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LES CARACTERISTIQUES DE L’OFFRE DE PRODUITS AQUATIQUES

1. Les caractéristiques de l’activité aquacole

1.4. Les différentes formes d’activité aquacole

Il existe de grandes différences entre les techniques aquacoles dans le monde, ce qui a généré plusieurs analyses théoriques des économistes concernant le secteur d’aquaculture (Vondruska, 1973 ; Pillay et Dill, 1979 ; Pillay, 1981 ; Tacon et al, 2008, FAO, 2009). Il est cependant possible de les répartir selon les catégories ci-après120 sachant que le passage d’un système à l’autre ne se fait pas de façon abrupte mais par un recouvrement progressif :

1.4.1. Le système intensif (ou concentré)

Ce système est caractérisé par de fortes densités d’élevage avec des animaux confinés dans une zone close : des bassins, des mares, des cages ou des bacs dans lesquels l’eau est oxygénée afin d’éliminer biologiquement ou mécaniquement les produits toxiques de l’excrétion des animaux. En général, dans ce type d’élevage intensif, les animaux dépendent entièrement de la nourriture apportée par l’éleveur. Les animaux peuvent aussi être transférés d’une enceinte à une autre au cours de leur élevage, pour répondre aux besoins spécifiques de leur stade de développement. Les rendements atteints par ce type d’élevage sont fonction de l’espèce, mais généralement très élevés.

Cependant, l’aquaculture intensive lorsqu’elle est mal maîtrisée peut présenter de graves inconvénients. Ainsi, elle peut participer à la destruction des écosystèmes, diminuer la biodiversité, polluer l’eau de la zone côtière (production de matières organiques et produits toxiques). De plus, sur le plan social, les élevages de crevettes génèrent de nombreux problèmes (Équateur, Thaïlande, Vietnam…) en raison notamment de conflits d’usage pour

118 GER : Gross Energy Requirement.

119 43GJ égale l’énergie d’une tonne de gazole.

120 Les élevages sont classés suivant leur densité et les intrants nécessaires (eau, aération, aliment notamment).

les terrains agricoles utilisés afin de produire de la crevette et du blocage des accès aux lieux de pêche traditionnels.

Enfin, alors que l’on s’inquiète de la raréfaction des ressources en poissons sauvages dans les pêcheries traditionnelles et que l’aquaculture intensive est présentée comme une solution pour satisfaire la demande mondiale en poisson, force est de constater qu’il faut l’équivalent de 3 à 5 kg de poissons issus de la pêche minotière121 pour produire 1kg les poissons carnivores élevés industriellement. Certes, il s’agit souvent d’espèce de faible valeur commerciale, mais le prélèvement dans le biotope est indéniable et pourrait concourir à accentuer son déséquilibre.

1.4.2. Le système extensif

Il s’agit d’un système d’élevage de faible densité dans lequel les animaux se nourrissent principalement des proies et déchets organiques produits par le milieu d’élevage. Dans ce système le contrôle du milieu d’élevage est minimal122. Cela concerne notamment l’élevage123 en étangs naturels, d’alevins destinés à un ensemencement en mer ou, de façon plus idéale, de poissons matures avec pour objectif le repeuplement de l’environnement naturel124 (sea-ranching ou pacage marin)125.

Le rendement atteint par le modèle extensif est très bas, souvent inférieur 600 kg par hectare / an.

121 Activité de pêche dont les captures sont transformées en farine (pour l'élevage du porc et de la volaille essentiellement) mais aussi en huile et autres sous-produits (définition : Ifremer). Sur les 80 millions de tonnes de poissons provenant de la pêche, près de la moitié (39 millions de tonnes) correspond à la pêche minotière, qui est dédiée à la transformation en farines (6 millions de tonnes) et huiles (environ 1 million) de poissons (IFFO, International Fishmeal and Fish Oil Organization, 2002).

