• Aucun résultat trouvé

Chapitre 5 – Méthodologie et corpus de données

5.2 Les étapes de la recherche

5.2.2 Phase 2 : La méthode d’analyse des données

La présente étude qualitative est essentiellement exploratoire et vise à atteindre les objectifs de recherche mentionnés ci-dessus par le biais d’une analyse de contenu. Celle-ci est une forme d’analyse plutôt ancienne dont les premières traces remontent aux analyses systémiques des textes bibliques faites par les exégètes. Malgré tout, l’éclosion de son utilisation dans le champ des sciences sociales et humaines ne remonte qu’aux années 1950 (Anger, 1992). Au sens large, l’analyse de contenu se définit comme une méthode qui vise à découvrir le sens d’un message quelconque. D’une manière plus précise, cette méthode scientifique systématisée et objective consiste à classer et codifier le contenu d’un message dans des catégories afin dans faire ressortir le sens (Nadeau, 1987; L’Écuyer, 1990). Elle consiste en une réduction des mots présents dans les divers documents d’un corpus préétablis en un certain nombre de catégories analytiques, autrement dit la formation de groupes dans lesquels les informations de même nature peuvent être catégorisées (Landry, 1992). Ces informations réduites et classées dans des catégories se nomment des unités d’analyse. Des inférences sont ensuite produites grâce aux interprétations réalisées à l’aide de ces catégories analytiques, qui se doivent d’être exhaustives, cohérentes, homogènes, pertinentes et objectives (L’Écuyer, 1990).

Il est primordial de noter que l’importance à accorder à ces catégories ne se mesure pas simplement à leur nombre ou à leur fréquence, mais aussi au poids sémantique qui leur est accordé par rapport au contexte (Aktouf, 1987). D’autre part, la classification d’une analyse de contenu peut s’effectuer par rapport à deux types de contenus, soit le contenu manifeste, qui renvoie à ce qui se trouve explicitement présent dans le message, et le contenu latent, qui relève, lui, du sens caché et symbolique du message (Landry, 1992).

5.2.2.1 Les étapes de l’analyse de contenu

Inspiré par les travaux de Mayer et Deslauriers (2000), Mucchieilli (2006), Bardin (2007) et Wallin (2007) sur l’analyse de contenu, j’ai divisé mes analyses en cinq grandes étapes. La première étape, la préanalyse, est une étape préliminaire composée d’activités non structurées et ouvertes qui servent à organiser, opérationnaliser et systématiser les idées de départ afin d’aboutir à un plan d’analyse. Cette étape permet également de se familiariser avec les particularités du corpus dans le but de pressentir le type d’unités informationnelles à retenir pour une classification ultérieure. En ce sens, j’ai procédé à une première lecture flottante de la documentation retenue afin d’acquérir une vue d’ensemble et de me familiariser avec les différentes particularités du corpus.

À la suite de cette familiarisation, j’ai utilisé les cadres théorique et conceptuel retenus pour identifier les thèmes semblables et identifier leur substance. J’ai ainsi pu organiser systématiquement ces thèmes sous forme d’indicateurs précis, soit les unités d’analyse, ce qui représente la seconde étape des analyses. À l’aide de ces unités, j’ai réalisé la troisième étape : la catégorisation. Plus précisément, j’ai regroupé et classé les unités d’analyse dans des catégories générales et spécifiques afin de créer un « arbre hiérarchique ». Ces catégories ne résultent pas du hasard; elles sont le fruit d’une approche autant inductive que déductive. En d’autres termes, cette catégorisation a été créée à partir du cadre conceptuel retenu ainsi qu’à la lumière de la lecture flottante du corpus. Cette catégorisation a été réalisée de façon méticuleuse puisque, comme l’affirme Mucchieilli, « une analyse de contenu vaut ce que valent ses catégories » (Mucchieilli, 2006 : 17).

La quatrième étape consistait en l’exploitation du matériel, communément appelé codification. Pour coder mon matériel, j’ai utilisé le logiciel NVivo11, un logiciel d’analyse qualitative qui permet de dégager, de relever et d’enregistrer des extraits des sources (données brutes initiales) dans des catégories hiérarchiques. Il est par la suite possible, par simples clics, de retrouver tous les extraits rangés dans ces différentes catégories. Notons que les troisième et quatrième étapes ne sont pas mutuellement exclusives puisque tout au long du codage j’ai déplacé certains extraits dans des catégories différentes, procédé à des fusions, des subdivisions et des regroupements de différentes catégories, et ce, dans le but de parachever mon l’arbre hiérarchique et de rendre les données les plus intelligibles possibles. Le tableau 3, qui est présenté à la page suivante, illustre d’ailleurs ma catégorisation générale.

Tableau 3. Catégorisation générale

Catégories principales

Les propositions législatives

Les fondements sous- tendant les propositions

législatives Les stratégies de légitimation employées So u s- ca tég o ries

 C-2 : Loi sur la lutte

contre les crimes violents

 C-10 : Loi sur la

sécurité des rues et des communautés

 C-59 : Loi sur

l’abolition de la libération anticipée des criminels  Théorie de la dissuasion  Théorie de la neutralisation  Théorie de la rétribution  Théorie de la dénonciation  Théorie de la réhabilitation  Idéologies et valeurs conservatrices  Limitations du pouvoir discrétionnaire des juges

 Références aux victimes d’actes criminels  Polarisation des discours  Références au peuple  Rejet ou discrédit des

savoirs /experts

 Appels à la rupture et aux changements

 Références à des faits divers

 Sophismes

 Références à des groupes d’intérêts « partisans »  Arguments /critiques des

partis adverses « évités

Finalement, la cinquième et dernière étape consistait en l’analyse et l’interprétation des résultats pour dégager des informations supplémentaires quant aux messages étudiés. Il s’agissait pour le chercheur de mettre en lumière des réalités sous-jacentes aux messages et les significations de ceux-ci ainsi que de tirer des inférences. C’est précisément ce sur quoi portent les chapitres suivants. Or, avant de commencer les chapitres d’analyse, il est essentiel de mentionner qu’à l’instar de toute recherche, le présent mémoire est teinté de certains biais et limites, ce qu’explicite la section suivante.

Outline

Documents relatifs