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Cas unique et cas multiples

3.1.3. Méthodes de collecte des données

Il existe une multitude de types de données dans l‟étude de cas. Yin (op. cit.) en propose six : la documentation, les archives, les entretiens, l‟observation directe, l‟observation participante et les objets physiques.

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La documentation a trait à toute trace écrite concernant le cas, qu‟il s‟agisse de communication interne au cas ou de rapports de recherches concernant le même terrain. Elle est particulièrement utile pour croiser les sources de données. Cela permet d‟assurer d‟une part la triangulation des données26, mais également de vérifier la véracité des propos donnés

en entretien. Enfin, la documentation est particulièrement efficace pour produire des hypothèses intermédiaires et guider le processus de recherche. C‟est un type de données particulièrement utile en début d‟étude.

Les données d’archives ont trait aux données enregistrées à propos du terrain, typiquement sous forme « numérique » ou de listes : carnets d‟adresses, rapports de budgets, données de recensement, etc.

L’observation directe se produit lorsque le chercheur, en visite sur le « terrain », peut observer la situation qu‟il étudie de manière directe. On pense souvent à la possibilité d‟assister à une réunion, mais l‟observation peut être beaucoup moins formelle et beaucoup plus systématique : il s‟agit alors de tout élément observable, comme le paysage et notamment l‟observation des types d‟agricultures, l‟état des bâtiments et des routes, l‟agencement des services…

L’observation participante est plus spécifique, et requiert la possibilité de participer à l‟activité de l‟organisation, d‟y assumer un rôle.

Les objets physiques sont des données matérielles et peuvent être d‟ordre technologique, des outils ou instruments, ou de l‟œuvre d‟art. Ils sont particulièrement utilisés dans les recherches anthropologiques. C‟est un type de donnée que je n‟ai pas mobilisé lors de mes études de cas.

Enfin, l’entretien est peut-être la forme de collecte de données la plus « classique » dans le sens où il est rare en sciences sociales de ne pas conduire de recherche sans avoir conduit d‟entretien. Ces entretiens sont communément séparés en trois catégories : entretiens directifs, entretiens semi-directifs, et entretiens ouverts. Le premier type, directif, se conduit à l‟aide d‟un questionnaire composé de questions « fermées », très détaillées. L‟entretien semi- directif est en général organisé autour de « thèmes » ou grandes questions que le chercheur évoque avec la personne interrogée. Enfin, lors de l‟entretien ouvert, le chercheur « ouvre »

26 « trianguler » sa recherche peut s‟effectuer à trois niveaux. Au niveau des données, il s‟agit d‟utiliser plusieurs

sources de données différentes pour produire la même conclusion. Au niveau des théories, il peut s‟agir d‟utiliser plusieurs théories différentes pour produire le même résultat. Enfin, il peut également s‟agir de faire refaire la même étude de cas par des chercheurs différents pour vérifier qu‟ils arrivent tous au même résultat.

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l‟entretien par une « consigne », une première question générale, puis laisse discuter la personne interrogée. Yin (op. cit.) définit également trois types de but d‟entretien. Certains entretiens ont pour personne interrogée, plutôt qu‟un sondé, un informateur véritable qui va pouvoir « guider » le chercheur, lui suggérer de contacter d‟autres personnes… j‟appellerai communément ces individus des « personnes ressources ». D‟autres types d‟entretiens peuvent être plus « dirigés » dans le sens d‟une recherche plus précise d‟éléments, pour corroborer par exemple un autre type de données. Enfin, certains entretiens peuvent prendre la forme d‟enquêtes, à la recherche de questions précises. Cette dernière forme est typiquement conduite en entretien directif, voire par questionnaire distribué à un groupe de personnes puis récupéré.

TABLEAU 3-2SOURCES DE DONNÉES POUR LE CAS DE LA CCPL (FRANCE)

Cas Sous-cas Type de données Quantité

C C PL C as g én ér al

Documentation 3 publications scientifiques ou universitaires (une thèse et deux projets d‟étudiants)

Données d‟archives

Délibérations du conseil de communauté de 2001 à 2013 (dont 20 en lien avec la politique agricole de la CCPL), comptes-rendus de réunions des comités de pilotage agriculture (5), comptes-rendus de réunions du groupe de réflexion « agriculture » (3), Communication interne (Convention SAFER, questionnaire agriculteurs 2008)

