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Cette structure se trouve dans les expressions suivantes qui résument en grande partie les enseignements du Lunyu :

a)

吾十有五而志于学

, …

« Wu shi you wu zhi yu xue… »( §II.4 )

Soit : « A quinze ans j’avais le zhi à l’apprentissage … » ;

b) 苟志于仁矣,无恶也.

« Gou zhi yu ren yi , wu e ye. » ( §IV.4 );

Soit: « Si le zhi est à la vertu d’humanité, rien de mauvais n’arrive. » ;

c) 士志于道而耻恶衣恶食, 未足与仪也.

« Shi zhi yu dao er chi e yi e shi, wei zu yu yi ye. »(§IV.9 )

Soit: « Un homme avec son zhi à la Voie mais qui rougit des vêtements grossiers et d’une nourriture ordinaire ne mérite pas qu’on discute plus avant avec lui. » ; d) 志于道,据于德,依于仁,游于艺.

« Zhi yu dao, ju yu de, yi yu ren, you yu yi » ( § VII.6 )

Soit: « Mettez votre zhi à la Voie, comptez sur la moralité, appuyez vous sur la vertu d’humanité , récréez vous avec les arts. »

Avec l’idée, suggérée par l’étude du chapitre « Pan Geng » du Livre des documents, que le zhi correspond à l’orientation, la concentration du cœur sur un objet, un objectif à atteindre , « zhi à l’apprentissage» signifie que le cœur est

orienté, concentré sur l’apprentissage, « zhi à la vertu d’humanité » signifie que le cœur est orienté, concentré sur cette vertu etc…

Pour traduire ces expressions en chinois moderne Jin Liangnian se contente , dans trois cas sur quatre ( § II.4, IV.4 et IV.9) , d’ajouter le verbe you 有(avoir) devant le caractère zhi 志, ce qui donne littéralement : « avoir son zhi à l’apprentissage ( à la vertu d’humanité ou à la Voie) » ; pour le quatrième cas concernant l’expression « zhi yu dao » 志于道 du §VII.6, il utilise le verbe li 立 (établir) au lieu du verbe you 有(avoir) ce qui donne : « Etablir son zhi à la Voie ». Cette manière de faire consistant à ajouter un verbe au sens général comme you 有(avoir) ou li 立 (établir) conduit à des phrases assez fidèles au texte d’origine mais un peu abstraites pour les personnes non habituées au chinois classique ; les traductions deviennent plus familières et plus concrètes si l’on accepte d’ajouter un verbe plus concret ; ainsi Li Angang dans un livre consacré au Lunyu publié en 1999, pour la traduction en chinois moderne des quatre passages cités, utilise 立志 « li zhi » (prendre la résolution de) combinée avec des verbes concrets :去学习 « qu xue xi » ( se mettre à l’apprentissage), 要做仁德 « yao zuo ren de » (vouloir mettre en pratique la vertu d’humanité) ; 学大道 « xue da dao » (apprendre la grande Voie) ; 追求大道 « zhui qiu da dao » (poursuivre, chercher la grande Voie) .

Pour traduire en vietnamien les expressions « zhi yu xue » du § II.4 et « zhi yu dao » du §VII.6 ðoàn Trung Còn utilise une expression équivalente à : « Mettre son zhi dans l’apprentissage » (ou dans la Voie), traductions assez fidèles à la tournure chinoise mais abstraites ; pour les expressions « zhi yu ren » du §IV.4 et « zhi yu dao » du §IV.9 il propose par contre une traduction plus concrète en utilisant l’expression chuyên tâm 专心 (zhuan xin en chinois) soit : « se consacrer à » suivie de l’indication d’une action sur le « ren » ou le « dao », ce qui l’a conduit à des traductions équivalentes à :

« Zhi yu ren »志于仁 = « Se consacrer à la mise en pratique de la vertu d’humanité » ;

« Zhi yu dao »志于道 = « Se consacrer à la poursuite de la Voie. »

Chez les traducteurs vers des langues européennes au problème de l’arbitrage entre une fidélité à la tournure du texte d’origine et une traduction plus concrète s’ajoutent d’autres préoccupations qui se posent ici avec plus d’acuité : comment bien faire saisir aux lecteurs européens des notions chinoises sans dénaturer celles-ci ? Jusqu’à quel niveau tenir compte des exigences particulières de la langue d’arrivée : par exemple pas trop de répétitions dans le texte ? Sont résumées ci- dessous différentes façons de traduire les expressions chinoises citées plus haut :

a)R. Dawson, pour rendre ces expressions chinoises, a traduit, pour trois d’entre elles, zhi par « heart » soit « cœur » et emploie de façon homogène : « set one’s heart on », soit littéralement « mettre ou régler son cœur sur » ; un dictionnaire publié par Oxford University Press (auteur : Hornby A S) donne l’explication : « set one’s heart/hopes/mind on something = be filled with strong desire for, determination to get ; direct one’s hopes towards ».

