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Les axes de recherche : entre déterminisme et interactionnisme symbolique

Chapitre III : Étudier les influences du vieillissement sur la mobilité locale

2. Les axes de recherche : entre déterminisme et interactionnisme symbolique

Afin d’apporter des réponses à la problématique générale, des axes de recherches sont dégagés. Ces axes de recherche se concentrent autour de quatre thématiques : les représentations sociales, la relation au territoire, le parcours de vie et l’exclusion sociale.

2.1 Les représentations sociales de la mobilité diffusées par les politiques publiques du vieillissement

Les politiques du vieillissement modélisent les représentations sociales de la vieillesse au travers des messages et images de prévention. La publicité, les flyers de communications, les ateliers de prévention et les PAP41 sont quatre moyens différents de diffuser une même norme et des représentations sociales des pratiques et comportements à avoir pendant la retraite et le vieillissement. Ces types de représentations sociales diffusées par une institution à un large public s’apparentent à des représentations sociales publiques. Comme expliqué dans les chapitres précédents, la mobilité locale n’est pas toujours abordée de front dans les actions de communication, elle est souvent un moyen plus qu’un objectif pour que la personne retraitée ou vieillissante conserve une bonne santé et du lien social. Ainsi, l’interaction sociale est couplée à la mobilité locale dans la communication des caisses de retraite. La Figure 4 représente la page d’accueil du site internet interrégime « pour bien vieillir », dédiée à la prévention. Porté par l’Inpes et plusieurs caisses de retraite42, ce site participe à l’harmonisation des messages de prévention diffusés aux retraités et aux personnes vieillissantes. Cette image représente spécifiquement le lien entre mobilité locale à l’extérieur du logement, interaction sociale et exercice physique.

41 Plan d’actions personnalisé (PAP), ils sont délivrés par la Cnav pour les personnes « fragiles » en GIR 6 ou 5.

42 La Cnav, La Sécurité sociale des Indépendants (SSI – qui a disparu le 1er janvier 2020), la Caisse de retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers (CNRACL), la Mutualité sociale agricole (MSA) sont les caisses de retraite en interrégimes qui mutualisent, notamment en Île-de-France, les messages et les ateliers de prévention.

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Figure 4 : Capture d'écran du site web « pour bien vieillir »

Source : Cnav et al., 2020, consulté le 6 octobre 2019.

Le texte et l’image publiés sur cette page évoquent l’inclusion de la personne dans la société à travers l’activité physique. Le slogan « À tout âge, l’équilibre s’entretient tous les jours » délivre un message injonctif fort, qui a pour objectif de pousser les individus à conserver un équilibre, ce qui passe par la pratique sportive (la personne en premier plan) ou la marche (le couple en second plan). Le site internet de la Cnav livre, quant à lui, une série de conseils à suivre à partir du passage à la retraite : « Échanger, s’instruire, s’amuser… Être au contact des autres, ça fait travailler les neurones ! Continuez

à apprendre pour rester acteur de votre vie. L’acquisition de nouvelles connaissances permet de garder l’esprit toujours en éveil. C’est également une opportunité de rencontres et d’échanges. – Vous avez des compétences et l’expérience de la vie. Pourquoi ne pas les mettre au service du monde associatif en devenant bénévole ? L’occasion de se sentir pleinement citoyens et de faire des rencontres enrichissantes. – Chaque jour on trouve une bonne raison de marcher. Pratiquez au moins trente minutes d’exercice par jour. Et si vous trouviez l’activité physique qui vous convient ? » (Cnav 2019,

consulté le 6 octobre 2019). Ces images et présentations sont des représentations sociales publiques du vieillissement et correspondent au « bien vieillir » et à la théorie de l’activité (Caradec, 2012) : même si l’individu a terminé sa carrière professionnelle, il est invité par les institutions à conserver un rôle social et une bonne condition physique.

