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Des idées sur la nature de l’homme et sa mission dans le chapitre 1.

« Zhong yong »)

5.4.3 Des idées sur la nature de l’homme et sa mission dans le chapitre 1.

5.4.3.1 Rôle fondamental de l’être humain : réaliser sa propre

nature.

La première phrase du texte, en quinze caractères, met en relation le Ciel, la nature humaine, la Voie et l’éducation :

天命之谓性;率性之谓道;修道之谓教。

« Tian ming zhi wei xing ; shuai xing zhi wei dao ; xiu dao zhi wei jiao. »

Soit :

« La mission confiée à l’homme par le Ciel, on appelle cela : nature ; suivre sa nature, on appelle cela :Voie ; cultiver la Voie , on appelle cela : éducation . » Cette puissante introduction définit pour l’être humain son rôle fondamental : réaliser pleinement sa propre nature ; l’importance de l’éducation en vue de cette réalisation est bien soulignée.

Le texte continue en conseillant à l’homme de bien une vigilance de tout instant et à l’égard des choses qu’il ne voit pas ou n’entend pas, car la Voie ne saurait être quittée un seul instant et les choses cachées, infimes, sont les plus manifestes.

5.4.3.2 La centralité et l’harmonie chez l’être humain.

Le texte donne ensuite des précisions sur les idées de zhong 中 (centre, centralité) et he 和 (harmonie) :

喜、怒、哀、乐之未发,谓之中。发而皆中节,谓之和。

« Xi, nu, ai, le zhi wei fa, wei zhi zhong. Fa er jie zhong jie, wei zhi he. »

Soit :

« Quand le contentement, la colère, la tristesse ou la joie ne sont pas encore déployés on appelle cela centralité (zhong 中). Quand ils sont déployés mais restent équilibrés et modérés en vertu de la centralité, on appelle cela harmonie (he 和). »

Ces deux phrases se rapportent à la personne humaine. La première désigne par centralité l’état qui existe lorsque les sentiments ne sont pas encore déployés ; l’existence d’un centre ou d’une centralité rend possible un équilibrage et une modération du déploiement des sentiments, état que la seconde phrase désigne par harmonie.

5.4.3.3 La centralité, l’harmonie et le monde du dessous du ciel.

Le texte passe ensuite au monde du dessous le ciel : 中也者,天下之大本也。和也者,天下之达道也。

« Zhong ye zhe, tian xia zhi da ben ye. He ye zhe, tian xia zhi da dao ye. »

Soit:

« La centralité est la grande racine du monde du dessous du ciel ; l’harmonie est sa voie pour s’accomplir. »

Le monde du dessous du ciel (tian xia 天下) correspond au monde humain avec son habitat constitué par le sol, l’eau, l’air, les plantes, les animaux et d’autres ressources ; l’harmonie qui est un état pour la personne humaine devient ici la voie d’accomplissement pour le monde du dessous du ciel.

5.4.3.4 La centralité, l’harmonie et l’univers.

Après le monde du dessous du ciel le texte passe à l’univers : 致中和,天地位焉,万物育焉。

« Zhi zhong he, tian di wei yan, wan wu yu yan. »

Soit :

« Quand la centralité et l’harmonie sont à leur point suprême, le Ciel et la Terre sont en place et les dix mille êtres engendrés. »

Cette dernière phrase du chapitre 1 souligne la puissance de la centralité et de l’harmonie, lorsqu’elles sont portées à leur comble.

5.4.3.5 Observations.

On note dans ce premier chapitre, l’idée d’une homologie qui peut exister entre la personne humaine, le monde sous le ciel et l’univers ; cette homologie consiste en l’existence et l’importance d’un principe appelé zhong 中 (centralité) ; c’est le facteur nécessaire pour assurer l’unité de chacune des trois entités : la personne humaine, le monde sous le ciel habité notamment par l’être humain et l’univers ; mais il n’est pas forcément le même pour les trois.

Pour l’univers (le ciel, la terre, les dix mille êtres) comme pour le monde sous le ciel les deux facteurs importants sont la centralité et l’harmonie ; l’univers est en

place dès lors que la centralité et l’harmonie sont à leur point suprême ; en ce qui concerne le monde sous le ciel, ses relations avec les deux principes sont d’un autre niveau : la centralité est sa racine et l’harmonie est sa voie ; il y a moins d’automatisme que dans le cas de l’univers.

Pour la personne humaine le sujet est forcément plus complexe ; l’un des facteurs importants reste la centralité mais l’autre n’est plus l’harmonie, qualité qui permet surtout à la personne humaine de contribuer à l’établissement d’un monde sous le ciel harmonieux (justement). La comparaison des passages ci-dessous va nous permettre de déterminer ce second facteur :

- suivre sa nature, on appelle cela la Voie (chap. 1),

- Accéder à l’authenticité, c’est la Voie de l’homme (chap. 20, voir ci-dessous), - Être l’authenticité, c’est le fait d’être dans la centralité sans effort, d’appréhender sans travail de réflexion, de cheminer libre et à l’aise sur la voie du centre ; c’est le cas de la Sainte Personne (chap. 20, voir ci-dessous). Les deux premiers passages montrent que «suivre sa nature» revient à «accéder à l’authenticité» ; le troisième passage, qui donne une définition de l’authenticité pour le cas idéal d’une Sainte Personne, permet de conclure que la centralité constitue une composante essentielle de l’authenticité mais pas nécessairement la totalité de celle-ci ; l’authenticité (cheng 诚) se présente donc ainsi comme l’un des deux facteurs importants pour la personne humaine, l’autre étant la centralité (zhong 中).

Le paragraphe suivant est consacré à l’étude de la notion d’authenticité.