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Viril or not viril ? Telle est la question Le genre ou l’introduction controversée du facteur social

SYNTHÈSE DES PROPOSITIONS ET RÉFLEXIONS THÉORIQUES DE LA DEUXIÈME PARTIE

3.  À LA RECHERCHE DE LA VIRILITÉ PERDUE

3.2.  Que reste‐t‐il de la problématique identificatoire ?

3.2.2.  Viril or not viril ? Telle est la question Le genre ou l’introduction controversée du facteur social

Tout d’abord, partons des définitions, fort instructives, du dictionnaire Larousse (2002, p. 1069).

« Viril : (lat, virilis, de vir l’homme) : 1. Propre à l’homme, au sexe masculin. 2. Qui témoigne de l’énergie, de la fermeté, de la résolution que la tradition prête au sexe masculin. »

Nous voyons déjà l’ambivalence de la virilité avec, d’une part, une définition ontologique, défensive et exclusive (la virilité servirait à définir ce qu’est et ce qu’a le sexe masculin puisqu’elle n’appartiendrait qu’à celui-là) et, d’autre part, des qualités prêtées par

autrui (la tradition).

« Virilité : 1. Ensemble des caractères physiques et psychiques du sexe masculin. 2. Capacité d’engendrer, vigueur sexuelle. 3. Litt. Mâle énergie, courage. »

Ces définitions interpellent. En effet, nous voyons bien qu’une maladie telle que le cancer de la prostate ou encore les effets du vieillissement sur l’érection (appelée plus diplomatiquement « vigueur sexuelle ») et la « capacité d’engendrer » viennent mettre à mal cette mâle énergie et la virilité en tant que telles. Nous pourrions également remarquer qu’il n’y a pas d’équivalent chez la femme dans le sens où le féminin et la féminité se rapportent

plutôt, toujours selon le dictionnaire Larousse, aux « caractères propres à la femme ou jugés tels » (op. cit., p 425) sans risque ou possibilité implicites de les perdre et que la procréation féminine a un terme dans le temps connu et anticipé.

La tragédie, ou l’une des tragédies de l’homme, serait l’écart entre la masculinité anatomique et la véritable virilité. Entre le fait d’avoir un corps d’homme et celui de se sentir,

d’être un homme, il y aurait un écart et peut-être en partie irréductible – probablement dû,

entre autres, au caractère non permanent et non assuré de l’érection – entre l’anatomie masculine et l’identité virile. Selon David Gilmore, « l’idée que la véritable virilité est différente de la simple masculinité anatomique apparaît de façon répétée, [il ne s’agit pas de l’idée] d’une condition naturelle qui se produit spontanément par maturation biologique mais d’un état, aussi précaire qu’artificiel, que les jeunes garçons doivent conquérir, non sans difficulté » (cité par Bleichmar, 2010, p. 44).

Le problème est ainsi posé. Dès lors, si un individu est reconnu de sexe masculin dès sa naissance en vertu de ses organes génitaux externes, il va lui falloir parcourir tout un chemin tortueux et sinueux pour acquérir et conquérir la virilité en tant que sentiment d’être-

au-monde, ou plutôt, d’être-un-homme-au-monde et d’être-un-homme-avec-les-autres, ou

encore, et cela nous semblerait plus juste, d’être-un-homme-au-monde-confirmé-par-le-

regard-des-autres. Or, nous savons, notamment grâce à C. Dejours (2009) et à S. Bleichmar

(2010), que chaque affirmation touchant à l’identité, à la question ontologique, à l’être, est en réalité une proposition défensive. Ainsi, être un homme c’est également, implicitement, et par exclusion, être ce que n’est pas une femme, ou ne-pas-être-féminin – implicitement, également, dans le regard des autres et/ou pour la société. Comme le dit si bien S. Bleichmar, « l’identité sexuelle possède un statut topique comme toute identité positionnée du côté du moi. En tant que telle, cette identité, quelle qu’elle soit est de l’ordre de la défense (…) Toute affirmation ‘‘je suis un homme…’’ opère à la façon d’un centrage qui laisse inévitablement au dehors les éléments qu’il tente d’exclure, jouant notamment en cela un rôle dans l’établissement de la dénégation c’est-à-dire de l’assertion qui se soutient selon le mode connu sous le terme de ‘‘négation déterminée’’, à partir de Hegel » (2010, p. 90).

