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L’INTEGRATION DANS L’APPROVISIONNEMENT DES INDUSTRIES HALIO-ALIMENTAIRES

1. La coopérative de pêche - un modèle de transition vers les sociétés de pêche

1.1. Le concept de « coopérative »

Selon Lucie Sirieix, « les coopératives agricoles sont des sociétés constituées librement par les agriculteurs en vue d’assurer l’approvisionnement de leur exploitation, d’améliorer les conditions de production et de faciliter l’écoulement des produits. Ce sont des sociétés de services organisées conformément aux principes coopératifs ; elles ne poursuivent pas un but lucratif et ont pour mission exclusive de favoriser le développement des exploitations de

235 ALLAIN M-L., et SOUAM S, « Concentration horizontale et relations verticales », Annales d’Economie et de Statistiques, n° 82, 2006.

236 JANIN P., « Relation verticale, relation horizontale. Le pari gestaltiste du « nous », Revue Gestalt - N° 26, Juin 2004.

Quant au code rural français, il précise : « Les sociétés coopératives agricoles ont pour objet l'utilisation en commun par des agriculteurs de tous moyens propres à faciliter ou à développer leur activité économique, à améliorer ou à accroître les résultats de cette activité » (article L521-1).

L’objet de cette société se caractérise par les activités suivantes 238 :

- Assurer ou faciliter la production, l’écoulement ou la vente des produits agricoles, le cas échéant par transformation, stockage, conditionnement, exportation… ;

- Approvisionner en intrants les agriculteurs associés ;

- Leur fournir tous services et matériels nécessaires à leurs exploitations ;

- De manière générale, réaliser pour les agriculteurs associés tous les travaux ou opérations entrant dans le cadre de la progression agricole.

En fonction de leurs activités ou de leur structure, on peut distinguer six types de coopératives agricoles :

- Celles qui sont consacrées à la production, à l’écoulement et à la vente de produits agricoles et forestiers ;

- Celles qui ont pour but une exploitation agricole commune ; - Les coopératives à sections (ou polyvalentes) ;

- Celles qui visent à la production, au stockage, à la conservation, à la transformation et à la vente ou l’écoulement de céréales ;

- Les coopératives d’approvisionnement en produits, en équipement, en instruments ou en animaux ;

- Celles qui ont pour objet la fourniture de services.

Toutefois, des structures s’en rapprochent. Il s’agit de complexes industriels qui entretiennent des relations privilégiées avec leur amont et qui relèvent du partenariat intégré. Il s’agit également d’entreprises créées à l’initiative d’agriculteurs, à savoir les

237 MICLET G., SIRIEIX L., THOYER S. éditeurs, Agriculture et alimentation en quête de nouvelles légitimités, Collection Economie agricole & agro-alimentaire, Economica, 1998.

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coopératives agricoles de commercialisation et de transformation.

L’organisation interne des coopératives agricoles fait intervenir deux groupes d’acteurs : Les adhérents et les salariés. Les adhérents sont les agriculteurs qui apportent la matière première à commercialiser ou à transformer ; ils souscrivent des parts sociales selon des modalités variables et lorsqu’ils quittent la coopérative, ils récupèrent la valeur nominale des parts souscrites. En contrepartie, ils se partagent chaque année les résultats de l’activité sous forme de ristournes incorporées aux revenus des adhérents.

Par rapport à la transformation des produits agricoles, on distingue les coopératives de commercialisation, les coopérations de transformation et les coopératives polyvalentes. Dans le premier cas, les coopératives commercialisent les produits des adhérents, achetant en gros des moyens de production pour les revendre ensuite au détail239.

Avec une coopération de transformation, trois activités sont pratiquées : la production de matières premières, leur transformation et la commercialisation des produits finis. Cette formule est beaucoup plus onéreuse car il faut investir pour se doter d’un équipement performant et assurer un niveau de qualité élevé en matière de conditionnement et de promotion des produits.

Par opposition aux modèles précédents, une coopérative polyvalente assure la commercialisation et la transformation des apports de ses adhérents fournisseurs. Étant multi-produits, elle est donc multi-stratégies et doit résoudre à des problèmes de la définition des priorités et de la péréquation des résultats entre les diverses activités. Les adhérents rencontrent souvent des difficultés s’ils veulent être tenus au courant de l’activité de la coopérative : la transparence de l’activité coopérative a du mal à être assurée.

Mais la coopération agricole rencontre aussi des difficultés spécifiques. Dans de nombreuses régions du monde, on constate qu’il ne se crée plus de coopératives. La question dominante d’actualité relève donc d’une logique de maintien des unités existantes plus que de la création de nouvelles coopératives. Ce constat semble valable pour

239 L’activité est alors dite « d’approvisionnement ».

« coopératives de nouvelle génération » aux Etats-Unis, exemple qui fournit d’intéressantes pistes de réflexion (Nilsson, 1997)240. Certains groupes coopératifs tentent de conserver leurs spécificités, d’autres ne se distinguent plus guère de firmes privées, ni leurs adhérents de simples clients ou fournisseurs. On peut donc légitimement s’interroger sur les raisons (et la pertinence de celles-ci) justifiant la conservation des statuts coopératifs. Plusieurs justifications sont en général avancées, qui se fondent sur les spécificités de la relation particulière qui existe entre les adhérents et leur organisation :

- L’association coopérative résulte de relations étroites entre les exploitations agricoles des adhérents (entreprises individuelles ou familiales) et la coopérative proprement dite.

- Les adhérents sont détenteurs du capital social de la coopérative, le poids des apports extérieurs de capital est minime.

- Les adhérents participent à la gestion de l’entreprise et la structure de regroupement fédéral de la coopération confère une possibilité d’action politique sur l’environnement.

- Étant les usagers exclusifs de leur coopérative, les membres en sont les seuls fournisseurs de matière première. Ce type d’approvisionnement exclusif peut être considéré comme un actif spécifique de la coopérative.

Les représentations micro-économiques conduisent donc à considérer la coopérative comme une entité au sein de laquelle se manifestent, se coordonnent ou s’affrontent les objectifs de différents types d’acteurs, coopérateurs et responsables du management et où se forment des coalitions, en fonction des convergences d’intérêt.

Dans la littérature théorique, l’économie des coûts de transaction constitue le double fondement de la coopérative (Enjolras, 1995241 ; Nilsson, 1996242). Par rapport à

240 NILSSON J., « Etats-Unis : des coopératives de nouvelle génération », Ed. RECMA, 1997, pages 48 à 59.

241 ENJOLRAS B., Le marché providence, Desclée de Brouwer, Paris, 1995.

242 NILSSON J., The nature of cooperative value and principles - A transaction cost theoretical explanation. Annals of Public and Cooperative Economics 67(4), 1996, pages 633 à 653.

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l’environnement extérieur, cette organisation est créée pour surmonter l’absence ou les défaillances de marché dues à des coûts de transaction élevés.

Ces deux atouts de l’organisation coopérative sont à l’origine du succès historique de la coopération agricole en France (et en Europe). Ainsi, à partir du rétablissement d’une situation économique initiale souvent défavorable aux producteurs isolés sur le marché, elle a permis aux sociétés représentant leurs intérêts de devenir, souvent « price-makers », voire « quality-makers ».

1.2. La coopérative à dimension humaine : un modèle adapté de transition de la