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Pour répondre aux attentes palestiniennes et surtout éviter tout débordement, la Ligue Arabe, sous l’influence du Président égyptien Nasser, donne aux Palestiniens un cadre

538 Ces associations seront connues plus tard sous le nom d’Union Générale des Etudiants Palestiniens (GUPS).

Parmi ses fondateurs se trouve Yasser Arafat.

539 Notamment Georges Habache, un jeune médecin chrétien qui fondera plus tard le Front Populaire de

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institutionnel au sein de cette Ligue. L’OLP est née en 1964. Cependant, elle se détache rapidement du contrôle des Etats arabes incapables de résoudre la question palestinienne. L’OLP revendique un Etat pour les Palestiniens.

A- Naissance de l’OLP : renaissance du peuple palestinien

Le mouvement national palestinien est reconstruit dans un contexte de dispersion du peuple de Palestine. Le monde arabe vit dans les années 50 l’effervescence de la révolution nassérienne de 1952, qui prône un nationalisme arabe et une lutte anticolonialiste. Mais les idées de Nasser n’avaient pas que des partisans. Certains Etats arabes voyaient d’un mauvais œil la montée d’un nationalisme et les idées d’une unité arabe qui signifieraient la fin de leurs régimes, surtout après la constitution de la République Arabe Unie en 1958. Ainsi sont apparus des rivalités entre l’Egypte d’un côté et la Jordanie et l’Arabie saoudite de l’autre, ainsi qu’un affrontement entre les idéologies politiques arabes dominantes de l’époque : Nasséristes, conservateurs, Baathistes, Pro-Hachémites. Dans ce contexte de division, le Mouvement National Palestinien a dû composer avec les intérêts des différents Etats arabes, car il est inévitablement dépendant de ses relations avec eux et des relations de ces derniers entre eux540.

Après avoir appelé à la création d’une république palestinienne en Cisjordanie et à Gaza en 1959, l’Irak du Colonel Quassem créera une armée de libération palestinienne. L’Egypte convoque en janvier 1964 le premier Sommet des Chefs d’Etats Arabes, qui décide de créer un commandement militaire unifié sous autorité égyptienne et propose d’établir une entité palestinienne. Ainsi s’ouvre à Jérusalem le 28 mai 1964 le premier Congrès National Palestinien, qui fondera l’Organisation de Libération de la Palestine. Ahmad Al-Chokeiri, premier Président de l’OLP, la définit comme « un organe de commandement unissant toutes les forces du peuple arabe palestinien dans sa lutte pour la libération de sa patrie. »541

L’OLP se dote d’institutions dignes d’un gouvernement en exil : un Conseil National Palestinien (CNP) jouant le rôle du Parlement, ce dernier élisant un Comité exécutif qui dirige l’Organisation. L’OLP crée aussi l’Armée de Libération de la Palestine (ALP), dont les brigades seraient soumises à l’autorité des pays d’accueil. Au fil des années, l’OLP s’est constitué un véritable appareil étatique avec notamment des départements semblables à des

540 Voir Nadine Picaudou, Les Palestiniens un siècle d’histoire, op. cit., p. 129. 541 Ibid. p. 30.

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ministères, des centres de recherche et une infrastructure médicale. Cet appareil de l’OLP s’illustre clairement au Liban à la veille de l’invasion israélienne en 1982.

Il est à noter que la lutte armée avait commencé avant la création de l’OLP avec de petits groupes d’activistes indépendants de Fedayin542 et avec le Fatah543 de Yasser Arafat. Les Mouvements de résistance, composantes de l’OLP, comme le Fatah, le FPLP de George Habache et le FDLP de Nayef Hawatmeh, ont conservé en son sein une large autonomie, tout en l’acceptant comme cadre d’unité de la résistance palestinienne. En effet, ces Mouvements disposent de leurs propres structures et branches armées. Certains d’entre eux, qui ont vu le jour dans les années 80, notamment le Hamas544 et le Djihad islamique, restent néanmoins en dehors de l’OLP.

