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L’INTEGRATION DANS L’APPROVISIONNEMENT DES INDUSTRIES HALIO-ALIMENTAIRES

1. Les approches concernant l’intégration verticale et horizontale des industries halio- halio-alimentaires

1.4. L’intégration horizontale

1.4.1. Les approches de la conception d’intégration horizontale

Comme son équivalent « vertical », l’intégration horizontale est un mouvement stratégique potentiel que peut envisager une société. En économie, l'intégration horizontale (ou concentration horizontale) consiste pour une entreprise à étendre son réseau, en acquérant ou développant des activités économiques au même niveau de la chaîne de valeur que ses produits.

Les acquisitions d'activités économiques peuvent être :

des entreprises concurrentes, avec pour conséquence de diminuer la concurrence ;

des activités commercialisant des produits similaires, avec l'objectif de se diversifier ;

des activités commercialisant des produits de substitution, ce qui diminue la menace concurrentielle des produits de substitution.

Le développement d'activités économiques peut être considéré comme la complétion228 de la gamme de produits de l'entreprise (pour répondre aux besoins des clients).

Le but de la concentration horizontale est de répartir les coûts sur une plus grande quantité de produits. Il peut aussi y avoir un objectif moins avouable qui est de réduire la concurrence.

L’intégration horizontale vise à :

- L’acquisition d’activités commercialisant des produits similaires, de sorte que les synergies augmentent et qu’il y a un degré de diversification « notable ».

- L’acquisition d’activités qui sont des produits de remplacement de ses propres produits. Par conséquent, une société peut traiter la menace des produits de remplacement constituant l’une des 5 forces de Porter (voir infra, figure 24).

- L’acquisition des concurrents, de cette façon réduction de la menace de la concurrence.

228 La complétion est l’action de rendre complet, attesté en français depuis le milieu du 20ème siècle, probablement d’après l’anglais completion. Le terme a des emplois spécifiques : en informatique ; en mathématiques ; en forage ; en philosophie, dans le sens « achèvement, accomplissement ».

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- La complémentarité de la gamme de produits qui est attendue par les clients.

Malgré l’importance pratique du problème d’intégration horizontale, la littérature économique est peu développée sur le sujet. Selon Galbraith229, le pouvoir de marché des grandes entreprises serait compensé par la pression des entreprises en aval, qui utiliseraient leur pouvoir de marché en tant qu’acheteur afin de réduire les prix intermédiaires, ce qui se traduirait par une réduction des prix de vente finaux. Les effets potentiellement anticoncurrentiels d’une concentration seraient ainsi régulés par la réaction des secteurs situés en aval : si les entreprises au niveau le plus concentré abusent de leur pouvoir de marché, les entreprises à l’autre niveau sont incitées à se concentrer à leur tour, ou du moins à utiliser leur contre-pouvoir.

Cependant, cette affirmation a été rapidement critiquée : Stigler (1954) reprochait déjà à cette hypothèse de manquer de fondement théorique.

Depuis, la théorie économique a développé des outils d’analyse des effets d’une concentration sur la concurrence au sein d’un secteur ou sur les consommateurs, mais elle s’est peu penchée sur les effets verticaux des concentrations horizontales. Des études empiriques (Bonaccorsi et Giuri, 2001)230 mettent pourtant en évidence l’influence de la structure de marché des secteurs verticalement reliés sur l’évolution d’un secteur. Des articles récents proposent une approche théorique de l’influence d’une fusion horizontale sur le partage des profits entre les secteurs, mais sans en examiner les effets sur les incitations à la concentration dans les secteurs reliés. Dans le cadre de deux chaînes verticales concurrentes, au sein desquelles les contrats (exclusifs) entre producteurs et distributeurs sont secrets, Horn et Wolinsky (1988)231 montrent que la concentration horizontale au sein d’un duopole modifie le pouvoir de négociation vertical des entreprises.

