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Diffusion de la norme du « bien vieillir » par les politiques publiques

Chapitre V : Les effets du PAP sur l’organisation de la mobilité locale et les modes de vie

2. Comment la prévention diffusée par les PAP modifie-t-elle les représentations mentales et les

2.1 Diffusion de la norme du « bien vieillir » par les politiques publiques

Dans sa thèse consacrée au vieillissement au sein de la bourgeoisie protestante genevoise, le sociologue Alexandre Pillonel, expose les nombreuses correspondances entre le « bien vieillir » et les normes diffusées par la bourgeoisie genevoise : être actif, prendre soin de sa santé, être autonome. « La distinction entre la ‘‘bonne’’ et la ‘‘mauvaise’’ vieillesse, comme l’érige le modèle du ‘‘bien-vieillir’’,

ne repose plus sur des critères d’âge chronologique ou des âges sociaux, mais sur la capacité de chaque individu à pouvoir se maintenir en ‘‘bonne’’ santé, de rester indépendant et de ne pas constituer une charge pour la collectivité. On comprend mieux comment le modèle du ‘‘bien-vieillir’’, dans des publications destinées au grand public, résume-le ‘‘bon’’ vieillissement à ne pas vieillir du tout. (…) Cette distinction paraît d’autant plus opérante que les personnes âgées, issues des classes sociales supérieures, ont incorporé un ensemble dispositionnel, en concordance avec les injonctions normatives incluses dans les modèles du vieillissement actif et réussi » (Pillonel, 2017, p. 170). Le « bien vieillir »,

correspond aux catégories sociales disposant de ressources financières culturelles et sociales, ce modèle s’impose au reste de la société. L’auteur nuance cette corrélation : « c’est ainsi que leur [les classes supérieures] conduite de vie durant la vieillesse s’insère parfaitement dans le modèle dominant,

sans pour autant être directement les producteurs de la norme. Ce qui conséquemment euphémise l’expression d’une violence symbolique, masquée entre autres par la défense d’une justice sociale méritocratique » (Pillonel, 2017, p. 173). Ce modèle du « bien vieillir » transparaît dans la plupart des

textes issus des politiques publiques du vieillissement. Nous proposons de comparer les messages présentés dans quelques textes issus des politiques publiques à la façon dont les personnes enquêtées (bénéficiaires et non-bénéficiaires) perçoivent cette notion de « bien vieillir » et l’ensemble des représentations sociales qui y sont liées à travers une analyse textuelle.

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Retour d’expérience de chargée de mission auprès des structures évaluatrices franciliennes97

L’expérience professionnelle réalisée au sein de la Dasif entre 2018 et 2020, en tant que chargée de mission comme référente des structures évaluatrices franciliennes a permis d’observer les relations entre l’institution et le structures évaluatrices. Ce sont 8 structures évaluatrices qui interviennent en Île-de-France. Certaines interviennent sur un département d’autres sur plusieurs communes sur des départements différents. La diversité du paysage francilien rend certains territoires difficiles d’accès et peu rentables en termes d’évaluation (le temps de trajet est long pour parfois 1 seule évaluation dans le secteur en une journée). Cette problématique n’a pas été observée dans le Pays de Bray qui pourtant est un territoire isolé. Peut-être que la répartition des aires d’intervention entre les évaluateurs joue un rôle pour faciliter les interventions. Une étude plus poussée des structures évaluatrices normandes pourrait étayer cette hypothèse. Les évaluateurs en Île-de-France sont des infirmiers ou des travailleurs sociaux (assistantes sociales principalement). Certaines structures travaillent aussi avec des évaluateurs vacataires sur certains territoires isolés. Le rôle du chargé de mission en action sociale référent des structures évaluatrices est de faire le lien entre l’institution (et ses directives) avec les évaluateurs (et donc le terrain). Les relations sont souvent tendues : les structures évaluatrices rencontrent toutes des problématiques financières surtout si elles ne réalisent que des évaluations. En effet, certaines structures se sont diversifiées autour de la thématique gérontologique : formation, développement d’outils d’évaluation, etc. Les relations entre les structures évaluatrices ne sont pas toujours aisées. Des problématiques de territoires, antérieures à la prise de poste resurgissent régulièrement lors de réunions communes. La pression autour du manque à gagner des évaluations lorsque la structure n’est pas diversifiée est parfois palpable. Les échanges avec les structures évaluatrices sont principalement de trois ordres : suivre leurs travaux sur des missions complémentaires financées par la Dasif (notamment de l’accompagnement des retraités fragilisés, des contrats de progrès et de performances) ; intégrer les structures dans des expérimentations (la Dasif a expérimenté 3 dispositifs distincts entre 2018 et 2020 concernant les résidences autonomies, les bailleurs sociaux et les sorties d’hospitalisation) ; organiser le suivi de l’information entre la caisse et les structures évaluatrices (au cours d’évènements : journées d’informations, réunions trimestrielles sur la politique en cours). Par ailleurs, le chargé d’action sociale référent auprès des structures évaluatrices se rend régulièrement dans chaque département pour des réunions d’information spécifique à la structure et aux évaluateurs. Ces réunions sont parfois difficiles à mener, car le contact est direct avec les évaluateurs de terrain (et non pas avec les responsables administratifs qui participent à la majorité des réunions organisées par la Cnav). Certains Clics évaluateurs présents lors des réunions départementales sont présents, les relations sont très délicates avec ces derniers qui prônent souvent les logiques territoriales et départementales, par rapport aux logiques et actions de la Cnav.

