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L’argument de l’exemplarité et le pouvoir d’intimidation de la peine

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1.1.1. Réflexions sur la peine capitale 14

1.1.1.6 L’argument de l’exemplarité et le pouvoir d’intimidation de la peine

Par ailleurs, Koestler s’accorde avec son homologue français pour dénoncer le caractère non-exemplaire de ce crime logique101.

L’argument de l’exemplarité de la peine de mort, comme le regrette Camus, ne repose que sur l’éventualité non vérifiée d’un crime. Ainsi, elle tente, sans

97 RH, p.7-8 ; trad. p. 38-39 : « car l’échafaud n’est pas seulement une machine de mort, c’est aussi le plus vieux et le plus obscène symbole de cette tendance propre à l’espèce humaine, qui le conduit à vouloir sa propre destruction morale. »

98 Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 128. 99 Ibid., p. 139.

100 Ibid.

101 « Nous sommes au temps de la préméditation et du crime parfait. Nos criminels ne sont plus ces enfants désarmés qui invoquaient l’excuse de l’amour. Ils sont adultes, au contraire, et leur alibi est irréfutable : c’est la philosophie qui peut servir à tout, même à changer les meurtriers en juge. », L’Homme révolté in : OC III, p. 63.

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toutefois y parvenir, de prévenir des meurtres qui ne sont jusqu’alors qu’hypothèses infondées. La société perpétue des assassinats en toute impunité sur des hommes et des femmes faits de chair et de sang au seul nom d’une abstraction. Le supplice « ne repose sur rien d’autre que sur une possibilité invérifiable »102. On ne fait que « multiplier des meurtres bien réels afin d’éviter un meurtre inconnu dont [on] ne sait et ne saura jamais s’il a une seule chance d’être perpétré »103. Pour contrer le prétexte de l’exemplarité, Camus avance trois arguments qu’il semble intéressant de mentionner :

1˚ Que la société ne croit pas elle-même à l'exemplarité dont elle parle 2˚ Qu'il n'est pas prouvé que la peine de mort ait fait reculer un seul meurtrier, décidé à l'être, alors qu'il est évident qu'elle n'a eu aucun effet, sinon de fascination, sur des milliers de criminels

3˚Qu'elle constitue, à d'autres égards, un exemple repoussant dont les conséquences sont imprévisibles104.

En effet, la société elle-même, selon Camus, ne semble pas être convaincue de la « nécessité » et de l’exemplarité de cette sanction puisqu’elle s’effectue souvent la nuit entre les murs d’une prison et qu’on en parle qu’à demi-mot. Camus se demande si la société pourrait avoir mauvaise conscience ?

De la peine capitale, on n’écrit, si j’ose dire qu’à voix basse. Dans notre société très policée, nous reconnaissons qu’une maladie est grave à ce que nous n’osons pas en parler directement. Longtemps, dans les familles bourgeoises, on s’est borné à dire que la fille aînée était faible de poitrine ou que le père souffrait d’une « grosseur » parce qu’on considérait la tuberculose et le cancer comme des maladies honteuses. Cela est plus vrai sans doute de la peine de mort, puisque tout le monde s’évertue à n’en parler que par euphémisme. Elle est au corps politique ce que le cancer est au corps individuel, à cette différence près que personne n’a jamais parlé de la nécessité du cancer. On n’hésite pas au contraire à présenter communément la peine de mort comme une regrettable nécessité, qui légitime donc que l’on tue, puisque cela est nécessaire, et qu’on en parle point, puisque cela est regrettable105.

Le chiasme, dans cette citation, établit un parallèle intéressant entre le cancer ou la tuberculose et la peine de mort. La maladie et le châtiment affectent

102 Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 140. 103 Ibid., p. 141.

