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Chapitre 3 : Cadre méthodologique

1. Résultats Reconstitution des itinéraires individuels

1.2.1 Cinq points saillants qui participent au façonnage de l’IP de Tom

1.2.1.2 La théâtralisation dans le contrôle de la classe

Tom est particulièrement préoccupé par la question du personnage à jouer pour contrôler la classe. Il considère que l’enseignant doit adopter une attitude ferme pour maîtriser la classe mais souhaite aussi montrer une part d’humanité.

Extrait de l’ACS du 17.06, UA 10

Oui, ça, c’est la question du personnage, cette question du personnage devant les élèves, qu’il faut que je trouve encore, qu’il faut que j’affine un peu, parce que je suis pas au clair là-dessus (…) pour avoir un peu, je dirais une main de fer dans un gant de velours, hein, c’est un peu, c’est cet espèce d’équilibre qu’on cherche un peu tous, et qui est difficile à trouver surtout au début, et quand on débarque là dans une classe qui fonctionne déjà et qu’on connaît pas beaucoup, oui, ça rejoint cet équilibre entre, entre la fermeté d’une part, et puis la, l’humanité du prof d’autre part.

Extrait de l’ACS du 17.06, UA 13

J’essaie de représenter le même personnage (…). C’est compliqué de trouver cet équilibre entre la bienveillance et puis en même temps il faut quand même qu’on reste à notre place, et les élèves à la leur, et… pfff (soupire) ouai, c’est un vrai problème, ça, hein (…). Ca relève du, de comment on va se comporter en classe, de comment on va prévoir ce qu’ils peuvent faire comme bêtise à l’avance, ça relève du personnage qu’on veut présenter, est-

ce qu’on est là pour être sympa avec eux, est-ce qu’on est juste là pour qu’ils apprennent mais alors c’est désincarné de quelque chose d’humain, est-ce que… pfff… ah oui, ça c’est très très compliqué. C’est peut-être le plus dur, parce que finalement les leçons… c’est pas… et puis euh, on leur dit de faire le travail, en général ils le font, ça c’est pas le plus dur, c’est peut-être cette question du positionnement, du personnage du prof. Et ça, on peut trouver la réponse dans aucun bouquin. C’est que en soi qu’on peut la trouver. Et… pas facile.

Extrait de l’ACS du 12.05, UA 4

J’ai pas l’habitude [d’être ferme], et puis c’est pas mon caractère d’être comme ça, c’est un personnage, là, j’ai l’impression de tirer la tronche toute la journée un peu, alors que je suis pas comme ça.

La difficulté éprouvée par Tom est liée au fait que cette posture ne se trouve « dans aucun

bouquin ». Ainsi, il tente de concilier au mieux le besoin de tenir la classe et celui d’être

« bienveillant », en essayant d’avoir « une main de fer dans un gant de velours ». Tom a « besoin de tout contrôler » (ACS du 20.10, UA 11), mais il a l’impression de « patauger

dans la choucroute » (ACS du 20.10, UA 8). Pour maîtriser la classe, il suit la prescription

énoncée par les formateurs de l’IUFM.

ACS du 26.03, UA 7, Prescription : oui, les règles, de la classe voilà, on avait eu des cours sur… dès le début de l’année (…), donc voilà, je l’ai fait.

ACS du 26.03, UA 2, Prescription : il fallait tout de suite les mettre aussi au travail, pas les lâcher, j’avais vraiment, j’avais pensé, prenez vos crayons, alors d’abord on a fait une vérification euh est-ce que vous avez votre matériel, bon, c’était des conseils qu’on avait eus à l’IUFM.

Le principe de ne pas punir le premier jour que s’est fixé Tom est immédiatement invalidé par ses collègues de l’école pour lesquels, il est nécessaire de « marquer le coup » dès le premier jour. Ces nouveaux tiraillements s’ajoutent à ceux précédemment exposés.

Extrait de l’ACS du 12.05, UA 6

Alors il y a des collègues qui m’ont dit le midi, ah, tu sais, tu devrais quand même marquer le coup dès aujourd’hui, si y’en a un vraiment ça se passe pas bien, ou que tu le reprends trois fois de suite à l’oral et que ça coupe la classe, tu lui fais recopier quelques lignes mais, histoire de marquer le coup.

Extrait de l’ACS du 17.06, UA 13

Tu leur en mets tout de suite une là, à quatre heures, comme ça ça les calme. Grosso modo c’était ça.

En sanctionnant au début, le PEFI poserait ses limites et ferait comprendre aux élèves jusqu’où ils peuvent aller. Mais Tom résiste. Il ne souhaite pas sanctionner dès le premier jour, afin de « ne pas jeter un froid » (ACS du 17.06, UA 9). Il essaie ainsi de « tenir le choc

pour ne pas distribuer de punitions le premier jour » (ACS du 12.05, UA 6), pour que les

élèves aient envie de revenir en classe le lendemain. Pourtant, il est obligé de faire preuve d’autorité afin de ne pas se faire déborder. Il s’arrange alors pour qu’à la fin de la journée les élèves aient deux avertissements au maximum et non trois, ce qui serait synonyme de sanction pour eux en référence au règlement mis en place. Par là, il veut faire en sorte que les élèves « se sentent en confiance », et ainsi « entre[nt] plus facilement dans les apprentissages » (ACS du 17.06, UA 12).

Bien que marquant une distance vis-à-vis des ressources fournies par les collègues, Tom ne parvient à écarter totalement et définitivement leurs conseils. Il n’est « pas vraiment d’accord

avec eux, non. 2on. Et puis bon en même temps, oui, ils ont l’expérience, ils connaissent bien l’école, ils savent bien comment ça se passe, donc… peut-être ils ont raison, peut-être ils ont tort, je ne sais pas, mais moi je vois pas les choses comme ça » (ACS du 17.06, UA 13). Ce

sentiment est renforcé lorsque ses collègues lui demandent comment était « le premier

round », adoptant alors « un vocabulaire un peu de boxe » (ACS du 12.05, UA 6). Les

perturbations occasionnées par des élèves qui essayent de voir jusqu’où ils peuvent aller avec lui constituent une contrainte au fonctionnement de son activité d’enseignant et le conduisent à écarter ses principes pour adopter une attitude plus ferme dès le deuxième jour de stage. Il décide de « n’autoriser aucun déplacement sans qu’ils [les élèves] n’aient levé le doigt », de « n’autoriser aucun bavardage sans que ce soit justifié », et d’ « être strict là-dessus tout le

temps », pour qu’il n’y ait pas de relâchements en entraînant d’autres plus difficiles à

rattraper, ceci afin que les élèves apprennent mieux (ACS du 12.05, UA 4). A travers cette activité, Tom ne semble pas être en mesure de construire de mobile intermédiaire entre contrôler la classe et favoriser les apprentissages. Construire sa légitimité en classe passe pour lui par la maîtrise de la classe ou l’efficacité des apprentissages réalisés par les élèves. Ainsi, les tiraillements du PEFI à propos des conseils des collègues (les suivre ou s’en affranchir) concernant les bavardages des élèves, leurs déplacements et leur façon de le tester, constituent

également des ressources au développement de son activité, en ce sens qu’il met en place de nouvelles opérations et déplace ses motifs.

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