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Introduction au terrain de recherche et éléments de méthodologie

Chapitre 1 : Introduction au terrain de recherche et méthodologie

2. La démarche de la recherche

2.2 Présentation du corpus de données

2.2.2 Les entretiens

2.2.2.1 Justification du recours aux entretiens

Le recours à la technique de l’entretien se justifie pleinement dans le cadre d’un travail ethnographique de terrain. « L’entretien tient – à condition qu’il s’inscrive dans une enquête ethnographique qui lui donne un cadre de référence et lui fournit des points de référence et de comparaison – à sa singularité que le sociologue peut faire fonctionner comme cas limite d’analyse, qui lui confère un pouvoir de généralité » (Beaud, 1996 : 233-234). Mes observations ont donc été complétées par des entretiens semi-directifs et des discussions dans des cadres plus informels qui s’appuient sur les données recueillies au préalable et ont permis de guider celles recueillies ensuite (Beaud, 2010).

La plupart des entretiens formels enregistrés ont eu lieu aux mois de juin et juillet 2015, après 15 mois sur le terrain. J’ai réalisé 4 entretiens en 2014, l’un en avril, un deuxième en octobre (un peu avant le début des souscriptions pour la coopérative) et deux entretiens ont eu lieu en novembre 2014 (les interviewés avaient quitté à ce moment-là La Louve après une période intense d’investissement). Les entretiens ont duré entre 30 et 120 minutes. Ils ont eu lieu au domicile des répondants ou dans un lieu public (jardin/café). Ils ont ensuite été intégralement retranscrits (donnant un corpus d’entretiens de plus de 350 pages). Il s’agit d’entretiens compréhensifs s’appuyant sur une grille d’entretien souple, « (…) un simple guide, pour faire

- Son vécu par rapport au projet (les motivations, le sentiment d’appartenance au projet) ; - Son implication dans l’initiative (le travail fourni, la motivation pour le travail fourni,

l’éventail des activités, le temps accordé) ;

- Sa perception de La Louve (description de l’évolution de La Louve depuis que la personne l’a intégrée, l’organisation du travail/l’ambiance/la prise de décision, les tensions ressenties) ;

- L’enrôlement (lien entre La Louve et son entourage, la manière de présenter l’initiative et l’appel à souscription auprès de l’entourage) ;

- Le rapport au groupe social (la convivialité au sein de La Louve, les relations hors travail avec les membres).

Les entretiens menés ont été formels ou informels. On désigne par entretiens formels ceux qui ont été planifiés à l’avance sur la base d’une prise de rendez-vous. Les entretiens informels ont été menés sur le terrain, à la fin d’une réunion d’information ou d’une réunion de travail, avec des personnes que je n’avais pas prévu d’interviewer. Ces entretiens duraient en moyenne une vingtaine de minutes, ils ont été assez rarement enregistrés mais ils ont fait l’objet d’une prise de note a posteriori.

2.2.2.2 Critère de sélection des personnes interrogées

Les personnes interrogées dans le cadre d’entretiens formels ont été sélectionnées sur la base de leur niveau de participation et de leur rôle dans l’organisation. Certaines sont impliquées dans plusieurs groupes de travail, d’autres en assurent même la coordination. D’autres encore s’impliquent seulement dans des taches opérationnelles mais avec une grande régularité. Le deuxième critère de sélection est la durée de présence dans la structure. Ainsi j’ai tenu à interroger aussi bien des personnes qui sont dans la structure depuis ses débuts que d’autres qui l’ont rejoint après l’appel à souscription. Ces personnes présentent la particularité d’avoir insisté lourdement pour intégrer un des groupes de travail alors que ceux-ci étaient clôturés. J’ai également inclus dans l’échantillon, trois personnes, interviewées à la suite de leur départ de la structure après un investissement très fort. Au sein de La Louve les propos exprimés par les membres actifs de la coopérative comportent peu, voire pas, d’éléments critiques. Les propositions sont votées à l’unanimité en suscitant assez rarement des discussions. Les personnes que j’ai rencontrées expriment rarement, voire pas du tout, leur mécontentement par

vocation sociale de la structure, etc.). Je tenais à interroger ces personnes qui ont quitté la structure pour essayer de cerner ce qui pouvait amener des personnes à quitter ce projet sachant que par ailleurs j’avais observé des situations de tensions35 dans lesquelles elles étaient impliquées.

En ce qui concerne les entretiens informels, deux cas de figure se présentent. Le premier concerne les entretiens informels dans lesquels il s’agissait pour moi de revenir sur un point qui avait été traité en réunion. Mon objectif était d’avoir le retour des membres interrogés. Le deuxième type d’entretien informel concerne les personnes qui n’avaient pas rejoint la structure et que je rencontrais à l’occasion d’une réunion d’information ou d’une permanence de recrutement. Il s’agissait alors de connaître leur perception de la structure, la façon dont elles l’avaient connue, etc.

Ainsi, j’ai pu interviewer des personnes caractérisées par des niveaux de participation variables, aussi bien des coordinateurs que des personnes qui s’apprêtaient à souscrire. En tout 25 personnes ont été interrogées 15 dans le cadre d’entretiens formels et 10 dans le cadre d’entretiens informels.

Je présente mes interviewés des entretiens formels dans le tableau suivant de manière sommaire afin de préserver leur anonymat, les prénoms ont été changé.

Encadré 6 Profil des informants des entretiens formels

Prénom Age Fonction dans

la structure

Période

d’entrée Expérience associative

Contexte de la rencontre et caractéristiques de l’informant Manon 50-60 Coordinateur d’un groupe de travail Membre du comité de coordination. Membre élu.

Mai 2013 Expérience associative riche dans

l’humanitaire et dans le cadre de son activité professionnelle

Manon a été la première personne avec laquelle je me suis entretenue, je l’ai rencontré dans un café du 18ème arrondissement de Paris, à proximité du local de Goutte d’Or en avril 2014. Dans la vie professionnelle Manon est cadre supérieure dans l’audiovisuel proche de la retraite.

Elle a rejoint le projet en 2013 à la suite d’une présentation de La Louve par son président lors de la Ouishare 2013. Sa motivation principale est la démocratisation de la qualité. Elle a fait partie, dès son adhésion, du groupe des personnes structurantes pour l’initiative. Membre du comité de pilotage, elle se définit comme une personne ayant un profil « gestion » contrairement à d’autres personnes qui sont pour elle « vision » (cf. chapitre 2 point 1.1.). Elle est membre élue d’une des instances de gouvernance du projet.

Elle est respectée et écoutée par tous, Muriel dira d’elle : « J’avais d’ailleurs demandé à Manon, que j’avais très rapidement rencontrée - j’avais compris qu’elle chapeautait un peu tous les…tout le monde… »

Stéphanie 60-70 A fondé et été