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Les cadrages scientifiques du bocage à l’agroforesterie intra-parcellaire (1970 / 1990)

Introduction Partie

5.3. Les cadrages scientifiques du bocage à l’agroforesterie intra-parcellaire (1970 / 1990)

Le premier cadrage du problème public agroforestier sur la scène scientifique est initié par l’agronome Dominique Soltner, avec la publication dès 1973 de son livre : « L'Arbre et la

haie pour la production agricole, pour l'équilibre écologique et le cadre de vie rurale » (Soltner

1973). Ce livre, d’une actualité toujours aussi vive par la place qu’il accorde aux ligneux dans la production agricole avec les équilibres écologiques qu’ils permettent, a eu une influence déterminante dans les premiers pas du renversement du cadre interprétatif de l’arbre en agriculture, comme l’évoque ce responsable d’association :

« C’est vrai que Dominique Soltner avait déjà tout dit à l’époque avec son livre, il a vraiment été à l’origine de prises de conscience chez beaucoup de gens ! » - "Elu AFAF, entretien n°1" Il a notamment contribué à sensibiliser les agriculteurs à l’interaction des haies avec les cultures. Avec la notion de haie coupe-vent, il a démontré par exemple que la zone de baisse

132 des rendements au pied de la haie est ensuite compensée par une hausse de la production les mètres suivants, comme l’explique ce schéma :

Figure 2 : Fonctions agronomiques d’une haie coupe-vent. Source : (Soltner 1975)

Avec plus d’une dizaine de rééditions, cet ouvrage est parvenu à remettre la question de l’arbre dans les programmes en lycées agricoles, même si cet enseignement est resté facultatif jusqu’à la période récente avec l’introduction de l’agro-écologie.

Le second acte fondateur du cadrage « bocager » du problème, fut le colloque organisé en 1976

« Les bocages » (Missonnier J. et al. 1976) :

« C’est en Bretagne, il y a 40 ans, qu’ont débuté les premières prises de conscience du rôle joué par le bocage dans la résilience écologique des écosystèmes agricoles. Je me souviens du gros ouvrage fondateur, à la couverture verte, « les Bocages » publié à la suite de la table ronde à Rennes en juillet 197666 et qui était, à ma connaissance, la première synthèse des

connaissances sur ce domaine, avec une large place faite à gestion de l’eau et à l’accueil des auxiliaires. » - "Elu AFAC-Agroforesteries, entretien n°4"

Puis, dans les décennies 1980 et 1990, les scientifiques associent plusieurs cadrages : sylvicole et agricole, environnemental et productif, ou encore entre tradition et modernité. Ces équipes travaillaient sur la haie et le bocageà l’INRAE de Rennes67, à l’Ecole Supérieure d’Agriculture

66In extenso : "Les bocages, histoire, écologie, économie : Table ronde, C.N.R.S., "Aspects

physiques, biologiques et humains des écosystèmes bocagers des régions tempérées humides", I.N.R.A., E.N.S.A. et Université́ de Rennes, 5, 6 et 7 juillet 1976.

67 Le programme de recherche sur l’évolution des structures linéaires boisées développé par l’INRA-SAD

Armorique en collaboration avec le CNRS et l’ENSP (1994-1995) inaugure une nouvelle attention aux formes d’émondage des haies et de leur entretien, au maintien des talus.

133 (ESA) d’Angers et dans d’autres laboratoires (Fourmies, Chizé…) qui ne sont pas faciles à identifier en raison du caractère relativement diffus de ces recherches.

« Sur le bocage il y avait déjà des colloques sur le bocage dans les années 1970, sur les haies brise-vents, l'observation de la production laitière en situation d'ombre ou sans. Il y avait Rennes avec toute l'équipe de Baudry, etc., mais il y avait aussi des universités dans le nord, il y a eu un gros colloque à Fourmies, à Rennes aussi, enfin toute une série, après il y a eu, enfin là c'était plus sur la biodiv des travaux faits par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) avec la station de recherche de Chizé. Enfin bref, ce n'est pas comme dans l'intraparcellaire, ou quasiment tout sort de Restinclière, c'est beaucoup plus diffus, tu vois! Il fallait creuser c'est vrai pour avoir l’information. » - "Elu AFAC-Agroforesteries, entretien n°13"

Sur les autres pratiques traditionnelles comme le sylvopastoralisme, on relève les travaux de l’INRAE d’Avignon et de Montpellier ou encore sur l’interface culture petit bois ceux de l’INRAE de Toulouse. Parallèlement à ces travaux dont l’objet étaient les pratiques traditionnelles, les équipes du CEMAGREF de Clermont-Ferrand et de l’INRAE de Montpellier ont initié au début des années 1990 les premières expérimentations sur l’agroforesterie intra-parcellaire.