Observation

directe 3 réunions des projets de la politique agricole Visite des communes (observation de l‟agriculture)

Observation

participante 1 réunion de restitution de projet étudiant Entretiens 9 agriculteurs, 13 élus, 4 employés, 2 autres

É tu de du SC OT

Documentation 27 articles de presse (Midi-Libre) 2 documents officiels (SCOT, Projet de territoire) Données

d‟archives

Délibérations du conseil de communauté (dont 16 en lien avec le SCOT), documents de communication interne 2003 à 2005 (plan de communication, synthèse diagnostique)

Observation directe - Observation

participante 1 réunion de restitution DAUME Entretiens 13 élus, 4 employés

J’ai mobilisé sur les deux terrains ces différents types d’entretien. Ainsi, des entretiens préliminaires ont servi de « guides », pour identifier des instruments ou projets d’action collective à analyser. La plupart des entretiens suivants ont été

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réalisés dans le but de collecter les données brutes. Enfin, quelques entretiens finaux ont servi à vérifier des hypothèses ou apporter un complément d’information.

TABLEAU 3-3SOURCES DE DONNÉES POUR LE CAS D’EL HAJEB (MAROC)

Cas Sous-cas Type de données Quantité

E L H A JEB C as g én ér al Documentation

11 documents issus d‟instruments ou dispositifs

(Agenda 21, Plan d‟aménagement urbain, Plan communal de développement)

2 rapports universitaires ; 1 « autre »

Données d‟archives Archives d‟ateliers participatifs de Sebâa Ayoune

Observation directe Observation des locaux de municipalité (Sebâa Ayoune et Aïn Taoujdate) et des paysages (agriculture de la province)

Observation

participante -

Entretiens 7 employés de services publics, 4 élus municipaux, 7agriculteurs, 3 associatifs, 7 autres

C oo pé ra tiv es e t P la n M ar oc V er

t Documentation Articles scientifiques sur les coopératives agricole

Données d‟archives Liste des coopératives à la province

Observation directe -

Observation

participante -

Entretiens 7 agriculteurs ou coopératives, 6 employés de services associés à l‟agriculture, 3 autres

Je présente ci-dessus dans le tableau 3-2 et le tableau 3-3 les différents types de données mobilisées. Une liste plus complète peut être trouvée en annexe A, en fin de cet ouvrage. L‟intérêt de multiplier les sources de données est double. Tout d‟abord, cela permet d‟accéder à des données que l‟on n‟aurait pas forcément pu se procurer par la seule pratique d‟entretiens, ou d‟observation participante. Utiliser plusieurs sources de données permet ainsi d‟enrichir l‟étude du cas. La multiplication des sources est surtout un excellent moyen de s‟assurer de la qualité de l‟étude de cas, par triangulation des données. L‟idée n‟est pas alors d‟utiliser des sources différentes pour compléter ses données, mais plutôt de pouvoir créer des conclusions redondantes à partir de différents types de sources.

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3.1.4.Traitement et analyse des données

Les données une fois récoltées et les entretiens retranscrits, il m‟a alors fallu traiter et analyser ce matériau pour produire des résultats. Creswell (op. cit.) résume dans la figure ci-dessous la stratégie d‟analyse d‟une étude de cas multiple :

FIGURE 3-1ORGANISATION DU CODAGE DANS L’ÉTUDE DE CAS.D’APRÈS CRESWELL (2012)

Après étude du contexte des différents cas, que je présenterai pour chaque cas en premier chapitre des parties deux et trois, je m‟attacherai à décrire chaque cas. Cette description détaillée du cas permet de présenter les « faits » avant analyse. Puis j‟analyserai chaque cas de manière indépendante, avec des analyses singulières en fonction des cas enchâssés. Enfin, j‟effectuerai une analyse transversale aux cas pour effectuer la synthèse des résultats.

3.1.4.1. Analyse de contenu et technique de codage

De manière unanime, les auteurs que j‟ai mobilisés insistent sur la nécessité du codage comme étape indispensable à l‟analyse qualitative. En règle générale, l‟analyse qualitative repose sur trois grandes étapes : la condensation des données, qui passe par leur réduction et leur codage, la présentation des données, et enfin l‟élaboration et la vérification des conclusions (Gavard-Perret et Aubert, 2008, p. 249).

