La figure du réserviste

L'engagement du réserviste consiste à réaliser des actions ponctuelles sans appartenir à un groupe de travail en particulier. En pratique, un mail est envoyé à l’ensemble des coopérateurs (ceux ayant renseigné membre actif et réserviste) pour informer d’une action à venir et les premiers inscrits y participent.

Et donc, j’ai dit à Fanny: « est-ce que quelqu’un pourra me donner un petit coup de main au cas où il y ait des questions… ? » Et donc eux, ils lancent un petit appel dans le Groupe Recrutement et il y a deux filles du quartier…qu’on ne se connaissait évidemment pas mais elles n’habitent pas très loin, qui sont venues. C’était hyper sympa parce qu’elles se sont jointes…ce n’est pas qu’elles étaient derrière le stand, devant les clients, mais elles se sont jointes, tu vois. Elles ont demandé des…une pelle. Elles se sont mises à travailler. (Alexandra)

Ces membres sont décrits comme :

« Plus qu’un groupe en tant que tel, c’est une petite armée de membres prêt à aider pour effectuer des tâches ponctuelles en renfort pour des petites missions spécifiques (permanences au local, participation à des salons ou à des vide-greniers dans le quartier, acheminement de matériel, etc.). »87

Le réserviste n’est pas dédié à un groupe de travail mais peut choisir de le faire par affinité. Il ne participe pas aux réunions de travail mais a le droit de vote lors des Assemblées Générales et de faire ses achats dans le groupement d’achat.

« Alors, au sein de La Louve là moi je suis avec X pour tout ce qui est eh bien réception de commandes, préparation des commandes faites par Internet par les coopérateurs […]je n’étais pas sûr d’être capable de m’intégrer à un groupe de réflexion par exemple ou de mise en place d’un système […] Je préférais être sur un créneau efficace où là je ne me pose pas de question je suis là, je suis présent je fais ce que j’ai à faire ». (Jean) 1.3.2 Le membre actif

Les membres actifs participent à l'élaboration du projet, ont le droit de voter aux AG et de faire leurs courses au sein du groupement d’achats (quand celui-ci existait). Ils intègrent une équipe dédiée, ce qui suppose de suivre un projet et demande un investissement en temps qui peut être de quelques heures par mois à plusieurs dizaines d’heures par semaine. C’est sur l’engagement de ces membres actifs que la grande part du travail est réalisé.

Avant que l’ensemble des groupes ne soient saturés, les membres qui se déclaraient « actifs » passaient généralement par une trajectoire commune. Ils commencent par une phase de découverte de La Louve, où après avoir assisté à une réunion d’information, ils sont enrôlés dans le travail :

je me suis retrouvé à assister à un COPIL en tant qu’invité et puis…voilà, cela s’est fait comme cela. Il y a vraiment beaucoup de choses à faire très vite. (Olivier)

Cette première phase est empreinte d’un enthousiasme sur la création de ce projet :

Enfin j’étais tellement motivé que…le…j’ai découvert La Louve le jeudi. Le samedi je l’ai rencontré à une brocante. Ils m’ont dit : « la prochaine réunion d’information c’est dans un mois et demi ». Je n’avais pas envie d’attendre un mois et demi. Il me dit : « et bien, le mercredi soir, il y a des soirées convivialité. Il peut aussi avoir des personnes extérieures qui viennent et tout ». Le mercredi d’après j’y étais. Il y avait une soirée chocolat et puis là, pareil, ils m’ont dit : « mais, est-ce que tu peux attendre deux semaines » parce que ça allait être les ouvertures des souscriptions dans deux semaines, donc voilà, pour aller directement à la coopérative. Et…au début…et puis, je leur ai dit : « mais moi, je adhérer m’investir quoi. Je… » Au début, en fait, je ne savais même pas si j’allais…si j’allais être - comment dire - bénéficier de ce qu’ils proposaient quoi.

