• Aucun résultat trouvé

Les capacités du cœur humain Son autonomie 1 La dissipation des occultations

cœur Les chapitres 21 et 23.

5.5.2.2. Les capacités du cœur humain Son autonomie 1 La dissipation des occultations

Le chapitre 21 intitulé : « Dissipation des occultations (Jie bi 解蔽) » étudie les possibilités pour l’être humain de se débarrasser des obstacles qui l’empêchent de connaître ce qu’il faut connaître afin de pouvoir prendre de bonnes décisions. Le chapitre débute par la phrase :

凡人之患,蔽于一曲,而暗于大理。

«Fan ren zhi huan, bi yu yi qu, er an yu da li. » Soit:

« Ce que tout être humain doit redouter, c’est qu’une distorsion fasse écran et lui cache le grand principe d’ensemble. »

Il énumère ensuite des origines possibles des occultations : le désir, l’aversion, le début, la fin, le lointain, le proche, l’érudition, la connaissance superficielle et les distinctions faites sur les dix mille êtres.

Le texte traite, par la suite, en plusieurs endroits des caractéristiques du cœur humain, de son fonctionnement et surtout de son autonomie absolue; ces points nous intéressent particulièrement.

5.5.2.2.2 Les capacités et le fonctionnement du cœur humain.

Ces sujets sont abordés dans le paragraphe qui commence par : 人何以知道. 曰:心。心何以知. 曰:虚壹而静。

« Ren he yi zhi dao? Yue: Xin. Xin he yi zhi? Yue : Xu yi er jing. »

Soit:

« Comment l’être humain connaît-il la Voie? Réponse : Grâce au coeur.

Comment le cœur parvient-il à connaître ? Réponse : Grâce au fait qu’il est ‘vacant et disponible’, ‘unifié, concentré’ et ‘serein’ »

-l’être humain, de naissance, a la capacité de connaître ; quand il connaît, il retient (zhi 志 ) ; retenir (zhi 志 ) c’est emmagasiner ; le cœur ne cesse jamais d’emmagasiner, il est dit « vacant et disponible » (xu 虚 ) si ce qu’il a déjà emmagasiné ne nuit pas à la réception d’autre chose ;

-le cœur, de naissance, a la capacité de connaître ; quand il connaît, il distingue ; distinguer c’est connaître plusieurs choses à la fois ; connaître plusieurs choses à la fois, c’est se diviser ; on dit qu’il est « unifié, concentré » (yi 壹 ) si la connaissance d’une chose ne nuit pas à la connaissance d’une autre chose ;

- le cœur fait des rêves, vagabonde, fait des projets, il ne cesse jamais d’être en mouvement ; il est dit « serein » (jing 静 ) si les rêves ne nuisent pas à la connaissance.

Ces trois caractéristiques définissent ainsi un cœur qui peut garder intacte sa capacité de connaître de choses nouvelles malgré l’existence de connaissances déjà acquises et malgré l’irruption possible de projets, de pensées vagabonds, de rêves.

Quand le cœur est dit yi 壹 = un, unifié, cela signifie aussi que, quand il s’intéresse à quelque chose, il est concentré sur cette chose ; d’où notre proposition de traduire yi 壹 par « unifié, concentré ». La définition ci-dessus implique que posséder une telle qualité revient à être soi même « un » et à pouvoir se concentrer sur un objet pour bien le connaître, puis de pouvoir passer ensuite à un autre et recommencer le même travail avec la même efficacité. Tout le monde n’est pas capable de répondre à cette double exigence. La suite du texte considère qu’un paysan, même connaissant parfaitement le travail des champs, ne peut exercer la fonction d’administrateur de l’agriculture ; il dit la même chose pour le commerçant qui ne peut exercer la fonction d’administrateur du commerce et pour l’artisan qui ne peut exercer la fonction d’administrateur des fabriques. Il y a des personnes qui ne sont pas compétentes dans les techniques de ces trois branches mais qui peuvent faire qu’elles soient bien administrées, ce sont ceux qui connaissent bien la Voie. Le passage conclut par :

故君子壹于道而以赞稽物。壹于道则正,以赞稽物则察, 以正志行察论,则万物官矣。

« Gu jun zi yi yu dao er yi zan ji wu. Yi yu dao ze zheng, yi zan ji wu ze cha yi zheng zhi xing cha lun, ze wan wu guan yi.”