Gavard-Perret et Aubert (op. cit.) identifient trois types d‟analyse qualitative : l‟analyse de contenu, le résumé/synthèse et l‟analyse thématique. L‟analyse de contenu consiste à produire par codage des inférences sur le texte. Le codage, c‟est-à-dire l‟attribution d‟un indicateur à une partie du texte (les entretiens retranscrits), peut être centré sur trois unités. S‟il se concentre sur les mots tels qu‟ils sont prononcés, il s‟agira d‟une analyse lexicale. S‟il se

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concentre sur les idées exprimées, il s‟agira d‟une analyse sémantique ou empirique. Enfin, on peut par codage analyser le sens donné aux mots, par analyse de l‟énonciation.

L‟analyse sémantique ou empirique se prête bien à un corpus non exhaustif, c‟est-à-dire la retranscription non pas des enregistrements de l‟entretien, mais de la prise de note effectuée lors de cet entretien, puisque les propos des personnes interrogés auront déjà été « réduits » à des idées, ce qui n‟induit pas nécessairement une « perte » d‟information, mais signifie simplement que l‟on ne s‟attache pas aux mots précis utilisés par les personnes. Conformément à la procédure de l’analyse sémantique, je me suis alors appliquée, pour chaque entretien retranscrit, à attribuer un « code » ou une « sous-catégorie » à chaque portion, qui peut être un mot, un groupe de mots ou une phrase.

Pour choisir les codes ou sous-catégories à appliquer, deux techniques existent. Si l‟objectif, à la manière de la théorie ancrée, est de faire dégager par induction des théories d‟un texte brut, on peut procéder au codage ouvert du matériau. Il s‟agit d‟un processus d‟abstraction des idées. En revanche, face à un processus déductif, le codage revient à appliquer des sous-catégories préétablies par une grille d‟analyse, le plus souvent des variables explicatives et des variables à expliquer. Il s‟agit alors d‟un codage fermé ou théorique. Dumez (2013) rejette ces deux techniques, le codage théorique ne permettant pas de gérer le risque de circularité, et le codage « ouvert » de la théorisation ancrée ne permettant pas vraiment d‟après lui de « produire » des concepts. De plus, l‟auteur insiste sur les problèmes pratiques, et notamment sur la charge de travail que représente l‟application stricte de la méthode de codage ouvert. Il propose alors des solutions au codage pour se prémunir contre ce risque de circularité. D‟une part, le chercheur doit conserver une certaine « attention flottante » pour reprendre l‟expression de Freud, et lire plusieurs fois le matériau brut avant tout codage, pour s‟en « imprégner ». Cela permet de ne pas privilégier tels ou tels éléments a priori, mais de laisser émerger les éléments remarquables du matériau lui-même. Ensuite, il propose deux méthodes de codage spécifiques qui ne relèvent ni du codage « pur » ni du codage « théorique ».

La première technique, qu‟il nomme multinomial, consiste à attribuer plusieurs codes ou catégories à de mêmes unités de sens (mot, phrase, paragraphe). En effet, attribuer un seul code par unité paraît réducteur et justement empêche d‟explorer les autres « chemins ». Dans cette technique, le codage binomial par exemple consiste à attribuer deux codes à une unité : un code de « ressemblance », qui rassemble certains codes dans une même catégorie, et un code de « différence », qui distingue au sein de cette catégorie les différences. La deuxième technique, que Dumez nomme multithématique, consiste à construire un dictionnaire de

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thèmes suffisamment nombreux pour rendre compte de la richesse du matériau. Certains de ces thèmes viennent du cadre théorique, alors que d‟autres sont purement issus du matériau. En attribuant donc le même code à des unités de sens, on leur attribue une ressemblance, et c‟est dans le contenu de ces unités de sens que l‟on fera ressortir la différence.

Dans mon analyse, c’est cette deuxième technique que j’ai utilisée. Un exemple de codage d‟entretien est disponible en annexe D, à la fin de cet ouvrage. Comme je suis partie, dans une perspective d‟abduction, sur des théories générales de référence, le codage ne part pas d‟un processus totalement abstrait, puisque des thèmes ont été recherchés systématiquement dans le matériau : instruments, outils, acteurs, apprentissages, qualification du périurbain, action collective, controverses… J‟ai affiné ces thèmes en créant des sous- catégories.