122 Cette régulation a pour but d’empêcher l’invasion de prédateurs. En outre, on fertilise les mares et étangs pour favoriser le développement des algues naturelles.

123 En eau douce, c’est le cas de l’élevage de cyprinidés (carpes).

124 C’est le cas des fermes d’élevage de saumons.

125 Pratique consistant à réintroduire une espèce disparue dans le milieu naturel marin (repeuplement). Elle peut avoir une finalité :

- patrimoniale : reconstitution d'une population naturelle (ex : tortues marines) ;

- économique : reconstitution d'un stock exploitable. C'est, en quelque sorte, une aquaculture extensive (source : Ifremer).

Le sea-ranching est une expression américaine signifiant littéralement « ferme en pleine mer ». Elle recouvre :

- Le repeuplement, qui consiste à réintroduire une espèce disparue dans le milieu naturel,

1ère partie – Chapitre 1 : L’offre en produits aquatiques et son influence sur l’industrie de transformation

1.4.3. Le système semi-intensif

Il s’agit d’un système de culture caractérisé par une production 2 à 20 tonnes/ha/an, largement dépendant de la nourriture naturelle (l'abondance de celle-ci est augmentée par fertilisation ou complétée par l'utilisation d'une alimentation supplémentaire), l'empoissonnement d'alevins produits en écloserie, l'utilisation régulière d'engrais, un échange d'eau ou une aération limitée, et une alimentation en eau souvent par pompage ou gravité. Il est pratiqué normalement en étangs améliorés, parfois en enclos et en systèmes simples d'élevage en cages.

Toutefois, les coûts de production en système semi-intensif sont souvent trop élevés pour assurer une activité économique durable dans le contexte actuel (coûts plus importants en main d'œuvre et en foncier), en raison notamment de la productivité plus faible de ces systèmes. De plus, ces systèmes sont parfois accusés d'impacts environnementaux, souvent sans réel fondement scientifique.

La production de ces trois systèmes d‘élevage est fonction de l’espèce élevée car les besoins en oxygène et aliment sont très spécifiques.

A côté de ces systèmes qui s'appliquent pour les élevages en bassins, il existe aussi :

- Les élevages en cages flottantes (saumon, sériole, daurade....) qui sont tous considérés comme des élevages intensifs mais qui ne nécessite pas de renouvellement mécanique de l'eau.

- Elevage hautement intensifié126 en circuit fermé (Thaïlande).

- Pratique semi-extensive127 ou extensive améliorée en zone de mangrove (Vietnam, Bangladesh).

Dans ce cas de figure, les animaux sont soit nourris dans des zones naturelles déterminées et artificiellement délimitées, soit élevés dans des étangs artificiels déjà fertilisés pour augmenter le rendement naturel128.

126 Système intensif en bioréacteur (système bactérien) qui repose sur beaucoup d'aération et peu de renouvellement d'eau.

127 Traditionnellement pratiquées dans les pays asiatiques, l’aquaculture extensive et semi-extensive s’intègre facilement aux systèmes agraires ou aux zones côtières et valorisent les potentialités naturelles du milieu en respectant la biodiversité et les écosystèmes.

128 Par exemple les fermes d’élevage des Cyprinidés en Allemagne, des tilapias en Thaïlande ou encore les Luciobrama ou Chanos Chanos (le milkfish) aux Philippines, en Indonésie ou à Formose. Peu d'individus

On notera cependant qu’une même espèce de produit aquatique peut être élevée indifféremment selon l’un ou l’autre des différents systèmes. Ainsi, les Cyprinidés élevés en Inde de manière extensive atteignent le rendement de 300 kg/ha tandis qu’aux Etats-Unis, le rendement de la même espèce élevée en zones closesest dix fois plus élevé.

La classification ci-dessus est largement appliquée, mais ne fait pas état des ressources utilisées dans la production. Il convient donc de préciser les paramètres qui s’y appliquent.