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2. La sélection des terrains d’étude

2.3 Tremblay-en-France : un quartier urbain pavillonnaire

Les zones pavillonnaires se sont massivement développées en Île-de-France à partir des années 1960. « En trente ans, de 1968 à 1999, plus de 600 000 maisons individuelles ont été construites, le parc

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des espaces déjà urbanisés que les communes rurales et périurbaines : les communes de grande couronne appartenant à l’agglomération parisienne ont accueilli près des deux tiers de ces nouveaux pavillons et comptent aujourd’hui plus de deux maisons individuelles sur cinq résidences principales »

(Berger, 2008, p. 1). Cet habitat, généralement occupé en accession à la propriété, transforme les paysages d’Île-de-France et la façon d’habiter : « il est sûr que les effets de cette transformation des

modes d’habiter sur l’organisation des territoires quotidiens des Franciliens sont considérables. Non seulement parce que les ménages disposent de logements plus grands dans des espaces moins densément construits, et parce qu’ils en sont plus souvent propriétaires » (Berger, 2008, p. 2). En

achetant un pavillon et en accédant à la propriété, les ménages sont parfois contraints de réaliser des mobilités pendulaires importantes, car les lieux de vie et de travail se trouvent déconnectés.

La Seine-Saint-Denis est le département le plus pavillonnaire de la petite couronne (Garcia et Vacquerel, 2011). « Le tissu pavillonnaire s'organise selon une pluralité de formes urbaines. Certaines

se distinguent particulièrement : les cités-jardins, les lotissements-parcs, les formes en étoile et/ou concentriques, les formes en damier, les lotissements récents » (Garcia et Vacquerel, 2011, p. 3). Les

pavillons à Tremblay-en-France, au nord de la Seine-Saint-Denis, sont en forme de damier : ils s’organisent de façon rectiligne autour de grands axes de circulations. Généralement, les axes résidentiels sont à sens unique et les trottoirs, assez étroits, sont encombrés par le stationnement des voitures. Les pavillons (dont la majorité date des années 1960-1970) sont clôturés et un espace pour la voiture est dédié au sein de la propriété privée. Très souvent le rez-de-chaussée des maisons est consacré au garage et le logement est à l’étage. Les transports en commun sont présents, mais les fréquences de passage ne permettent pas toujours d’avoir une grande liberté de déplacement. Par ailleurs, les arrêts des bus sont difficilement identifiables : il n’y a pas de zone couverte pour s’asseoir ou consulter les horaires de passages. Les quartiers pavillonnaires de Tremblay-en-France se sont développés à partir des Trente glorieuses en accueillant une population jeune, composée de familles poussées par l’accession à la propriété et la possibilité d’accéder à de grands logements à un prix plus attractif que Paris et sa proche banlieue. Le développement, à partir des années 1970, du RER B a largement contribué au développement de la ville. Les personnes qui se sont installées en famille à partir des années 1960 sont aujourd’hui confrontées au vieillissement. La mairie est sensible à cette problématique et met en avant diverses actions (mise à disposition d’un minibus pour accompagner les retraités aux déjeuners et activités proposées par le centre sénior de la commune). La ville de Tremblay-en-France se divise en 5 quartiers. La Carte 3 représente l’ensemble de la commune.

129 Carte 3 : Plan de la ville de Tremblay-en-France

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Le quartier le plus au nord, le plus proche de la zone aéroportuaire, est celui qui a été le moins rénové (c’est le vieux pays). Au contraire, le quartier du centre-ville a connu de nombreuses rénovations dans les années 1980 avec une forte densification du bâti. Les autres quartiers de la ville sont développés sur le modèle le pavillonnaire des années 1960-1970. Enfin la ville a une importante identité de ville verte : sa proximité avec le parc de la Poudrerie de Sevran renforce l’idée d’une ville verte, étendue. La commune abrite une partie de l’aéroport Charles de Gaulle : ce dernier a, de fait, une grande empreinte physique sur la vielle puisqu’une Zone d’aménagement concernée (ZAC) dédiée à l’aéroport est présente sur la commune. La commune de Tremblay-en-France offre une grande diversité de modes d’habitat (immeubles denses en centre-ville, zones pavillonnaires et habitat ancien non rénové dans le vieux pays, proche de l’aéroport). En 2016, la ville comptait 35 691 habitants (dont 13 % âgés entre 60 et 74 ans et 6 % âgés de 75 ans ou plus) répartis sur 22 km² avec une densité de 1 590,5 hab/km² (Insee, 2020a). Desservie par une ligne de RER B allant vers Paris, la ville est caractérisée aux abords de la gare RER par une grande densité de bâti avec de grands immeubles, comme à Montreuil. La majeure partie du reste du territoire est composée de larges étendues de pavillons, organisés en « damier », desservis par des réseaux de bus. L’usage de la voiture est alors souvent indispensable pour rejoindre les commerces et services. Ces quartiers pavillonnaires renforcent alors l’automobilisation de la ville : « l’automobilisation est inhérente à cette manière de