Soit en français:

On notera que ces expressions de la langue anglaise : « set one’s heart/hopes/mind on something »

expriment une idée assez proche de l’idée chinoise selon laquelle le zhi correspondrait à l’orientation, la concentration du cœur sur quelque chose (Voir paragraphe consacré au chapitre « Pan Geng » ci-dessus) ; l’expression : « zhi yu dao » du paragraphe IV.9 Dawson la traduit par « is intent on the Way » ; le dictionnaire anglais indiqué ci-dessus donne pour l’adjectif « intent on » l’explication : « with the desires or attentions directed towards » ; l’expression « is intent on the Way » de Dawson peut donc se traduire par : « a ses désirs ou attentions dirigés vers la Voie » ; cette deuxième façon de traduire de Dawson est , sur le fond, équivalente à la première.

b) J. Legge introduit un peu plus de variété ; pour la première expression il traduit zhi par « mind » (esprit) et emploie l’expression « bent on » , ce qui donne pour la première phrase du fameux paragraphe II.4 : « At fifteen, I had my mind bent on learning » soit « A quinze ans j’avais mon esprit penché vers l’apprentissage » ; le zhi de l’expression « zhi yu ren » du §IV.4 est traduit par « will » (soit : volonté) , celui de l’expression « zhi yu dao » du §IV.9 par « mind » et celui de l’expression « zhi yu dao » du §VI. par « will » ; dans ces trois derniers cas Legge emploie le verbe « set on » comme Dawson ;

c) A. Lévi traduit le début du paragraphe II.4 par : « A quinze ans ma volonté était d’étudier. » ; il traduit les expressions « zhi yu ren » du §IV.4 et « zhi yu dao » du §VII.6 respectivement par : « Tendre sa volonté vers la bonté » et par : « Tendre sa volonté vers la Bonne voie »; la même expression « zhi yu dao » du §IV.9 est traduite par : « Résolu à obtenir les lumières sur la Voie » ;

d) La traduction d’Anne Cheng est légèrement plus variée ; pour la traduction des phrases citées au début du présent paragraphe elle propose :

-« A quinze ans, je résolus d’apprendre… » (§ II.4 ) ;

-« Pour peu que la volonté tende vers le ren, elle ne peut engendrer aucun mal. » (§ IV.4) ;

-« L’adepte de la Voie qui rougit d’être mal nourri ou vêtu ne vaut pas la peine qu’on l’entretienne plus avant. » (§ IV.9 ) ;

-« Concentre ta volonté sur la Voie, prends appui sur la Vertu, modèle tes actions sur le ren et prends ton plaisir dans les arts. » ( § VII.6 ) ;

e)P. Ryckmans qui essaie de « restituer en français les rythmes, la concision monumentale, la saveur, la force, l’économie rugueuse et roublarde de l’original » propose une traduction plus variée dans laquelle il n’emploie plus les notions abstraites de « résolution » , de « volonté » ; pour les phrases citées au début du présent paragraphe il propose les traductions suivantes :

-« A quinze ans, je m’appliquais à l’étude…. » (§II.4);

-« Que l’on s’efforce d’être pleinement humain et il n’y aura plus de place pour le mal. » (§IV.4);

-« Un clerc s’attache à la vérité; s’il est honteux de son méchant habit et de son méchant ordinaire, il ne mérite pas qu’on le prenne au sérieux. » (§IV.9) ;

-« Visez la Voie; misez sur la vertu ; fondez sur le bien et délassez-vous avec les arts. » (§ VII.6 ) ;

f)La traduction de ces passages par S. Couvreur apporte quelques éléments explicatifs complémentaires :

-« A quinze ans, je m’appliquai à l’étude de la sagesse ;… » (§II.4);

-« Celui qui s’applique sérieusement à cultiver la vertu, s’abstient de mal faire. » (§IV.4);

-«Un homme qui se livre à l’étude de la sagesse, s’il rougit d’un vêtement grossier et d’une nourriture ordinaire, ne mérite pas de recevoir mes enseignements. » (§IV.9) ;

-« Proposez-vous toujours de suivre la voie de la vertu; demeurez dans cette voie ; ne vous écartez jamais de la perfection ; ayez pour délassements les six arts libéraux (l’urbanité, la musique, le tir à l’arc, l’art de conduire un char, l’écriture et le calcul). » (§VII.6 ) .