Si de nombreux sites internet participent à la diffusion de ces représentations sociales du « bien vieillir », les brochures papier sont elles aussi orientées autour du maintien de la condition physique pour pouvoir continuer à se déplacer quotidiennement et participer à la société. Le guide « Bien vivre son âge » résume les actions à mener autour de trois points : rester en mouvement, transmettre, prendre soin de sa santé (Santé publique France, 2016). Avec ces messages, les politiques du vieillissement diffusent des messages de prévention dans l’ensemble des champs de la vie quotidienne (les relations sociales, l’engagement associatif, la tenue du logement, l’aménagement du logement, etc.). Il semble donc important d’explorer la façon dont les retraités et les personnes vieillissantes perçoivent ces représentations sociales publiques et de savoir comment elles les adaptent ou non à leur vie quotidienne. Comme expliqué dans le premier chapitre, les personnes vieillissantes peuvent avoir des difficultés à être en conformité avec les représentations sociales diffusées par les politiques publiques du vieillissement. Parfois, « l’individu subit la contrainte des représentations dominantes

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diffèrent selon la société dans laquelle elles prennent naissance et sont façonnées » (Jodelet et al.,

1989, p. 67). L’intérêt de ce travail de thèse est d’observer la manière dont les retraités et personnes vieillissantes interrogées tiennent compte ou non de ces normes dans leurs comportements, et en l’occurrence dans leur mobilité. Les individus confrontent les représentations sociales largement diffusées à leurs propres représentations sociales mentales. Il se peut qu’il y ait des différences entre le comportement attendu et ce que la personne peut faire.

2.2 La gérontologie environnementale place l’espace vécu au centre de la mobilité locale Les expériences de l’individu sur son territoire correspondent à l’espace vécu. L’espace physique et les relations sociales sont alors centrales pour comprendre le comportement de mobilité locale des retraités et des personnes vieillissantes et pour observer les mises à distances ou au contrairement les rapprochements avec la norme de mobilité locale et les représentations sociales liées au « bien vieillir ». La relation au territoire est un élément central dans le courant de pensée de la gérontologie environnementale. Développée à partir des années 1950, la gérontologie environnementale est un courant réunissant diverses disciplines des Sciences humaines et sociales qui met en avant la relation entre la personne vieillissante et son environnement sociophysique. Dans le monde anglo-saxon, l’utilisation du terme « environnement » dans le nom de ce courant renvoie à une idée d’intégration que ce soit au niveau physique, social et écologique. En France, le terme « environnement » renvoie plutôt à la notion de milieu (Kalaora et Vlassopoulos, 2013). Il faut donc comprendre le mot « environnement » dans le sens anglo-saxon du terme, c’est-à-dire l’interaction globale de l’individu avec son milieu physique et social.

En 1951, le psychologue américain Kurt Lewin, considéré comme pionnier dans ce domaine, développe le concept « d’espace de vie » : la personne et son environnement sont un tout indivisible ; le comportement « B » est une fonction de la personne « P » et de l’environnement « E ». Donc, « B=f(P,E) » (Wahl et Weisman, 2003). En 1980, le psychologue Powell Lawton complète cette interface en renforçant le lien entre l’environnement et la personne : la formule « B=f(P,E,PxE) » renforce l’idée que la personne et l’environnement sont des éléments intrinsèquement liés qu’il est difficile de les voir comme des entités séparées (Wahl et Weisman, 2003). La mobilité semble donc importante puisqu’elle représente le cheminement entre la personne et son environnement. La mobilité locale peut être représentée par le signe de multiplication de la formule de Lawton : c’est grâce à cette dernière que la personne évolue sur son territoire. Ainsi, l’espace vécu (c’est-à-dire la relation entre la personne et l’environnement illustré dans la formule par le signe de multiplication) est positionné comme étant un troisième facteur pouvant influencer le comportement. Le signe de multiplication montre que l’environnement et la personne peuvent fonctionner ensemble, notamment à travers la mobilité et plus particulièrement le déplacement. La mobilité est alors centrale pour ce courant : elle est l’illustration de la relation que la personne entretient avec son espace vécu.

