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Encadré V.1 — Les indicateurs de précarité sociale et les abréviations utilisées dans les

2.3. Les contextes communaux de la précarité sociale en Ile-de-France

Les contextes communaux de la précarité sociale ont été cernés à partir de trois entrées. La première rend compte de la position d’une commune sur les différentes composantes sociales que l’analyse précédente a permis d’identifier. Cet état en 1999 est également situé dans le temps, replacé sur une trajectoire de la dynamique communale de précarisation, ou de la « dé-précarisation », des populations résidantes. Enfin, chaque contexte est positionné dans un voisinage spatial, qui isolera le contexte ou au contraire, en amplifiera la portée.

Les profils types des contextes communaux de précarité en 1999 sont donc définis à partir des positions des communes sur les quatre premiers facteurs de l’analyse en composantes principales. Huit types de contextes communaux de précarité sont identifiés, au moyen d’une classification ascendante hiérarchique effectuée sur ce tableau (tableau V.2).

Par ailleurs, ces types sont situés par rapport aux évolutions des positions des communes qui les composent, sur une échelle de la précarité commune aux situations de 1990 et de 1999. Celle-ci est obtenue au moyen d’une analyse en composantes principales, effectuée sur un tableau qui décrit chacune des 626 communes par les 14 indicateurs de précarité en 1999 et en 1990. Chaque commune est donc décrite deux fois, une première fois suivant son profil en 1999, et une seconde fois suivant son profil en 1990 ; la structure factorielle obtenue à partir d’un tel tableau est une structure moyenne des deux années, par rapport à laquelle on peut suivre la trajectoire de chacune des communes67. On considère ici l’ensemble des trajectoires communales effectuées sur la première composante de cette structure (39% de la variance expliquée par ce facteur), composante qui constitue une « échelle intercommunale de la précarité » commune aux deux dates (figure V.1).

67 La mise en œuvre d’une telle méthode suppose que les structures observées aux deux dates soient assez

semblables, ce qui est le cas ici. Cf. PUMAIN D., SAINT-JULIEN T. 1978 ou encore PAULUS F., 2004 pour un exposé plus détaillé et d’autres exemples d’application de la méthode.

Tableau V.2 — Profil moyen des huit types de communes (en %)

Types de contextes Indicateurs exprimés en % profil

moyen 1 2 3 4 5 6 7 8 total

Chômage 9,6 21,2 16,6 13,8 11 8,3 7,1 8,6 12,1

Salariés à temps partiel 13,8 14,9 13,5 14,5 12,8 13,2 14,7 13,5 15,8

Intérims 1,2 2,6 1,9 2,3 1,6 1,2 0,7 0,9 1 Emplois aidés 1,1 2,4 1,6 2 1,3 1 0,8 0,8 0,9 CDD 6,2 9,2 8 6,8 6,4 5,5 5,3 6,6 10,8 Ouvriers spéc. et manœuvres 5,6 10,9 8 13 7,4 5,8 3,4 2,8 2,7 Ouvriers qualifiés 9,6 14,6 11,6 17,3 11,8 10,8 7,2 5,1 3,6 Employés 25,4 28,9 30,5 26,5 29,6 26,5 21,8 22,5 18,4 Non-diplômés 15,2 31,2 24,7 25,5 18,7 14,9 10,1 10,6 13 Ménages résidant en HLM 16,1 51,2 46,3 24,9 26,7 10 3,4 19 12,5 Familles monoparentales 11,5 18 18,5 12,6 13,7 10,1 8 13,6 16,1 Ménages de > 6 personnes 3 10,4 4,6 4,1 4,4 2,7 2,2 1,8 1,2 Moins de 25 ans 33,3 42 34,7 34,3 36,3 33,6 32,7 29,3 25,4 Etrangers hors UE 4,4 20,7 13,7 4,5 6,4 2,3 1,2 4,8 10,4 Nombre de communes 12 48 29 89 194 162 77 15 626

Pop. en milliers d'habitants 362 1 914 213 1 732 1 447 621 2 769 1 471 10 520

Part de la pop. Totale (%) 3,4 18,2 2,0 16,5 13,8 5,9 26,3 14,0 100

Densité moyenne (en

hab./km²) 3 183 4 694 6 641 742 2 831 1 138 675 8 418 24 387

Sources : INSEE, RP 1999

Figure V.1 — Trajectoire des huit types de contextes communaux sur « l’échelle

intercommunale de la précarité », entre 1990 et 1999

Au cours de la période, la tendance générale est à l’aggravation de la précarité sociale, imputable pour l’essentiel à l’augmentation du chômage et des formes d’emplois temporaires ou à temps partiel. Pourtant, cette tendance ne s’est pas manifestée partout avec la même force et, fait majeur, le processus de précarisation des contextes communaux a été d’autant plus rapide entre les deux dates qu’il s’est agi de communes déjà en position défavorable en 1990.

