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Chapitre 34 : « La grande Voie

7 ETUDE D’AUTRES TEXTES

7.2 Etude de la notion de zhi en poésie.

7.2.1 La « Grande préface » du Livre des Odes.

7.2.1.1 Les deux caractères zhi志志志志de la « Grande préface ».

Comme nous l’avons vu au §4.2, la version de l’école Mao du Livre des Odes , la seule qui nous est parvenue, comprend des préfaces aux poèmes ; celle qui est associée au premier poème « Guan ju », avec une quinzaine de lignes, est notablement plus longue que les autres ; il y a eu une tendance à y distinguer, par la suite, une partie appelée « Grande préface » qui traite des poèmes en général et une autre partie, appelée petite préface, qui ne concerne que le poème indiqué42. Pour le texte de la « Préface au premier poème », nous utilisons celui qui est donné par l’ouvrage Les treize Classiques annotés de la main de Huang Kan déjà cité. En langues européennes, nous avons consulté la traduction en français de la « Préface au premier poème » donnée par J. Pimpaneau dans son Anthologie de la littérature chinoise classique ainsi que les ouvrages Poetry and Personality, reading, exegesis and hermeneutics de Steven Van Zoeren et Reading in chinese literary thought de Stephen Owen ; les deux derniers ouvrages consacrent chacun un chapitre entier à l’étude de cette préface.

Elle commence ainsi :

关雎,后妃之德也。风之始也。所以风天下而正夫妇也。故用之乡人焉,用 之邦国焉。风,风也,教也。风以动之,教以化之。

诗者,志之所之也。在心为志。发言为诗。情动于中,而形于言。言之不 足,故嗟叹之。嗟叹之不足,故永歌之。永歌之不足,不知手之舞之,足之 蹈之也。

« Guan ju, hou fei zhi de ye. Feng zhi shi ye. Suo yi feng tian xia er zheng fu fu ye. Gu yong zhi xiang ren yan, yong zhi bang guo yan. Feng, feng ye, jiao ye. Feng yi dong zhi, jiao yi hua zhi.

42

Selon Steven Van Zoeren, la Grande préface commence par la phrase : 诗者,志之所之也。 (La poésie est ce en quoi…) et se termine avant la fin de la préface complète; ceci fait qu’elle est comprise entre deux petits passages (le début et la fin de la préface complète) qui forment la petite préface.

Shi zhe, zhi zhi suo zhi ye. Zai xin wei zhi .Fa yan wei shi.Qing dong yu zhong, er xing yu yan. Yan zhi bu zu, gu jie tan zhi. Jie tan zhi bu zu, gu yong ge zhi. Yong ge zhi bu zu, bu zhi shou zhi wu zhi, zu zhi dao zhi ye. »

Soit :

« Le poème ‘Guan ju’ concerne la vertu d’une épouse royale. C’est le début des chants. C’est ce par quoi le monde est influencé et les relations entre les époux rendues correctes. C’est pourquoi, il est (ils sont) utilisé(s) dans les circonscriptions rurales comme dans les pays feudataires.

Un chant, c’est pour influencer, pour enseigner. Influencer c’est pour émouvoir ; enseigner, c’est pour transformer.

La poésie est ce en quoi (ce par quoi) les sentiments et les intentions se manifestent (诗者,志之所之也. Shi zhe, zhi zhi suo zhi ye). Dans le coeur , ce sont les sentiments et les intentions (在心为志. Zai xin wei zhi); émis en paroles, c’est de la poésie (发言为诗. Fa yan wei shi). Les sentiments ( qing 情) émergent à l’intérieur et se manifestent par des paroles ; si les paroles ne sont pas suffisantes alors on les soupire ; si les soupirer n’est pas suffisant , alors on les déclame ; si la déclamation est insuffisante, alors inconsciemment les mains les miment et les pieds trépignent. »

7.2.1.2 Observations.

7.2.1.2.1

Nous avons déjà rencontré, à plusieurs reprises, l’utilisation du caractère zhi 志 en relation avec le caractère shi 诗 (poésie) :

a) dans le Livre des documents (« Canon de Shun » , § 4.1.ci-dessus ) : 诗言志

« Shi yan zhi » Soit :

« La poésie parle du zhi 志» ou

« La poésie parle de la vie intérieure » ou

« La poésie parle des sentiments et des intentions ».

b) dans le Mencius,§5.A.4 ( voir §5.2. ci-dessus) :

故说诗者,不以文害辞,不以辞害志;以意逆志,是为得之。

« Gu shuo shi zhe, bu yi wen hai ci, bu yi ci hai zhi ; yi yi ni zhi, shi wei de zhi. » Soit :

« C’est pourquoi, celui qui parle des poèmes ne doit pas s’attacher aux mots et nuire à la parole, s’attacher à la parole et nuire au sens et à la visée (de l’œuvre) (zhi 志); c’est en allant, par sa pensée, au devant de ce sens et de cette visée (zhi 志) que l’on parvient à les obtenir.

c) dans le Shuowen jiezi (§ 3.2. ci-dessus) : 诗 : 志也

« Shi : zhi ye » Soit :

« La poésie c’est le zhi » ou

« La poésie, ce sont les sentiments et les intentions ».

Les deux caractères zhi 志 de la « Grande Préface » semblent avoir le sens général de vie intérieure comme dans les alinéas a) et c) ci-dessus; afin d’être moins abstraits, tout en évitant une trop longue énumération, nous proposons de traduire zhi 志 par «les sentiments et les intentions » sans exclure en rien d’autres notions telles que : émotions, résolution…

Dans l’alinéa b) zhi est traduit par sens et visée car il se rapporte à une œuvre.

7.2.1.2.2

Stephen Owen considère que pour le « Canon de Shun » la poésie est un moyen d’exprimer le zhi alors que pour la « Grande Préface », la poésie c’est le zhi même mais dans un autre endroit (à l’extérieur).

Notre traduction de la première phrase: « La poésie est ce en quoi (ce par quoi) les intentions, les sentiments (le zhi 志) se manifestent » laisse la question ouverte.

7.2.2 Etude de la notion de zhi志志志志dans des poèmes.