• Aucun résultat trouvé

L'AUTO-CUISINE

Dans le document Les enfants accusés de sorcellerie au Katanga (Page 190-200)

5.3 « UN HOMME DOIT SE PROMENER AVEC DE L'ARGENT DANS LA POCHE »

5.4 L'AUTO-CUISINE

Mardi 8 février 2011. Bakanja Ville, Lubumbashi.

À 13 h 32, je suis avec Djimi, jeune enfant de Bakanja Ville, qui prépare le repas de midi avec un nouvel arrivé au centre. La cuisine de Bakanja Ville est exiguë. Les murs vieillis perdent leur couleur, le blanc de jadis est désormais devenu jaunâtre et noir, les taches noires de la fumée du brasero se détachent du plafond. Djimi prépare des thomson et du bukari. Comme chaque jour. Deux grosses marmites bouillonnent sur le feu tandis que Djimi nettoie les poissons et les jette dans une huile noire et chaude dans une casserole à côté. Lorsque j‟entre dans la petite cuisine, l‟odeur du poisson frit est nauséabonde. Chadras, le nouvel arrivé, est assis à même le sol, au centre de la salle, les jambes autour de la marmite bouillonnante. Une spatule en bois (mwinko) lui permet de malaxer le bukari encore très chaud. Les babouches roses délabrées qu‟il porte à ses pieds lui donnent une drôle d‟allure. Au-dessus de la table, à la gauche de la porte, d‟autres marmites sont entassées, des assiettes en métal sont suspendues sur une étagère à l‟équilibre précaire.

Tout autour de moi, des tasses en métal, de l‟oignon coupé et l‟huile qui enfin crépite quand Djimi y place les trois thomson. Chaque matin, Djimi répète les mêmes gestes. Identiques au jour précédent. Parfois le menu change et, à la place des poissons, il a le droit de préparer des aliments différents : aujourd‟hui samaki (poissons), demain malaki (haricots), puis muchele (riz) ou encore

fretins (petits poissons). En somme, le régime alimentaire n‟est pas tellement varié, mais les

jeunes à Bakanja mangent deux fois par jour.

Djimi mesure minutieusement l‟huile à ajouter dans la casserole. Il réchauffe les plaques et réprimande Chadras qui a mal placé la casserole. Quand les poissons sont bien cuits, ça se voit à la couleur noire qu‟ils prennent, il tente de les tourner pour les frire de l‟autre côté. Il se tient à une distance suffisante pour éviter de se brûler avec l‟huile. Tout en étant un peu maladroit, il le fait assez convenablement. C‟est Djimi d‟habitude qui prépare le repas de midi puisqu‟il ne va pas à l‟école le matin. À Malkia, l‟école primaire qu‟il fréquente, son tour, c‟est l‟après-midi. Le matin il reste à Bakanja pour préparer le déjeuner pour les jeunes aspirants salésiens et pour les autres enfants qui étudient en centre-ville. Djimi, silencieux, prépare enfin diligemment les portions. La division du bukari est presque un rituel. Il peut d‟ailleurs être un moment de tension entre enfants, surtout le soir, quand ils sont tous dans la cour. Le matin, par contre, Djimi procède à la division sans pression. Ce matin, c‟est Chadras qui prépare le bukari, mais, selon une règle tacite, c‟est l‟aîné qui fait la division des portions. Djimi modèle les boules de bukari tout doucement, avec une grande précision, à l‟aide d‟un demi-bol en plastic qu‟il mouille à chaque coup dans un seau d‟eau à côté de lui. En trois ou quatre mouvements, la boule de bukari est parfaitement ronde, et finalement il la pose dans l‟assiette. « Voici la boule nationale », je pense, lorsque j‟observe ce petit chef-d‟œuvre signé Djimi. Je leur demande où ils ont appris à préparer et Chadras, en souriant, me répond en swahili : “En regardant les gens qui préparent, c‟est comme ça que j‟ai appris.” Djimi garde le silence, concentré sur le modelage des boules. Je lui pose la même question et il hoche juste la tête sans rien dire.