a des aspects très concrets - mais (…) là on allait vraiment à la rencontre…des gens dans la rue, dans les assos…sur les stands…des manifestations diverses et variées dans le quartier, enfin voilà. C’était super intéressant. (Fanny)

Avec des personnes qui sont considéré comme stimulantes :

Eh bien, je suis dans le Groupe Recrutement avec M and M, 2 M. Donc je fais beaucoup…cela j’aime beaucoup parce que c’est expliquer aux gens les permanences, voire aussi les réunions d’information (…) notamment quand ce sont des gens qui expliquent bien, qui sont clairs, pédagogiques ou encore qui ont un discours qui porte, un discours militant très affectif quoi. X, hein, c’est passionnant. Je n’ai jamais écouté Tom faire la présentation. Manon j’adore hein. Elle est très…elle doit être formatrice quelque part. Elle fait cela très, très bien. (Alexandra)

Cet enthousiasme se traduit dans le travail

Elle m’a dit : « voilà, le groupe est en train de se former. On n’a personne qui connaît un peu la livraison, si tu voulais nous éclairer un peu de ta pratique, quoi, comment cela se passe et au niveau législatif, etc. ». Et donc j’ai dit : « ok, et bien je veux bien venir ». Je suis venu et, comme le groupe m’a plu, qu’il y avait des gens sympathiques, c’était un petit groupe et tout, on s’est bien entendu. J’aime bien Agathe, j’aime bien Fabrice. […]. Il va falloir qu’on propose des solutions de livraisons aux gens qui vont vouloir être livrés…des solutions moins chères. c’est un petit groupe… Le groupe Livraisons, on a plus de temps et on peut réfléchir…à des solutions à proposer aux coopérateurs pour…être livrés puisqu’il y en a qui habitent loin. Et bien en fait on va proposer aux coopérateurs plusieurs système de livraison. On essaie d’avoir des prix dans les parkings, pour ceux qui voudront venir en voiture. On cherche des solutions avec AutoLib, avec Zipcar. Ensuite là, pour les gens qui aiment faire du vélo et qui iraient faire leurs courses en vélo, on est en train de chercher des caddies qu’on pourrait accrocher derrière les vélos, […] on va proposer plusieurs pistes et, comme cela, les coopérateurs pourront choisir et, à chaque piste, on essaiera de trouver le meilleur prix. Là, on a trouvé un garage qui est prêt à facturer au quart d’heure, plutôt qu’à l’heure, ce qui fait que, si on déborde, on est moins stressé […] on va faire une espèce de carte avec toutes les places de parking qu’il y a de libres pour que les gens qui veulent venir en voiture ne galèrent pas trop et puissent se garer. Il y a encore d’autres pistes de covoiturage, aussi. On essaie de réfléchir à un site Internet de La

partent et si comme cela des gens veulent les accompagner faire les courses à plusieurs. (Ronan)

c’est hyper différent et c’est marrant parce que c’est très opérationnel en fait et c’est cela qui me plaît. C’est…là moi je suis plus sur quelque chose de…je suis à des milliers de kilomètres des usines…enfin, c’est très théorique et donc…non, c’est très différent et cela m’a permis de comprendre que, en fait, j’ado…j’avais besoin de concret, que…je ne voyais pas le temps passer en travaillant à La Louve et que je n’avais pas besoin de…d’éléments rémunérateurs derrière non plus pour…m’investir et donner du temps. (Camille)

Après cette phase, le membre teste différents groupes

Du Groupe Aménagement…et bien je me suis dit que ce serait bien aussi que je sois dans le Groupe Appro. Et je suis arrivée au moment où, effectivement, je crois que j’ai eu cette chance-là d’arriver au moment où intégrer des groupes c’était facile parce qu’il suffisait que tu dises : « oh oui, j’aimerais bien aller là… J’aimerais bien faire cela et puis faire cela » et du coup tu pouvais le faire […]Et le dernier groupe, là où je suis rentrée et bien c’était pour le Jeu de La Louve, donc Convivialité et…j’ai vu passer qu’il y avait une histoire de Jeu de La Louve : « tiens, hop je vais y aller ». (Sandra) Et je me suis dit : « pourquoi pas la com ». Après, quand j’ai vu ce que c’était…comme les Recrutements, je me suis dit : « et bien non » … Donc j’ai vu l’Evènement. J’ai rencontré Marie-Hélène, j’ai dit : « non, je ne suis pas tout à fait aussi radical qu’elle ». Et, en réfléchissant, je me suis dit : « tiens, je participerai bien à comment on pourrait s’organiser, faire en sorte que tout le monde reste bien ensemble ». (Antonin)