229 ”In this way the existence of market power creates an incentive to the organization of another position of power that neutralizes it.” (Galbraith, 1952).

230 BONACCORSI A. et GIURI P., « The Long-Term Evolution of Vertically-Related Industries », International Journal of Industrial Organization, 19 (7), 2001, pages 1053 à 83.

231 HORN H. et WOLINSKY A., « Bilateral Monopolies and Incentives for Merger », RAND Journal of Economics, 19 (3), 1988, pages 408 à 419.

fusions en aval sont plus nuisibles en termes de surplus social que les fusions en amont. Dans les autres cas de figure, l’hypothèse de contre-pouvoir n’est pas confirmée. Inderst et Wey (2003)233 analysent les incitations à la fusion horizontale dans deux duopoles reliés verticalement, où les transactions sont conclues par un processus particulier de négociation bilatérale. Ils montrent que les incitations à la fusion en aval dépendent de la forme des coûts des entreprises amont, alors qu’en amont elles dépendent de la substituabilité des produits.

1.4.2. Avantages de l’intégration horizontale

On parle des avantages de l’intégration horizontale quand la production commune de deux biens différents est moins coûteuse que leur production séparée. Dans ce cas, une entreprise produit ensemble plusieurs biens à un coût moindre que les entreprises spécialisées chacune dans la production d’un seul bien. D’après Panzar (1989)234, les raisons de l’existence d’avantages dus à l’intégration horizontale sont l’utilisation d’intrants communs et l’indivisibilité des ressources. On profite ainsi de rendements d’échelle quand le même intrant sert à produire plusieurs biens. Certains intrants peuvent même avoir le caractère d’un bien public et donc être disponibles pour tous les processus de production. Si un élément intrant est difficilement divisible, il peut être utilisé pour produire un autre bien en cas de surcapacité. Des avantages peuvent, en outre, résulter de la constitution de réserves groupées, qui peuvent être sollicitées pour produire différents biens.

1.4.3. Pour une relation horizontale efficace et durable

Les concentrations horizontales entre entreprises actives sur un même marché ont des effets non seulement sur les concurrents et les consommateurs, mais également sur les entreprises des secteurs reliés verticalement, qu’elles soient fournisseurs ou clients (Marie Laure Allain

232 FUMAGALLI C. et MOTTA M. « Upstream Mergers, Downstream Mergers, and Secret Vertical

Contracting », Ricerche Economiche, 55(3), 2001, pages 275 à 289.

233 INDERST R. et WEY C., « Bargaining, mergers and technology choice in bilaterally oligopolistic industries », RAND Journal of Economics, 34 (1), 2003, pages 1 à 19.

234 PANZAR J., « Technological Determinants of Firm and Industry Structure », Handbook of Industrial Organization, Elsevier Science Publishers, 1989, pages 3 à 89.

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et Saïd Souam, 2006)235. Une concentration est généralement considérée comme moins nuisible lorsque la demande provient d’entreprises suffisamment concentrées pour disposer d’un pouvoir de négociation permettant de résister au pouvoir de marché de leurs fournisseurs.

La relation horizontale sera de bonne qualité si chaque partenaire trouve juste et stimulant d’être considéré par l’autre comme un égal avec lequel circule un esprit de reconnaissance mutuelle236. Mais cette situation peut aussi mettre en route un jeu de rôles artificiels, où chacun se comportera comme si lui et son vis-à-vis étaient forcément semblables, comme si leurs différences n’étaient qu’apparentes. En somme, c’est toute la dimension verticale qui est niée, c’est-à-dire la dissymétrie ou les décalages sous leurs multiples formes : les dépendances inégales, les maturités différentes, les aptitudes inférieures ou supérieures, les soumissions non dites, les pouvoirs exercés dans un sens ou dans l’autre, etc.

§3. L’intégration dans l’approvisionnement des industries de transformation : études de cas.