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cœur Les chapitres 21 et 23.

5.5.3 L’Homme, son devoir de se perfectionner ; ses relations avec le Ciel et les dix mille êtres.

5.5.3.3 Le chapitre 2 : Se perfectionner.

5.5.3.3.1

Généralités.

Le chapitre 2 est complémentaire du précédent avec un objectif précis : se perfectionner.Il débute ainsi :

« En voyant le bien, on doit s’examiner dans l’optique de se mettre en ordre. En voyant ce qui n’est pas bien, on doit s’examiner avec tristesse. Voyant en soi une bonne chose on doit l’apprécier fermement et la maintenir. En y voyant une mauvaise chose, on doit la prendre en aversion comme une catastrophe. C’est pourquoi celui qui me critique à juste titre est mon maître. Celui qui m’approuve à juste titre est mon ami. Celui qui me flatte est un traître… ».

5.5.3.3.2

La grande capacité de l’être humain d’agir sur lui-

même.

Comme Xun Zi croit que la nature de l’être humain est mauvaise mais que cet être peut s’améliorer jusqu’à devenir une Sainte Personne, il lui accorde naturellement une grande capacité de s’améliorer comme le montre le passage suivant :

«L’art de régulariser son énergie vitale, de nourrir et d’exercer son cœur (治气养 心 之术, ‘Zhi qi yang xin zhi shu’) consiste à procéder de la façon suivante : -si un tempérament est fort et emporté, alors on l’adoucit par l’harmonisation ; -si la pensée est compliquée, proche de la fausseté, alors on l’unifie par la simplicité et la sincérité ;

-si le courage vire à la férocité, alors on le contient par le respect des principes ; -si le comportement est précipité et enclin à la facilité, alors on le régule par la pratique des règles du ‘savoir bouger, savoir s’arrêter’ ;

-si le caractère est étriqué, mesquin, alors on l’étend par l’apprentissage de la générosité, de la largeur d’esprit ;

-si l’esprit est bas, craintif et avide d’avantages, alors on lutte contre ces défauts par de hautes ambitions (gao zhi 高志) ;

-si quelqu’un est médiocre, vulgaire, incapable, relâché, alors on enlève ces défauts avec l’aide de maîtres et d’amis ;

-si quelqu’un est paresseux, négligent, frivole, prêt à tout renoncement, alors l’évocation des calamités qui peuvent en résulter peut l’éclairer ;

-si quelqu’un est naïf, lent, droit et sincère, alors on adapte sa nature brute par l’apprentissage de la bienséance authentique (li 礼) et de la musique et on ouvre son esprit par la pratique d’une pensée qui va jusqu’au fond des choses.

Ainsi quand qu’il s’agit de régulariser son énergie vitale, de nourrir et d’exercer son cœur, rien ne vaut l’apprentissage de la bienséance authentique (li 礼) quand il s’agit d’obtenir rapidement des résultats, rien n’est plus indispensable que d’avoir un maître et rien n’a l’efficacité merveilleuse de l’attitude qui consiste à aimer se concentrer sur une chose. C’est cela qu’on appelle l’art de régulariser son énergie vitale, de nourrir et d’exercer son cœur. »

5.5.3.3.3

Les caractères zhi 志志志志 du chapitre 2.

Il y a sept caractères zhi 志 dans ce chapitre 2 du Xunzi ; nous en avons rencontré un au paragraphe 5.5.3.3.2 ci-dessus ; examinons les six autres dans l’ordre de leur apparition.

Le premier se trouve dans le paragraphe proche du début du chapitre dans lequel Xun Zi affirme l’importance du li 礼 (la bienséance authentique) :

« Chaque fois qu’on met en œuvre sa vitalité-ardeur (xue qi 血气), sa résolution- intention (zhi yi 志意), sa connaissance-réflexion (zhi lü 知虑), si on procède conformément à la bienséance authentique (li 礼), alors ce sera ordonné et réussi ; dans le cas contraire ce sera le désordre et les retards. »

On peut noter que le Xunzi utilise ici le couple des deux caractères zhi 志 et yi 意 , mais dans un ordre différent du couple yi zhi 意志 très usité actuellement et qui remonte au Huainanzi.( 2nd siècle avant J.C.)

