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L’apprentissage du maillon intermédiaire « Jouer la voix de Bernie »

« Bernie passeur de savoirs »

2. L’apprentissage au sein du dispositif de formation DF1 20

2.2. L’apprentissage du maillon intermédiaire « Jouer la voix de Bernie »

La pratique spécifique « Bernie passeur de savoirs » gravite autour de son personnage principal. Afin de donner vie à ce personnage, le pair formateur utilise une voix spécifique pour la marionnette. À la fin du chant, l’enseignante prend la marionnette en main et s’adresse aux élèves en utilisant la voix de Bernie.

Le résultat relatif à l’apprentissage du maillon intermédiaire « Jouer la voix de Bernie » porte sur l’enseignement et l’apprentissage de la règle relative à l’utilisation d’une voix spécifique pour la marionnette.

L’analyse de l’activité du pair formateur permet de mettre au jour le système de règles mobilisé par ce maillon intermédiaire.

Pour le pair formateur, jouer la voix de Bernie permet aux élèves de distinguer l’enseignante de la marionnette. C’est ce que montre l’extrait suivant.

Extrait 8 (PFR – EAC – Pratique spécifique « Bernie passeur de savoirs ») Notes d’observation

La marionnette Bernie s’adresse aux élèves. La maîtresse joue une voix différente.

Extrait de l’EAC

Chercheur (32’34) : donc là tu changes de voix, tu gardes ta voix, tu...

PFR : je change de voix. Il y a Bernie et il y a moi. Ça aussi c'est important. Des fois je m’emmêle un peu les pinceaux. On le voit plus tard… (rire)… mais hop, je ramène. Mais ils savent. Ils savent que c'est moi. Ils savent que c'est ma main qui est dans la marionnette, mais... Mais il est beaucoup plus attractif que moi. Il a sa propre voix, et il a un rôle aussi différent du mien. Ce n'est pas la maîtresse.

Au cours de cet extrait, le pair formateur rend compte de son activité en énonçant la règle [« je change de voix » vaut pour « (prendre une voix différente pour Bernie) » ce qui obtient pour résultat « (jouer à) Il y a Bernie et il y a moi].

L’enseignante utilise une voix spécifique pour la marionnette Bernie.

Lors de l’EAC, le pair formateur explique que le fait de changer de voix implique qu’il y

Bernie et il y a moi. » Elle précise également que, selon elle, ses élèves ne sont pas crédules

« Ils savent que c'est moi. Ils savent que c'est ma main qui est dans la marionnette », mais que néanmoins ce personnage n’est pas la maîtresse, car « il est beaucoup plus attractif », « Il a sa propre voix, et il a un rôle aussi différent (de celui de la maîtresse) ».

Lors de l’enseignement ostensif, le pair formateur explique au pair formé que l’enseignante et la marionnette parlent à des moments distincts avec des voix différentes permettant ainsi aux élèves de distinguer l’enseignante de la marionnette. C’est ce que montre l’extrait suivant.

Extrait 9 (Enseignement ostensif PFR – PFÉ)

PFR (3’22’’) : donc là aussi, Bernie sort de sa maison, ils disent bonjour à Bernie. Pareil, il est là.

On capte l’attention sur Bernie, en lui disant bonjour, lui dit bonjour et on lui répond.

PFÉ : mais tu ne changes pas ta voix ? PFR : oui, un peu. Si, si.

PFÉ : d’accord.

PFR : oui il y a des moments où c’est Bernie qui parle, et il y a des moments où c’est moi qui parle. On est en fait associé lui et moi.

PFÉ : d’accord, donc tu prends une voix pour Bernie.

PFR : oui. Et que je n’arrive à prendre que quand je l’ai dans ma main. C’est rigolo… donc si tu veux que je te fasse la voix de Bernie ce n’est pas maintenant.