104 Ibid., p. 130. 105 Ibid., p. 128.

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significative. Si la peine capitale est nécessaire et exemplaire, pourquoi n’en parle-t-on pas librement ?

personne n’ose parler directement de cette cérémonie. Les fonctionnaires et les journalistes qui ont la charge d’en parler, comme s’ils avaient conscience de ce qu’elle manifeste en même temps de provocant et de honteux, ont constitué à son propos une sorte de langage rituel, réduit à des formules stéréotypées. Nous lisons ainsi, à l’heure du petit déjeuner, dans un coin du journal, que le condamné « a payé sa dette à la société », ou qu’il a « expié », ou que « à cinq heures, justice était faite ». Les fonctionnaires traitent du condamné comme de « l’intéressé » ou du « patient », ou le désignent par un sigle : le CAM106.

Les termes « cérémonie », « rituel » et « expié » traduisent encore une fois le caractère religieux de cette peine caduque, dénoncé par Camus comme il a été démontré au préalable. Camus dénonce également la trahison des journalistes dont la mission est de parler un langage clair, un langage d’homme, pour rendre compte dans leur réalité des sujets aussi importants que peut l’être la peine capitale. Son rôle d’écrivain lui tient particulièrement à cœur. Par souci d’intégrité, il refuse « certaines complaisances »107. En d’autres termes, il préfère parler « crûment »108, « non par goût du scandale »109 mais pour éviter de tomber dans le mensonge et dans l’abstraction. Il réitère son dégoût et son aversion pour ces « cérémonies écœurantes »110, « provocant[es] » et « honteu[ses] » et regrette que l’homme, en l’occurrence, le condamné, perde sa dignité à être réduit à une abréviation, quand il n’est pas chosifié ou réduit à un vulgaire colis111. Camus qui prône toujours un langage clair propose que l’on dissipe les brumes qui entourent le problème112, que

106 Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 128. 107 Ibid.

108 Ibid. 109 Ibid. 110 Ibid., p. 136.

111 « L’animal qu’on va tuer », « la chose ou la bête », « Le colis… », « une chose qui attend d’être maniée par les bourreaux », « condition d’objet », « condition de colis », Ibid., p. 145-146. 112 Selon l’expression de Koestler : « […] and will help the reader to consider the problem of punishment against its historical background », RH, p. 52 ; trad. p. 84 : « Et aussi qu’il aidera le lecteur à envisager la question de la peine de mort, mise en lumière par son hsitoire, avec un esprit sans préjugés. »

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l’on dise ce qu’est réellement la peine capitale et que l’on décide ultérieurement si ce supplice est efficace ou non.

Nous étouffons sous des paroles feutrées un supplice dont on ne saurait affirmer la légitimité avant de l’avoir examiné dans sa réalité. Loin de dire que la peine de mort est d’abord nécessaire et qu’il convient ensuite de n’en pas parler, il faut parler au contraire de ce qu’elle est réellement et dire alors si telle qu’elle est, elle doit être considérée comme nécessaire113.

Voilà pourquoi Koestler soutient : « it is unavoidable, in discussing capital punishment, to go into these ghoulish technicalities in order to make people realize what exactly we are talking about »114. Toujours par souci d’honnêteté et d’authenticité, il ajoute pour rester fidèle aux réalités charnelles « let me substantiate this somewhat abstract argument in a more concrete manner »115. La censure qui entoure cette peine est exécrable. Même au moment décisif, le condamné est réduit au silence. Camus prend l’exemple des nazis qui mettaient sur la bouche des détenus des pansements de plâtre pour qu’ils ne puissent pas crier116. La position de Gambetta117 est, à cet effet, pertinente dans le sens où il explique que si la peine de mort est nécessaire, sa publicité l’est tout autant118. Pour contrer cette mystification, Camus et Koestler transcrivent divers témoignages. Ainsi, ils font témoigner des médecins pour expliquer scientifiquement cette « chirurgie grossière »119 et en démontrer l’atrocité, des aumôniers pour dénoncer la position des ecclésiastiques censés apporter au genre humain la compassion et la pitié, des abolitionnistes, des partisans, des magistrats ou encore des bourreaux. Koestler va plus loin dans la description de cette grossière chirurgie et raconte :

113 Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 129.