Ce qui reviendrait à dire que l’identité sexuelle comporte, entre autres, un versant qui serait du registre de la conquête permanente ou de la lutte (cf infra). Un versant où il faudrait sans cesse exercer une délimitation entre moi et non moi, entre ce qui me définit, me recentre

et renforce ma cohésion et ce qui me délie, me délite et sème le trouble identitaire au risque de la déliaison mortifère. Pour les femmes, ce n’est pas tout à fait la même histoire. En effet, S. Bleichmar nous fait remarquer avec justesse, fragilisant un peu l’assertion beauvoirienne, qu’« on peut parvenir à être une femme meilleure ou pire, mais on ne peut cesser d’être une femme, alors que l’homme peut cesser d’être un homme dans certaines conditions – du moins dans l’imaginaire social ou dans son propre système de représentations – et il devra démontrer alors qu’il l’est » (2010, p. 46). Nous voyons bien les deux problèmes intriqués et de manière inégale selon les sexes. Il y aurait quelque chose qui toucherait à l’identité sexuelle (être un homme, être une femme, pour soi, pour l’autre), celle-ci étant articulée au social qui attribuerait le genre (ce serait une assignation de la part des parents et de la société, une « identification par les parents » comme le dit Laplanche (2007), précédant l’identification

aux parents), avec une notion d’idéal qui pourrait transparaître dans la formulation « être un

homme, un vrai ».

Pour J. Laplanche, « aux deux bouts de l’évolution menant à l’état adulte, on trouve l’énigme de la masculinité-féminité. Chez l’adulte, c’est l’énigme de quelque chose qui n’est ni purement biologique, ni purement psychique, ni purement sociologique, mais un mélange curieux des trois » (op.cit., p. 162). Avec les concepts de « genre » et d’« identité » qui n’appartiennent ni l’un, ni l’autre au référentiel psychanalytique, nous serions donc face à deux problèmes épistémologiques. Mêlant également du biologique et du sociologique, la virilité serait dès lors au carrefour de l’identité et du genre. Alors que ces deux derniers concepts sont intriqués, interdépendants et pris dans des mouvements de (co)construction et de retraduction perpétuels sous l’effet de l’après-coup, essayons tout d’abord de les analyser séparément pour mieux clarifier notre propos.

L’identité.  

Pour C. Dejours, l’identité est en soi paradoxale, difficile et sans cesse remise au travail. Elle résulterait de la lutte difficile entre différents déterminismes puissants et divergents. Il s’agirait en effet d’intégrer en une seule personnalité :

- « le déterminisme biologique (…),

- le déterminisme psycho-familial qui se cristallise sous la forme de l’inconscient sexuel infantile,

- le déterminisme social qui somme chaque sujet – après lui avoir donné une assignation sociale de genre par l’état civil, sur la base de la morphologie des organes génitaux

externes à la naissance – de se définir et de se situer comme identité sexuée ou mieux genrée tout au long de sa vie avec une insistance redoutable » (2009, p. 151).

L’identité serait donc une lutte permanente qui consisterait à « rechercher voire à inventer des compromis entre ces trois déterminismes qui tendent constamment à fragmenter le sujet et à le déstabiliser » (ibid., p. 151). Or, que faisons-nous d’autre que précisément fragmenter cette identité virile pour tenter de mieux cerner la complexité du sujet ? Cela pourrait également nous interpeler sur le fait qu’il est particulièrement artificiel et délicat, voire impossible, d’isoler une dimension du sujet (ici, l’identité virile) sans prendre en compte le reste de l’individu (ses fragilités, ses potentialités, son histoire…), nous rappelant par là même les limites (ou castrations/renoncements inévitables ?) peut-être de toute recherche en psychologie. Pour C. Dejours donc, et nous souscrivons à cette idée, « l’identité psychologique se définit comme la recherche d’un sentiment d’unité de la personnalité (en dépit des pressions d’éclatement exercées sur le sujet par les différents déterminismes qui pèsent sur ses conduites) et comme un sentiment de continuité de cette unité, en dépit des contraintes qui tendent à la morceler, que ces dernières proviennent des circonstances extérieures ou des mouvements pulsionnels qui l’affectent de l’intérieur. Dans cette conception de l’identité, l’aliénation est première et l’identité comme une lutte pour l’émancipation est seconde » (ibid.).