L’environnement, couplé à d’autres facteurs, est générateur de bien-être pour les personnes vieillissantes. Selon Lawton, l’environnement concerne aussi bien le physique, le social, le culturel que l’organisationnel (Wahl et Weisman, 2003). Powell Lawton dégage trois fonctions de l’environnement : la « persistance », la « stimulation » et le « soutien ». La « persistance » de l’environnement est bénéfique pour la personne vieillissante, qui conserve ainsi ses repères, maîtrise et connaît son espace vécu, et peut y avoir un attachement. La « persistance » défend l’idée du maintien à domicile de la personne vieillissante, le maintien dans un environnement qu’elle connaît, qui est synonyme de sécurité pour elle. La fonction « stimulante » de l’environnement est employée dans cette définition pour mettre en évidence l’interaction sociale que la pratique de l’espace vécu peut offrir. Enfin, l’environnement a une fonction de support, de « soutien » pour les personnes vieillissantes (Wahl et Weisman, 2003). L’aménagement de l’espace doit donc favoriser l’indépendance et la sécurité (Wahl et Weisman 2003 ; Sánchez-González et Rodríguez-Rodríguez 2016).

Les recherches en gérontologie environnementale se concentrent autour de trois aspects : l’environnement autour du logement, l’organisation de la vie quotidienne des personnes vieillissantes et les possibilités de déménagement dans un nouvel environnement. Des études se sont concentrées sur la relation au quartier : les caractéristiques physiques et sociales d’un quartier ont des effets sur la

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façon dont les individus se déplacent (Sánchez-González et Rodríguez-Rodríguez, 2016). Les problèmes liés à la mobilité sont généralement associés aux problèmes intrinsèques au quartier : aménagement, composition sociale, insécurité, accès aux services et aux commodités par exemple (Birren et Warner Schaie, 2013).

Si l’immobilité est souvent synonyme, pour les politiques du vieillissement, de problèmes de santé et de décroissance de mobilité, le logement est un élément central pour les personnes vieillissantes. Les recherches issues de la gérontologie environnementale prônent, d’une certaine façon, le maintien dans l’environnement de vie où la maîtrise de l’espace vécu offre la possibilité à la personne vieillissante de mieux adapter les représentations mentales qu’elle a de ses capacités physiques à son espace vécu. Les politiques publiques du vieillissement sont très attachées à la prévention dans le domicile. Le logement est ainsi devenu le lieu de la mise en œuvre des aides techniques et des aménagements spécifiques afin que la personne puisse y demeurer.

Ainsi, la gérontologie environnementale recoupe plusieurs disciplines des sciences sociales. Cette hétérogénéité constitue une richesse dans la façon d’aborder et de traiter la relation entre la personne vieillissante et son environnement. Mais cette multiplicité des perceptions et des approches théoriques discrédite le mouvement à partir des années 1990. Les travaux se multiplient, se complexifient : différentes disciplines, différentes échelles participent à rendre complexe une lecture précise de ce courant, qui devient peu à peu délaissé par les chercheurs en sciences sociales (Sánchez-González et Rodríguez-Rodríguez, 2016). Même si ce courant de pensée pluridisciplinaire peine à élaborer des définitions fixes, son appui est intéressant à mobiliser pour comprendre l’importance du territoire dans l’élaboration de la mobilité. La gérontologie environnementale comme axe de recherche permet de saisir la relation qu’entretiennent les retraités ou les personnes vieillissantes avec leur espace vécu. Ces interactions présentes peuvent être enrichies par l’étude du passé de mobilité de la personne afin de mieux comprendre les choix de mobilité locale pendant la retraite.

