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du XXI ème siècle Le leadership authentique, proche, ajoute la dimension d’alignement des

FUTURS DIRIGEANTS

7.2 La part d’irrationnel dans la définition de l’intelligence émotionnelle

7.2.1 Les outils de mesure de l’intelligence émotionnelle

Sans surprise, la diversité des définitions de l’intelligence émotionnelle a conduit à la création de mesures tout aussi disparates. Alors que l’intérêt croissant du monde managérial construit un marché florissant pour des moyens de détection et d’évaluation, les nombreux tests commercialisés mesurent des compétences ou aptitudes diverses avec des méthodes variées. Les caractéristiques des modèles de mesure de l’intelligence émotionnelle ne sont pas l’objet de ce travail de recherche. Nous proposons ici d’en établir une typologie imparfaite mais opérante, plus qu’une taxonomie exhaustive.

Les modèles mixtes mesurent des traits divers, le plus souvent sous une forme auto- administrée. Les modèles d’aptitudes sont constitués de tâches explorant les différentes dimensions de l’intelligence émotionnelle.

On recense plus de vingt tests disponibles sur le marché (pour une revue des caractéristiques voir Jahanvash Karim, thèse de doctorat Université Aix-Marseille, 2011). On pourra citer le TEIQue de Petrides et al 2007), l’Emotional Accuracy Research Scale de Geher, Warner & Brow (2001), le LEAS : Levels of Emotional Awareness Scale (Lane Quinlan, Schwartz &

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Walker, 1990) ou encore le TMMS, Trait Meta-Mood Scale de Salovey, Mayer, Goldman, Turvey & Palfai, 1995), et le Emotional creativity Index, ou encore le EQ map (Cooper & Sawaf, 1997).

7.2.1.1 Des modalités de mesure à la rationalité limitée : les questionnaires auto- administrés des modèles mixtes

Deux exemples de tests mixtes sont utiles pour comprendre le mode d’administration et de fonctionnement plus générique, en raison de leur notoriété et utilisation prépondérante sur le terrain professionnel, et parce qu’ils permettent d’en comprendre les applications potentielles dans les processus de sélection des futurs dirigeants.

Le premier test, largement utilisé39 sur le terrain, est le test de Bar-On, construit autour de cinq

composantes et 15 dimensions, qui a donné naissance à l’Emotional Quotient Inventory (EQ- i). Ce questionnaire a récemment évolué vers une acception élargie d’intelligence « émotionnelle et sociale » avec 10 composantes clés et dix « adjuvants » de l’intelligence émotionnelle.

Les principaux opposants à la validité de cet outil lui reprochent notamment, au-delà d’une faiblesse conceptuelle sous-jacente, la corrélation avec certaines capacités mentales générales, avec certains attributs de personnalité comme l’extraversion, l’inclusion de questions à forte désirabilité sociale, et la capacité à « tromper » le test (LeeGrub, Mc Daniel, 2007), corrélée aux capacités cognitives « froides ». Le questionnaire inclut des items qui n’apparaissent pas mesurer l’intelligence émotionnelle, comme la capacité de résolution de problème, tout en négligeant des aspects probablement pertinents (perception et régulation des émotions). L’autre test assez emblématique, le test ECI révisé, développé à partir des travaux de Goleman, Boyatzis et Rhee (1999) mesure 18 compétences articulées autour de quatre facteurs : Self- Awareness, Self-Management, Social Awareness, et Relationship Management, avec 73 items. Ce questionnaire mesure des variables proches d’attributs de personnalité : indépendance, assertivité, bonheur, et optimisme. Il inclut la loyauté, la conscience de soi, la capacité à

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comprendre l’organisation, des compétences de résolution de problèmes là aussi, l’orientation services, les facteurs de réalisation ou encore les compétences politiques.

Les modèles mixtes généralistes comme l’ECI évaluent des composantes fondamentalement métacognitives et très faiblement convergentes.

