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Chapitre 3 : Cadre méthodologique

1. Résultats Reconstitution des itinéraires individuels

1.2.1 Cinq points saillants qui participent au façonnage de l’IP de Tom

1.2.1.4 Les effets contradictoires des visites en classe

Les visites de la tutrice et de l’inspecteur constituent des moments particuliers dans le processus de façonnage de l’IP du PEFI. Ils permettent d’identifier l’activité reconnue par lui comme étant celle d’un enseignant.

Les visites de la tutrice le rassurent et lui sont profitables : « on a besoin de savoir où on en

est, là, par exemple lundi, ça m’a fait du bien d’être rassuré sur ce projet temps que je fais depuis quatre semaines, sans avoir aucun écho » (ACS du 26.03, UA 28). Il constate

notamment que « quand on est dans l’action, on [ne] s[e] rend pas compte » qu’il y avait « eu

une longue phase d’oral où les enfants avaient pas beaucoup écrit » (ACS du 26.03, UA 19).

Au cours des ACS, il précise les conseils qu’il a reçus de la tutrice et de l’inspecteur pour améliorer la gestion des apprentissages : alterner l’écrit et l’oral (ACS du 26.03, UA 19), mieux gérer le tableau en rendant plus visible, en espaçant plus les lignes (ACS du 26.03, UA 10), fixer la feuille sur la table en graphisme afin que l’élève ne déplace pas la feuille ni sa main, et ne pas proposer des tracés supérieurs à 30 cm pour rester dans le graphisme et ne pas être en motricité (ACS du 12.05, UA 32). Le conseil de la tutrice, avec laquelle le PEFI « avait quand même évoqué le côté gestion de la classe » constitue un « déclic » (ACS du 20.10, UA 7). Au terme de la visite, les conseils prodigués par la tutrice sont « un vrai

soulagement ». Le stagiaire perçoit que « tout s’est bien passé », que « l’entretien a été très positif », et que les conseils prodigués l’ont été « de manière à encourager la chose », ce qui

l’a « rassuré » (ACS du 15.12, UA 60). Tom perçoit la reconnaissance de son travail par la tutrice.

En situation d’observation, le PEFI ne se sent pourtant plus enseignant. Il y a dans sa classe une personne qui l’évalue, « donc du coup [il n’est] plus vraiment prof puisque [il est]

évalué ». Il considère qu’il y a « une inversion » (Tom signifie par là le passage de

l’enseignant à l’étudiant) en raison de ce regard d’un autre enseignant. Voir la personne qui l’évalue prendre constamment des notes est « super angoissant » et lui « fait peur » (ACS du 15.12, UA 60). De même, l’inspection est vécue comme « le pire », elle « accapare » (ACS du 26.03, UA 27) Tom qui est « sur ses gardes » lors de la visite, et qui met l’accent sur ses préparations en attendant l’inspecteur, quitte à mettre de côté d’autres travaux comme le

mémoire (ACS du 26.03, UA 27). Tom insiste sur le côté impressionnant de cette visite et considère que « c’était pas des conditions ordinaires d’enseignement, il y a quelqu’un qui

surveille, et puis il circulait, il notait tout » (ACS du 12.05, UA 32). La situation d’inspection

qu’il appréhende n’est pas celle d’un enseignant, parce que « quand on est enseignant,

normalement, on n’a pas la trouille quand on est dans la classe. Or là, c’était quand même le cas ; donc là, c’était pas trop enseignant » (ACS du 12.05, UA 32).

Même si l’entretien post-leçon mené avec l’inspecteur le satisfait également (« il m’a donné

énormément de conseils après, lors de l’entretien »), il lui renvoie dans le même temps la

perception de connaissances lacunaires, et pointe ainsi ses besoins de formation : « ça montre

à quel point on croit savoir des trucs, et puis en fait on sait rien. C’était affolant, et puis c’était incroyable de clarté. Tout ce qu’il disait, c’était d’une telle évidence, et puis j’y avais pas pensé. C’est impressionnant » (ACS du 12.05, UA 32). Le bilan qu’il effectue avec lui

constitue ainsi un état des lieux qui met l’accent sur le travail à réaliser encore afin de poursuivre le développement de son activité ; autrement dit, qui pointe une IP d’enseignant en devenir. L’inspection amène Tom à poursuivre typiquement des motifs renvoyant au mobile « être étudiant ».

ACS du 12.05 UA 35, Raisonnement : [pour] montrer qu’on maîtrise un minimum la compétence huit, maîtriser les TIC, [pour] valider une compétence et [pour] que ce soit plus clair pour autrui, [faire en sorte que] les fiches de préparation soient plus propres à lire, [en] cédant à l’ordinateur pour les fiches de préparation pour les visites.

Le stagiaire souhaite que l’inspecteur lui valide un maximum de compétences, en particulier la compétence huit du référentiel de compétences (Maîtriser les Techniques de l’Information et de la Communication TIC23). Pour ce faire, il présente des fiches de préparation tapées à l’ordinateur, alors qu’hormis lors des visites, il utilise rarement son ordinateur pour ses préparations. L’appréhension de la visite d’inspection l’amène, par moments, à modifier son activité, en renonçant à certains apprentissages pour « ne pas trop sortir du lot » en raison de l’évaluation.

ACS du 26.03, UA 20, Raisonnement : [pour] ne pas trop sortir du lot, [faire en sorte de] renoncer à tenter certains apprentissages, [en] s’arrangeant pour

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rester dans la classe pendant une visite d’inspection et [en] ne prévoyant pas de choses particulières, spécifiques.

Mettre en place de nouvelles opérations pourrait perturber les élèves et remettre en cause la réussite de sa séance. Or le stagiaire veut donner à voir une séance bien maîtrisée, afin, avant tout, d’être validé (motif d’étudiant) pour pouvoir être titularisé. Il conçoit ainsi son activité sans prise de risque. Seuls les conseils formulés par une formatrice de l’IUFM et relatifs à la passation des consignes sont testés par le PEFI dès le lundi suivant, même si c’est le jour de son inspection. Ils le sont parce que le stagiaire estime ne pas prendre beaucoup de risques à mettre en œuvre ces nouvelles opérations : « c’est difficile de le louper, quand même, ça (…)

c’est quelque chose qui demande pas du tout de complication, ou d’organisation particulière » (ACS du 26.03, UA 37).

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