Cette expérience a démontré, au niveau sociologique, la relation de pouvoir entre les acteurs de l’action sociale. Le bénéficiaire, lui est régulièrement absent des échangées, son « intérêt » représente souvent des points de désaccord entre l’institution et l’évaluateur. La notion du « besoin », développée par la suite à partir des entretiens réalisés, est très différente. La Cnav prône les besoins en termes de prévention qu’il souhaite parfois imposer aux bénéficiaires ; les structures évaluatrices perçoivent le besoin au domicile donc dans un contexte et un environnement totalement différents de ce qui réfléchit par la Cnav. La problématique du coût des aides est un point décisif. Beaucoup de personnes refusent des aides, car ces dernières coûtent trop cher. Les logiques de fonctionnements (Crozier et Friedberg, 1977) des structures sont alors différentes : la Cnav est sur le fond dans une logique de financement, d’organisation et de prévision alors que les structures évaluatrices sont dans des logiques d’acceptation des PAP et de gestion des difficultés vécues par les demandeurs et bénéficiaires. L’expérience des accompagnements avec des évaluatrices en Normandie et en Seine-Saint-Denis a été précieuse pendant les deux ans de poste au sein de la Dasif, car elle a permis de comprendre plus facilement les modes de fonctionnements et les problématiques des structures évaluatrices franciliennes.

L’expérience principale de la prise de poste au sein de la Dasif a été de deux ordres : l’observation des relations entre la Cnav et les structures évaluatrices et la différence dans le discours et la perception des besoins des retraités par la Cnav et par les structures évaluatrices. Cette expérience a motivé l’élaboration de l’analyse textuelle Iramuteq dont l’objectif est d’observer les différences de discours et de représentations entre les politiques publiques du vieillissement et les personnes interrogées.

97 La Dasif est la cirection d’action sociale al plus importante. En 2019, 22 287 évluations ont été réalisées sur la région Île-de-France.

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L’utilisation du logiciel IRaMuTeQ, outil qui s’appuie sur la méthode Reinert98, offre diverses approches des corpus de textes : « la lexicométrie (statistiques), les méthodes statistiques (calcul de

spécificités, analyse factorielle ou classification), la visualisation de données textuelles (nuage de mots) ou l’analyse de réseaux de mots (analyse des similitudes) » (Baril et Garnier, 2015, p. 7). L’annexe n° 3

détaille l’ensemble de la démarche entreprise sur ce logiciel pour construire deux analyses : la première est basée sur l’analyse de textes issus des politiques du vieillissement,99 de l’aménagement et du transport100 ; la seconde consiste en l’analyse des entretiens menés avec les bénéficiaires. C’est la méthode Reinert qui est appliquée avec des Classifications hiérarchiques descendantes (CHD), d’Analyse factorielle des correspondances (AFC) et d’analyse des similitudes.

La Classification hiérarchique descendante (CHD)101 proposée à partir des traitements statistiques appliqués aux textes issus des politiques publiques identifie deux thématiques : les enjeux des politiques publiques et leurs possibles applications sur la vie quotidienne. Pour l’élaboration d’une classification, la méthode Reinert est utilisée avec IRaMuTeQ : à partir d’une analyse factorielle, elle propose une Classification hiérarchique descendante (CHD), 3 étapes sont effectuées : les textes sont découpés en segments ; la lemmatisation est réalisée et un classement est effectué à partir de l’importance des segments. L’analyse hiérarchique descendante réalisée à partir de l’ensemble du corpus aboutit à 6 classes.