La Charte de l’OLP ou Charte Nationale Palestinienne de 1964, amendée en 1968, pose quelques principes directeurs de la lutte palestinienne pour « la libération de la patrie ». Elle affirme en tout premier lieu l’existence du peuple palestinien, de son droit légitime à sa propre patrie et à déterminer sa destinée. Elle affirme en plus ses liens étroits et nationaux avec les autres pays arabes, formant la nation arabe, dont le peuple palestinien fait partie intégrante. (articles 1 et 3)

Dans son article 7, la Charte palestinienne place sur un même pied d’égalité « les Juifs d’origine palestinienne » et les autres Palestiniens, « pourvu qu’ils veuillent vivre pacifiquement et loyalement en Palestine ». Elle proclame en outre l’arabité de la Palestine et se garde d’évoquer l’idée d’un Etat palestinien la renvoyant à l’après-libération, étant donné que la libération de la Palestine et l’unité arabe sont deux objectifs complémentaires (article 12). Cette communauté de destinée entre la nation arabe et la Palestine implique un devoir national arabe pour sa libération. Et cela passe par une mobilisation arabe générale en vue d’apporter au peuple palestinien toutes les aides possibles, humanitaires et matérielles (article 15). Toutefois c’est l’OLP qui reste le représentant du peuple palestinien dans sa lutte et assume la responsabilité de toutes les questions concernant la libération, l’organisation de la politique et les finances, que ce soit sur le plan des rapports interarabes ou internationaux

542 En arabe fidā’iyyūn, ceux qui se sacrifient, terme arabe désignant notamment les Palestiniens qui font de la

résistance.

543 Fatah, en arabe « conquête », acronyme inversé de Harakat al-Tahrir al-Watani al-Filastiniyya, Mouvement

de Libération Nationale Palestinienne. Ce Mouvement fut créé en 1959 au Koweït par Yasser Arafat et d’autres membres fondateurs, dont Salah Khalaf (Abu Iyad), Khalil al-Wazir (Abu Jihad), Faruq al-Qaddumi, qui voulaient un mouvement national révolutionnaire indépendant, moteur de la lutte du peuple palestinien et catalyseur de la jeunesse palestinienne. Le Fatah sera la principale composante de l’OLP.

544 Hamas (acronyme arabe de « Mouvement de la Résistance Islamique » (Hamâs/Harakat Al-Muqâwama Al-

Islâmiyya). Fondé en 1987, il est considéré comme organisation ‘‘terroriste’’ par Israël, les Etats-Unis et les Etats européens. Depuis juin 2007 le gouvernement du Hamas contrôle Gaza et le gouvernement nommé par Abbas contrôle la Cisjordanie.

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(article 26). Mais l’Organisation s’engage à n’exercer aucune souveraineté régionale ni sur la Cisjordanie, annexée et faisant alors partie du Royaume Hachémite, ni sur la Bande de Gaza (article 24). Elle s’engage par ailleurs à n’interférer dans les affaires intérieures d’aucun Etat arabe (article 27).

La Charte de l’OLP est aujourd’hui un document largement dépassé après le célèbre « est caduc » de Yasser Arafat à Paris en mai 1989, qualifiant de cette manière la partie qui prévoit la destruction de l’Etat d’Israël, et après le vote du CNP à Gaza en avril 1996 qui en a abrogé, conformément aux engagements pris par Yasser Arafat, les articles qui refusent le droit d’Israël à exister545.

B- OLP : Seul et légitime représentant du peuple palestinien

Pendant longtemps considérée comme un simple problème de réfugiés, la question palestinienne, grâce en grande partie à l’OLP, va évoluer au-delà de la question des réfugiés vers le droit du peuple palestinien à l’autodétermination. L’évolution ou l’adaptation des positions de l’OLP aux réalités du terrain, notamment la reconnaissance implicite du droit d’Israël à exister, comme nous l’avons mentionné, va contribuer à la reconnaissance rapide de l’OLP par la communauté internationale. C’est tout d’abord lors du Sommet des Chefs d’Etats Arabes à Alger en 1973 que l’OLP est reconnue comme « l’unique représentant » du peuple palestinien. La représentativité de l’OLP et le droit du peuple palestinien à l’autodétermination sont tour à tour reconnus par la Conférence des Etats islamiques en février 1974 et par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en juin 1974. Deux mois plus tard, l’URSS accepte, lors de la visite de Yasser Arafat à Moscou, d’ouvrir une représentation officielle de l’OLP et réclame sa participation sur un pied d’égalité avec les autres participants à la Conférence de la Paix de Genève sur le Proche-Orient. La Ligue des Etats Arabes, lors du sommet de Rabat en octobre 1974, affirme la représentativité de l’OLP et le droit du peuple palestinien à établir un pouvoir national indépendant sous la direction de l’OLP en sa qualité de « seul et légitime représentant du peuple palestinien ». La résolution de ce sommet donne également à l’OLP une dimension étatique en affirmant l’obligation pour tous les pays arabes « de s’abstenir de toute ingérence dans les affaires palestiniennes. »546

545 Voir Alain Gresh et Dominique Vidal, Les 100 clés du Proche-Orient, op. cit., p. 417. 546 Voir Elias Sanbar, Les Palestiniens dans le siècle, op. cit., pp. 97 et 98.

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