Soit :

« C’est pourquoi l’homme de bien est un et concentré sur la Voie, il procède à des investigations sur les choses et affaires. Quand on est un et concentré sur la Voie, alors on est droit; quand on procède à des investigations sur les choses et affaires, alors on en a une vision claire ; quand l’intention (zhi 志), l’action, la vision, le discours sont corrects alors les dix mille êtres sont bien administrés. »

5.5.2.2.3

L’autonomie totale et absolue du cœur humain

.

Le passage suivant revendique pour le cœur humain une autonomie totale et absolue :

心者,形之君也,而神明之主也。出令而无所受令, 自禁也,自使也,自夺也,自取也,自行也,自止也。

劫而使易意,是之则受,非之则辞。故曰:心容, 其择也无禁,必自见,其物也杂博,其情之至也不贰。

« Xin zhe, xing zhi jun ye, er shen ming zhi zhu ye. Chu ling er wu suo shou ling, Zi jin ye, zi shi ye, zi duo ye, zi qu ye, zi xing ye, zi zhi ye.

Gu kou ke jie er shi mo wen, xing ke jie er shi qu shen, xin bu ke jie er shi yi yi, shi zhi ze shou, fei zhi ze ci. Gu yue: xin rong, qi ze ye wu jin, bi zi jian, qi wu ye za bo,qi qing zhi zhi ye bu er. »

Soit:

« Le coeur est le souverain du corps, le maître de la vie intellectuelle et spirituelle (la clarté merveilleuse, 神明 shen ming). Les ordres viennent de lui, il n’en reçoit pas ; interdire ou faire faire, prendre de force ou recevoir, marcher ou s’arrêter, ces actions dépendent de lui. C’est pourquoi, la bouche peut être ravie et contrainte de se taire ou de parler, le corps peut être ravi et contraint de se plier ou de s’étendre, le cœur ne peut être ravi et contraint de modifier son intention ( yi 意) ; si c’est juste, alors il accepte ; si c’est faux, alors il refuse. C’est pourquoi il est dit : Le cœur reçoit, ses choix ne sont soumis à aucun interdit, il voit par lui- même ; les choses peuvent être nombreuses et variées, sa nature ultime est de ne pas se laisser diviser. »

Note : Le seul caractère yi 意 utilisé dans le chapitre 21 se trouve dans le passage ci-dessus ; il a le sens d’« intention ».

5.5.2.2.4 Les caractères zhi 志志 du chapitre 21.

Il existe quatre caractères zhi 志 dans le chapitre 21. Trois ont été rencontrés dans les passages étudiés au § 5.5.2.2.2 ; deux ont le sens de « retenir » et le troisième celui d’ « intention », d’ « aspiration ».

Le quatrième se trouve vers la fin du chapitre ; dans cette partie le texte préconise de prendre les Saints Rois comme maîtres et leurs règles comme modèles et après avoir dénoncé les discours invraisemblables, les théories fallacieuses… cite un passage présenté comme transmis par la tradition : « Disséquer les mots et prendre cela pour de la claire vision, discourir sur les choses et prendre cela pour du discernement, l’homme de bien méprise cela. Ecouter et retenir (zhi 志) beaucoup sans être en accord avec les règles royales, l’homme de bien méprise cela. » Ainsi trois des quatre caractères zhi 志志志志 du chapitre 21 sont utilisés avec le sens de « retenir » et un avec le sens d’« intention », d’ « aspiration ».

5.5.3 L’Homme, son devoir de se perfectionner ; ses relations