Au sein même de l’INRAE, on observe, probablement à cause des particularismes géographiques, que ces équipes du Nord-Ouest n’avaient pas ou peu de liens avec celles de Toulouse ou d’Avignon, alors qu’elles travaillaient aussi sur des objets liés à la forêt paysanne. Pourtant, au cours des années 1990, on note des collaborations entre le CEMAGREF de Clermont-Ferrand, l’INRAE de Toulouse et Montpellier sur les schémas d’agroforesterie intra- parcellaire. Si les équipes scientifiques de Clermont-Ferrand, Montpellier et Toulouse étaient en lien, les témoignages recueillis soulignent une absence de collaborations avec les chercheurs du bocage et de la haie.

Les distances ne semblent cependant pas expliquer l’absence de collaboration avec les équipes du Nord-Ouest, puisque le réseau « APPEL »68 formé par la collaboration des équipes de

Montpellier et de Clermont-Ferrand, comptait des parcelles référencées au nord de la France. Il semble en effet que deux cadrages différents et autonomes de l’arbre en agriculture soient structurés au cours des années 1990 entre les communautés scientifiques du bocage et celle de l’agroforesterie intra parcellaire. La première semble avoir développé une lecture de l’écologie du paysage, avec un traitement marginal des questions de production, toutefois abordée par

68 Le réseau de parcelles APPEL (Aménagement de Parcelles Pluristratifiées associant Elevage et Ligniculture

(Dupraz and Lagacherie, 1991) en Languedoc-Roussillon, de plantations en prairies en Auvergne (De Montard and Guitton, 1988 ; Rapey, 1994) et dans le Pas de Calais, à l’initiative de la FDSEA sous l’impulsion de Michel Héroguel. Le point fort du réseau APPEL : chaque parcelle expérimentale comporte un témoin forestier, non pâturé. C’est la comparaison des performances des arbres dans les parcelles agroforestières et forestières qui va être l’élément déclencheur du futur (Balandier and Dupraz, 1998). Les arbres agroforestiers poussent plus vite, et personne ne l’avait prévu. (Dupraz C. 2010, 22)

134 exemple avec la notion de « haie coupe-vent ». Cette communauté scientifique est proche des associations locales qui ont eu un cadrage environnementaliste jusqu’à la période récente. Au même moment l’autre communauté développait le cadrage : sylviculture / agriculture, avec une orientation productiviste par l’installation intra parcellaire de boisements à faible densité sur prairies, ou encore de bandes de prairies en forêt. Ce pluralisme de cadrages chez ces deux communautés scientifiques est confirmé par ce témoignage qui évoque une « douce

ignorance » :

« Je pense que cette partition entre les promoteurs de la haie et de l'agroforesterie est de longue date. Dans les années 1990, la mayonnaise ne s'est pas faite. Enfin les chercheurs ne l'ont pas faite et les gens qui étaient demandeurs d'agroforesterie, ce n'était pas des gens qui travaillaient la question des haies. Il y avait bien une partition effectivement, je ne l'avais pas si bien réalisé, mais à l'époque si nous on ne s'est pas rapprochés des gens de la haie, enfin ce n'est pas qu'une question scientifique, parce qu’à l'époque en Auvergne il y avait des gens qui travaillaient sur la haie et jamais on n’a eu des proximités avec eux. Pourtant ils savaient ce qu'on faisait. Parce que moi j'ai fait des visites où il y avait des travaux d'installations de haies. Mais jamais il n’y a eu des échanges pour dire : « on pourrait faire des choses ensemble ». Non on était sur deux objets. (…) Donc il y avait bien des préoccupations environnementalistes pour les promoteurs du bocage. Effectivement, peut-être plus des préoccupations productivistes pour l'AF. Oui même sous-jacentes c'était quand même des préoccupations productivistes pour l'agroforesterie. Parce que nous il ne fallait pas que l'on dise que la production d'herbe allait baisser ! Cette séparation, elle date de long. Sans qu'elle fût, comment dire : c'était une douce ignorance ! Il n'y a pas eu de prise de bec, il n'y a pas eu de concurrence sur les crédits, il n'y a pas eu de tension, simplement on menait nos vies en parallèle » - "Scientifique INRAE, entretien n°11"