Chercheur : interroge PFR sur la voix, si tu as besoin de savoir des choses sur la voix…

PFÉ : non, mais c’est juste pour savoir si j’ai besoin de changer l’intonation. Puisque moi avec Épic j’ai la même chose. J’ai Épic, pareil, mais c’est ma voix finalement. Et les enfants me disent : « maîtresse, pourquoi c’est pas Épic qui parle et c’est toi qui parles ? » Parce qu’Épic n’a pas de voix, je suis obligée de parler pour lui.

PFR : du coup, ils ne font pas la part des choses entre le moment où c’est Épic qui parle et où c’est toi qui parles. Alors que moi c’est… mais je ne te cache pas… d’ailleurs on le verra… et je me reprends aussi… parce que quand il parle, quand moi je parle c’est je, et quand c’est lui c’est je aussi… si par exemple Bernie… bon ben on verra. Des fois je fais des petits dérapages au niveau langagier. Donc voilà, ce temps aussi où on pose les choses, Bernie arrive il est là, donc on arrête de chanter. C’est important ce temps où on lui dit bonjour. Parce que certains continuent à chanter alors que Bernie est déjà arrivé. Donc voilà, il est là maintenant, on est prêt à entendre ce qu’il a à nous dire, à répondre aux questions qu’il a à nous poser. Voilà.

Lors de cet échange, le pair formateur enseigne au pair formé la règle [« (utiliser une voix spécifique pour Bernie) » vaut pour « il y a des moments où c’est Bernie qui parle, et il y a des moments où c’est moi qui parle » ce qui obtient pour résultat « (de permettre aux élèves de faire) la part des choses entre le moment où c’est Épic qui parle et où c’est toi qui parles »].

Alors que le pair formateur arrête la vidéo afin d’expliquer la règle relative au réveil de Bernie « donc là aussi, Bernie sort de sa maison, ils disent bonjour à Bernie », le pair formé l’interroge sur la voix de la marionnette « mais tu ne changes pas ta voix ? » Le pair formateur en vient à préciser d’abord la règle se rapportant à l’utilisation d’une voix spécifique pour la marionnette. Le pair formateur explique au formé qu’elle prend effectivement une voix

spécifique pour la marionnette et qu’il s’agit de distinguer les moments où la marionnette parle de ceux où c’est l’enseignante qui parle « « il y a des moments où c’est Bernie qui parle, et il y a des moments où c’est moi qui parle ». Pour le pair formateur, utiliser des voix différentes évite que les élèves confondent les voix « ils ne font pas la part des choses entre le moment où c’est Épic qui parle et où c’est toi qui parles ».

Cet extrait montre également la préoccupation du pair formé quant à l’utilisation d’une voix pour la marionnette « c’est juste pour savoir si j’ai besoin de changer l’intonation. Puisque moi avec Épic j’ai la même chose. J’ai Épic, pareil, mais c’est ma voix finalement. Et les enfants me disent : « maîtresse, pourquoi c’est pas Épic qui parle et c’est toi qui parles ? » » Cette préoccupation provient d’une tentative du pair formé antérieure à DF1 visant à utiliser la marionnette sur la base d’un apprentissage informel.

Lors de la mise en œuvre 1, le pair formé utilise une voix spécifique pour la marionnette et constate notamment un dialogue entre Épic et ses élèves. C’est ce que montre l’extrait suivant.

Extrait 10 (PFÉ – EAC – Mise en œuvre 1) Notes d’observation

La classe a fini de chanter la chanson d’Épic, l’enseignante prend en main la marionnette. Épic fait mine de se réveiller puis s’adresse aux élèves « Bonjour les enfants ! » Un élève dit « Ça fait longtemps qu’on ne t’avait pas vu Épic. » La marionnette répond « Oui dis-donc, ça fait un week-end. » Un autre élève dit alors « Pourquoi tu parles comme ça Épic ? »

Extrait de l’EAC

PFÉ (4’52’’) : question d’Odile « pourquoi je parle comme ça ? » Effectivement à un certain moment, je ne sortais plus beaucoup Épic, donc c’est vrai que… il n’avait pas vraiment de voix.

