• Aucun résultat trouvé

DEUXIEME PARTIE - ETUDES DE CAS

III- Pointe à Callière, musée d’Histoire et d’Archéologie de Montréal Montréal

2- L’histoire du projet

Tout a débuté en 1970 lorsque des sondages archéologiques ont été effectués dans le quartier du « Vieux-Montréal ». Ces sondages ont permis d’identifier la présence de vestiges d’importance. A l’époque, deux phénomènes qui vont avoir une importance dans la décision de mise en valeur se conjuguent :

- il s’agit en premier lieu des succès rencontrés par le mouvement souverainiste québécois tant sur le plan politique que culturel159,

- d’autre part, le quartier du « Vieux-Montréal » est à l’époque très dégradé et les différents acteurs locaux, le Gouvernement Québécois et la ville de Montréal en tête, souhaitent le revitaliser.

La percée de l’idéologie souverainiste québécoise trouve dans la revitalisation du « Vieux-Montréal » un moyen de faire valoir l’identité culturelle québécoise au cœur de la première ville de la Province. On sait en outre que les vestiges présents dans le quartier sont ceux des premières traces de l’occupation française, ce qui encourage les autorités à poursuivre les fouilles.

159 Le Parti Québécois n’a cessé de monter en puissance depuis la fin des années 60 et obtient la majorité des sièges à l'Assemblée Nationale du Québec lors des élections de 1976. Avec 41.37% des voix, le parti envoie 71 députés au Parlement du Québec. Faisant perdre de nombreuses plumes à la fois au Parti libéral et à l'Union nationale, qui n'obtinrent respectivement que 33.78% et 18.20% des voix. En 1977, le PQ passe trois lois d'importance dont la loi 101, dite Charte de la langue française, qui fait office de première véritable politique d'aménagement linguistique du Québec.

Au début des années 80, un protocole d’accord entre le Gouvernement québécois et la ville de Montréal et visant à revaloriser le quartier du « Vieux Montréal », est signé. Une enveloppe budgétaire, répartie entre les deux acteurs à hauteur d’une contribution financière de 50% chacun, est votée. Le projet prévoit ainsi de poursuivre les fouilles pour les intégrer dans le processus de requalification du « Vieux-Montréal » en créant un musée susceptible d’être à la fois un outil scientifique, culturel et éducatif mais aussi un vecteur de développement économique et touristique pour le quartier. La création du musée de Pointe à Callière se présente dès le début comme un élément indissociable d’un projet de développement plus vaste se traduisant par une réhabilitation du bâti et la création d’infrastructures urbaines. Compte tenu de l’importance des découvertes réalisées, un troisième acteur, en l’occurrence le gouvernement fédéral, s’associe aux deux autres pour, dans un premier temps, participer aux fouilles archéologiques. Le gouvernement fédéral du Canada souhaite explorer plus en détails Pointe à Callière. Sa participation donne au projet une impulsion décisive dans l’optique de réaliser par la suite un équipement culturel et touristique de grande ampleur. Un consensus politique entre le gouvernement canadien, celui du Québec et la ville de Montréal s’installe pour mener à bien l’entreprise de valorisation des vestiges archéologiques mis au jour. Les habitants sont largement associés au projet. En outre, les habitants du quartier et les Montréalais s’approprient ce passé qui les lie au temps présent dans leur recherche identitaire vis-à-vis de leur caractère francophone. Des débats publics sur la nature du projet ainsi que des consultations sont organisés pour inclure les propositions de la population. Le projet intègre dès le départ une dimension pluridisciplinaire. En effet, une étude de faisabilité est réalisée en amont du projet. Cette dernière intègre des archéologues, des urbanistes, des muséographes ainsi que des spécialistes de la sphère touristique et économique. Les dimensions scientifiques, socio-économiques et touristiques du projet sont de surcroît prises en compte en amont de la réalisation du musée. Ainsi, une étude d’impact socio-économique en lien avec la requalification du quartier et le rôle du futur musée comme élément structurant est opérée par les financeurs. Des études visant à mieux connaître les attentes du public et les cibles touristiques de la future institution ont également vu le jour au cours de la phase pré-opérationnelle. Le patrimoine est ainsi appréhendé dans une perspective scientifique et touristique ayant pour finalité de créer une qualité environnementale pour le quartier. Le patrimoine archéologique est en outre inclus dans une démarche patrimoniale plus large car les habitations du quartier présentent aussi des caractéristiques architecturales du

XIXème siècle pour l’essentiel. Ces dernières font l’objet, comme nous l’avons déjà indiqué, de réhabilitations. Cela tend à mettre en avant la dimension globale du projet et sa bonne insertion dans le tissu urbain et socio-économique local où le patrimoine dans son ensemble est intégré comme une ressource du développement.

L’approche pluridisciplinaire qui a prévalu avant la phase de réalisation du projet entraîne des conséquences dans les choix muséologiques et muséographiques. Des incidences sont également palpables pour ce qui est des processus de gestion. On peut donc s’interroger sur l’impact d’une approche holistique amont s’inscrivant dans un projet global partagé ayant pour moteur de développement la mise en valeur du patrimoine. Notre hypothèse est que ce type d’approche est indispensable avant tout processus de mise en valeur. Elle permet de justifier les décisions politiques de mise en valeur en les inscrivant dans une démarche durable incluant l’ensemble des problématiques inhérentes au patrimoine puisque appréhendé scientifiquement, culturellement et touristiquement. En outre, l’insertion dans un projet urbanistique de requalification est un point d’appui favorisant une approche large et partagée du patrimoine. On peut enfin ajouter à l’ensemble des éléments permissifs mis ici en avant, l’importance de la gouvernance territoriale tant au niveau des autorités politiques que de la population locale.

Le tableau récapitulatif suivant propose d’identifier les différents partenaires du projet et la nature de leur participation.

Partenaires Communications Canada

Bureau fédéral de développement régional (Québec) Ministère des Affaires culturelles du Québec

Ville de Montréal

Gestion du projet Directrice: Francine Lelièvre, Processus inc.

Chargé de projet, architecture: Yves Roy

Chargée de projet, recherche/muséologie: Sylvie Dufresne

Architecte principal Dan S. Hanganu/Provencher Roy

Architecte-conseil Lemoyne Lapointe Magne Architectes et Urbanistes (Ancienne-Douane)

Ingénieurs en structure et génie civil Nicolet Chartrand Knoll ltée Ingénieurs en mécanique et

électricité

Liboiron Roy Caron & Associés inc. Entrepreneurs Construction Fitzpatrick Canada ltée

Construction Canvar Les entreprises Véral inc. Les fondations Géodex inc.

Muséographie Édifice de l'Éperon, multimédia: GSM Design Vestiges archéologiques: Le groupe d.e.s. inc. Ancienne-Douane: Design + Communications Exposition temporaire: GID Design

Recherche historique Raymond Montpetit, coordonnateur Paul-André Linteau, historien

Jean-Claude Marsan, architecte et urbaniste Jacques Mathieu, historien;

et leurs équipes Recherche archéologique et chantiers

de fouilles Ville de Montréal Société du Vieux-Port de Montréal Arkéos

Arkhis Ethnoscop

Groupe de recherche en histoire du Québec

Société d'archéologie et de numismatique de Montréal (S.A.N.M.)

Le coût total du projet de Pointe à Callière s’élève en 1992 à 27 500 000 Dollars canadiens. La répartition des contributions de chaque partie prenante fut la suivante :

Source : site Internet Pointe à Callière, http://www.pacmusee.qc.ca

Documents relatifs