En ce qui concerne la communauté scientifique de l’agroforesterie, qui dans ces décennies est uniquement envisagée comme intra parcellaire, il nous semble important d’expliquer par quel processus le cadrage sylvicole initial fut finalement totalement abandonné au profit de celui agricole. L’orientation sylvicole lisible dans le protocole du réseau de parcelles « APPEL » est également corroborée par le témoignage d’une scientifique de Clermont Ferrand, très investie dans ces expériences agroforestières avant qu’elles ne soient mises en cause par la direction de cette institution :

« De toutes les façons globalement, je dirais que cette histoire-là a été une initiative de

forestiers et là-dedans, je ne sais pas si vous avez remarqué ? Mais à aucun moment je vous ai parlé de la profession agricole et je pense que Jean-Luc Guitton69 quand il a lancé le truc, il

n’a même pas pris le temps de consulter une chambre d'agriculture, une chambre régionale ou je ne sais pas quoi. Il est parti comme un forestier de l'administration. Par contre il a été voir des partenaires de l'office des forêts et il y a eu d'autres essais un peu après avec l'office des

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forêts. Mais il n’avait pas le feeling, le relationnel avec les structures de développement agricole. Contrairement je pense à Christian Dupraz. Donc moi avec le temps je dis à mon avis il y a eu un peu une erreur de casting ou en tout cas fragilité de casting au départ en Auvergne par rapport à ça ! » - "Scientifique INRAE, entretien n°11"

Confronté à des blocages importants, le cadrage sylvicole chemine vers le cadrage agricole, lentement défini par l’INRAE de Montpellier suite aux travaux réalisés sur les noyeraies du Dauphiné (Liagre F. 1993) par un stagiaire en fin d’études. Ce travail accompagné par un agronome de l’INRAE de Montpellier, ouvre un nouveau cadrage de l’agroforesterie, celui de « l’agrisylviculture ».

« Un jeune stagiaire enquête sur les pratiques traditionnelles de culture intercalaire dans les noyeraies du Dauphiné (Liagre F. 1993). Ce travail nous donnera trois idées : que l’association arbres-cultures est techniquement possible ; que la profession agricole, dominée par une logique d’intensification et de spécialisation des parcelles et des exploitations, n’en voit pas l’intérêt. Mais aussi que des agriculteurs résistent, continuant à planter des noyers à faible densité et haute tige et à pratiquer des cultures intercalaires, au moins les 8 premières années. Ensuite, la culture disparaît, car la récolte mécanique des noix nécessite un sol nu et propre en automne… Si ces agriculteurs résistaient, c’est qu’ils avaient quelques bonnes raisons. »

(Dupraz C. 2010, 22)

C’est avec ce cadrage agricole qu’est dessinée l’option volontairement provocante d’une agroforesterie « moderne ». Le postulat de l’arbre allié des cultures au sein même des parcelles était en effet à rebours total avec le modèle de spécialisation agricole hégémonique chez les sylviculteurs comme les agriculteurs.

« Autant le sylvopastoralisme (arbres et animaux) était largement connu, pratiqué, étudié, autant le mélange des arbres et des cultures restait une curiosité exotique (Baldy et al., 1994) ou une pratique certes traditionnelle, mais complètement oubliée (Eichhorn et al., 2006). »

(Dupraz C. 2010, 22)

Or l’agrisylviculture sort de terre en dehors des normes professionnelles dominantes et juridiques, qu’elles soient agricoles et sylvicoles, qui ont lentement mais profondément pris leur autonomie les unes des autres depuis le mouvement d’enclosure, démonstration qui était l’objet de notre perspective historique. Ainsi, les premières recherches durables sur l’agroforesterie intra parcellaire de type agrisylvicole en milieu tempéré sont initiées au milieu des années 1990. Il semble par ailleurs que ces études de l’INRAE de Montpellier ont souffert d’un manque de soutien de la direction scientifique :