Les communes qui représentent en 1999 les contextes les plus dégradés sont aussi, dans l’ensemble, celles qui ont subi la dégradation la plus vigoureuse de leur contexte durant les années 1990.

Les types de contexte sont enfin situés dans l’espace régional au moyen de leur représentation cartographique. Celle-ci est particulièrement éclairante : dès le premier regard on note que les communes rapprochées par leur profil de précarité partagent également bien souvent le même type de situation géographique dans la région (figure V.2). La répartition d’ensemble des différents types de communes renvoie au schéma d’organisation radio-concentrique classique, exposé dans le chapitre précédent.

Au total deux sous-ensembles de contextes ont pu être distingués.

• Les contextes communaux pris dans une spirale de dégradation

En 1999, environ 40% de la population des communes urbaines de l’Ile-de-France réside dans des communes relativement marquées par la précarité sociale, à des degrés différents certes, et selon des formes diverses. A l’exception du contexte le plus extrême que l’on retrouve dans des situations géographiques assez différentes, chacun des quatre types de contexte identifiés correspond à une situation géographique bien particulière dans l’agglomération.

¾ Une précarité massive dans des communes dont le déclassement se poursuit

Une douzaine de communes offrent à leurs résidants un environnement social qui porte toutes les marques d’une précarité massive (type 1). Ici, en moyenne, le parc HLM loge plus de la moitié des ménages, le chômage touche plus d’un actif sur cinq, et plus d’un résidant sur cinq est un étranger hors UE (cf. tableau V.2). Des structures familiales, minoritaires dans le reste de la région, sont ici très présentes : près d’une famille sur cinq est une famille monoparentale et plus d’un ménage sur 10 est composé de plus de six personnes. Dans ce contexte, la précarité prend des formes très visibles, à même d’alimenter nombre de stéréotypes. Les formes architecturales dominantes, celles des grands ensembles hérités des années 60 et 70, fonctionnent comme le signe évident de banlieues « sensibles » ; la concentration exceptionnellement élevée des étrangers hors UE, qui constitue un obstacle au vieux modèle d’intégration à la française reposant sur l’assimilation, alarme ceux qui voient un risque dans les regroupements communautaires. Cependant, la part de la population urbaine de la région résidant dans ce contexte reste très minoritaire – moins de 4%.

La dégradation de ce contexte entre 1990 et 1999 est spectaculaire (figure V.1). Dans les communes de ce type, les expressions de la précarité sociale se sont renforcées beaucoup plus vite que dans les autres communes urbaines de la région, au point qu’en 1999, ces communes puissent apparaître comme « décrochées » des autres. Ainsi, à titre d’illustration, si dans l’ensemble des communes urbaines, le taux de chômage est en moyenne passé de 7 à près de 10% entre 1990 et 1999, il a grimpé de 14 à 21% dans les 12 communes du type 1.