Le corpus des politiques publiques102 a été organisé autour de 6 variables : il s’agit du nom du document ; du domaine (vieillesse ou transport et aménagement du territoire) ; le type document (s’il s’agit d’une étude, d’un guide…) ; l’année ; le ministère concerné et les auteurs. Chaque texte est aménagé pour pouvoir être analysé par le logiciel. Il s’agit d’éviter certaines occurrences inutiles comme les termes « article » et « alinéa » qui se trouvent dans les textes de loi par exemple et pourraient fausser le résultat. Ainsi, certains textes (notamment des lois) n’ont pas été totalement traités dans le corpus afin d’éviter des occurrences erronées. Seuls les articles les plus complets et descriptifs ont été sélectionnés.

Après le chargement du corpus qui doit être écrit à la suite dans un même document « .txt » la première étape du logiciel propose un résumé de l’analyse. Il s’agit de l’analyse principale, à partir de celle-ci il est possible ou de faire des sous-analyses par variable (dans ce cas précis il s’agira de distinguer les deux domaines – vieillesse et transports, adaptation du territoire), puis dans un second temps l’emploi de certains mots-clés pour l’ensemble des documents (marcher, voiture, déplacement, mobilité) est analysé en sous-corpus indépendant. La Figure 15 illustre le résumé issu du lancement de l’analyse générale.

98 La méthode Reinert est une méthode d’analyse statistique appliquée à l’analyse textuelle par le logiciel Iramuteq. Elle est présentée en détaille dans le chapitre IV de la thèse.

99 Ces textes se répartissent en 5 thématiques : textes de lois, rapports, études, guides et plans. En parallèle les entretiens réalisés en 2016 et en 2017 sont aussi analyses.

100 Quelques textes issus des politiques des transports et de l’aménagement urbain sont inclus parmi les textes étudiés. L’objectif est d’observer les utilisations du vocabulaire en lien avec le vieillissement.

101« Ce classement [la classification hiérarchique des individus] n'est qu'un moyen et non un but, le résultat

utilisable étant la description du profil des classes d'individus à l'aide des indicateurs » (Reinert, 1983, p. 187).

102 La sélection des textes issus des politiques publiques est assez large : elle prend en compte des textes issus des politiques publiques du vieillissement (loi ASV ; guide « bien vivre sa retraite » ; le Plan national d'action de prévention de la perte d'autonomie 2015) ; des textes issus des politiques des transports et de l’aménagement (Loi sur la nouvelle organisation territoriale de la République NOTRE ; Rapport sur la mobilité et les transports dans les territoires ruraux). Ces textes visent la prévention au sens large : certains sont destinés au grand public, d’autres sont destinés aux décideurs. Des articles scientifiques gérontologiques sont aussi présents dans le corpus.

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Figure 15 : Résumé de l'analyse générale textuelle des textes de politique publique

Champ : Analyse textuelle IRaMuTeQ des textes issus des politiques publiques du vieillissement, des transports et de l’aménagement.

Source : Broussard 2020.

Il y a 876 158 mots. Il y a 13 595 formes, c’est-à-dire des verbes, des noms… L’option de « lemmanisation » a été activée sur le logiciel. La lémmanisation permet de simplifier certaines formes de mots : en rapportant toutes les formes d’un verbe à l’infinitif. L’objectif étant de simplifier l’analyse par la suite. Le corpus compte 4 817 hapax ou mots qui ne sont cités qu’une seule fois. La Figure 16 illustre les données de classification de la CHD.

Figure 16 : Mots analysés dans la CHD

Champ : Analyse textuelle IRaMuTeQ sur réalisée sur 78 textes issus des politiques publiques du vieillissement, des transports et de l’aménagement.

Source : Broussard 2020.

Ainsi, sur les 95 textes issus des politiques publiques 78103 apparaissent dans la classification. L’analyse est répartie sur 6 classes. Les formes « actives » représentent les noms et verbes (à l’infinitif) et les formes « supplémentaires » correspondent aux prépositions, adverbes, noms, etc. Le logiciel IRaMuTeQ définit une partition de 6 classes. La Figure 17 représente la CHD issue du corpus des politiques publiques.