Le protocole observé par Djimi et Chadras est un bon point de départ pour introduire un aspect important de la vie des sheges. Leur façon de préparer et consommer les repas est communément appelée « autocuisine ». L‟autocuisine, dans l‟esprit des Lushois, est la pratique qui participe le plus à façonner l‟imaginaire des sheges-sorciers. Pour comprendre pourquoi l‟autocuisine participe plus que d‟autres aspects au portrait sorcellaire des sheges, il faut revenir à l‟importance de la commensalité dans la vie quotidienne lushoise.

186 La préparation des repas et la gestion de la nourriture sont des tâches qui, dans tout foyer lushois, participent à la construction des liens familiaux. La répétition quotidienne de gestes comme l‟allumage du brasero, la préparation du bukari, le protocole de consommation des repas, consolide les rôles que chacun possède à l‟intérieur du foyer. Le protocole de Djimi et Chadras reproduit les actions et les gestes qu‟on pourrait observer dans toute maison lushoise menée par une femme ou une fille. Djimi était apte à accomplir les tâches qui, dans la famille qui me logeait à Lubumbashi, étaient effectuées par la femme du foyer : nettoyer le poisson, mesurer la farine nécessaire pour le bukari, allumer le brasero, réchauffer l‟huile, frire les poissons, etc. Alors que Djimi faisait son travail avec une certaine aisance, Chadras, à peine arrivé au centre, était encore maladroit dans ses gestes de cuisinier. « En regardant les autres », m‟avait répondu Chadras alors que Djimi n‟avait rien dit, comme si ma question l‟avait mis mal à l‟aise.

À Lubumbashi, la tâche de préparer à manger en famille appartient aux femmes. D‟une manière générale, les hommes ne sont pas censés manipuler casseroles, assiettes ou ustensiles pour la préparation des repas. Au jeune homme de tradition ruund, il est, par exemple, recommandé de ne pas entrer dans la cuisine « car il risque de voir, au moment du malaxage du bukari, la nudité de sa mère » (Petit 2002 : 109).

La préparation (kupika chakula) et la consommation des repas sont des moments fondamentaux dans la définition des rôles sociaux de chaque membre de la famille (ibid. : 30). Les rôles en famille sont définis comme suit : l‟approvisionnement de la nourriture est une tâche normalement attribuée à l‟homme ; la gestion des provisions, aux femmes ; la préparation du repas, aux femmes et aux filles de la famille. Compte tenu de l‟importance que revêt l‟approvisionnement et la gestion des provisions alimentaires, « le contrôle de la nourriture est propice à la démonstration de l‟autorité parentale » (ibid. : 3171). À travers la nourriture, et les actions et les tâches qui l‟entourent, s‟établit ainsi ce que Janet Carsten a appelé les « distinctions silencieuses » (silent distinctions) (Carsten 2004 : 27). Les distinctions silencieuses sont la codification et l‟incorporation de

71 Les dépenses liées à l‟alimentation sont pour les foyers lushois les plus élevées. Elles constituent 52 % de l‟ensemble des dépenses ordinaires (Petit 2002 : 133). Le logement (14 %) et l‟instruction suivent comme importants postes de dépense (ibid.).

principes hiérarchiques qui façonnent les distinctions entre individus vivant sous le même toit selon la génération, l‟âge et le sexe (ibid. : 37). La répétition quotidienne et silencieuse de ces gestes consolide, au fil du temps, les rapports entre membres de la famille.

L‟apprentissage des tâches domestiques est transmis des femmes aux filles. Dès l‟âge de 10 ans, les filles sont invitées à la cuisine pour assister les femmes qui préparent les repas (Petit 2002 : 114). Les filles, dès leur plus jeune âge, observent leurs mères et leurs grandes sœurs préparer le bukari et les autres plats de l‟alimentation congolaise. Quand elles ont assez appris, elles peuvent, en cas d‟absence de la mère, préparer le repas pour toute la famille. Le but de l‟initiation domestique des fillettes est avant tout de les préparer à leur future vie conjugale.