114 RH, p. 17 ; trad. p. 51 : « …on ne peut éviter d’entrer dans ces répugnants détails techniques : il faut qu’on sache de quoi l’on parle ».

115 RH, p. 99 ; trad. p. 123 : « Pour la clarté de la chose, quittons cette discussion abstraite et prenons des exemples concrets. »

116 « Lorsque les nazis procédaient en Pologne à des exécutions publiques d’otages, pour éviter que ces otages ne crient des paroles de révolte et de liberté, ils les bâillonnaient avec un pansement enduit de plâtre. », Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p.129.

117 Homme politique français.

118 « Si vous supprimez l’horreur du spectacle, si vous exécutez dans l’intérieur des prisons, vous étoufferez le sursaut public de révolte qui s’est manifesté ces dernières années et vous allez consolider la peine de mort. », témoignage de Gambetta, Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 136.

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to be hanged twice, and even three times. In some cases the victim was revived by bleeding at his heels and then hanged again ; in others the hangman and his assistants had to add their weight by hanging on the victim’s leg120.

Pour Koestler, des images aussi horribles ne devraient pas perdurer au sein d’une société civilisée. A propos de la dernière exécution publique en France121, en 1939, Camus, ironique, raille le corps législatif et lui pose un ultimatum :

La logique, en cette affaire, n’était pas avec le législateur. Il fallait au contraire décerner une décoration supplémentaire au directeur de Paris-Soir en l’encourageant à mieux faire la prochaine fois. Si l’on veut que la peine soit exemplaire, en effet, on doit, non seulement multiplier les photographies, mais encore planter la machine sur un échafaud, place de la Concorde, à deux heures de l’après-midi, inviter le peuple entier et téléviser la cérémonie pour les absents. Il faut faire cela ou cesser de parler d’exemplarité122.

« En effet, il faut tuer publiquement ou avouer qu’on ne se sent pas autorisé à tuer »123.

Dans son essai124, Arthur Koestler dénonce le « Code sanglant »125, qui au nom de cette exemplarité, avait, en 1748, condamné, pour meurtre, William York, alors seulement âgé de dix ans, à la pendaison. Puis, en 1800, ce fut au tour d’un second enfant d’être mis à mort pour avoir falsifié des comptes. Suivirent Craig et Bentley, âgés respectivement de seize et dix-neuf et souffrant tous deux de lacunes mentales : l’un analphabète et l’autre mentalement déficient. Koestler signale d’autres cas d’enfants pendus pour des motifs bien grotesques (le vol d’encres valant deux pence ou encore vol d’une cuillère). Comme le souligne Koestler, il s’agit du XVIIIe et du début du XIXe siècle, siècle de l’humanisme, et que les « ténèbres du Moyen Âge »126 sont censées faire partie d’un passé barbare et obscur

120 RH, p. 17 ; trad. p. 50 : « Nombreux sont les exemples de gens qu’il fallut pendre en s’y reprenant à deux fois et même à trois fois. Parfois on faisait revenir à elle la victime en la saignant au talon, puis on la pendait derechef. Dans d’autres cas, le bourreau et ses aides devaient se suspendre aux jambes du pendu pour ajouter leur poids au sien. »

121 Celle d’Eugène Weidmann en 1939.

122 Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 131. 123 Ibid., p.136.

124 Reflections on Hanging.

125 Expression faisant référence au système de lois et châtiments en vigueur en Angleterre entre 1688 et 1815.

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révolu. Si la condamnation à mort d’un homme est révoltante, celle d’un enfant est insoutenable. En 1948, la proposition de fixer l’âge où l’individu serait passible de mort à vingt et un an au lieu de dix-huit est rejetée. Koestler ironise non sans amertume : « According to British law, a person under twenty-one is not considered sufficiently responsible to sign a legal contract or to make a will ; but he is sufficiently responsible to be hanged without signing a will »127. Koestler ironise, raille, mais tente de relater les faits précisément tel qu’ils se sont déroulés et ne tombe jamais dans un mol attendrissement. Son écriture parfois sèche, propre au vulgarisateur scientifique, n’en est que plus déchirante.

