont partout les plus nombreux, notamment en Afrique, en Asie et au Proche-Orient. Les flottilles de pêche dans la région Pacifique ainsi qu’en Océanie, en Europe et en Amérique du Nord ont plutôt tendance à être constituées de navires légèrement plus grands. Cette caractéristique est confirmée par la répartition des flottilles industrielles172, qui est relativement égale entre l’Asie, l’Europe, l’Amérique latine et les Caraïbes, et l’Amérique du Nord. Parallèlement, la part des navires de plus de 100 tonneaux de jauge brute est plus élevée dans les régions Europe, Amérique

171 Publication de l’OCDE sur la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) - OCDE, 2004.

172 Navires de plus de 100 tonneaux de jauge brute, en gros de plus de 24 m de long (chiffres extraits de la base de données Lloyds/Fairplay).

du Nord et Amérique latine et Caraïbes que dans les régions Afrique et Asie.

Les programmes de réduction des flottilles ont eu des résultats mitigés. Le nombre de navires de pêche de plus de 100 tonneaux de jauge brute et de transporteurs de poisson est resté stable au cours de ces 10 dernières années. Alors que la taille des flottilles de pêche a diminué légèrement en termes de jauge brute, celle des flottilles des transporteurs de poisson représentait en 2006 moins de la moitié de celle de 1990, les transporteurs de poissons construits récemment étant beaucoup plus petits que leurs prédécesseurs. Par ailleurs, les bateaux retirés du service étaient en général beaucoup plus gros que ceux construits pour les remplacer.

Figure 13 : Pêche de captures marines et continentales : Les 10 principaux Etats producteurs en 2006

(Source : situation mondiale des pêches et de l’aquaculture – 2008 – FAO)

Cette surcapacité affecte particulièrement la flotte de l’UE, elle est source de difficultés majeures pour le fonctionnement de sa Politique Commune de la Pêche (PCP)173.

173 En avril 2009, la Commission européenne a proposé une réduction des flottes de pêches et des subventions gouvernementales, sans toucher aux quotas mis en place antérieurement. Une nouvelle réduction de la flotte européenne, aujourd'hui forte d'environ 90.000 bateaux, frapperait de plein fouet les grands pays pêcheurs comme l'Espagne (11.350 bateaux mais le plus fort tonnage cumulé), l'Italie (13.700), la France (8.000), la Grèce (17.350) et la Grande-Bretagne. Selon la Commission, 88% des stocks halieutiques européens sont surexploités, contre 25% en moyenne au niveau mondial, et près d'un tiers des stocks manquent de

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Une des conséquences de cette capacité de capture excessive est la politique avouée de l’UE de rechercher, pour les flottilles de ses membres, les occasions de pêche dans d’autres zones du monde.

Figure 14 : Pêches de capture : production par grandes zones de pêches maritimes en 2006

(Source : situation mondiale des pêches et de l’aquaculture – 2008 – FAO)

Figure 15 : Pêches de capture : production des 10 principales espèces en 2006

(Source : situation mondiale des pêches et de l’aquaculture – 2008 – FAO)

reproducteurs pour se reproduire au rythme normal. En mer du Nord, 93% du cabillaud est pris avant de pouvoir frayer.

2.1.2. Les subventions d’État

La tendance à la surpêche peut aussi être accrue par l’octroi de subventions d’immobilisation174 ou d’exploitation, accordées par certains Etats à leurs pêcheurs. Ces interventions abaissent artificiellement les coûts tout en maintenant l’effort de pêche. Le résultat global est que les flottilles ne seront pas réduites alors que, comme nous l’avons écrit plus haut, cela devient une nécessité mondiale.

2.1.3. La rigidité du secteur

Le capital investi dans une entreprise de pêche n’est pas facilement convertible en d’autres usages. Ce manque de souplesse du capital fait que les participants à une entreprise de pêche ont moins de facilités à se reconvertir à d’autres métiers.

C’est ce qui explique la lenteur avec laquelle le secteur des pêches s’adapte aux changements comparée aux autres activités économiques.

Tableau 4 : Production et consommation humaine mondiales en produits de la mer

(Source : FAO)

174 En avril 2009, le ministre français de la Pêche a obtenu la levée du blocus des ports de Dunkerque, Calais et Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) en promettant, pour le 30 juin au plus tard, une enveloppe de 4 millions d'euros pour indemniser les chalutiers obligés de rester à quai en raison des quotas sur le cabillaud et la sole en Manche et mer du Nord.

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(Source : FAO) Notes :

- Le total de la production halieutique ne comprend ni les baleines, les phoques et autres mammifères aquatiques ni plantes aquatiques. Mais il intègre la production de l’aquaculture.

- Les totaux peuvent ne pas correspondre, à cause des arrondis.

- a) : Ne comprend que le poisson entier destiné à la fabrication d’huile et de farines. La matière première destinée au traitement industriel et provenant de poissons essentiellement destinés à d’autres usages (marée fraîche, congélation, séchage, fumage, salaison, conserves, etc…) n’est pas comprise ; ces quantités de déchets sont comptabilisées dans les autres formes d’utilisation.