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L’INTEGRATION DANS L’APPROVISIONNEMENT DES INDUSTRIES HALIO-ALIMENTAIRES

3. L’organisation d’approvisionnement des IAA

3.1. Les contraintes générées par l’approvisionnement

Dans ce type d’industries, certaines contraintes sont incontournables en matière d’approvisionnement :

3.1.1. Les contraintes de gestion

L’objectif du gestionnaire des approvisionnements de toute entreprise de transformation est de disposer, en temps voulu et au prix prévu, de la matière première souhaitée (en quantité et en qualité).

Selon Sirieix190, d’une manière générale, le coût d’un approvisionnement ne se limite pas au prix de la quantité achetée. Toute transaction comporte un environnement qui, faute d’une gestion adaptée, est source de surcoût : des coûts de recherche de partenaires fiables, coûts de négociation et des coûts de transport.

190 SIRIEIX L., op. cité (supra, note 1).

1ère partie- Chapitre 2 : Les modèles d’approvisionnement dans l’industrie halio-alimentaire

Ces surcoûts peuvent être analysés et traités en fonction des caractéristiques (période calendaire de la production, caractère périssable ou non des produits) des produits agricoles à transformer. Ainsi dans le cas où un flux de matières premières périssables doit être transformé en biens finals également périssables, les flux tendus (« zéro stock ») s’imposent alors tout au long de la chaîne de fabrication (ce qui est le cas de transformation halieutique hors conserverie).

Une source de surcoût réside dans l’hétérogénéité des matières premières agricoles et dans la détermination des modalités de paiement. Un industriel doit s’entourer de partenaires fiables s’il veut disposer de matières premières de qualité ; tout comme il doit prévoir la fixation du prix d’un produit de composition standard, ainsi que les primes et les pénalités afin d’éviter que les négociations ne soient conflictuelles et coûteuses.

Une autre source de surcoût est la dispersion des lieux d’approvisionnement. Cet élément est particulièrement critique lorsque la matière première est peu ou pas stockable.

3.1.2. Les contraintes imposées par les politiques nationales

Il faut tenir compte des politiques191 dans l’étude de l’impact des organisations de marché sur les prix des approvisionnements des IAA.

Généralement, on peut distinguer trois types d’organisations de marchés et trois niveaux de prix :

- A : Le libéralisme et son corollaire, le prix mondial

- B : Le protectionnisme et son corollaire, le prix d’un marché particulier isolé du reste du monde. Le marché est protégé de la concurrence internationale par la fixation d’un prix minimum et par la taxation des importations.

- C : Le protectionnisme et le stockage public avec prix garanti, qui permet à tout acteur d’acheter ou de vendre à la puissance publique à un prix fixé par cette dernière192. Dans ce cas de figure, le prix garanti exerce le rôle d’un prix minimum

191 Par exemple, en Europe, de la Politique Agricole Commune.

192 Nous avons pu observer cette pratique en Nouvelle-Calédonie pour ce qui concerne la viande bovine et certaines productions agricoles (pomme de terre, oignons).

Dans les hypothèses B et C, les prix d’approvisionnement des industriels sont plus élevés que les prix mondiaux, en raison de la taxation des protectionnistes, ce qui entraîne une perte de compétitivité à l’exportation vers le reste du monde.

3.2. Les organisations en matière d’approvisionnements

La théorie des coûts de transaction (Williamson, 1986) propose une typologie sommaire des formes d’organisation des échanges en croisant deux critères : la fréquence des achats et la spécificité de l’actif recherché.

Selon Audroing193, dans le cas particulier des approvisionnements des IAA en matière agricole, les achats d’approvisionnement peuvent être contraints et fréquents ou encore contrôlés et effectués en fonction des besoins ; ils peuvent être « mono-usage » ou « multi-usages ». Compte tenu de ces éléments, il retient trois formes d’organisation : le marché, les formes hybrides (contrats individuels, interprofessionnels), l’intégration verticale (par l’amont ou par l’aval).

3.2.1. Le marché

Le marché se caractériserait, en régime libéral, par l’anonymat de l’acheteur et de l’offre, liés par des transactions.

La théorie des coûts de transaction194 propose une vision des échanges de marché qui, en fonction de leur fréquence et de la spécificité des actifs recherchés, peuvent disparaître au profit de la coordination administrative195.

La transparence ne peut être assurée que par l’existence d’au moins un marché de référence par lequel transite une part des achats-ventes et sur lequel s’établissent des prix reflétant les tendances des offres et demandes collectives. Le marché peut servir aux négociations

193 AUDROING Jean-François, Les industries Agro-Alimentaires, Economica, 1995.

194 WILLIAMSON O.E., Markets and Hierarchies : Analysis and Antitrust Implications, Free Press, 1975.

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individuelles, puisque les cocontractants disposent des informations nécessaires qu’ils peuvent adapter au cas par cas.

En régime d’intervention publique, l’Administration peut respecter le jeu du marché, en se contentant d’intervenir lors d’une crise dont les effets pourraient s’avérer gravement dommageables pour les opérateurs. Mais elle peut aussi se substituer au marché en fournissant un cadre pour la négociation du prix de la matière première et en assurant la régulation des flux par des interventions permanentes.

3.2.2. Les contrats

Les contrats sont une forme personnalisée de transactions. Ils relèvent de la sous-traitance (un industriel cherche à garantir ses approvisionnements en passant des contrats individuels avec les producteurs sélectionnés) ou de la « co-traitance » dans laquelle les relations contractuelles sont organisées collectivement au sein d’interprofessions (des groupements de producteurs et une fédération d’industrie concernés par une même matière première, s’accordent pour gérer ensemble le prix et les modalités des cessions-achats).

3.2.3. L’intégration verticale

L’intégration verticale peut être illustrée par la création d’un complexe agro-industriel intégré, produisant et transformant une matière première agricole. Les conséquences sont substantielles : les coûts de transaction sont remplacés par des coûts en organisation ; les prix des achats sont remplacés par des prix de cession interne qui n’ont qu’une valeur comptable ; les agriculteurs indépendants sont remplacés par des salariés.

Il apparaît que si la transformation de matières premières d’origine agricole est la mission essentielle des IAA, la confrontation entre agriculteurs et industriels n’est pas obligatoirement la règle. En effet, les agriculteurs peuvent être soit des partenaires (dans le cas où les relations sont réglées par des contrats), soit des concurrents (dans les coopératives) des industries de l’alimentaire.