« C’était que le sujet était sans intérêt et tout à fait marginal. Ça a été la position de la direction

de l’INRA à Paris depuis presque tout le temps jusqu'au moins au début des années 2000. » -

136 Le fait de travailler sur l’agroforesterie, objet « ovni » dans une configuration où l’agriculture spécialisée est encore un modèle puissant dans les années 1990, participe de cette tension entre pertinence et originalité du sujet d’une part et absence d’intérêt de la communauté de pairs et des décideurs publics d’autre part. Pour qu’une recherche soit soutenue, il faut convaincre sa hiérarchie, ses pairs, les financeurs potentiels, les professionnels de la filière, voir les médias de l’intérêt de son sujet. Or, le scepticisme est d’autant plus grand que des stratégies de déni d’agenda se mettent en place au même moment (Deuffic P. et al 2017).

À contre-courant des orientations politiques de l’INRAE, l’agronome commença par convaincre localement des agriculteurs, mais également le conseil général de l’Hérault, dont l’une des salariées qui travaillait sur la réhabilitation du domaine n’était autre que la femme de George Frêche, pour expérimenter cette technique de l’agroforesterie intra parcellaire en grande culture. Au début des années 1990, le domaine de Restinclière devient la propriété du conseil général de l’Hérault suite à un incendie très important qui avait ravagé environ 1500 hectares, provoqué le décès de quatre pompiers et pendant lequel le château de Restinclière avait été sauvé in extremis. C’est à cette période, lorsque le domaine de 45 hectares était sans vocation précise, que l’agronome de l’INRAE est entré en relation avec Madame Frêche pour lui proposer de le transformer en site expérimental d’agroforesterie. Cette démarche signe le premier lien de l’agroforesterie intra-parcellaire avec un réseau politique.

« Ah bah on leur décrivait simplement ce que l'on faisait c'est simplement qu'ils n'avaient pas

eu d'idées préconçues, donc le département il a été vite convaincu, puisqu'en 1994 ils nous ont proposé un gros domaine (Restinclière) au nord de Montpellier. Donc j'ai fait une proposition de le transformer en domaine agroforestier. Donc on a planté en 1995 sur 45 hectares et depuis c'est devenu une référence. On a convaincu par l'exemple. Il fallait accepter pendant dix ans de faire un boulot qui ne rapportait aucune publication, que des critiques finalement, pour arriver à lancer le truc et en fait c'est qu'à partir du moment où il y a eu des parcelles à visiter, des parcelles convaincantes que les choses ont changé » - "Elu AFAF, entretien n°1"

Outre un profil plus généraliste, l’initiateur de ce projet de recherche à Montpellier noue des alliances afin de structurer un plan de recherche pensé pour multiplier les terrains d’études, les modalités d’implantations (densités et orientations des alignements), les espèces testées autant que les cultures cultivées au pied des arbres. Pour y parvenir, il a en effet présenté le concept d’agroforesterie qui était alors peu connu en France et ouvert les possibles pour l’avenir du domaine, en évoquant deux issues possibles à donner à cette expérience. La première était une démonstration de la pertinence d’un site expérimental sur une pratique qui permettait à la fois de réduire les risques d’incendie sur les zones de garrigue, en introduisant de la vigne et des cultures céréalières cultivées en contexte d’agroforesterie. La seconde issue présentée était celle de l’échec des parcelles agroforestières, auquel cas le domaine aurait bénéficié d’arbres matures pour la création d’un parc départemental.

Cette présentation à double fin, selon le témoignage d’un agent du département qui travaille sur ce domaine, aurait convaincu sa prédécesseure, Madame Frêche, dont le poids du réseau semble

137 avoir été déterminant pour obtenir un avis favorable du conseil général en place. Le site expérimental d’agroforesterie de Restinclière fut planté en deux ans (1995-1996) de noyers hybrides associés majoritairement des cultures d’hiver, mais également de cormiers dans des parcelles de vignes. Le domaine était donc suivi par une unité de l’INRAE de Montpellier qui est aujourd’hui l’UMR Système, en partenariat avec les techniciens forestiers du département et enfin un agriculteur aux activités de cultivateur et de viticulteur.

