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Le cadre d’analyse des données

1. Le traitement des données d’autoconfrontation

Les données d’enregistrement de la pratique ont été associées de façon synchrone aux données d’autoconfrontation. Le traitement de l’ensemble de ces données a été réalisé afin d’identifier les règles suivies par les pairs formateurs et les pairs formés. À partir de la procédure proposée par Chaliès, Bertone, Flavier & Durand (2008), les données recueillies ont été traitées en quatre étapes successives.

1.1. Étape 1 : la retranscription verbatim des données

Toutes les données d’autoconfrontation des deux dispositifs de formation DF1 et DF2 ont été retranscrites verbatim. La retranscription a été effectuée à l’aide du logiciel de reconnaissance vocale Dragon Naturally Speaking.

Ces données ont été ensuite associées aux données d’enregistrement ainsi qu’aux notes d’observation. Le Tableau 5 montre un exemple de cette association.

1.2. Étape 2 : le découpage des données d’autoconfrontation en unités d’interaction

Après la retranscription verbatim des entretiens d’autoconfrontation et leur association aux données d’enregistrement de la pratique, le corpus a été découpé en unités d’interaction.

Ces unités ont été délimitées à partir des objets des significations attribués par les acteurs eux-mêmes aux actions visionnées lors des entretiens d’autoconfrontation. Une nouvelle unité d’interaction était créée à chaque fois que l’interaction s’achevait et que l’acteur ou le chercheur reprenait la lecture de la vidéo visionnée. Le Tableau 5 montre également un exemple de découpage de l’unité d’interaction.

1.3. Étape 3 : l’identification de l’étayage de la signification

Pour chaque unité d’interaction, l’étayage attribué par l’acteur aux objets de signification a été identifié. L’étayage a été associé à l’ensemble des circonstances évoquées par l’acteur pour expliquer au chercheur comment signifier les actions à sa manière.

1.4. Étape 4 : la formalisation des règles

Pour chaque unité d’interaction, la règle énoncée par l’acteur pour signifier son expérience et en juger a été formalisée. Par convention, chaque règle a été étiquetée à partir (a) de l’objet de la signification attribuée par l’acteur, (b) de l’ensemble des circonstances évoquées

forme, chaque règle a été formalisée ainsi : [« Objet de la signification » vaut pour « ensemble des éléments évoqués par l’acteur pour étayer la signification » ce qui obtient comme résultat

« ensemble des résultats constatés et/ou attendus »]. Afin de respecter scrupuleusement le langage ordinaire des interviewés, chaque règle a été étiquetée à partir du vocabulaire des acteurs. À titre d’exemple [« (chanter la chanson de Bernie) » vaut pour « (chanter « Bernie, réveille-toi, Bernie, nous ne sommes pas tous là. Bernie, réveille-toi, Bernie, nous ne sommes pas tous là. Bernie, réveille-toi. ») » ce qui obtient pour résultats « de marquer le temps, de ce moment-là de la journée », « d’attirer l’attention de chacun sur l’activité dans laquelle on entre » et « ça crée le suspense »].

Le Tableau 5 présente un exemple du traitement effectué à partir des données issues de DF1.

Notes d’observation sur la pratique spécifique « Bernie : passeur de savoirs »

Pendant qu’un élève s’exprime, la maîtresse ne parle pas, mais elle fait des « chuts ! », elle regarde un élève inattentif et lui montre le tableau avec sa main.

Extrait de certains ne sont pas là. Je tente par ce geste de recentrer. Ce qui permet

Objet de la signification attribuée par le PFR : « je recentre l'attention de certains vers ce panneau » Étayage de la signification :

« je vois bien que certains ne sont pas là », « Je fais des petits « chuts ! », « Des petites choses qui pourraient re-capter mon groupe », « des gestes, des petits… » Ensemble des résultats constatés et/ou attendus :

« Je tente par ce geste de recentrer (le groupe) », « ce qui permet de laisser la parole à Guillaume », « sans interrompre la parole de Guillaume » Formalisation de la règle n° 28 :

[« je recentre l'attention de certains vers ce panneau » vaut pour les circonstances où « je vois bien que certains ne sont pas là », « Je fais des petits

« chuts ! », « Des petites choses qui pourraient re-capter mon groupe », « des gestes, des petits… » ce qui obtient comme résultats de « tente(r) par ce geste de recentrer (le groupe) », « ce qui permet de laisser la parole à Guillaume »,

« sans interrompre (sa) parole »]

Tableau 5 Exemple de traitement des données.