La consultation de la liste des communes concernées laisse peu de place à la surprise. On retrouve ici nombre d’archétypes des banlieues difficiles d’Ile-de-France. Pour autant, ce contexte social communal très spécifique ne correspond pas à une situation géographique unique. S’il épargne le centre de la capitale, on le retrouve aussi bien en proche banlieue qu’en deuxième couronne, voire sur les marges extrêmes de l’agglomération (figure V.2). Ainsi, un certain nombre de ces communes constituent le cœur du noyau défavorisé de la banlieue du nord et du nord-est de Paris avec La Courneuve, Stains, et Villetaneuse en Seine-Saint-Denis, Sarcelles et Garges-lès-Gonesse en Val-d’Oise. D’autres communes sont plus périphériques ; leur développement le long de la Seine, souvent plus récent, correspond à la proximité des principaux sites industriels de la région avec, en amont de Paris, Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne et Grigny en Essonne, et en aval, Chanteloup-les-Vignes, Les Mureaux et Mantes-la-Jolie. Enfin, Clichy-sous-Bois et surtout Trappes, font davantage figure d’isolats. Les mécanismes qui ont abouti sur la longue durée à de telles concentrations de précarité sociale sont aujourd’hui connus. Ils relèvent de la conjonction de plusieurs facteurs qui, selon les lieux, ont pu faire système, ce qui explique ces cumuls des extrêmes : caractéristiques du parc de logements ; restructuration économique – qui a touché les lieux à des moments différents de son développement ; profils socio-démographiques en lien avec les formes prises par l’immigration ; structures familiales fragiles. Ces communes sont bien repérées par les différentes collectivités territoriales et par les services de l’Etat. Et pourtant, la question du statut et du devenir de ces territoires dans une région aussi riche et dynamique que l’Ile-de-France, reste posée.

¾ Une précarité persistante, typique de l’ancienne ceinture rouge

Au-delà des quelques communes classées dans le type précédent, la précarité demeure persistante dans de vastes pans de l’ancienne ceinture rouge. Bien que moins extrêmes, dans un certain nombre de ces communes de la première couronne (type 2, qui rassemble un cinquième de la population urbaine régionale), les marques de la précarité ne sont pas anodines. Outre que le poids du logement social y est exceptionnel, quasi équivalent à celui

des communes du groupe précédent, la précarité de l’emploi concerne une large frange de la population résidante et la concentration relative des familles monoparentales et des étrangers hors UE y est bien supérieure à la moyenne régionale (tableau V.2).

Au cours de la période 1990-1999, la précarité s’est davantage renforcée dans ces communes de l’ancienne ceinture rouge, qu’elle ne l’a fait en moyenne ailleurs. Pour autant, aussi préoccupante soit-elle, cette évolution ne s’est pas traduite par un décrochage comparable à celui noté pour les contextes communaux de la précarité massive du type 1 (figure V.1). Il convient toutefois de noter que le poids démographique et les densités élevés de cette « ceinture » peuvent masquer des micro poches de précarité plus extrêmes. Les mesures effectuées ici à l’échelon communal peuvent lisser de telles aspérités, qui seront révélées par l’approche infra-communale.

Ce type de contexte communal n’est certes pas le lot de toutes les communes de la proche couronne, bien qu’un grand nombre reste, encore aujourd’hui, fortement marqué par ses héritages industriels et/ou ouvriers, et par les politiques du logement dont elles ont été la cible. Ce contexte se rencontre principalement dans deux secteurs, situés aux portes de Paris (figure V.2). Le premier, très compact apparaît comme une forme géographique dégradée du type 1 : il s’étend de Nanterre à Sevran, en passant par Villiers-le-Bel, autour du noyau de communes massivement touchées par la précarité (type 1). Le second, un peu plus diffus, apparaît au sud-est de la capitale, de Bagneux à Champigny et jusqu’à Villeneuve-Saint-Georges.

Du fait de leur situation géographique, ces communes, et en premier lieu les communes limitrophes de Paris, sont aujourd’hui traversées par de profondes mutations. Elles sont progressivement investies par les classes moyennes, qui ont de moins en moins la capacité financière de se loger dans Paris intra-muros. L’intrusion de celles-ci apparaît comme le prolongement du mouvement d’embourgeoisement que connaissent le nord et l’est parisien.

Relativement à ces deux types de contextes, un sous-ensemble de communes relève de contextes dont les spécificités ne dépendent que de certains des indicateurs de précarité, et pour lesquels les évolutions se démarquent moins des tendances régionales.