Par ailleurs, la société prétend que la peine définitive aurait un pouvoir d’intimidation. Mais qui prétend-elle intimider ? Camus affirme que les honnêtes gens n’en ont nul besoin et qu’au contraire elle excite et attise la perversion des criminels invétérés. Le supposé pouvoir d’intimidation ne prend pas en charge le cas des crimes non prémédités et ne décourage pas les passions humaines.

La peine capitale ne saurait intimider d’abord celui qui ne sait pas qu’il va tuer, qui s’y décide en un moment et prépare son acte dans la fièvre ou l’idée fixe, ni celui qui, allant à un rendez-vous d’explication, emporte une arme pour effrayer l’infidèle ou l’adversaire et s’en sert, alors qu’il ne voulait pas, ou ne croyait pas le vouloir. Elle ne saurait en un mot intimider l’homme jeté dans le crime comme on l’est dans le malheur. Autant dire alors qu’elle est impuissante dans la majorité des cas128.

Les dires de John Haynes129 rapportés par Koestler lui font écho : « Generally speaking, the persons who attend those public executions are not persons who would be likely to commit murder […] I believe, as far as moral or religious feeling is concerned, it has but little effect in deterring such persons from commiting crimes »130. Au contraire, l’échafaud semble déchaîner ces passions et ces instincts primitifs.

127 RH, p. 21 ; trad. p. 53-54 : « Selon la loi britannique, un individu âgé de moins de vingt et un ans n’est pas considéré comme majeur pour signer un contrat ou un testament, mais il est majeur pour être pendu, intestat. »

128 Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 136-137.

129 John Haynes est un partisan de la peine de mort. Koestler se sert de cet exmple pour montrer à quel point les arguments des partisans sont contradictoires et qu’ils peuvent être utilisés contre eux. 130 RH, p. 49 ; trad. p. 82-83 : « D’une manière générale, ceux qui assistent aux exécutions ne sont pas des gens capables de se rendre coupables d’un meurtre […] Je pense que, sur le plan moral aussi

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publique, les manifestations de sadisme qu’elles y réveillent, l’affreuse gloriole qu’elles suscitent chez certains criminels. Aucune noblesse autour de l’échafaud, mais le dégoût, le mépris ou la plus basse des jouissances131.

Camus n’hésite pas à citer Koestler, prouvant de ce fait la proximité de leur pensée, du moins sur le sujet : « On peut lire dans Koestler qu'à l'époque où les voleurs à la tire étaient exécutés en Angleterre, d'autres voleurs exerçaient leurs talents dans la foule qui entourait l'échafaud où l'on pendait leur confrère »132.

Arthur Koestler s’avère plus cru dans ses propos en parlant de « perversion »133, d’« horrors »134, de « public hysteria »135 et en décrivant les scènes « more degrading »136 : « Mothers took their children up to the scaffold to have the hand of the corpse applied to them, for thiswas considered to have a curative effect ; chips of the gibbet were carried off as a remedy for toothache. Then the body-snatchers went into action »137. Les jours de pendaison, assimilés à des jours de fêtes, révèlent les pulsions sadiques et perverses de l’être humain. « the body of James Cook, a book-binder, was suspended thirty three feet high, his head shaved and tarred, but had to be taken down after a fortnight to stop the merrymaking of the Sunday crowds »138. Les exemples abondent en ce sens ; l’exécution d’Holloway et d’Haggerty, dans des « flambées de folie collective »139,

bien que sur le plan religieux, cela ne sert pas à grand-chose pour empêcher les gens de commettre des crimes. »

131 Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 141. 132 Ibid., p. 137.