La préparation des repas est aussi un moment important pour les sheges. À l‟instar de tout autre foyer, la vie quotidienne des enfants de la rue est ponctuée par des activités destinées à se procurer de la farine pour préparer le bukari du soir, véritable repas journalier72. La consommation des repas se passe soit dans les karema, soit dans les centres d‟accueil. Le système récemment adopté par Bakanja Ville est différent par rapport à l‟organisation de la rue. L‟ancien système de Bakanja Ville permettait aux enfants d‟utiliser les marmites, les casseroles et les ustensiles du centre. En outre, la cour de Bakanja était un lieu de rencontre où un grand nombre d‟enfants se retrouvaient le soir pour allumer le brasero (mbabula) et cuire le bukari. Les enfants devaient, en revanche, se procurer eux-mêmes les matières premières pour la préparation du repas. Le nouveau système adopté par Bakanja depuis 2009 organise la tâche de la préparation du repas du soir à tour de rôle. Le tour de rôle est d‟ailleurs le système qui gouverne toutes les activités ayant trait à la vie commune des enfants. Ainsi, par exemple, la vaisselle est faite chaque jour par deux ou trois enfants selon un roulement.

Le changement d‟organisation entre la rue et le centre d‟accueil n‟est pas secondaire dans la vie des enfants de la rue. En effet, la démarcation la plus évidente

72 Encore une fois, le shege ne semble pas trop se distinguer de tout autre Congolais. Les jeunes sheges considèrent qu‟un vrai repas se compose forcément de bukari. Cela rejoint ce qu‟on peut lire dans

Byakula (Petit 2002) : « Le vrai repas est celui qui, dans sa composition, comporte principalement le

bukari. » A. Lambrechts et G. Bernier (1960) avaient déjà relevé que, « dans la mentalité des Lushois, quand on n‟a pas mangé le bukari et quelle que soit la quantité des autres aliments ingurgités, on n‟a pas mangé » (ibid. : 84).

188 façonnée par l‟autocuisine des sheges est celle entre aînés (anciens de la rue) et cadets (nouveaux arrivés). Ainsi « les grands » exercent un contrôle sur la nourriture et ont un pouvoir sur les enfants les plus jeunes. D‟ailleurs le système de tour de rôle en vigueur à Bakanja Ville sert, avant tout, à briser toute velléité d‟un jeune, ou d‟un groupe de jeunes, de s‟emparer du contrôle sur la nourriture et la préparation des repas. La préparation du repas parmi les sheges, ainsi que la gestion de la farine (bunga) nécessaire pour le bukari, semblent ainsi façonner les relations avant tout sur la base de l‟âge et de l‟autorité. Dans un centre comme Bakanja, ces règles sont bouleversées. En effet, les « petits » peuvent facilement préparer pour les « grands ». Ce changement de règles est justement pensé pour annuler l‟importance de la préparation du repas et du contrôle sur la nourriture. Un enfant plus jeune peut ainsi préparer un repas mieux qu‟un plus âgé. Pareillement, un jeune peut être l‟objet de moqueries, même des plus petits, parce qu‟il ne sait pas frire correctement les fretins (petits poissons) ou parce qu‟il ne prépare pas convenablement le bukari en laissant de gros grumeaux de farine se former.

À Bakanja j‟observais qu‟en privant la commensalité de certaines significations qu‟elle gardait dans la rue, elle devenait un moment plus égalitaire par rapport à celui vécu en famille. La division des tâches, la démarcation des lieux préposés à la consommation des repas sont moins rigides par rapport à ce qui se passe à la maison. Et l‟apprentissage de certaines tâches liées à la préparation des repas par l‟enfant renforce son sens d‟autonomie vis-à-vis de la famille. L‟enfant qui a eu une expérience dans la rue et dans un centre d‟accueil est moins enclin à respecter les tâches et les rôles liés à la préparation des repas et à la gestion de la nourriture. Dans plusieurs récits, il ressort que l‟autonomie acquise par l‟enfant en ce qui concerne l‟alimentation est l‟un des motifs, avec le gain d‟argent ou le fait de fumer, qui poussent les enfants à ne plus rentrer à la maison.