Vestige qui souligne l’évolution réglementaire de la pratique, le fermage concerne uniquement les surfaces intercalaires de celles où sont plantés les arbres qui, elles, sont restées propriété pleine du département. En effet, dans les années 1990, c’était la seule solution pour ne pas perdre les paiements directs du premier pilier de la PAC. Ainsi, l’agriculteur cultivait les céréales et la vigne, le département entretenait les arbres, pendant que l’INRAE multipliait les expérimentations.

Ce domaine fait partie des quelques parcelles expérimentales en France suivies scientifiquement depuis la plantation et selon le témoignage de cet agronome, elles ont été centrales pour légitimer par l’exemple ces travaux au sein de l’INRAE. De plus, il semble qu’elles aient gagné aujourd’hui un rayonnement européen et international, puisqu’après le Congrès européen d’agroforesterie organisé en 2016, Montpellier accueille en 2019 le 4e

Congrès mondial.

Si plus de vingt-quatre ans après la plantation, ces parcelles semblent gagner une reconnaissance et légitimer la pratique, il n’en demeure pas moins que ce cadrage agroforestier en grande culture s’est confronté à de nombreux obstacles. Nous l’évoquions, au-delà des expériences agronomiques encourageantes, ces chercheurs se sont confrontés à l’impasse réglementaire d’intégrer une démarche sylvicole sur des terres agricoles.

« Jusqu’en l’an 2000 environ, nous restions dans un paradigme forestier, cherchant à faire admettre que des arbres hors forêt, plantés à faible densité, les racines dans les cultures ou les pâtures, pouvaient être assimilés à des boisements, linéaires, et à faible densité certes, mais bien à des boisements ; et cette option s’est révélée être une impasse : les partenaires forestiers sont restés très réticents, et les partenaires agricoles très méfiants » (Dupraz C. 2010, 21).

Les premières parcelles agroforestières dont celle de Vézénobres ou encore celles de M. Jollet en Charentes Maritime provoquent des imbroglios juridiques70 entre les institutions

administratives compétentes71. Cette approche « agrisylvicole » de boisement à faible densité

sur des terres cultivées s’est retrouvée enfermée dans une complexité administrative où le

70 « Subdivision forfaitaire fixe des parcelles agroforestières (50% agricole, 50% forestier), passage au statut

forestier si la culture intercalaire disparaît, exonération de la taxe foncière comme pour les reboisements forestiers à condition que le peuplement final d’arbres couvre l’ensemble de la parcelle à maturité. Autant de propositions qui, -nous devons bien le reconnaître aujourd’hui-, étaient strictement inapplicables ! » (Dupraz C. 2010, 23)

138 volontarisme de quelques personnes de tous les horizons du développement agricole72 n’est pas

parvenu à débloquer la rigidité réglementaire instituée par la séparation de l’agriculture de la forêt.

Photographie 3 : Céréales cultivées sous les peupliers 73. Source : (Dupraz C. et Liagre F. 2011)

« Conscients que les blocages sont profonds, nous décidons de publier un Memorandum agroforestier. Remis le 13 décembre 1999 au Ministre de l’Agriculture, ce document de 6 pages est accompagné de 8 planches photographiques comprenant 63 photos de systèmes agroforestiers traditionnels ou innovants. Il est signé par 52 exploitants agricoles et propriétaires fonciers venant de toute la France. Ce document définit la notion d’AF, et identifie les blocages réglementaires et juridiques qui empêchent tout agriculteur français de faire de l’AF. Les signataires appartiennent à tous les syndicats agricoles, unanimité rarement observée, et qui fera impression. » (Dupraz C. 2010, 23)

L’institutionnalisation ancienne de la société des arbres en vase clos des mondes agricoles ne pouvait permettre un tel rapprochement. C’est sur le constat de l’indépassable conservatisme règlementaire, dans l’incapacité de s’adapter l’un à l’autre, que le cadrage agricole fut pris au tournant des années 2000 au détriment de celui sylvicole.

« C’est lors d’un séminaire de réflexion les 28 et 29 août 2000, séminaire qui regroupait deux chercheurs, cinq techniciens agricoles et forestiers, deux représentantes du ministère de l’Agriculture et deux agriculteurs agroforestiers qu’une décision majeure est prise : nous constations une contradiction inhérente aux systèmes d’aides européens, qui pénalisaient la

72 FNSEA, Coordination rurale, Assemblée permanente des chambres d’agricultures, Ministère, INRAE…

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