¾ La précarité « ordinaire » des centres urbains périphériques

Les communes du type 3 relativement peu peuplées (elles rassemblent dix fois moins de Franciliens que les communes du type 2), ont des positions sur les indicateurs de la

précarité qui témoignent d’une certaine vulnérabilité des contextes, sans que les niveaux atteints ni les formes de cumul y trouvent des expressions extrêmes (tableau V.2). Les populations ouvrières y avoisinent les 20%, niveau supérieur à la moyenne des communes urbaines de la région et proche de ceux atteints par les communes des deux types précédents. Les différentes formes de la précarité de l’emploi et le chômage y sont présentés et toujours un peu au-delà de ce qui apparaît dans l’ensemble des communes ; l’offre en logement social y concerne un quart des ménages. Cependant, ni les structures familiales, ni les caractéristiques démographiques ne distinguent ces communes du contexte régional général. Ce profil, qui est celui des villes moyennes ou petites, situées aux marges de l’agglomération, a quelque chose de banal dans la mesure où ces contextes de précarité sont assez proches de ceux que l’on peut observer en province dans des communes de taille équivalente. On justifie ainsi la qualification ordinaire, donnée à ce type de contexte de la précarité.

Bien que ces communes à forte « tonalité » ouvrière ne se retrouvent pas, en 1999, en position extrême sur l’échelle intercommunale de précarité, on note toutefois que les écarts qui les séparent des contextes les plus épargnés se sont néanmoins accentués au cours des années 90. Elles semblent avoir été, en moyenne, relativement plus durement frappées par la montée de la précarité, que celles de l’ancienne ceinture rouge (type 2).

¾ Les fragilités du contexte des communes récemment urbanisées

Entre les communes populaires de la proche banlieue et les centres urbains périphériques, un quatrième type de contexte communal se détache, qui concerne 15% de la population urbaine de la région (type 4). Ce contexte se caractérise par une sur-représentation des catégories sociales populaires, ouvriers et surtout employés, et des ménages occupant des logements sociaux. Pourtant, les signes d’une vulnérabilité sociale des contextes communaux semblent relever davantage de caractéristiques démographiques des populations résidantes, ces communes concentrant relativement plus de populations jeunes, d’étrangers hors UE et de familles monoparentales. En revanche, les difficultés liées à l’emploi y apparaissent relativement moins prégnantes que dans les contextes précédents. De plus ces communes ont souvent bénéficié d’une trajectoire favorable entre 1990 et 1999, s’étant un peu éloignées de la tendance régionale à la montée de la précarité. On les retrouve le plus souvent dans des zones récemment urbanisées, en particulier en villes nouvelles (Cergy-Pontoise, Evry, ainsi que dans la partie la plus ancienne de Marne-la-Vallée), parmi les communes de la « Plaine de France », autour de Roissy ou encore, parmi celles de l’agglomération de Melun (figure V.2).

• Les contextes communaux épargnés par la montée de la précarité

Plus de la moitié de la population urbaine francilienne réside dans des contextes où les différentes formes de la précarité ne concernent qu’une frange réduite de la population. Le mouvement régional de précarisation des communes urbaines les a relativement peu affectées, à tel point que leurs positions en 1999 ne sont guère différentes de ce qu’elles étaient en 1990. Les différents indicateurs de précarité sociale ne s’effondrent pas pour autant, mais on peut faire l’hypothèse qu’ils expriment des situations individuelles de précarité à la fois plus isolées, souvent plus temporaires, et qui cumulent moins souvent l’ensemble des handicaps. ¾ La précarité contenue du contexte des communes périurbaines pavillonnaires

Dans un environnement où les densités de population sont peu élevées, les communes périurbaines de la grande couronne apparaissent comme des contextes moins touchés par la précarité professionnelle que ne le sont ceux des centres urbains voisins, même si cette précarité ne peut y être totalement ignorée (type 5). Les structures familiales atypiques et vulnérables y sont aussi plus rares et les concentrations des ouvriers non qualifiés et des étrangers hors UE relativement plus faibles, ce qui n’est probablement pas sans rapport avec la faiblesse de l’offre de logements sociaux. Ces communes, lieux de résidence privilégiés de ménages des couches moyennes qui aspirent au logement individuel (BERGER M., 2004), ont connu entre 1990 et 1999 un processus de précarisation relativement plus lent que dans l’ensemble de la région.