103 Pour l’utilisation du logiciel IRaMuTeQ, chacun des textes a nécessité une préparation dont certains exemples sont présents dans l’annexe n° 3. L’analyse liée à la méthode Reinert n’a pas intégré l’ensemble des textes. Seuls 78 textes sont présents dans cette analyse. La taille des textes, le formatage et la préparation du corpus peuvent expliquer que les 95 textes ne sont pas tous présents dans l’application de cette méthode statistique. Cependant, l’analyse des sous-corpus de mots intègre totalement l’ensemble des 95 textes issus des politiques publiques du vieillissement des transports et de l’aménagement du territoire.

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Figure 17 : Analyse textuelle : classification hiérarchique descendante

Champ : Analyse textuelle IRaMuTeQ des textes issus des politiques publiques du vieillissement, des transports et de l’aménagement.

Source : Broussard 2020.

La classe 6 est la plus isolée du reste des classes, car elle n’est pas directement liée avec aucune autre. C’est la classe 3 qui a le plus de connexions (avec les classes 2 et 4). À partir de l’analyse des termes récurrents qui composent la classe et de la significativité des mots entre eux, il est possible de catégoriser la CHD. Les classes de base de la classification sont les classes : 1, 5, 2 et 4. La classe 6 représente les « termes législatifs isolés ». Cette classe regroupe les principaux termes du droit comme les termes « loi », « décret » ou encore « article ». La classe 3 regroupe les termes en lien avec la mobilité et peut être appelée : « la mobilité dans les politiques publiques ». La classe 5 traite des « enjeux des politiques publiques : améliorer la vie quotidienne pour préserver les activités et l’autonomie ». On retrouve dans cette classe le cœur de la prévention. La classe 4 peut être intitulée : « mises en œuvre et actions sur la vie quotidienne pour promouvoir un vieillissement actif ». Cette classe rassemble les vocables en lien avec les aides spécifiques proposées aux retraités et aux personnes vieillissantes. La classe 2 est nommée : « manque de qualification et d’outils » concerne notamment le métier des aides à domicile et les difficultés de leur métier. Enfin la classe 1 est nommée : « méthodes pour étudier une population spécifique ». Il s’agit de l’ensemble des méthodes et techniques qui permettent d’identifier les retraités et les personnes vieillissantes, méthodes sur lesquelles les politiques publiques s’appuient pour justifier leurs actions.

La classe 5 est dédiée à la prévention et aux modes de vie, bref au « bien vieillir ». Les textes qui composent cette classe sont majoritairement issus des politiques publiques du vieillissement. Les 25 mots les plus fréquemment employés dans cette catégorie sont : « activité », « vie », « adapter », « santé », « temps », « aider », « quotidien », « autonomie », « physique », « proposer », « prévention », « utiliser », « difficulté », « nouveau », « risque », « professionnel », « conseil », « possible », « pratique », « améliorer », « âge », « retraite », « maladie » ou encore alimentation ». La Figure 18 représente le nuage de mot de la classe cinq, classe dédiée au « bien vieillir » et aux modes de vie. Le nuage de mot permet de représenter les termes les plus récurrents dans la classe.

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Figure 18 : Nuage de mots des 25 mots les plus fréquemment employés

Lecture : Le nuage de mot de la classe 5 illustre les mots les plus fréquents dans la classe comme : « sommeil », « alimentation », « nutrition », « prévention », « contacter », « atelier ».

Champ : Analyse textuelle IRaMuTeQ des textes issus des politiques publiques du vieillissement, des transports et de l’aménagement.

Source : Broussard 2020.