2.3 Le parcours de vie et la mobilité locale des retraités et des personnes vieillissantes L’aspect déterministe est central dans la compréhension du comportement de mobilité locale pendant la période de retraite. La notion de « parcours de vie » est liée à celle de l’étude biographique. Le sociologue William Isaac Thomas présente le « biographique » comme les raisons qui mènent aux actions. L’engouement des chercheurs pour cette tendance basée sur la sollicitation de récits de vie date des années 1970 en Europe (Levy, 2001). En s’inspirant des travaux de Christian Lalive d’Epinay, le sociologue Marc Bessin résume la notion de parcours de vie de la façon suivante : « Le paradigme

du parcours de vie est généralement défini par un ensemble d’approches multidisciplinaires, qui considèrent la vie humaine et son développement comme une totalité. Il s’agit d’interroger son organisation et son déroulement dans le temps, ses fondements biologiques, psychologiques, ainsi que son insertion sociétale et historique (Lalive d’Épinay et al., 2005). Cette articulation d’une dynamique individuelle de l’avancée en âge, ancrée dans un contexte socio-historique donné, pose cet objet de recherche au cœur des sciences sociales et de la sociologie en particulier » (Bessin, 2009, p. 13).

L’intérêt du recours à la notion de « parcours de vie » dans l’étude de la mobilité est donc d’observer les influences du parcours de vie de la personne sur sa façon d’être mobile.

Deux approches du parcours de vie se distinguent dans la littérature sociologique : l’approche au niveau de la société et l’approche au niveau individuel. « Le parcours de vie individuel est composé

d’un ensemble de trajectoires plus ou moins entrelacées et renvoyant aux différentes sphères dans lesquelles se déroule l’existence individuelle : scolaire, professionnelle, familiale, associative, etc. (Elder, 1998). Cette dernière distinction nous renvoie aux deux niveaux d’analyse du parcours de vie : c’est-à-dire, sous l’angle sociétal, à la manière dont la société – via l’État, le système économique, etc. – organise la vie humaine en termes de séquence ordonnée de positions ; sur le plan individuel, aux trajectoires idiosyncrasiques et à la négociation qu’opère l’individu du modèle de déroulement de la vie que la société lui propose, voire lui impose » (Cavalli, 2007, p. 57). Dans le cadre du travail entrepris ici,

examiner le parcours de vie individuel permet d’observer la différence entre la mobilité locale pendant la retraite ou le vieillissement et la mobilité locale que l’individu a connue auparavant, pendant son parcours professionnel ou son enfance. Au-delà de l’étude de la mobilité locale, l’intérêt pour le

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parcours de vie de l’individu permet d’observer aussi la mobilité résidentielle. Par ailleurs, la population ciblée dans ce travail de thèse est à la retraite, étape connue pour constituer un palier important dans le parcours de vie. Or « trois grandes étapes de la vie sont distinguées par l'intégration

successive des individus dans des champs sociaux qui sont, à cet égard, liés entre eux : la phase de la formation initiale est liée à la participation au système scolaire, la phase de l'activité professionnelle est liée à l'intégration dans le monde du travail et la phase de la retraite est liée au désengagement de cet univers social sur la base d'une certaine dépendance, variable selon la position socio-économique, des institutions d'assurance vieillesse » (Levy, 2001, p. 7). Aujourd’hui ces étapes se redessinent avec

un temps de formation qui peut sembler plus long pendant la vie professionnelle et un temps de dépendance qui a tendance à arriver plus tardivement dans le parcours de vie. La notion de parcours de vie permet, dans le cadre d’une thèse sur la mobilité locale des retraités et des personnes vieillissantes, de comprendre comment le vieillissement ainsi que ses représentations mentales et sociales influencent une mobilité locale qui s’est construite tout au long du parcours de vie.

Un individu qui a connu plusieurs mobilités résidentielles et la maîtrise de divers modes de transport au cours de son enfance et de son expérience professionnelle peut continuer à utiliser de multiples modes de transports pendant la retraite, puis pendant le vieillissement. Le fait de connaître plusieurs modes de transport peut permettre une plus grande marge d’adaptation à l’individu lorsque les difficultés physiques se développent, afin qu’il puisse continuer à être en conformité avec le modèle du « bien vieillir » en mobilisant ses ressources (économiques, sociales, physiques). Les déplacements sont présents dès la scolarité et le restent tout au long du cycle de vie. En s’inspirant des travaux de Bourdieu, certains géographes parlent même « d’habitus mobilitaire » : « Cette notion insiste sur