Par exemple, pour les outils utilisés, j‟ai créé un code « efficacité de l‟outil », lorsque l‟acteur enquêté émettait un jugement sur l‟efficacité de l‟outil. En utilisant le logiciel RQDA27, j‟ai créé les codes au fur et à mesure du codage, entretien après entretien, pour l‟étude de cas du Pays de Lunel. Au bout d‟une vingtaine d‟entretiens, je suis arrivée à « saturation », c‟est-à-dire que les codes créés suffisaient au codage de tout l‟entretien. J‟ai alors réexaminé les codes précédemment créés, soit pour les supprimer s‟ils paraissaient redondants par rapport à d‟autres codes, soit s‟ils n‟étaient pas assez précis et devaient être séparés en plusieurs autres codes. Par exemple, j‟avais créé un code « appréciation des autres sur l‟action collective » pour un passage d‟entretien dans lequel l‟individu rapportait l‟avis de ses pairs quant à une idée d‟action collective. Or j‟avais également un code nommé « intérêt pour l‟action collective » pour coder les passages d‟entretien qui exprimaient l‟intérêt que les acteurs portent à l‟action collective. Comme le premier code au bout d‟une vingtaine d‟entretiens ne contenait qu‟un extrait, je l‟ai jugé peu représentatif, n‟ayant pas besoin de ce niveau de précision, et je l‟ai réuni avec le deuxième code. À l‟opposé, le code « controverse » était beaucoup trop vague et rapportait des désaccords entre élus, des problèmes d‟action collective, des oppositions de fonctionnement entre des services de l‟État et les mairies… J‟ai donc séparé ces passages en plusieurs codes plus explicites et plus précis. La construction du « dictionnaire de thème » s‟est donc faite de manière itérative, par plusieurs passages en vérifiant de manière répétée que les codes choisis en amont faisaient sens pour l‟ensemble du corpus, en fonction des situations.

27 HUANG, Ronggui (2014). RQDA : R-based Qualitative Data Analysis. R Package version 0.2-6. URL

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FIGURE 3-2EXEMPLE DE CODAGE D’UN ENTRETIEN SOUS RQ DA

Des catégories de codes ont ensuite été créées, en fonction des thématiques, situations, ou acteurs en particulier. L‟une des limites du logiciel RQDA est qu‟il ne peut construire qu‟un seul niveau de catégorie, alors que des logiciels comme NVIVO permettent de d‟en créer plusieurs. J‟ai donc dû construire le dictionnaire de thème séparément. Ce dictionnaire comportant les codes et catégories de codes, ainsi que leur description, se trouvent de manière détaillée en annexe C, à la fin de cet ouvrage.

Bien entendu, l‟attribution des codes à partir de thème reste subjective : il y a une part d‟interprétation, déjà, dans le processus d‟attribution de code aux unités de sens. Un autre chercheur aurait probablement codé de manière différente le même matériau. Cela varie d‟autant plus que le cadre cognitif de départ (théories, préconceptions, etc.) est différent, notamment si les deux chercheurs sont d‟une discipline différente. Cela rejoint en ce sens mon cadre épistémique de départ sur la nature des connaissances produites : je n‟ai pas l‟ambition de produire l‟interprétation « vraie » du monde, mais une interprétation parmi d‟autres dont on jugera la qualité par sa capacité fournir un cadre de réflexion et d‟action.

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105 FIGURE 3-3EXEMPLE DE CODES ET CATÉGORIES DE CODES SOUS RQDA

Après codage des données, j‟ai exporté la « base de données » ainsi créée dans le logiciel SQLITE MANAGER, logiciel de base de données, pour extraire les verbatims correspondant au cas ou sous-cas traité et permettre une analyse par thématique. Par exemple, la requête suivante :

SELECT source.name, fileAttr.value, freecode.name, coding.seltext FROM freecode

JOIN coding ON freecode.id=coding.cid JOIN source ON source.id=coding.fid JOIN fileAttr ON fileAttr.fileID=source.id JOIN treefile ON treefile.fid=source.id

JOIN caselinkage ON caselinkage.fid=source.id WHERE coding.status=1

AND freecode.name IN (« qualificationagri », « mutationsagricoles », « agriculteurs », « aveniragri »)

AND caselinkage.caseid=7

AND (fileAttr.variable= « fonction » OR treefile.catid>1)

… me permet d‟extraire les verbatims pour les codes « qualificationagri », « mutationsagricoles », « agriculteurs » et « aveniragri » pour le cas de la Communauté de Communes du Pays de Lunel (CCPL) (caseide=7), sous forme de tableau Excel avec les