133 RH, p. 16. 134 Ibid., p. 17. 135 Ibid.

136 RH, p. 18 ; trad. p. 51 : « Des mères menaient leurs enfants à l’échafaud, afin que la main du supplicié les touchât, car on considérait qu’elle avait un pouvoir spécial de guérison ; on arrachait des morceaux du gibet pour en faire des remèdes contre le mal de dents. Puis les commis des chirurgiens se disputaient le cadavre : c’était la façon la plus courante de se procurer des corps pour les disséquer. »

137 RH, p. 18 ; trad. p. 51 : « Des mères menaient leurs enfants à l’échafaud, afin que la main du supplicié les touchât, car on considérait qu’elle avait un pouvoir spécial de guérison ; on arrachait des morceaux du gibet pour en faire des remèdes contre le mal de dents. Puis les commis des chirurgiens se disputaient le cadavre : c’était la façon la plus courante de se procurer des corps pour les disséquer. »

138 RH, p. 14 ; trad. p. 48 : « le corps de James Cook […] fut suspendu à trente-trois pieds de haut […], mais on dut l’enlever au bout de quinze jours, les flâneurs du dimanche ayant fait du gibet un lieu de promenade et de distraction. »

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provoqua le délire de la foule et la mort de cent personnes. John Haynes abonde dans ce sens et témoigne : « I think the present plan tends very materially to satisfy a morbid curiosity on the part of the public which ought not te be gratified »140.

Les deux auteurs affirment, en se justifiant grâce à des preuves irrévocables, que dans les pays où la peine capitale a été supprimée le taux des meurtres n’a pas augmenté et qu’il n’a pas décru dans ceux où elle était en vigueur.

Terror has its own law of diminishing returns ; in accentury of savage punishments, people are no more frightened by the gallows than under a milder regime they are frightened of prison. Besides, legal barbarity be gets common barbarity, "the same spirit of ferocity that guides the hand of the legislature having guided also that of the patricide and assassin"141.

Concernant l’exemplarité de la peine, les conservateurs optent pour le maintien de la peine de mort au nom d’un doute qui ne peut être ni confirmé ni infirmé. Leur argument est semble-t-il douteux. Ils disent que :

rien ne prouve […] que la peine de mort soit exemplaire ; il est même certain que des milliers de meurtriers n’en ont pas été intimidés. Mais nous ne pouvons connaître ceux qu’elle a intimidés ; rien ne prouve par conséquent qu’elle ne soit pas exemplaire142.

En conclusion, « le pouvoir d’intimidation s’adresse seulement aux timides qui ne sont pas voués au crime et fléchit devant les irréductibles qu’il s’agissait justement de réduire »143.

De plus, l’être humain n’étant pas à l’abri de commettre une erreur, comment pourrait-on réparer une erreur judiciaire qui se soit soldée par le meurtre, appelons-le ainsi, du soi-disant coupable ?

Une fois l’innocent mort, personne ne peut plus rien pour lui, en effet, que le réhabiliter, s’il se trouve encore quelqu’un pour le demander. On lui rend alors

140 RH, p. 49 ; trad. p. 82 : « Je pense que le procédé actuel a surtout pour effet d’assouvir une curiosité morbide du public, qui ne devrait pas être satisfaite. »

141 RH, p. 43 ; trad. p. 76 : « La terreur obéit à sa propre loi de déperdition de l’énergie à une époque où sont en usage des châtiments excessifs les individus ne sont pas plus effrayés par la potence que sous un régime plus humain, ils ne le sont par la prison. En outre, la barbarie légale devient la barbarie commune "le même esprit de férocité qui conduit la main du législateur conduit celle du parricide ou de l’assassin". »

142 Réflexions sur la guillotine in : OC IV, p. 140. 143 Ibid., p. 137.

47 toujours .

La décision du jury est parfois aléatoire et dépend souvent soit de l’humeur du jour soit de « l’air du temps »145. Camus prend l’exemple de l’Algérie, sa terre natale, où pour prouver leur bonne foi et la non distinction entre Français et Arabes,