Cette lutte serait sans fin, jamais acquise totalement, et donc sensible à tout ce qui pourrait fragiliser ou déstabiliser l’unité de la continuité de la personnalité. Imaginons

L’homme de Vitruve de Léonard de Vinci. Envisageons l’identité comme cet homme debout

au centre d’un cercle, qui serait en équilibre stabilisé avec, à chaque membre, des cordes qui le tireraient dans des directions différentes. Le compromis personnalisé serait d’opposer une pression/une tension ou une résistance raisonnable et proportionnelle à chaque déterminisme (les cordes à chaque membres tirant dans des directions opposées) pour ne pas tomber, c’est- à-dire pour rester debout, malgré les différentes pressions et tiraillements subis, sans effort surhumain ou déraisonnable. Cette métaphore de l’équilibre et de la station « debout » rappelle ce qu’expriment et vivent nos patients atteints d’un cancer de la prostate.

En effet, ce cancer nous semble particulièrement déstabilisant pour l’homme dans la mesure où :

- il exacerberait l’écart entre ce qui est attendu (l’aliénation des différents déterminismes, être un homme, viril, en érection) et ce que le sujet est désormais (un

homme qui n’est plus capable d’érection et dont la virilité serait en suspens ou moins

évidente – au le plus étymologique, cf. videre, « voir » en latin – qu’auparavant),

- il mettrait en lumière l’écart existant, subjectif, propre à chacun, entre avoir un corps

d’homme et se sentir être un homme (plus ou moins conformément au déterminisme

social du genre et aux stéréotypes),

- il créerait une rupture dans l’identité en termes d’unité et de continuité,

- en s’ajoutant à la rupture de la pulsatilité pulsionnelle décrite supra, et à la déstabilisation identificatoire, il créerait une véritable crise identitaire chez le sujet. En cela, il serait bien plus qu’un simple effet secondaire iatrogène sur les érections.

Nous rejoignons là ce qu’a pu écrire N. Zaltzman sur l’expérience limite (cf. supra) qui mobilise la pulsion anarchiste pour sauver psychiquement le sujet. Nous concevons l’identité comme une lutte pour l’émancipation des différents déterminismes et un compromis/équilibre stabilisé entre soi-même et le stéréotype : être un homme serait à la fois être suffisamment proche du stéréotype viril et suffisamment éloigné de celui-ci pour avoir l’impression (par définition, souvent illusoire) d’être soi-même et un tant soit peu artisan et maître de son auto-définition. Le cancer de la prostate, en éloignant brutalement le sujet du stéréotype viril, en mettant en lumière la différence entre ce qu’il est attendu que le sujet soit et ce qu’il est vraiment/ce qu’il sera à l’avenir, en le privant des moyens de recouvrir la distance entre lui et le stéréotype, renforcerait l’aliénation du sujet sur un mode essentiellement tragique car celui-ci se sentirait alors doublement impuissant. Dans son corps, certes. Mais également dans la conquête de son identité virile et subjective, le tout sur la scène de son théâtre privé avec, en arrière fond, le fantasme d’un théâtre social impitoyable dont le poids psychique nous semble considérable au regard des injonctions sociales intériorisées. Et pourtant, cela peut rester confidentiel, car seul(e) le/la partenaire sexuel(le) en est le témoin. Ce surcroît d’aliénation pourrait, mais seulement dans un second temps, donner au sujet la possibilité d’une nouvelle lutte pour l’identité et la liberté. Autrement dit, se sentir un homme et se réinventer homme malgré, envers et contre tout, envers et contre tous, malgré ce corps d’homme qui lui échappe dans sa capacité érectile. C’est là où toute la dimension psychique serait fondamentale. Cependant, gardons-nous bien de la toute puissance de penser qu’il suffirait de se sentir un homme pour le rester. S’affranchir du poids social est très difficile car cela fait aussi courir le risque de l’ascétisme, du narcissisme de mort, voire de la mort psychique (cf. supra).

