• Aucun résultat trouvé

LES CARACTERISTIQUES DE L’OFFRE DE PRODUITS AQUATIQUES

2. Les réglementations influençant l’offre des produits de pêche

2.2. La réglementation concernant la capture du poisson

Il s’agit des règles interdisant la pêche dans des zones préservées, fixant des durées limites aux saisons de pêche, imposant des limites à la taille et au choix des mailles du filet. L’adoption de normes concernant les filets a eu des impacts sur le type et la quantité des éléments d’intrant, tandis que la limitation dans le temps (durée des périodes) de pêche et l’édiction de zones d’interdiction de pêche influencent la façon d’utiliser ces éléments. Les dimensions des mailles des filets ou la taille des hameçons peuvent influer sur la taille du poisson capturé ; ils modifieront donc le volume de capture et même la production en terme de valeur, en raison de la différence de prix pratiquée selon la taille des poissons.

1ère partie – Chapitre 1 : L’offre en produits aquatiques et son influence sur l’industrie de transformation

Ces règles peuvent d’une part, empêcher la diminution de la pêche de capture en limitant les efforts de pêche lorsque l’existence des ressources halieutiques est menacée ; d’autre part, elles peuvent permettre d’augmenter la production dans le futur.

Ainsi, s’il s’agit de poissons qui se concentrent dans des zones déterminées à des périodes bien identifiées (notamment en période de frai), la diminution ou l’interdiction des efforts de pêche peuvent s’imposer102.

Deux questions se posent sur les prescriptions relatives à la taille des poissons capturés. Premièrement, l’édiction de réglementations permettra-t-elle de réduire de manière significative et rationnelle les captures actuelles ? Deuxièmement, peut-on espérer qu’en cas de réduction drastique, la valeur de production retrouvera dans le futur un niveau acceptable des prises et que la réduction de profit consentie sera compensée à terme ?

 Concernant la première question, des règles concernant des zones et des saisons faisant l’objet de limitation ou d’interdiction de prélèvement ne seront efficaces que si les ressources halieutiques sont relativement sédentaires et donc fixées dans les zones déterminées aux périodes déterminées ; Les espèces qui en bénéficieront seront essentiellement démersales. Leur portée réelle est donc discutable s’agissant des pélagiques migrateurs dont l’habitat est difficilement identifiable en raison des distances qu’ils parcourent103. Sauf à cibler précisément des espèces biologiquement identifiées, des mesures concernant les zones ou les périodes de

poissons capturés de taille non autorisée peuvent être relâchés vivants dans leur milieu

pêche risquent de

 ne pas avoir de réel impact sur le total de capture.

Les réglementations concernant la taille du poisson seront efficaces seulement si les

102 Durant la rédaction de notre thèse à Nouméa, nous avons ainsi pu constater que les autorités de la Nouvelle-Calédonie ont été amenées à interdire totalement, durant la période du frai (d’octobre à janvier) la pêche dans les passes de la Barrière de corail de la province sud pour protéger une espèce démersale très prisée, appelée loche bleue, considérée comme gravement menacée par la surpêche.

103 Nous avons constaté avec intérêt que, dans le bassin Pacifique, la Communauté du Pacifique (organisation internationale à vocation régionale dont le siège est à Nouméa) et l’Agence des Pêches du Forum des îles du Pacifique (FFA, dont le siège est à Honiara, aux îles Salomon) ont initié des campagnes de marquage des thonidés pour essayer de déterminer avec précision leurs périples. Lors de la dernière campagne de marquage en 2007, 61 700 thons ont été marqués en PNG et 11 000 aux îles Salomon.

naturel, ou si la taille du poisson peut être estimée avant la capture104. En revanche, la destruction de poissons trop petits non seulement est une inutile perte sèche pour la biomasse, mais encore est un facteur d’augmentation des coûts en raison de la mobilisation d’heures de travail pour le triage et l’enlèvement des poissons ne répondant pas aux critères.

A contrario, ces coûts peuvent diminuer si les pêcheurs procèdent aux captures durant les périodes ou dans les zones dans lesquelles il existe peu de poissons hors normes, ou si des techniques sélectives de pêche, pouvant permettre de prélever des poissons de taille autorisée, sont appliquées.

Les prescriptions concernant la taille de poisson sont confrontées à certaines limites : elles peuvent convenir à la pêche au chalut, mais elles ne sont pas adaptées pas à la pêche à la palangre105. Par ailleurs, ces règles sont difficilement applicables à la pêche polyvalente dans laquelle plusieurs catégories de poissons sont prises par un même filet. Une maille assez grande permet aux juvéniles de s’enfuir et accroît leurs chances d’atteindre la taille optimale, mais laisse souvent s’échapper des espèces qui pourraient être commercialisées. Une maille de dimension moindre risque de mettre en danger, voire détruire la biomasse d’une espèce, mais permet une meilleure prise d’autres espèces, plus petites mais présentant une valeur commerciale intéressante. Dans ce cas, l’édiction des prescriptions réglementaires est plus compliquée : s’intéresser uniquement à la taille du poisson est nécessaire, mais pas suffisant.

 La deuxième question concerne la sécurisation, voire l’accroissement de la production future. Dans ce cas de figure, les ressources constituées par les poissons

protégés doivent permettre une plus grande quantité de prises. En outre, il faut être sûr que le taux d’accroissement naturel de cette espèce de poisson soit supérieur à

104 Par exemple la pêche à la baleine, si un tel exemple est considéré comme politiquement correct…

105 Dans la pêche à la palangre, on table sur l’hypothèse que la taille du poisson capturé dépend du format et de la forme des hameçons, mais cela n’est pas vraiment démontré. Tandis que la pêche au chalut peut déterminer la taille de poisson pris en fonction de la taille des mailles.

1ère partie – Chapitre 1 : L’offre en produits aquatiques et son influence sur l’industrie de transformation

celui de sa mortalité naturelle (taux positif d’accroissement naturel). Dans ce cas, si la future valeur de production espérée compense la baisse imposée à la production actuelle, ces prescriptions sont considérées comme équitables.

Il y a plusieurs raisons pour que la valeur de production varie positivement dans le futur. En premier lieu, la quantité totale des captures doit logiquement se trouver accrue. Ensuite, les poissons étant de plus grande taille, ils auront un prix unitaire plus élevé. Si ces deux conditions (quantité et prix) sont satisfaites, la valeur de la production de la pêche de capture serait, sans nul doute, augmentée. La progression de la quantité de capture, si elle est nécessaire, ne sera pas suffisante pour compenser la diminution en valeur de la production actuelle.

La gestion optimale de la pêche nécessite certes de respecter des règles relatives à la de taille du poisson capturé. Cependant, l’unique application de ces prescriptions ne suffit pas, en soi, pour aboutir à une capture idéale et au moindre coût.