vivre découlant d’un urbanisme fonctionnel et rationnel désireux, dans le sillage de la pensée de Le Corbusier, de découper la ville en plusieurs morceaux d’agglomération, en différentes sones spécialisées » (Marchal, 2014, p. 19). Le statut d’occupation des logements, détaillé par le Tableau 5,

constate fortement avec Montreuil : la part des propriétaires est beaucoup plus forte à Tremblay-en-France (58 %) ; la durée d’occupation du logement est plus longue (20 ans pour les propriétaires). Tableau 5 : Statut d’occupation de la résidence principale à Tremblay-en-France

Source : Insee, 2020a

Tremblay-en-France offre trois modes de transports : le bus, le RER (qui connecte directement la ville à Paris) et bien sûr la voiture. La ville est desservie par deux stations de RER, une au centre de la ville et l’autre au nord (pour l’accès à l’aéroport). Si à Montreuil la part la plus importante est dédiée aux transports en commun, la voiture représente 59 % (Insee, 2020a) des usages à Tremblay-en-France. La densité du bâti et de la population sur le territoire influence les aménagements en transports en commun et positionne, dans cette ville à caractère pavillonnaire, la voiture comme mode de transport le plus utilisé.

La Carte 4 issue du site internet de la ville représente les stations des 9 lignes de bus qui traversent la ville. Les arrêts de bus sont représentés en orange. Les arrêts avec des flèches illustrent les arrêts offrant des connexions avec les villes alentour. Les arrêts marqués « bus » sont les points de départ et d’arrivée de certaines lignes de bus. L’urbanité de Tremblay-en-France est renforcée par sa grande accessibilité. Par ailleurs, au sud de la ville, les arrêts de bus semblent répartis de façon linéaire, ce qui rappelle l’aménagement en quadrillage représentatif des quartiers pavillonnaires.

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Carte 4 : Répartition des stations de bus de la ville de Tremblay-en-France

Source : Ville de Tremblay-en-France, 2020

Les entretiens se sont déroulés avec des personnes vivant en pavillon, dans le quartier au sud de la ville, mais aussi dans des pavillons à l’est. Tous étaient du même type : petite maison à étage avec un jardin, un garage, et quelques marches (pour accéder à l’ensemble de l’habitation ou à l’étage). Deux entretiens se sont déroulés dans des maisons où le garage n’était pas en rez-de-chaussée, il y avait cependant des marches à monter pour accéder au logement. La Figure 10 représente un pavillon type dont l’architecture est très répandue à Tremblay-en-France63. Ce type d’habitat montre la place importante de la voiture dans ces quartiers pavillonnaires.

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Figure 10 : Photographies d’un quartier pavillonnaire à Tremblay-en-France et d’une vue aérienne d’un quartier pavillonnaire

Source : Google Street View

La réalisation des entretiens sur le terrain d’étude à Tremblay-en-France n’a pas représenté de grandes difficultés. La prise de contact avec les bénéficiaires d’une aide de l’action sociale de la Cnav n’a pas été aussi compliquée que sur la commune de Montreuil. En revanche, nous avons eu plus de mal pour entrer en contact avec des personnes non-bénéficiaires. L’étendue de la ville, les difficultés pour communiquer auprès des retraités et des personnes vieillissantes ou encore le sujet de la recherche n’ont pas permis de réaliser un grand volume d’entretiens auprès de non-bénéficiaires. Les quartiers pavillonnaires offrent un terrain d’étude où les possibilités de déplacement sont différentes des zones urbaines très denses proches de Paris. Dix entretiens ont été réalisés en 2016 avec des retraités et des personnes vieillissantes (4 hommes, dont la moyenne d’âge est de 78,3 ans et 6 femmes dont la moyenne d’âge est de 82,5 ans) et l’ensemble des personnes rencontrées vivent en pavillon. En 2017, ce sont 5 personnes qui sont réinterrogées (4 femmes et 1 homme).

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