Pour A. Green, rappelons-le, « l’identité n’est pas un état, c’est une quête du moi qui ne peut recevoir sa réponse réfléchie que par l’objet et la réalité qui la réfléchissent » (1983, p. 44). Les défenses narcissiques exacerbées à la limite de la conduite pathologique pourraient ainsi être considérées comme un moyen de lutter contre le déterminisme social, comme une façon de s’affranchir du regard de l’autre, ceci serait à réinscrire dans la lutte contre le stéréotype et pour l’identité. Autrement dit, la réponse réfléchie par l’objet serait tellement déterminante dans la quête de l’identité, mais tellement conditionnée par le déterminisme social, qu’il vaudrait peut-être mieux s’en affranchir et se soustraire au regard de l’autre. Ce serait une autre lecture (qui n’exclut pas les autres) pour comprendre et entendre la dynamique narcissique exhibée et exacerbée chez les patients atteints d’un cancer de la prostate. Le drame résiderait alors dans le fait que l’identité, et partant de là, l’identité virile, ne serait jamais totalement acquise, toujours à reconquérir. En vertu de l’équation (du raccourci ?) qu’il semble y avoir entre virilité, puissance et jeunesse, autant de dimensions pouvant exorciser la mort, le vieillissement viendrait de facto déstabilise l’identité virile. James Dean n’aurait peut-être pas été le sex-symbol qu’il a été, l’égérie de la génération d’après-guerre et la même incarnation de la virilité, s’il était mort de sa « belle mort » (expression qui serait elle-même à questionner) autrement dit, de vieillesse, dans son lit, allongé, passif et impuissant.

Mais de quoi serait constituée cette fameuse virilité qui draine tant de fantasmes et d’idéal mais aussi tant de déception, d’amertume et de mésestime de soi ? Quels seraient les liens entre genre et virilité ?

Le genre.  

Introduit en 1955 par John Money, le « genre » désignerait « le fait psychologique par lequel un sujet se sent femme ou homme et se comporte comme tel-le » (Mercadet, 2010, p. 129). Puis, les sociologues dits « interactionnistes » défendirent l’hypothèse que « la différence des genres est socialement construite dans des interactions quotidiennes qui nous amènent à tous utiliser inconsciemment des stratégies pour nous faire admettre comme un homme ou une femme », par conséquent, « être homme ou femme équivau(drait) à la capacité de se faire admettre comme tel-le, confortablement et sans soulever le doute » (ibid. p. 131). Reprenons « sans soulever le doute ». Chez soi ? Chez l’autre ? Dans le réel ? Sur un plan

fantasmatique ? Dans l’idéal ? Le problème du cancer de la prostate serait bien de soulever le doute dans les différents espaces du sujet. Tout d’abord, il sèmerait le doute sur la scène intrapsychique en blessant fortement le narcissisme et l’idéal, ce qui, amènerait le sujet à fantasmer ce doute chez l’autre. Ensuite, il sèmerait le doute sur la scène sociale. Conformément au stéréotype, il deviendrait très difficile voire impossible, dans l’esprit du

sujet, de « se faire admettre comme tel/un homme », puisque le sujet lui-même ne se sent plus

« comme tel/un homme ».

J. Butler (1991) soutient que le genre est essentiellement performatif. Pour Patricia Mercader, ce mot performatif est « à entendre dans deux acceptions complémentaires, l’une théâtrale et l’autre linguistique. Au sens théâtral, cela signifie que le genre n’est pas ‘‘exprimé’’ par des actions, gestes ou discours, mais que la performance produit rétroactivement l’illusion d’une essence ou d’une disposition masculine ou féminine. Au sens linguistique, c’est l’idée que nous sommes assujetti-e-s au genre dans lequel le langage nous désigne » (ibid.).