L’utilisation de tests d’auto-évaluation, et notamment les tests dits « globalisants » de l’intelligence émotionnelle appelle, de façon générale, à des réserves à de multiples titres : modalité d’administration, validité intrinsèque, indépendance des items mesurés, mesure de critères représentant des concepts larges, mesures de compétences procédurales par des modalités déclaratives. Il semble, en accord avec de nombreux auteurs, que s’ils ont pour ambition de mesurer des compétences pertinentes dans le cadre des fonctions managériales, il apparaît difficile de leur accorder un crédit scientifique pour la mesure d’une forme d’intelligence émotionnelle « pure » utilisable dans des contextes de sélection.

7.2.1.2 Les tests d’aptitude

Le modèle de Mayer, Salovey et Caruso a donné naissance à deux tests qui se sont succédés dans le temps. Au modèle initial, le MEIS (Multi factor Emotional Intelligence Scale) a succédé le MSCEIT (Mayer Salovey-Caruso Emotional Intelligence Test), l’appellation la plus récente assumant explicitement le positionnement de l’intelligence émotionnelle comme une intelligence mesurable.

Ces tests sont structurés par quatre branches de compétences dont la maitrise est de complexité croissante: la perception et l’évaluation des émotions, la capacité d’intégration et d’assimilation des émotions dans les processus cognitifs, la compréhension des émotions, et la gestion des émotions.

Le MSCEIT propose des tâches – 141 items – au cours desquelles les répondants ont à identifier des émotions sur des images, à expliquer leur analyse et réponse probable à de courts scénarios, à relier des émotions à des stimuli sensoriels, à imaginer des relations entre contextes et états émotionnels. Le résultat final est défini par un score EI global, deux scores de domaines, 4 scores de branche, et 8 scores de taches selon la grille suivante.

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Figure 3: Branches du MSCEIT (traduit de l'anglais)

Si le questionnaire de Mayer et Salovey est reconnu comme mesurant une forme plus « pure » d’intelligence émotionnelle, son administration est longue, ce qui a sans doute diminué son adoption, notamment pour des populations exécutives. Nous verrons que différents biais méthodologiques lui sont également reprochés.

7.2.1.3 Les questionnaires de feedback multi-sources

Hay commercialise un questionnaire feedback multi-sources évaluant les compétences émotionnelles en collaboration avec Goleman et Boyatzis. Il indexe des compétences autour des réponses du participant, de ses managers, pairs, et subordonnés directs. Les mesures associées à ce modèle sont le questionnaire ECI et ESCI: connaissance de soi, habiletés sociales, autorégulation, compétences sociales. A ce jour nous n’avons pas identifié de données fiables évaluant la solidité et validité prédictive de ces tests pour la mesure de l’intelligence émotionnelle dans les processus de sélection chez les dirigeants.

Branche 1. Perception et expression de l’émotion

•Identifier les émotions dans les états physiques, les pensées et les sentiments

•Identifier les émotions chez les autres , les travaux d’artiste, le langage, un son, un comportement •Extraire les émotions avec à-propos et les besoins liée

aux émotions

•Discriminer entre les expressions émotionnelles pertinentes ou non pertinente et honnêtes ou malhonnêtes

Branche 2: Facilitation émotionnelle de la pensée

•Penser en dirigeant l'attention vers les émotions •Les émotions pertinentes pour accompagner la

mémoire

•Les émotions modifiant la perspective individuelle •Les états émotionnels qui facilitent la résolution de

problèmes

Branche 3. Comprendre les antécédents et conséquences des émotions

•Étiqueter les émotions et connaître les relations entre les différentes émotions

•Interpréter la signification des émotions et désirsComprendre les sentiments complexes •Comprendre les transitions entre émotion

Branche 4. Réguler les émotions chez soi et les autres

•Rester ouvert aux sentiments plaisants ou désagréables •S’engager dans la réflexion sur l'émotion en fonction de

l'utilité ou la pertinence dans l’action

•Évaluer et réguler les émotions chez soi et chez les autres

•Gérer les émotions chez soi chez les autres en modérant les émotions négatives et en stimulant le émotions positives.

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