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DEUXIEME PARTIE - ETUDES DE CAS

I- Les différents champs d’investigation retenus

Eu égard aux problématiques soulevées en ce qui concerne le patrimoine, le tourisme, les musées ou encore le développement local et en considérant notre positionnement sur la question, divers domaines d’étude ayant pour but de mettre en lumière des cadres d’investigation ont été sélectionnés. Ces derniers font office d’indicateurs en ce qui concerne l’impact en terme de développement local de nos études de cas. En dehors d’une compilation et d’un classement de différentes sources exposées plus en avant dans notre travail, nos choix ont été en partie guidés par les travaux de Juan Ignacio Vidarte sur le Musée Guggenheim150. Avant d’entrer plus profondément dans le vif du sujet, nous souhaitons rappeler une nouvelle fois notre positionnement sur le développement local qui a pour nous deux aspects :

- une dimension économique dont l’expression la plus commune est le tourisme

- mais également un aspect didactique. On parlera ici du patrimoine appréhendé en tant qu’outil de connaissance et éducatif.

Notre travail consiste à utiliser une approche globale centrée sur les Sciences Humaines afin d’apporter des réponses à notre problématique de recherche.

150 Juan Ignacio Vidarte, Directeur Général du Musée Guggenheim de Bilbao, Le musée Guggenheim de Bilbao, la culture en tant que variable de développement, Actes du Quatrième Sommet du Tourisme, 11-13 Décembre 2002, Genève

1- Historique du site

Tout en exposant brièvement les caractéristiques historiques et archéologiques du site avant son abandon, nous nous focaliserons sur la façon dont il a été perçu depuis sa découverte ou sa redécouverte par les populations locales et les puissants. Ce degré d’appropriation nous apparaît comme une donnée significative aboutissant à certaines situations actuelles. C’est donc dans un esprit du type « temps long » que l’analyse de l’historique de chaque expérience sera menée. L’idée sous-jacente de ce travail est de mieux appréhender la complexité des processus de mise en valeur patrimoniale.

2- L’histoire du projet : jeu d’acteurs et approche technique

Le deuxième élément à étudier a trait aux acteurs qui ont décidé de protéger et de mettre en valeur le site. Quels sont ceux qui ont joué un rôle de leader au début du processus de valorisation ? S’agissait-il de structures politiques, de scientifiques, d’associations, d’institutions internationales du type Unesco ? Quelle était la finalité première du projet de mise en valeur (volonté touristique, économique, urbanistique, culturelle) ? A-t-on observé un phénomène de gouvernance territorial ? Y a-t-il eu association de la population dès la genèse du projet ?

Suite à l’analyse des éléments déclencheurs, on s’interrogera sur sa mise en œuvre technique. Quels domaines de compétences ont été rassemblés pour mener à bien le projet (culture, tourisme, aménageurs..) ? Quels types d’acteurs ont participé au projet (ingénieurs, scientifiques, spécialistes du tourisme…) ? Comment se sont déroulées les différentes phases de l’ingénierie de projet (association, présence d’études amont, d’études d’impact…) ? Le but de ces questionnements est de savoir dans quelle mesure le projet a intégré la thématique du patrimoine dans sa globalité telle que nous l’avons définie plus en amont.

En bref, il s’agira de relater l’historique de chaque étude de cas en soulevant les interrogations mises en avant ci-dessus. Ces dernières concernent :

- la nature des acteurs ayant impulsé le projet et leur volonté première,

- le caractère global de l’approche technique amont et de la phase opérationnelle. Le but est d’appréhender l’intégration ou non du projet muséo-patrimonial dans le tissu local et donc dans le développement territorial en obtenant un certain nombre de variables suite aux réponses fournies par les interrogations mentionnées ici.

3- Les choix muséographiques

Nous faisons l’hypothèse que les partis pris muséographiques ont un impact fort en ce qui concerne notre vision du développement local pour les musées de sites archéologiques.

Ainsi, les décisions relatives à la muséographie feront l’objet d’investigations en lien avec la nature des acteurs techniques impliqués tant au niveau des décideurs que de celui des techniciens. On pourra se demander quelles conséquences l’ensemble des éléments ayant trait à l’historique du site et à la phase amont du projet ont bien pu avoir sur les choix muséographiques et muséologiques. Les différentes options proposées au visiteur quant aux parcours muséographiques et à la présentation de l’exposition permanente, le niveau d’intégration des attentes du public, l’association de la population locale ou encore l’existence ou non d’une approche interdisciplinaire guideront nos réflexions.

4- Equipements et activités connexes

Les questions relatives à l’importance des équipements connexes à l’exposition permanente du musée dont nous avons dressé la liste dans notre paragraphe consacré à cette thématique feront l’objet de recherches approfondies. Les interrogations soulevées concerneront l’importance de chacun de ces équipements dans une perspective de développement local. Il en va de même pour les activités connexes à la présentation de la collection permanente. Nous entendons par là les expositions temporaires mais aussi toute autre forme de manifestations à connotation culturelle ou artistique (concerts, spectacles de danse, défilés de

mode, manifestations diverses…). Cela vaut également pour les programmes éducatifs spécifiques destinés à certains publics (scolaires, personnes handicapés, etc…).