1.5. Étape 5 : l’enquête grammaticale synchronique et diachronique

La présente étude portant sur le langage ordinaire des membres de la communauté linguistique des enseignants, l’analyse a consisté en une double enquête linguistique : une enquête grammaticale synchronique et une enquête grammaticale diachronique.

L’enquête grammaticale synchronique a été effectuée à partir des autoconfrontations des pairs formateurs à leurs propres pratiques spécifiques. Pour chacune des pratiques spécifiques la procédure d’analyse a été la même : (i) l’ensemble des règles énoncées par le pair formateur afin de rendre compte de son activité a été présenté de façon chronologique, (ii) la signification spécifique attribuée par l’acteur à chacune de ces règles a été identifiée, (iii) ces significations ont été regroupées par air de famille en fonction de leurs similitudes sémantiques, (iv) les similitudes sémantiques ont été exprimées par des maillons intermédiaires (termes hypothétiques orientant l’attention vers la ressemblance, la connexion des faits), (v) l’ensemble des règles énoncées par l’acteur ont pu être regroupées en fonction de ces maillons intermédiaires fondant ainsi des systèmes de règles et (vi) une modélisation de la pratique spécifique du pair formateur sous la forme d’une vision simplifiée de systèmes de règles a pu enfin être proposée. À titre d’illustration de cette méthode, le Tableau 6 présente le détail d’un des huit regroupements de règles issues de l’analyse de l’EAC du pair formateur lors de DF1.

Il s’agit du regroupement de règles par le maillon intermédiaire « Chanter la chanson de Bernie ». Ce regroupement concerne les règles numérotées R1, R2 et R3. Le Tableau 6 présente ces règles, leurs objets de signification ainsi que le maillon intermédiaire permettant de les sommes pas tous là. Bernie, réveille-toi, Bernie, nous ne sommes pas tous là. Bernie, réveille-toi. » vaut pour

« (chanter) une chanson (la chanson de Bernie) » ce qui obtient pour résultats « introduit ce temps » et « se rappeler si tout le monde est là »]

[« (chanter la chanson de Bernie) vaut pour « un moment où tout le monde chante » ce qui obtient pour résultats de « rassembler le groupe », de « capter l'attention des élèves » et « amène Bernie à sortir (de sa maison) »]

(Chanter la chanson de Bernie)

R3

[« (chanter) la chanson » obtient pour résultats

« amener l'attention des élèves », « réveiller Bernie »,

« préparer sa venue dans la classe »]

(Chanter) la chanson

Tableau 6 Regroupement des règles par le maillon intermédiaire « Chanter la chanson de Bernie » lors de DF1.

Une enquête grammaticale diachronique a ensuite été menée relativement à chacun des maillons intermédiaires. Il s’est agi de retracer l’historicité de ces systèmes de règles depuis leur énonciation par le pair formateur jusqu’à leur apprentissage voire leur développement tout au long du dispositif de formation. À titre d’exemple au cours de DF1, les règles fondant le maillon intermédiaire « Obtenir l’attention des élèves » ont été d’abord énoncées par le pair formateur. Puis elles ont été enseignées au pair formé. Cette dernière les a d’abord apprises et mobilisées afin de justifier ses actions lors de sa première mise en œuvre ; puis elle les a interprétées lors de sa seconde mise en œuvre. L’enquête a donc consisté en un examen minutieux des données visant à raconter l’histoire des règles de chacun des maillons intermédiaires.

2. Le traitement des données d’enregistrement de la pratique,

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