Et puis je mélangeais vachement. Là j’ai pris vraiment « la voix d’Épic ». On va essayer de la garder cette voix… plus grave, un peu plus… rauque. Voilà, avant je mélangeais de trop. C’est vrai qu’ils se perdaient aussi peut-être dedans les enfants.

Chercheur : d’accord, donc là tu dis que le fait de prendre cette voix-là, ça apporte quoi ? Ça fait que…

PFÉ : ben là, ils s’adressent vraiment à Épic. Ils ne me voient plus moi. Ils s’adressent vraiment…

enfin dans la suite de la vidéo… ils se sont vraiment adressés à Épic. Ils n’ont pas demandé maîtresse. Vraiment à Épic.

Chercheur : donc tu dis que le fait de changer de voix, fait qu’ils peuvent s’adresser à Épic.

PFÉ : ils s’adressent à Épic. Ils connaissent sa… voilà, par rapport à la voix, c’est Épic qui parle.

Si c’est une autre voix ce sera maîtresse qui parlera. Avant c’était un peu plus mélangé tu vois.

C’était vraiment… ben comme ils n’arrêtaient pas de le toucher à chaque fois. Donc du coup…

ben c’est toi, c’est moi, c’est toi, c’est moi… enfin bref. Là, tu vois, maintenant le fait de poser les choses, ils sont beaucoup plus calmes, ils sont beaucoup plus attentifs et du coup ça me permet d’être beaucoup plus attentive dans ce que je fais finalement. Et là, Leïla me demande « maîtresse tu as changé de voix ? » Ben oui… bon après, j’étais grippée aussi… donc la voix n’était pas forcément… voilà. Mais je vais garder une voix rauque. Avant c’était une voix mi- rauque, mi- moi !

Au cours de cet extrait, le pair formé rend compte de son activité en énonçant la règle [« j’ai pris vraiment « la voix d’Épic » » vaut pour « (utiliser) cette voix… plus grave, un peu plus… rauque » ce qui obtient pour résultats « ils s’adressent vraiment à Épic », « Ils ne me voient plus moi », « ils sont beaucoup plus calmes, ils sont beaucoup plus attentifs et du coup ça me permet d’être beaucoup plus attentive dans ce que je fais finalement »].

Après avoir chanté la chanson d’Épic l’enseignante réveille la marionnette puis parle aux élèves en utilisant une voix différente de la sienne et spécifique à la marionnette. Les élèves posent des questions à la marionnette.

Lors de l’EAC, le pair formé explique qu’elle utilise une voix spécialement pour la marionnette « Là j’ai pris vraiment « la voix d’Épic ». Cette voix possède la caractéristique d’être grave « on va essayer de la garder cette voix… plus grave, un peu plus… rauque ». Selon le pair formé, l’utilisation de cette voix permet d’obtenir différents résultats. Les élèves en oublient la présence de la maîtresse « ils ne me voient plus moi » au point de s’adresser à la marionnette « ils se sont vraiment adressés à Épic ». L’utilisation de cette voix permet aux élèves d’être calmes et attentifs « ils sont beaucoup plus calmes, ils sont beaucoup plus attentifs » et ceci a pour effet de permettre à l’enseignante d’être à son tour attentive à sa pratique « ça me permet d’être beaucoup plus attentive dans ce que je fais finalement ».

En agissant ainsi l’action du pair formé est conforme à celle du pair formateur. De plus l’attente de résultats qu’elle associe à son action recoupe celle enseignée par le pair formateur.

En effet l’enseignante dissocie ses prises de parole de celles de la marionnette et permet ainsi aux élèves de faire la part des choses entre la maîtresse et la marionnette. En ce sens il est possible d’avancer que le suivi de règle du pair formé est correct.

Cet extrait montre aussi que le suivi correct de cette règle lui permet de régler des problèmes antérieurs liés à une mésinterprétation de la règle relative à la voix de la marionnette.