En dehors du centre d‟accueil, la préparation du bukari participe à la construction d‟un lien entre les enfants de la rue. Ces derniers se reconnaissent dans un groupe avec qui ils ont partagé des repas pendant longtemps. À l‟instar de ce qui se passe en famille, les rapports de (in)dépendance groupe-individu se construisent chez les sheges à travers certains objets préposés à la préparation des repas. En particulier, la marmite

(kyungu) et le brasero (mbabula) se chargent de significations importantes. Un ancien opérateur social qui avait longuement travaillé auprès des Salésiens notait que les enfants de la rue vont jusqu‟à considérer la marmite de cuisson du bukari comme une sorte de « fétiche ». J‟essayai, à partir de cette information, d‟approfondir et de voir si, autour du partage des repas, de la préparation du bukari, se développait une commensalité propre à créer un lien social entre les enfants. Je découvris qu‟effectivement les enfants donnaient une grande importance à cet aspect de la vie dans la rue. Au point que certains d‟entre eux affirmaient après avoir réintégré la maison, que leurs fugues avaient souvent été motivées par une « nostalgie de la marmite » dans laquelle le groupe d‟amis préparait le bukari. Il y a un proverbe congolais dont les enfants de la rue se sont emparés pour exprimer le rôle crucial de la casserole et du partage des repas dans la rue. La première version de ce proverbe qui me fut rapportée était en lingala : « Nźungu yakalá

babwak’aka yango te. » En swahili, cela donne : « Kyungu kya zamani abakitupake73 », ce qui, littéralement, se traduit par : « L‟ancienne marmite ne s‟oublie jamais. » C‟est une manière d‟exprimer l‟attachement au mode de vie dont l‟enfant de la rue se souvient, bien qu‟il ait été réinséré en famille.

Lieux et pratiques symboliques par excellence dans la fabrication des rapports familiaux, les pratiques de commensalité, « l‟autocuisine » pratiquée par les enfants de la rue et leur « nostalgie de la casserole » (autonomie/indépendance alimentaire) nourrissent et côtoient l‟imaginaire de la sorcellerie. En particulier, je voudrais mettre en évidence trois possibles articulations au croisement de l‟autocuisine et de l‟imaginaire de la sorcellerie : l‟articulation entre nourriture et sexualité ; la mutabilité de la substance « nourriture » dans les relations sociales ; la crise du rôle parental exprimée à travers une crise de la gestion de la commensalité.

73 À noter que cette expression était souvent utilisée par les enfants de la rue plus âgés, avant que le système de Bakanja Ville ne change, en 2009. Les jeunes de la rue de la « première génération » (voir

supra) devaient choquer (travailler) pendant la journée pour gagner la farine nécessaire à la préparation

du bukari. Les enfants qui résidèrent à Bakanja après 2010 ne semblaient pas connaître cette expression, sinon dans sa signification la plus commune, à savoir : « Retourner toujours à son propre nid. » Cette différence n‟est pas un moindre détail. En effet il semble que lorsque les enfants devaient se procurer eux-mêmes leur nourriture, cette action recouvrait une signification agrégeante plus forte que la simple préparation des aliments, contrairement aux enfants de Bakanja d‟aujourd‟hui auxquels les Salésiens fournissent les aliments.

190 Nous avons dit que la nourriture et la commensalité sont un réservoir de pratiques et de symboles qui interviennent dans la démarcation des espaces, des rôles sociaux et des rôles selon le sexe. Les différences entre filles et garçons parmi les enfants de la rue de Lubumbashi ont été mises en lumière par le rapport de l‟Observatoire du changement urbain de l‟Université de Lubumbashi (Kaumba 2005). Il est utile de rappeler que le nombre de filles de la rue est mineur par rapport à celui des garçons. La plupart des groupes d‟enfants de la rue à Lubumbashi sont composés en grande partie de garçons. La présence majoritaire de garçons a comme première conséquence la définition des relations sociales entre membres du même groupe par rapport à des critères tels que l‟âge, le temps passé dans la rue, l‟habileté dans les activités de débrouille (choquer) ou encore la force physique pour s‟imposer aux autres. Ces critères ont une valeur fonctionnelle pour la vie dans la rue, alors que, dans les centres d‟accueil, d‟autres règles de cohabitation sont en vigueur. La capacité de se procurer une grande quantité de nourriture donne la possibilité à un jeune de s‟imposer auprès des filles et contracter des relations plus ou moins stables, intimes et sexuelles. Dans le rapport de l‟OCU, on peut lire à ce propos :