Les personnes les plus impliquées peuvent devenir coordinatrices après quelques semaines d’activité, elles sont désignées la plupart du temps par le noyau central de La Louve, de par leurs compétences et le temps accordé au projet :

bien il y a un an où là vraiment Olivier (Ancien pilote) il nous a contacté avec X en nous disant : « et bien moi je me détache un peu de La Louve, est-ce que cela vous dirait

1.3.3 Le coordinateur

Les coordinateurs supervisent les bénévoles dans le cadre des groupes de travail. Chaque groupe comprend 2 ou 3 coordinateurs :

« parce que la vie personnelle et/ou professionnelle peut vous réclamer ... Il est utile d’avoir 2 et peut être 3 personnes qui puissent assurer le rôle de coordinateurs dans les équipes pour vous remplacer mutuellement en cas d’absence. »88

Les coordinateurs assurent plusieurs rôles, bien définis par la fiche de mission qui leur est envoyée lors de leur affectation. Ils assurent aussi bien le suivi du groupe que la bonne réalisation des tâches :

« L’objectif général de l’équipe que vous coordonnez est bien sûr la réalisation de son plan d’actions. Mais votre rôle comporte d’autres aspects très importants : animation, motivation des bénévoles, transmission des informations, suivi d’indicateurs, recherche de nouveaux membres... La mission de coordinateur/trice implique donc un engagement supplémentaire. Etes-vous en accord avec les termes définis ci-dessous et les acceptez- vous ? Cet engagement n’est que moral bien sûr, mais il est important pour tous. En retour, La Louve aussi, via l’ensemble de ses pilotes réunis dans le comité de pilotage s’engage envers vous. Merci d’avance ! »89.

Même si les groupes travaillent en toute autonomie, le coordinateur réfère au comité de coordination de l’avancement de son groupe.

1.3.4 L’expert

L’expert n’est pas un titre statutaire mais une reconnaissance honorifique du projet de certains de ses membres ou de personnes en externe. Cette catégorie est ressortie à partir de l’analyse de l’observation de l’activité au sein de La Louve. Ce statut est hautement valorisé par le projet. La figure de « l’expert » ressort comme fondamentale au sein de La Louve. En effet, le fonctionnement de cette initiative lors de sa phase de construction place les individus compétents au centre du modèle, les personnes les plus impliquées sont « des experts dans leur domaine ». Les jugements se forment donc au regard de leur expertise. Ces experts peuvent être des membres spécialistes dans un domaine précis ou des personnes non membres de La Louve mais reconnues dans leur domaine (par exemple, le recours aux conseils du « meilleur ouvrier »

de France en fromages pour l’approvisionnement ou les conseils d’une membre qui est chef de cuisine dans un prestigieux établissement pour le choix de fournisseurs en fruits et légumes. Ces experts servent aussi bien dans la communication interne qu’externe du projet :

« X, chef de cuisine et nouvelle membre, nous a, discrètement, sérieusement et rapidement, trouvé un collectif des 60 fermes en plus-que-bio, de haute qualité, aux prix raisonnables qui, il nous semble, sera notre fournisseur principal pour des fruits et légumes de saison. Elle se branche sur les œufs et la viande. »90

Ainsi au sein de La Louve, l’expert et les membres fondateurs sont ces figures centrales qui représentent la référence, lorsque les membres parlent d’eux, ils citent leur prénom, à côté les figures périphériques sont constitués par l’ensemble des autres membres, interchangeables et anonymes.