Il y aurait donc une boucle rétroactive et réflexive entre le faire et l’être, entre le « j’agis comme, j’agis tel un homme »10 et le « je suis un homme ». Mais le mot « illusion » utilisée par Mercadet (« la performance produit rétroactivement l’illusion d’une essence ou

d’une disposition masculine ou féminine ») serait à questionner. Il semblerait qu’il condense

tout l’espace à recouvrer entre la masculinité de fait (« je suis né de sexe masculin ») et la virilité à conquérir (« je me dois d’agir comme un homme ce qui me fera rétroactivement me sentir être un homme, un vrai »). Là serait peut-être la tragédie de la conquête d’une virilité sans cesse à remettre sur le métier : à savoir, tenter de combler suffisamment l’écart entre les prescriptions, l’idéal et la réalité, toujours être en mouvement, pour s’achever, in fine, par une défaite certaine : la mort.

Forts de tout cela, bien des auteurs soulignent l’ambiguïté que recouvre le terme de « genre » et mettent en garde contre la facilité de pensée consistant à ranger le « sexe » du côté de la biologie, et le « genre », du côté du social. S. Bleichmar nous le rappelle avec justesse, « la sexualité telle que nous la concevons en psychanalyse ne se réduit pas à la classification de l’identité sexuelle ni à la biologie du corps, mais précisément à cet ‘‘inter’’ que l’inconscient établit entre le somatique et la culture, ‘‘inter’’ qui, s’il est bien l’effet de

      

10 Qui pourrait donc se vivre voire se réduire à « je bande quand je veux, si je veux, où je veux, avec qui je

veux », laissant parfois de côté la deuxième dynamique du vir qui consiste à être celui qui porte le faible, dynamique qui n’est pas toujours privilégiée.  

l’activité qui se déploie à l’intérieur des relations avec l’autre humain, n’est pas nécessairement de l’ordre de l’intersubjectivité. (…) Un des risques les plus graves qu’a pris la catégorie du genre aujourd’hui est la tendance à placer le sexe du côté du biologique et le genre du côté du social, en oubliant que c’est entre l’un et l’autre que se constituent les représentations sexuelles, de la sexualité au sens large, mais également des rapports entre les sexes » (2010, p. 77 et 81).

Alors, comment pourrions-nous replacer le genre dans notre référentiel et dans cet « inter » aux limites épistémologiques du langage, du corps, du social, de la biologie, et de soi ? Comment le replacer entre réalité, illusion, fantasme et idéal ? Pourrait-il être un « concept-écran » ou fourre-tout qui viendrait apporter une réponse sociale à l’énigme de la différence des sexes ?

Jean Laplanche tenta de traduire le genre en langage psychanalytique : « Le genre est pluriel. Il est d’ordinaire double, avec le masculin-féminin, mais il ne l’est pas par nature. Il est souvent pluriel, comme dans l’histoire des langues, et dans l’évolution sociale ». Le sexual serait « le résidu inconscient du refoulement-symbolisation du genre par le sexe » et plus loin dans une formule choc dont l’auteur a le secret : « le genre précède le sexe. Mais loin de l’organiser, il est organisé par lui » (2007, p. 153 et 169). Pour lui, tout serait en quelque sorte une question d’après-coup. Le genre serait retraduit et réorganisé par la différence des sexes comme pilier du psychisme, et le résidu de cette retraduction donnerait le sexual. Mais n’oublions pas que le genre appartient en tant que tel au langage, et par là même, qu’il infiltre tout notre être au monde et notre façon de découper le réel. Il nous semble que la difficulté réside dans le fait qu’il y aurait d’incessants remaniements et retraductions du genre par le sexe, dont le sexual serait le refoulé (comme le suggère si justement Laplanche), mais aussi du sexe par le genre (paradigme intéressant, le cancer de la prostate procurerait ici un « effet loupe »). Cela ne se ferait pas dans un seul sens : l’un venant sans cesse confirmer l’autre, contribuant, dans le meilleur des cas, à renforcer l’identité sexuelle et donc l’identité.

L’érection prend une telle place dans le genre et dans l’imaginaire de la différence des sexes avec le primat du phallus, qu’il est permis de se demander si la perte de la fonction érectile implique une interruption de ces échanges de retraductions et de remaniements entre le genre et le sexe. Autrement dit, nous souhaiterions envisager la virilité comme le pont ou le

point de rencontre ou plutôt « l’inter » dont parle S. Bleichmar, à la fois espace et temporalité qui ferait le tiers incarné nécessaire entre les deux pôles du sexe et du genre. La virilité serait

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