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L’INTEGRATION DANS L’APPROVISIONNEMENT DES INDUSTRIES HALIO-ALIMENTAIRES

1. Les approches concernant l’intégration verticale et horizontale des industries halio- halio-alimentaires

1.3. L’intégration verticale 1. Définition et mesure

L’intégration verticale « traduit l’étendue des activités d’une entreprise qui assure

220 PORTER M., L'avantage concurrentiel des nations, InterEditions, Paris, 1993, p. 591.

221 PORTER M, L'avantage concurrentiel des nations, op. cit., p. 648.

222 DURÖ R. & SANDSTRÖM B., Stratégies guerrières en marketing, Editions d'organisation. Paris 1998.

1ère partie- Chapitre 2 : Les modèles d’approvisionnement dans l’industrie halio-alimentaire

différentes étapes dans la transformation et la distribution d’un produit. Elle s‘opère en amont lorsque l’entreprise désire contrôler ses sources d’approvisionnement (matières premières, consommations intermédiaires) ou en aval lorsqu’elle veut contrôler la production finale et la distribution du produit qu’elle fabrique »224.

Dans ce sens, l’intégration verticale s’oppose à la spécialisation où une entreprise ne réalise qu’un seul produit.

L’intégration verticale se mesure de différentes manières :

- Par le rapport des sommes des valeurs ajoutées à la somme des volumes des ventes (le chiffre d’affaires) qui détermine un indice ;

L’indice mesure la capacité de l’entreprise à intégrer des activités non directement liées à son activité principale. Lorsque l’indice est égal à 1, il indique que l’intégration est complète. La variation de l’indice toutefois, peut être affectée par des mouvements de prix, par la variation des prix des consommations intermédiaires, ou encore par le degré d’intégration le long de la filière : une intégration en amont présentera un indice plus élevé alors qu’une intégration en aval fera apparaître un indice plus faible.

- Par le ratio emploi dans les activités auxiliaires sur l’emploi total ;

- Par le rapport de la valeur des stocks sur le chiffre d’affaires de l’entreprise.

Dans ce dernier cas, l’augmentation du nombre d’étapes successives dérivant de l’intégration verticale accroît le volume des stocks intermédiaires.

On distingue fondamentalement deux types de coordination des activités : l’une par le marché, l’autre au sein d’une hiérarchie. Dans le premier cas, les activités sont coordonnées par le mécanisme de prix. Dans le second, au lieu d’acheter les inputs et de vendre les outputs qu’elle produit, l’entreprise peut décider de les fabriquer elle-même l’output. Dans ce cas, la décision d’intégrer verticalement est une alternative au marché : les coûts de la coordination interne, au sein de l’entreprise, sont inférieurs aux coûts de coordination par le marché.

224 RICHET X., Économie de l’entreprise, Hachette Supérieur, Paris, 2006.

a. Les interdépendances technologiques : Elles conduisent à l’intégration verticale. C’est le cas notamment dans les industries de la sidérurgie, de la chimie et de la pétrochimie, où plusieurs opérations peuvent être rapprochées afin d’utiliser l’efficacité technique dérivée de l’utilisation d’une technologie. Par exemple, la fabrication de la fonte, de l’acier et de plusieurs de ses dérivés peuvent utiliser en même temps la haute température disponible. De nombreuses industries nécessitant une succession d’opérations font ressortir les économies technologiques de l’intégration.

b. L’incertitude sur le marché : Elle est également un facteur d’intégration pour les entreprises qui veulent assurer leur approvisionnement en amont, et s’assurer de la régularité du marché en aval. Certaines entreprises font face à une asymétrie d’information concernant le prix de certains inputs. Ainsi, selon Arrow225, les entreprises en aval disposent d’une information limitée sur le prix des matières premières, ce qui limite leur possibilité de prendre des décisions efficientes sur les qualités d’input à utiliser. Cela les incite à intégrer verticalement en amont afin de mieux prévoir les prix futurs des matières premières ou des consommations intermédiaires. Cela induit la monopolisation en amont, suivie de la monopolisation en aval.

c. Une autre explication de l’intégration verticale, proposée par Stigler226, établit un lien entre la dimension du marché et la taille de l’industrie : pour lui, l’intégration verticale ou horizontale, qui contredit la tendance à la spécialisation, s’explique soit directement par l’insuffisance de la taille du marché, soit par des atteintes à la concurrence sur le marché. À l’analyse de l’entreprise sur la base de la fonction de production, il propose de substituer une représentation de l’entreprise comme combinaison de fonctions distinctes, dont chacune a sa propre loi de rendement. G. Stigler veut ainsi démontrer que le degré d’intégration verticale dans

225 ARROW K., Théorie de l’information et des organisations (articles rédigés entre 1975 et 1986), éd. Dunod, 2000.

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une industrie suit le cycle de vie de cette industrie : la tendance est à l'intégration dans les industries jeunes, à la désintégration des firmes dans les industries en plein développement, et de nouveau à l’intégration dans les industries déclinantes. L’argument s’appuie sur la diversité de la relation coût-échelle qui peut exister dans une industrie particulière.

1.3.3. Recherches de l’intégration verticale dans le secteur agricole

Plusieurs recherches ont permis de conclure sur des figures mixtes de l’intégration verticale dans le secteur agricole. Ce courant est désigné par l’expression anglo-saxonne de Raising Rivals Costs (RRC), signifiant « élévation des coûts des concurrents » (Salop et Scheffman, 1983, 1987 ; Krattenmaker et Salop, 1986, 1987).

L’intégration verticale est, en règle générale, jugée porteuse d’efficience. Dans un état donné de la technologie, elle est tout d’abord supposée conduire à un accroissement de l’offre et à une baisse de prix, alors même que les entreprises amont sont en position de monopole sur leurs marchés.

La stratégie d’intégration verticale n’est toutefois pas sans effet sur la situation des firmes non intégrées.

Ainsi, le secteur de la conserve de poissons en France a été l’objet d’un affrontement juridico-économique pour la prise de contrôle du principal fournisseur du secteur (société Saupiquet vs société Sea Deal – 1997). La prise de contrôle de ce fournisseur (Sea Deal) par un concurrent a conduit à des restrictions d’approvisionnement frappant les autres entreprises du secteur (P. Guillotreau, 1999, 61227).

Le cas de l’industrie du thon examiné par P. Guillotreau constitue un exemple tout à fait caractéristique du risque de forclusion dont peuvent être victimes les entreprises non intégrées et ce plus particulièrement lorsque l’intégration met en jeu des « infrastructures essentielles », c‘est à dire de ressources productives : a) dont les entreprises situées en aval ne peuvent se passer, b) qu‘elles sont incapables de dupliquer et c) dont l’offre est contrôlée par un ou quelques opérateurs dominants

227 GUILLOTREAU P., Concurrence et intégration verticale, une approche institutionnelle : l’exemple de l’industrie française du thon, cahiers de l’Artémis, N° 1, 1999, Université de Nantes, p. 45 à 65.