5.1.2.4 L’expression至于至于谷至于至于谷谷谷(穀穀穀穀) « Zhi yu gu »

Cette expression se trouve au paragraphe VIII.12 : 子曰

子曰 子曰

子曰 : 三年学三年学,三年学三年学,,不至于,不至于不至于谷不至于谷(穀谷谷穀穀),穀,,不易得也,不易得也不易得也. 不易得也

Zi yue : « San nian xue, bu zhi yu gu, bu yi de ye.» André Lévy a traduit ce paragraphe par :

« Etudier trois ans sans en arriver à l’allocation de grain, voilà qui ne se trouve pas aisément » dit le Maître.

Le caractère 穀 gu qui a été simplifié en 谷 désigne les céréales mais signifie aussi bon, vertueux ; J. Legge et Jing Liangnian rappellent que Zhu Xi a donné à 穀 gu le sens d’ « émoluments » et en plus a lu 至 en 志 ; J. Legge est contre cette façon de voir et note que Kong Anguo a choisi le sens de « bon » ; il donne ainsi à ce paragraphe le sens de :

Le Maître a dit : « Il n’est pas facile de trouver un homme qui, après avoir étudié pendant trois ans, ne devienne bon. » ;

J. Legge est le seul parmi les auteurs des huit livres consacrés au Lunyu cités au §5.1.1 à faire cette interprétation ; A. Lévy dont la traduction est reproduite ci- dessus donne à 穀 gu le sens d’« allocation de grain » tout en gardant à 至 zhi le sens d’« arriver à » ; les autres auteurs suivent l’interprétation de Zhu Xi ; ainsi par exemple A. Cheng a proposé la traduction :

Le Maître dit : « Il est bien rare, celui qui étudie trois ans sans viser une bonne situation. ».

Cette interprétation semble être confortée par le paragraphe II.18 du Lunyu dans lequel Confucius s’apercevant que son disciple Zizhang étudiait en vue d’un poste bien rémunéré lui donna des conseils : écouter beaucoup, observer beaucoup, laisser de côté tout ce qui est douteux, parler avec réserve, agir avec précaution et les émoluments arrivent naturellement.

Ces passages montrent que, même chez les disciples de Confucius, des ambitions purement matérielles peuvent exister ; par contre il est douteux qu’elles puissent, en tant que telles, constituer des objets très valables du zhi 志 ; en revanche des ambitions politico-administratives, qui peuvent aussi apporter des avantages matériels, sont acceptées par Confucius et ses disciples comme des objets du zhi 志.

5.1.2.5 Le caractère Zhi

志志志志

dans une structure de type : zhi

志志志志

(comme déterminant) + nom.

Cette structure se trouve une fois au paragraphe XV.8 : 子曰

子曰 子曰

子曰 : 志士仁人无求生以害仁志士仁人无求生以害仁志士仁人无求生以害仁,志士仁人无求生以害仁,,有杀身以成仁,有杀身以成仁有杀身以成仁。有杀身以成仁。

Soit :

Le Maître dit : « L’adepte résolu, le pratiquant de la vertu d’humanité ne cherche pas à préserver sa vie si cela peut nuire à la vertu d’humanité, au besoin il la sacrifierait pour que cette vertu se réalise. »

Cet article met en exergue un niveau très élevé du zhi ; le groupe des quatre caractères : 志士仁人 « Zhi shi ren ren » est devenu une locution toute faite célèbre ; il désigne dans l’emploi actuel un être humain vertueux, ayant des aspirations élevées (voir §3.3).

5.1.2.6 Autres emplois du caractère Zhi志志志志.

Dans ces emplois le caractère zhi 志 est utilisé avec d’autres pour former une expression désignant ou décrivant un état d’esprit ; zhi 志 a ici un sens général et sert à indiquer que l’expression se rapporte au thème : « état d’esprit » ; ce sont les autres caractères qui fournissent l’information spécifique permettant de savoir quel est cet état d’esprit.