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Les trois poèmes « 行路难 行路难 行路难 Xing lu nan » ou « Dure est la 行路难 route »

pour l’information du jeune frère »

Chapitre 34 : « La grande Voie

7.2.2.3.3 Les trois poèmes « 行路难 行路难 行路难 Xing lu nan » ou « Dure est la 行路难 route »

Pour ces trois poèmes nous proposons les traductions suivantes : « Dure est la route. Poème 1 » :

« Du vin pur, servi dans une coupe en or, coûte les dix mille pièces, La valeur des mets recherchés, présentés dans un plat en jade, atteint le même sommet.

Posant mon verre, jetant mes baguettes, je ne peux guère avaler,

46 Voir par exemple l’article de la BBC h2g2 « Gustav Mahler : Das Lied von der Erde » à la

Dégainant mon épée, je regarde dans les quatre directions, le cœur troublé.

Je voudrais traverser le Fleuve Jaune mais la glace bloque la rivière, Prêt à grimper la montagne Taihang, je trouve le ciel voilé par la neige. Dans un moment de loisir, je pêchais au dessus d’un vert torrent, Soudain je me retrouvai en train de naviguer sur un bateau rêvant d’atteindre le soleil.

Dure est la route, Dure est la route.

Il y a beaucoup de bifurcations, Laquelle faut-il suivre ?

Un jour viendra où, grâce aux vents constants et durables je fendrai les vagues,

Suspendant droit mes voiles, je traverserai la mer profonde.»

« Dure est la route. Poème 2 » :

« La grande voie est comme le ciel bleu, Mais je suis seul à ne point pouvoir sortir. J’ai honte de suivre ces jeunes de Chang An,

A faire des paris sur des combats de coqs et de chiens, avec comme enjeux des poires et des châtaignes.

Je joue avec mon épée, chante pour exécuter une musique de l’amertume, Mais traîner les pans de mon habit devant les portes royales ne répond pas à mes aspirations.

A Huai Yin, les gens, au marché ou autour des puits, riaient de Han Xin, A la cour des Han les ducs, les ministres étaient jaloux de Jia Sheng. Seigneur, ne voyez vous pas ?

Jadis le roi Zhao de Yan par son estime pour Guo Wei,

L’a reçu en balayant la Terrasse d’Or et en s’inclinant devant lui. Emus par tant de sollicitude, Ju Xin et Yue Yi vinrent alors, Et le servirent de tout cœur avec tous leurs talents.

Du roi Zhao, il ne reste que des os blancs enroulés dans des herbes grimpantes,

Qui peut encore balayer la Terrasse d’Or. Dure est la route,

Partons d’ici et rentrons. »

Note : Le roi Zhao a fait construire spécialement la Terrasse d’Or pour y recevoir les personnes compétentes qui venaient le voir.

« Dure est la route. Poème 3 » :

« Ne lavez pas vos oreilles avec l’eau de la rivière Ying, Ne mangez pas les fougères au pied du mont Shou Yang.

Dans un monde en désordre, cachez tout éclat, fuyez toute renommée, A quoi cela sert de se dresser seul pour se comparer aux nuages et à la lune.

Depuis l’antiquité, les sages et les hommes accomplis,

Qui, une fois leur œuvre accomplie, ne se sont pas retirés ont tous été massacrés.»

… (Rappel de plusieurs exemples)…

« Seigneur, ne voyez vous pas ?

Zhang Han de Wu Zhong, un haut dignitaire digne de ce nom, Voyant le vent d’automnne se lever, a eu la nostalgie des produits du Jiang Dong.

Aussi, tant que vous êtes vivant, profitez de votre verre de vin, Que vous importe votre renommée, mille ans après votre fin. »

Le premier vers fait allusion à Xu You, qui après qu’on lui a proposé de devenir empereur, est allé se laver les oreilles ; le second rappelle l’histoire des deux frères Po Yi, Shu Qi qui se sont laissés mourir de faim au pied du mont Shou Yang par fidélité envers l’empereur Zhou, un tyran qu’ils désapprouvaient par ailleurs. Li Bai ne considérait pas ces personnages comme des exemples à suivre, probablement, parce que pour lui, ces actions plutôt « spectaculaires », n’étaient pas vraiment authentiques. Dans les derniers vers Li Bai fit grand cas de Zhang Han ; selon le Shishuo xinyu (Nouveau recueil d’histoires de l’époque) attribué à Liu Yiqing, voyant le vent d’automnne se lever Zhang Han a pensé à des plats du Wu Zhong confectionnés avec du riz sauvage et de la chair de perche ; il quitta alors son poste et rentra dans son pays natal, probablement à un moment critique puisque le texte indique que le prince qui l’employait a été battu. Witter Bynner a intégré dans sa traduction même le détail concernant le plat de perche, ce qui a donné :

“Have vous not heard of Zhang Han who resigned, care free, To go home to eat his perch with high glee?”

Soit:

« N’avez vous point entendu parler de Zhang Han qui, après avoir démissionné, Rentra chez lui, sans souci, manger son plat de perche avec une joie non dissimulée. »

Notes sur les trois poèmes « Dure est la route »

Dans le premier poème nous voyons le poète très ému, jusqu’au point qu’il ne pouvait pas continuer à manger; il voulait faire quelque chose de grand mais s’apperçut vite qu’il y avait des difficultés ; il ne sut plus quoi faire mais rêva de circonstances favorables qui lui permettraient de réaliser son ambition exprimée ici par des métaphores.

Le second poème commence par nous montrer un Li Bai qui se sentait à l’étroit, inutile dans la société de Chang An ; la dernière partie du poème met en exergue l’exemple donné par le roi Zhao de Yan qui savait bien traiter les hommes de talent qui à leur tour le servaient bien ; le dernier vers exprime la décision du poète de quitter ; cette décision était peut-être en relation avec son départ de la cour impériale.

Dans la première partie du troisième poème, Li Bai a repris le thème de loyaux ministres exilés, massacrés par leurs souverains et le conseil : se retirer une fois l’œuvre accomplie ; mais dans la dernière partie, en louant l’exemple de Zhang Han, il est allé beaucoup plus loin ; il ne s’agit plus de se retirer une fois l’œuvre accomplie ; il s’agit bien de quitter son prince pour poursuivre son bonheur personnel ; s’il arrive quelque chose de grave au prince, ce sera l’affaire de ce dernier !

7.2.2.3.4. Etude des trois poèmes comportant l’expression 言志言志言志言志 yan zhi