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colonnes « nom du fichier » (source.name), l‟attribut du fichier (fileAttr.value, soit « élu », « agriculteur », « article »), le code attribué (freecode.name), et l‟extrait associé (coding.seltext) :

FIGURE 3-4EXTRAIT DE RÉSULTAT DE REQUÊTE DANS SQLITE MANAGER

Une fois les verbatims extraits, j‟ai alors pu analyser les ressemblances et différences pour un même code en fonction de l‟attribut (élu, agriculteur) ou entre élus entre eux par exemple. Cette requête m‟a permis d‟analyser la manière dont les élus parlent de l‟agriculture et des agriculteurs à la CCPL (résultats présentés dans le chapitre six).

3.1.4.2. La méthode des templates

Dumez (op. cit.) propose une deuxième technique d‟analyse : celle des templates. Il s‟agit de fournir une analyse sur des données qui ne peuvent être traitées par codage, comme des faits concrets, des dates, etc. Il s‟agit à la fois de trier, ranger le matériau en ordre logique, souvent chronologique, et de créer des liens entre ces éléments qui sont au cœur de l‟analyse. La série chronologique permet de rendre visibles des éléments particuliers, des évènements forts, etc. L‟établissement des liens entre ces éléments (Dumez parle de synopse) permet de comparer ces éléments.

J‟ai utilisé cette méthode notamment pour retracer les évènements qui ont mené à la création du marché paysan à la CCPL (chapitre quatre), ou pour établir l‟évolution de certaines situations de gestion. Pour cette analyse, j‟ai utilisé un outil particulier : l‟analyse de chronique, que je détaille ci-après (voir 3.2.2).

3.1.4.3. L’analyse de contenu dans l’étude de cas

Yin (op. cit.) précise dans l‟analyse de contenu le caractère particulier des cas enchâssés. Dans ma situation d‟étude de cas multiples enchâssés, le logiciel RQDA a été particulièrement utile pour l‟identification des cas ainsi que des cas enchâssés. La fonction « case » permet d‟attribuer un « cas » à chaque type de fichier (entretiens, articles de presse, documents).

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Certains de mes entretiens dans le Lunellois étaient purement centrés sur le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) et ont été assigné le cas « SCOT », quand d‟autres permettaient à la fois de renseigner l‟expérience « opération de ferme en ferme » et « paysans du Vidourle » et ont donc été assignés aux deux cas. Cette fonction permet donc de simplifier l‟analyse de contenu une fois le matériau codé : si l‟on veut étudier strictement le contenu en relation avec l‟expérience d‟action collective « paysans du Vidourle », on peut grâce à une requête dans le logiciel SQLITE MANAGER extraire uniquement les codes des fichiers identifiés comme appartenant à ce cas.

La deuxième fonction très utile pour l‟analyse par étude de cas multiples est la fonction « attribute ». À la différence du « case », l‟attribut assigne une valeur unique au fichier, c‟est-à- dire à l‟entretien. Par exemple, si l‟on donne un attribut « genre », la valeur sera « femme » ou « homme ». Dans ma situation, j‟ai utilisé l‟attribut pour affecter les fichiers à l‟étude de cas « Lunel » ou à l‟étude de cas « El Hajeb ». Cela m‟a permis, conformément au modèle proposé par Creswell (voir ci-dessus), d‟analyser d‟abord le premier cas, puis le second, en incluant à chaque fois une condition d‟attribut, puis les deux cas ensemble, sans condition d‟attribut. J‟ai également grâce à la fonction « attribute » pu identifier les entretiens en fonction de la nature de l‟interlocuteur : élu, agriculteur, employé, etc.

Ainsi, la production de données s‟est organisée autour de cas et de sous-cas, puis a été analysée par codage à l‟aide du logiciel RQDA. Dans une démarche de recherche abductive, l‟analyse a été possible d‟abord par le cadre théorique présenté en chapitre deux, mais également par la construction d‟un cadre d‟analyse, que je présente ci-dessous.

3.2.

CADRE D’ANALYSE : MON ÉCHAFAUDAGE CONCEPTUEL

Après avoir présenté les éléments de méthode pour la production de données et leur analyse, je vais présenter le cadre d‟analyse, c‟est-à-dire les concepts clés qui m‟ont permis à la fois de guider la collecte de ces données et leur analyse. Je parle ici « d‟échafaudage », car j‟ai conçu

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