« Une fois sa résolution-intention établie (zhi yi xiu 志意修), alors on fera fi des richesses et des honneurs ; si l’on attache de l’importance à la Voie et au Sens du Juste, alors on fera peu de cas de la condition de roi ou de prince ; quand quelqu’un s’éveille à la vie intérieure, alors peu lui importent les affaires extérieures. Tel est le sens de l’adage : ‘L’homme de bien utilise les choses et les événements, l’homme de peu en est esclave.’»

Deux autres caractères zhi 志 se trouvent au début du dernier tiers du texte dans le passage qui fait la distinction entre l’homme cultivé (shi 士), l’homme de bien (jun zi 君字) et la Sainte Personne (Sheng ren 圣人) :

« Celui qui aime les règles (fa 法) et les applique est un homme cultivé ; celui qui a une résolution (zhi 志) inébranlable et parvient à l’incarner (par sa conduite) est un homme de bien ; avoir de façon inépuisable et impartiale des lumières sur toute chose c’est être une Sainte Personne.

Celui qui n’a pas de règles (fa 法) ne sait pas où aller ; s’il a des règles mais n’en saisit pas le sens (Wu zhi qi yi 无志其义) alors il sera troublé et inquiet ; s’il a des règles et cherche à en approfondir les principes alors il sera calme et généreux .» Les deux derniers zhi 志 se trouvent dans le dernier passage du chapitre :

« Même au fond de la misère, l’homme de bien maintient vaste et généreuse son ambition (zhi guang 志广) ; dans la richesse et les honneurs il continue à avoir un comportement respectueux ; dans le repos il ne se laisse pas gagner par l’indolence ; même épuisé par le travail l’expression de son visage n’est pas dure ; il ne dépouille pas exagérément dans un moment de colère et ne donne pas trop dans un instant de joie.

Si, au fond de la misère, l’homme de bien maintient vaste et généreuse son ambition (zhi guang 志广), c’est que la Vertu d’humanité (Ren 仁) fleurit en lui ; si, dans la richesse et les honneurs, il continue à avoir un comportement respectueux, c’est qu’il n’accorde pas d’importance à sa position ; si dans le repos il ne se laisse pas gagner par l’indolence c’est qu’il comprend la raison des choses ; si, épuisé par le travail, l’expression de son visage n’est pas dure c’est qu’il sait traiter les affaires de façon harmonieuse ; s’il ne dépouille pas exagérément dans un moment de colère et ne donne pas trop dans un instant de joie, c’est que la loi prévaut sur les sentiments personnels.Le Livre des Documents dit :

‘N’agissez pas selon ce que vous aimez, suivez la voie de l’Empereur ; n’agissez pas selon ce que vous haïssez, suivez le chemin de l’Empereur.’

Cela signifie que l’homme de bien est capable de s’appuyer sur le sens du bien public pour triompher de ses désirs personnels. »

Sur les sept caractères zhi 志 de ce chapitre 2, un a le sens de : retenir, savoir, six correspondent à l’idée du zhi 志, objet de la présente étude et peuvent être traduits selon le cas par : résolution, ambition, projet qu’on se donne pour la vie… ; le texte met en exergue le fait que ce zhi 志 suffisamment élevé, ample, généreux peut aider la personne, non seulement à résister aux circonstances extérieures difficiles et de conserver ainsi son indépendance, mais aussi à se corriger, à lutter contre ses propres tendances peu nobles (voir § 5.5.3.3.2). L’idée de faire prévaloir la loi sur les sentiments personnels, de s’appuyer sur le sens du bien public pour triompher de ses désirs mérite d’être soulignée.