l’apprentissage des mobilités, sur le fait que cela est intériorisé et qu’il s’agit de quelque chose d’acquis. (…) Ce capital varie en fonction de l’étendue des relations sociales et des autres formes de capitaux détenus » (Séchet, Garat, et Zeneidi 2008, p. 73‑74). Ainsi, l’intérêt porté au parcours de vie de

l’individu permet d’observer les possibilités de mobilité locale passées et présentes et la façon dont l’individu utilise ce bagage de mobilités. Il est possible de penser que plus l’individu maîtrise de modes de transports, plus il a de possibilités de déplacements pendant la retraite, plus il peut continuer à s’accorder à la norme. À l’inverse, un individu qui n’a jamais connu que la marche, par exemple, risque de ne plus parvenir à être en conformité avec la norme de mobilité et d’être socialement exclu lorsqu’il sera confronté à des difficultés physiques impactant la marche.

2.4 La mobilité locale et l’espace vécu comme sources d’exclusion sociale

La mobilité locale est composée de plusieurs éléments : le mode de déplacement utilisé pour les déplacements, l’influence des modes de transports utilisés dans le passé, le temps de déplacement, l’environnement physique pratiqué. Tous ces éléments peuvent être source de difficultés dans la mise en œuvre de la mobilité locale, ce qui peut amener à l’exclusion sociale de l’individu. « Les ménages

modestes font plus d’un déplacement sur deux en voiture, contre près des trois quarts pour les ménages aisés. C’est la marche qui fait l’essentiel de la différence sur les alternatives à la voiture, les deux-roues et les transports publics étant un peu plus utilisés par les ménages modestes. Il en résulte évidemment de grandes différences de vitesses43 entre ménages modestes et aisés. Ces écarts sont toutefois plus faibles que les écarts de distance, si bien que les ménages modestes consacrent nettement moins de temps à leurs déplacements que les ménages aisés » (Orfeuil et Ripoll, 2015, p. 21‑22). Cet extrait, qui

compare l’ensemble des comportements de mobilité sur toute la population à partir des Enquêtes nationales transports et déplacements (ENTD), marque des différences de comportement selon les revenus des individus. Par ailleurs, « La mobilité repense un ‘‘coût’’, rarement pris en compte dans les

recommandations politiques axées sur l’augmentation de la capacité des pauvres à se déplacer. Pour les déplacements ce coût est d’abord financier : l’accès aux transports, à l’automobile notamment »

(Fol, 2010, p. 58). Les habitudes de mobilité locale sont donc induites en partie par les revenus de la personne et les possibilités qu’elle a de payer ses déplacements.

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L’utilisation des modes de déplacements demande un apprentissage, mais aussi une maîtrise d’autres éléments : « l’accès au réseau nécessite de maîtriser en sus des normes ‘‘techniques’’ des

compétences institutionnelles et sociales (...). Comme les autres, le réseau piéton est encadré par des normes44 qui façonnent l’espace en un territoire ordonné d’avenues et de rues, d’impasses et de places » (E. Le Breton, 2004, p. 62‑63). La mobilité nécessite des connaissances dans de nombreux

domaines (connaissance du langage, de la lecture, du Code de la route suivant le mode de transport utilisé) afin qu’elle soit maîtrisée. Le sociologue Erving Goffman dénombre huit « territoires du moi », c’est-à-dire les territoires de droit d’un individu : « tous de nature situationnelle ou égocentrique :

l’espace personnel, les places, l’espace utile, les tours, l’enveloppe, le territoire de la possession, les réserves d’information et les domaines réservés de la conversation. Il convient de noter un trait général commun à ces diverses formes de la territorialité : leur variabilité socialement déterminée » (Goffman,

1973, p. 53-54). Les comportements et les façons d’être mobiles sont donc différents suivant l’individu et suivant l’espace pratiqué. Il y a donc des codes et des normes en fonction des territoires pratiqués et en fonction des situations et des individus concernés. La façon de se déplacer dépend alors du contexte territorial et social. Pour prendre l’avion par exemple, il faut savoir et pouvoir se repérer dans l’aéroport sur les différents lieux de contrôle. L’ensemble de ces éléments montrent que la mobilité est sélective.

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