En effet l’enseignante explique que suite à un apprentissage informel, elle n’avait pas vraiment octroyé une voix à la marionnette « il n’avait pas vraiment de voix. Et puis je mélangeais vachement ». Ceci avait pour effet d’être contreproductif pour sa pratique « C’est vrai qu’ils se perdaient aussi peut-être dedans les enfants », « ils (les élèves) n’arrêtaient pas de le toucher (Épic) à chaque fois ».

Dans la suite de cet EAC le chercheur questionne encore le pair formé sur l’utilisation de cette voix. Il apparaît que l’utilisation de la marionnette était devenue, dans la pratique

antérieure du pair formé, plus un objet de dissipation que de concentration sur l’annonce des ateliers d’apprentissage. C’est ce que montre l’extrait suivant.

Extrait 11 (PFÉ – EAC – Mise en œuvre 1)

Chercheur (6’10’’) : ça (l’utilisation de cette voix), c’est un choix délibéré ?

PFÉ : c’est un choix délibéré d’avoir cette voix maintenant, de bien la différencier de la mienne.

Moi j’ai une voix un peu plus fluette…

Chercheur : et tu l’as essayée cette voix avant de la proposer aux enfants ?

PFÉ : oui, oui. Je te dis que c’est la voix que je prenais avant. Mais ça fait longtemps que je n’ai pas proposé Épic. Ce n’était pas… voilà, ils lui faisaient des bisous de partout. Donc à un certain moment, c’est peut-être plus moi qui parlais plutôt qu’Épic finalement.

Chercheur : tandis que là, tu veux dire que c’est différencié, il y a la voix d’Épic et la voix de maîtresse.

PFÉ : et la voix de maîtresse. Et là, le fait du coup qu’ils écoutent tous, voilà, ce côté Épic qui sort, ils attendent, donc c’est vrai que la voix va avec finalement. Tu vois, avant il y avait beaucoup trop… d’aller et venues, de bisous, de « attends je te fais ça », « attends je te dis ça »

… maintenant ils sont beaucoup plus posés dans leur cadre déjà Épic. Donc voilà, la voix elle est posée, c’est une voix que je prenais… voilà c’est une voix plus grave, peut-être encore un peu plus grave maintenant. Peut-être que ma voix n’était pas assez différenciée avant. Il faudrait que je me souvienne de mon moment d’Épic. Mais je n’ai pas de vidéo pour te montrer. Voilà. Ils s’adressent vraiment… après dans le fil de la conversation, ils s’adressent vraiment à Épic. Avant c’était un peu « maîtresse… »

Chercheur : tu es vraiment satisfaite du fait qu’ils s’adressent vraiment à Épic ?

PFÉ : ah oui ! À ben oui ! Au moins il n’y a plus ce moment où tout est mélangé. C’est vraiment chanter, on va attendre il faudra être patient et tout ça… » là ils le sont.

Chercheur : ils sont patients, et puis ils s’adressent à Épic.

PFÉ : la voix, ça y est, ça résonne. La voix, c’est une autre voix que celle de maîtresse.

Cet extrait montre notamment les problèmes antérieurs liés à l’absence de l’utilisation d’une voix spécifique pour la marionnette. L’enseignante évoque une conception d’élèves davantage ancrée sur la peluche que sur le personnage vecteur d’apprentissage « Ce n’était pas… voilà, ils lui faisaient des bisous de partout », « avant il y avait beaucoup trop… d’aller et venues, de bisous, de « attends je te fais ça », « attends je te dis ça » … », « Avant c’était « Épic je te fais des bisous… » il n’avait même pas le temps de parler le pauvre Épic. », « Il était complètement débordé par des tonnes de câlins ».

L’enseignante exprime également le fait que le suivi correct de cette règle constitue un changement positif et notable pour sa pratique « Et là, oui moi ça m’a changé. »

Les deux contrôles de la mise en œuvre effectués par le pair formateur ne montrent pas une validation explicite de ce suivi de règle. Il est possible de supposer une validation tacite de ce suivi par le pair formateur.

2.3. L’apprentissage du maillon intermédiaire « Utiliser la maison de

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