5- Gestion, intégration touristique et politique de communication

Les processus de gestion mis en place pour ce qui est du management du musée de site et de sa stratégie de développement doivent nous éclairer sur l’impact du musée envers ses publics et son territoire mais également sur son attractivité. Il sera ainsi intéressant de mesurer la nature des acteurs impliqués et intégrés dans la gestion de l’établissement tant au niveau financier que technique.

L’intégration touristique du musée et du site archéologique au sein de l’offre touristique locale, régionale, nationale voire internationale sera en outre un élément à prendre en compte. Il en va de même pour l’intégration du produit touristico-culturel au niveau de sa commercialisation auprès des tours opérateurs et des institutions touristiques locales, régionales, nationales et internationales. On pourra donc en parallèle tenter d’intégrer les politiques de communication en matière touristique et culturelle en se demandant en particulier vers quelles institutions et pour quels publics cibles, les établissements communiquent.

6- Impact en terme de développement local

Tout un ensemble de données quantitatives et qualitatives doit offrir des paramètres liés à la situation du musée quant à son impact sur son territoire. Pour ce faire, nous proposons d’intégrer les données suivantes, susceptibles selon nous, de nous donner les moyens de mesurer l’impact du site et du musée en terme de développement local :

- le nombre de visiteurs et son évolution sur un certain nombre d’années en distinguant leur origine géographique, leur âge, leur catégorie socio-professionnelle, la fréquence de leur visite. La façon dont la visite s’est effectuée (groupes, couple, solitaire) et enfin les raisons qui les ont poussés à venir voir ce site en particulier et le cadre dans lequel s’inscrit la visite (tourisme dans la région, passage, résidents).

- Le ressenti de ces mêmes visiteurs sur la visite. Qu’ont-ils appris et qu’auraient-ils souhaité apprendre au cours de la visite ? Quel est leur degré de satisfaction pour ce qui est de paramètres tels que l’accueil, les explications, l’accessibilité, les services offerts par le site et le musée ? Se sont-ils divertis lors de leur visite ? Leur a-t-elle procuré de l’émotion ?

- Les propositions qu’ils feraient pour améliorer la visite et le contenu de l’exposition. - Le nombre d’emplois générés par l’activité du musée, le budget qui est consacré au

fonctionnement de l’institution et les recettes réalisées par l’établissement.

7- Méthodologie

Les divers points à analyser font l’objet de méthodes spécifiques de recueil d’informations. Ils impliquent cependant dans tous les cas un vaste travail d’entretien et de compilation de données.

Ainsi, le premier point concernant le recueil d’informations historiques sur le site se base sur la consultation de documents historiques. Les sources écrites et iconographiques sont ainsi mobilisées pour donner un aperçu de l’Histoire du site avant sa redécouverte ou sa mise en valeur.

Le deuxième point a trait à l’historique du projet de mise en valeur du site. Cette étape de notre démonstration est appréhendée grâce à une série d’entretiens avec les acteurs gravitant autour de la sphère du musée et des problématiques de la conservation et de la valorisation. Au premier rang de ceux-ci, on trouve les conservateurs actuels et les différents services de l’institution muséale. Les départements de l’établissement que nous avons privilégiés de sonder sont ceux de la connaissance du public, de la promotion touristique ainsi que les responsables de la muséologie et de l’action culturelle. Il est en outre intéressant de noter l’existence ou l’absence de ce type de services dans les expériences sélectionnées. L’ensemble des acteurs en lien avec les problématiques culturelles et touristiques sur le territoire (Ministères, Office de Tourisme, DRAC et équivalents étrangers, conservateurs du patrimoine, élus, associations, etc) bénéficient aussi d’entretiens de façon à récolter une information aussi large et complète que possible.

Ces entretiens permettent de surcroît de collecter tout un ensemble de données concernant les autres axes de notre travail de recherche : des informations portant sur les choix muséographiques, les activités annexes, la gestion, la politique touristique, la politique de communication, la connaissance des publics ou encore l’impact en terme de développement local.

Un guide d’entretien destiné aux conservateurs ainsi qu’une autre version du même type dédiée aux autres acteurs du tourisme et de la culture ont été réalisés afin de répondre à toutes les thématiques soulevées ici. Il faut noter que les guides ne sont qu’une trame constituée de questions ouvertes et qu’en fonction du déroulement des interviews, certains thèmes peuvent être abordés ou à contrario passés sous silence (les exemplaires des deux grilles d’entretien sont consultables en Annexes).

Des études préexistantes, mais également les travaux des services dédiés au public au sein des musées ou encore des organismes touristiques, nous offrent par ailleurs la possibilité de mieux appréhender quantitativement et qualitativement l’impact des expériences que nous souhaitons étudier. Les données ainsi obtenues par le biais des diverses sources et des entretiens avec les acteurs gravitant autour du projet sont croisées et confrontées. Elles rendent possible la mise en avant des points positifs et négatifs des études de cas et le dégagement d’indicateurs permissifs et théoriques quant à la réussite d’un musée de site archéologique.

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