Les transports et la mobilité sont absents de cette classe, seul le terme « bouger » rappelle le vocabulaire des déplacements et de la mobilité. Le nuage de mots de la classe 5 issue de l’analyse textuelle des politiques publiques montre que le « bien vieillir » se construit autour de trois thématiques : les modes de vie (le sommeil, l’activité, le lien social) ; les troubles liés au vieillissement (les maladies, les pertes, les pathologies) et les moyens par lesquels les politiques publiques du vieillissement travaillent sur les modes de vie (conseiller, rendez-vous, aide). Les termes « marcher », « bouger », « sortie » sont présents dans ce nuage de mot : ils rappellent la norme à la mobilité, le rejet de la sédentarité et la mise en valeur de l’activité physique, en particulier de la marche (Dargent-Molina et Cassou, 2017). La mobilité fait partie des moyens utilisés par les politiques publiques pour influencer le mode de vie. Les termes « sommeil », « chute », « nutrition » correspondent quant à eux à des ateliers proposés notamment par le PRIF (PRIF, 2020c). Les mots les plus significatifs104 sont en lien avec la vie quotidienne et avec les enjeux de la prévention (deux thématiques qui se rejoignent). Les mots en lien avec la vie quotidienne sont, entre autres : « sommeil », « nutrition », « alimentation », « appétit ». On trouve aussi du vocabulaire lié aux actions mises en œuvre dans le cadre de la prévention et des risques : « atelier », « repère », « contacter », « mémoire », « convivialité », « chute ». Ces termes renforcent l’idée que les politiques publiques cherchent à agir sur les besoins et sur les modes de vie. Cela illustre aussi le déploiement des représentations sociales, telles qu’elles sont définies par Denise Jodelet (Jodelet et al., 1989), c’est-à-dire comme des images communes qui sont diffusées à un ensemble social. Ainsi, dans la classe 5 de la CHD issue du corpus des politiques publiques, est renommée : « enjeux des politiques publiques : améliorer la vie

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quotidienne pour préserver les activités et l’autonomie ». Elle montre que les politiques publiques ciblent les habitudes de la vie quotidienne des retraités et des personnes vieillissantes.

À la suite de la CHD, une analyse des similitudes (ADS) a été réalisée à partir de l’ensemble du corpus (les 95 textes). L’analyse des similitudes met en avant les similitudes entre différents éléments, les occurrences des textes dans le cas présent. « L’ADS est une technique reposant sur la théorie des

graphes, classiquement utilisée pour décrire des représentations sociales, sur la base de questionnaires d’enquête (Flament, 1962 ; Flament, 1981 ; Vergès et Bouriche, 2001). L’objectif de l’ADS est d’étudier la proximité et les relations entre les éléments d’un ensemble, sous forme d’arbres maximum : le nombre de liens entre deux items évoluant ‘‘comme le carré du nombre de sommets’’ (Flament et Rouquette, 2003 : 88), l’ADS cherche à réduire le nombre de ces liens pour aboutir à « un graphe connexe et sans cycle » (Degenne et Vergès, 1973 : 473) » (Marchand et Ratinaud, 2012, p. 688). La

mise en œuvre de cette analyse consiste à sélectionner, sur l’ensemble du corpus, les termes le plus souvent cités. La Figure 19 représente cette analyse.

Figure 19 : Analyse des similitudes, analyse textuelle des politiques publiques

Lecture : Analyse des similitudes générale réalisée à partir des 103 mots les plus cités, afin d’obtenir un graphique lisible. Les variables sélectionnées sont les domaines des textes « vieillesse » (en rouge) et « transports et aménagement » (en bleu). Les termes en noir ne sont pas majoritaires dans l’une ou l’autre des variables. L’ensemble des termes gravitent et sont significatifs avec le terme « âgé » (au centre de la figure).

Champ : Analyse textuelle IRaMuTeQ des textes issus des politiques publiques du vieillissement, des transports et de l’aménagement.

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Le terme « âgé » est la principale racine de l’ADS du corpus des politiques publiques qui seraient avant tout des politiques pensées en fonction de l’âge. Toutefois, il a été vu que ce terme soulève une série de questions, surtout dans le cadre du vieillissement. Parle-t-on d’âge biologique ou simplement d’âge chronologique ? Le terme « âgé » est, sur le schéma, en proximité directe avec des termes que l’on retrouve dans les discours des politiques des transports et des territoires (« lieu », « moyen », « effet »), des termes particulièrement employés par les politiques publiques du vieillissement (« intervention », « vieillissement », « programme », « logement », « fragilité ») ou encore des termes à la croisée de ces deux types de politiques publiques (« développer », « assurer », « adapter », « objectif »). L’épaisseur des liens entre les mots dépend du Khi² : plus le trait reliant le terme « âgé » à autre terme est épais, moins la relation entre ces deux termes est due au hasard (et donc plus cette relation est significative). Les termes fortement corrélés au terme central du schéma sont, pour certains, le point central d’une agglomération secondaire de mots. Les termes « service », « social », « santé », « perte » et « prendre » sont des termes ayant une correspondance très forte avec le terme « âgé ». Le mot « service » est source de nombreuses ramifications, avec une forte distinction entre

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