« […] Les bandes composées d‟adolescents se déplacent en suivant le mouvement des bandes de filles. Les garçons rôdent autour d‟elles jusqu‟à constituer une bande mixte. Cependant, le garçon n‟est pas possessif. Il laisse à sa partenaire la latitude de disposer de son corps pour sa survie. C‟est une union de fait qui peut se rompre à n‟importe quel moment et dans n‟importe quelle circonstance sans que le partenaire ne s‟en plaigne outre mesure. Si les garçons peuvent abandonner leurs partenaires occasionnelles quand ils le veulent, il en va de même pour les filles qui changent également de bande lorsqu‟elles trouvent un “mari” plus rassurant » (Kaumba 2005 : 97).

Il faut noter que les rapports sexuels et les relations qui façonnent un rapport similaire à un celui entre mari et femme parmi la population des sheges n‟interviennent pas exclusivement entre garçons et filles mais également entre enfants ou jeunes du même sexe. Les informations que j‟ai récoltées à propos des rapports homosexuels entre enfants et jeunes de la rue semblent par ailleurs suggérer que ce type de pratique est

beaucoup plus répandu que ce que l‟on pourrait croire. Cela contraste avec le silence absolu qui règne sur cette question.

Au cours de mon travail de terrain, j‟ai rarement eu l‟occasion de récolter des informations ou des témoignages concernant les relations sexuelles entre jeunes du même sexe ou le rôle de « femme » parfois assumé par les enfants les plus jeunes. Les premières informations que j‟ai recueillies sur ce sujet provenaient du BISPE (Bureau chargé des interventions sociales pour la protection de l‟enfance), où je pouvais lire les rapports mensuels du centre Kasapa, dans lesquels étaient consignées les punitions infligées aux enfants pour avoir été « attrapés » par les policiers du centre se livrant à des « actes obscènes » dans la brousse qui entoure le centre. Le temps passé au centre Kasapa m‟a permis d‟avoir quelques détails supplémentaires à propos de cette question. Un jour, les assistants sociaux de la Kasapa convoquèrent trois enfants dans leur bureau pour une question « délicate ». Les enfants avaient 10 ans. L‟un des trois, me dit l‟assistante sociale mama Marie, « n‟était pas tout à fait normal ». Je posai alors des questions pour en savoir plus et mama Marie hésita. D‟ailleurs, d‟un commun accord, les trois assistants sociaux me prièrent de ne pas enregistrer la « causerie », comme ils l‟appelaient, avec les enfants : « Il y a des choses, me dirent-ils, qui se passent au centre qu‟on ne voudrait pas qu‟elles sortent d‟ici ». Peu avant l‟arrivée des enfants, je découvris qu‟ils avaient été surpris dans la brousse entourant le centre en train d‟avoir des relations sexuelles.

Je réalisai par la suite, en parlant avec André, jeune étudiant de deuxième cycle en criminologie, que les rapports sexuels entre enfants et jeunes du même sexe n‟étaient pas un phénomène sporadique. André m‟expliqua que, au cours de la rédaction de ses mémoires sur la perception du centre par les enfants, il avait remarqué sur les murs des dortoirs et des toilettes des dessins « bizarres » : figures masculines ayant des relations sexuelles, anales. Il s‟interrogea sur le sens de ces dessins. Il me confia qu‟il avait noté que certains lits avaient été apprêtés avec des sortes de rideaux de manière à créer un

Dans le document Les enfants accusés de sorcellerie au Katanga (Page 190-200)