• Aucun résultat trouvé

Section I: L’avènement de la société westphalienne 1 Contexte historique

Section 1: Une société westphalienne en crise

3. Le Congrès de Vienne et le Concert européen

3.2 Le Concert européen

Entre 1815 et 1823, plus de sept réunions du Concert eurent lieu, montrant le dynamisme et la volonté commune des Grandes puissances à contrer toutes formes de libéralisme politique. Avec le traité d’Aix-la-Chapelle de 1818, la France monarchique retrouve son ancien statut, étant autorisée à réintégrer les rangs de la quadruple alliance, plus par souci de prévention que par confiance en sa stabilité98. Les cinq congrès99 convoqués le furent afin d’entériner de violentes répressions contre divers mouvements réactionnaires qui se manifestèrent successivement dans les territoires allemand, italien et

92 Paul W. Schroeder, op. cit., p. 581-582. 93 Ibid., p. 582.

94 Ibid., p. 586. 95 Ibid., p. 586- 593.

96 Serge Berstein et Pierre Milza, Nationalismes et Concert Européen, op. cit., p. 14. 97 Ibid., p. 21.

98 Paul W. Schroeder, op. cit., p. 592-593.

99 Les Congrès de Carlsbad de 1819, de Vienne et de Troppau de 1820, de Laybach de 1821 et de Vérone, en

espagnol. L’Autriche en sera la principale artisane et la grande bénéficiaire. Même les Bourbons de France y prendront part en appuyant le rétablissement de la monarchie espagnole marqué par la brutalité de la répression antilibérale.

Malgré l’apparence de ces succès, le statu quo de 1815 montre des signes de fatigue, et les événements mettront en évidence tant l’incohérence de la stratégie utilisée que la faiblesse de l’alliance100. La mort de Castlereagh101, chef du gouvernement britannique, en 1822, et son remplacement par Canning102, adversaire des interventions antilibérales, n’en est que le premier symptôme. Puis, le mouvement de libération des colonies espagnoles et portugaises aux Amériques, déjà en marche depuis quelques années, ne sera pas endigué. La dernière colonie espagnole obtiendra son indépendance en 1824. À cet épisode, il faut ajouter la doctrine américaine de Monroe (du nom de son auteur, alors président des États-Unis) qui sommait l’Europe de ne pas intervenir dans les Amériques103. La situation des populations chrétiennes des Balkans, sous domination ottomane, allait aussi affaiblir les fondements du Concert. En effet, le refus de changer l’équilibre des puissances dans les Balkans, lors du congrès de Vienne de 1820104, et l’isolement du tsar en

1822, compte tenu de ses ambitions expansionnistes au profit de l’Empire ottoman, réorientèrent l’attention du Concert vers cette région. La violence de la répression du régime ottoman lors de la révolte grecque, immortalisée par le massacre de Chio de 1822, mettra en évidence les contradictions du statu quo. De plus, les événements qui s’enchaîneront vont graduellement mettre fin aux liens privilégiés des Grandes puissances impériales, dites conservatrices.

The relative tranquillity, however, would end abruptly in 1830, in revolutions much wider and more threatening to the international system than those of early 1820s. Conservatives like Metternich saw a direct link here: governments in opening the

100 «[…] il n’y a plus guère de points communs entre une Angleterre tournée vers un avenir où le libéralisme

a sa place et des puissances telles que la Russie et l’Autriche, qui s’appliquent à effacer, jusqu’à la dernière empreinte, l’influence exercée sur les Européens par la Révolution française.» Serge Berstein et Pierre Milza, Nationalismes et Concert Européen, op. cit., p. 21.

101 Paul William Schroeder, op. cit., p 636. 102 Serge Berstein et Pierre Milza, op. cit., p. 21. 103 Ibid., p. 23.

floodgates to liberalism and revolts in the Near East had undermined the dikes against revolution in the rest of Europe105.

Après le carnage de Chio, un mouvement populaire transeuropéen106 pour l’autonomie de la Grèce voit le jour, et son ampleur entraînera à sa suite certains gouvernements, dont ceux de la France et de l’Angleterre. De plus, les ambitions unilatéralistes du nouveau tsar107 Nicolas Ier,dans les Balkans, accéléreront le dénouement de la crise grecque. En effet, malgré des intérêts divergents et l’opposition de l’Autriche108, le traité de Londres crée une Triple Alliance qui, s’appuyant sur le protocole de Saint- Pétersbourg, s’affiche comme force dissuasive et de médiation entre le peuple grec et la Turquie. Un déploiement maritime rapide de ses signataires dans la mer Ionienne dégénérera en conflit armé contre les forces turques et égyptiennes109. Ce qui résultera en la libération de la Grèce en 1828; à l’automne de 1829, les Russes obtinrent des Ottomans, avec le traité d’Andrinople, l’autonomie des États du sud des Balkans110. L’indépendance de la Grèce fut, par la suite, officialisée par la convention de février 1830111.

Malgré le statut particulier accordé à la Grèce, son indépendance provoquera une résurgence de mouvements populaires réclamant leur autonomie nationale. La suite des rapports entre Grandes puissances allait révéler l’incohérence du statu quo maintenu par le Concert européen et les intérêts extra-européens allaient raviver progressivement les desseins d’hégémonie de certaines d’entre elles112. Les quatre décennies suivantes témoigneraient, de façon épisodique, d’avancées et de reculs en ce qui concerne des poussées nationalistes, par la création de nouveaux États européens. La géographie politique de l’Europe était de nouveau en mutation et il faudra attendre le XXe siècle pour l’établissement de ses frontières actuelles.

105 Paul William Schroeder, op. cit., p. 636. 106 Ibid., p. 642.

107 En mars 1826, il négocie unilatéralement avec le sultan, exigeant l’autonomie des provinces de Roumanie

et de Serbie. Afin de contrer cette attitude, le Britannique Canning parvient, avec l’appui de la France, à négocier avec la Russie une alliance contre l’Empire ottoman, à Londres, en 1827. Serge Berstein et Pierre Milza, op. cit., p. 29.

108 Paul William Schroeder, op. cit., p. 648-651.

109 Le 20 octobre 1827, dans la mer Ionienne, la flotte turco-égyptienne est annihilée en quelques heures,

dans la fameuse bataille de la baie de Navarin (Pilos). Ibid., p. 652.

110 Le traité d’Andrinople de 1829 reconnaît l’autonomie aux principautés roumaines et à la Serbie. Serge

Berstein et Pierre Milza, op. cit., p. 29.

111 Ibid.

112 Benoît Pellistrandi, Les relations internationales de 1800 à 1871, Paris, Armand Colin, coll. «Cursus –