¾ La précarité « invisible » des communes périurbaines aisées

Moins de 6% de ménages urbains a élu domicile dans des communes où il est bien rare de voisiner avec des populations affectées par les formes les plus multidimensionnelles de la précarité (type 6). Dans ce contexte, les niveaux des indicateurs de précarité professionnelle ne sont cependant pas aussi faibles que ce qu’on aurait pu attendre (tableau V.2), ce qui pose quelques questions d’interprétation. Pour une part d’entre eux, les sans-emploi de ces communes périurbaines aisées ne se confondent certainement pas avec ceux qui résident dans les communes des types 1 à 4 : qualification, durée du chômage et montant des indemnisations, contextes économiques, familiaux peuvent différer grandement. Selon le témoignage d’un responsable de « circonscription d’action sociale » interrogé sur le sujet, les sans-emplois font peu appel aux dispositifs d’insertion. On peut formuler deux hypothèses à ce sujet : soit que le chômage, dans ce contexte, ne remette pas en cause l’insertion sociale générale et le niveau de vie, soit que le recours à l’aide sociale soit perçu comme un déclassement supplémentaire. Enfin, les personnes actives bénéficiant de contrats de travail à

temps partiel y sont relativement plus nombreuses qu’ailleurs, ce qui peut relever plus fréquemment d’un choix que d’un contrat subi.

Dans ces communes aux très faibles densités, le logement social est quasi inexistant et les étrangers hors UE l’exception, tandis que la part des familles monoparentales est la plus faible de tous les contextes identifiés. Derrière ces faibles pourcentages, se devine une grande homogénéité sociale, où la précarité n’a pas droit de cité. Ces communes périurbaines très aisées sont en général des communes de l’ouest de l’agglomération, secteur bien connu de la résidence des catégories les plus favorisées (chapitre 4).

¾ Une précarité marginale dans le prolongement des Beaux quartiers parisiens

Dans les contextes communaux du Paris des Beaux quartiers et des vieilles communes bourgeoises de la proche banlieue, telles Versailles ou Saint-Germain-en-Laye (type 7), les catégories sociales populaires et celle des non-diplômés sont encore plus sous-représentées. Dans ces communes, pour la plupart densément peuplées et relativement centrales, la part des moins de 25 ans y est également faible (figure V.2). Cependant, densité et centralité assurent à ces communes et arrondissements une certaine diversité sociale, parfois favorisée par un parc relativement étendu de logements sociaux. Par exemple, comparées aux centres urbains périphériques, les parts des familles monoparentales et des étrangers hors UE y sont ici relativement plus élevées. Il n’en reste pas moins que ces contextes centraux sont ceux qui ont le mieux résisté à la tendance générale à l’augmentation la précarité communale.

¾ Une précarité qui subsiste au cœur de la capitale

Les 15 arrondissements du nord et de l’est de Paris présentent un profil tout à fait original par rapport aux autres communes urbaines franciliennes (type 8). La précarité de l’emploi y est bien affirmée, mais sur certains aspects seulement (tableau V.2), ce qui doit être interprété en tenant compte des spécificités du marché du travail parisien. Les fortes proportions de CDD et de contrats à temps partiel parmi les salariés renvoient à des formes de précarité, mais elles laissent aussi transparaître la grande fluidité de ce marché du travail. En outre, le chômage peut y atteindre des taux supérieurs à la moyenne régionale, sans que cette surreprésentation ne soit liée à une forte présence des catégories professionnelles les plus populaires, comme cela est apparu pour d’autres contextes. Au contraire, en moyenne, en 1999 les concentrations relatives des ouvriers et les employés enregistrées par les communes de ce type sont les plus faibles. Cette originalité du contexte parisien se lit aussi dans ses dimensions démographiques, puisque la part des familles monoparentales et des étrangers hors UE est proche de celle rencontrée dans les contextes de grande précarité (type 1 et 2)

alors qu’à l’inverse, les ménages de grande taille sont rares, et les moins de 25 ans relativement beaucoup moins nombreux que dans le reste de l’agglomération. Sans être négligeable (12,5%), la part des ménages logés en logement social est, en moyenne, plus faible que l’ensemble des communes urbaines de la région (16%).

Persistent donc dans le cœur de la capitale des formes de précarité diverses. Certaines sont sans doute relatives et temporaires, d’autres au contraire s’apparentent à des formes de précarité multidimensionnelle rencontrées dans les contextes de précarité massive ou dans les communes populaires de la proche banlieue. Les trajectoires suivies par ces arrondissements entre 1990 et 1999 vont pourtant bien dans le sens d’une amélioration de leurs positions sur « l’échelle intercommunale de précarité sociale », qui renvoie au mouvement général