Montreuil, un terrain dans un quartier urbain dense en habitat collectif

Le premier type d’habitat recherché pour réaliser les entretiens est un habitat dense, collectif, très urbain. L’urbain s’est souvent défini par opposition au rural, et réciproquement. Pourtant, initialement ville et campagne ne faisaient qu’un : « originellement, le mot ville n’est guère éloigné de

l’univers champêtre ; en effet, le latin villa renvoie à la maison rurale pour ensuite désigner la maison de campagne. (…) Force est donc de constater que la ville et la campagne sont moins antinomiques que cela n’y paraît à première vue. L’une et l’autre résultent à la fois de la culture au sens de cultiver la terre, aménager la nature, pour rendre propre à l’habitation humaine… » (Marchal et Stébé, 2008, p.

5). Aujourd’hui, les changements de ces deux types d’habitats complexifient les choses, la distinction entre l’environnement urbain et rural est délicate : « la ville et la campagne, le rural et l’urbain, sont

pour nous des catégories pratiques, c’est-à-dire des catégories régissant des identifications et des revendications dans la vie quotidienne » (Rémy et Leclercq, 1998, p. 267). La différenciation entre ces

types d’espaces est issue de représentations sociales notamment sur des distinctions physiques : « tout en gardant des liens avec le monde agricole, le rural s’invente, se centre sur la constitution du

village et de la région comme un milieu de vie confortable et se diversifiant au niveau des emplois »

(Rémy et Leclercq, 1998, p. 268). Le rural se transforme et ne se concentre plus uniquement autour de l’agriculture, même si cette dernière continue de participer aux représentations sociales de la campagne et de la ruralité. En France, la définition de l’urbain proposée par l’Insee en 1954 n’a guère été remise en question : est considérée comme ville toute commune d’au moins 2 000 habitants et où le bâti est continu (pas plus de 200 m de séparation entre le bâti). Face à cette difficulté de définition des espaces, le choix a été fait ici de définir l’urbain à partir de la notion de proximité physique, dont la notion est détaillée dans le chapitre III : proximité entre les services, les habitations et les modes de transport. La ville est le territoire de la « mobilité facilitée » (Wiel, 2001). Ainsi, au-delà de la définition de la ville proposée par l’Insee, la ville et l’urbain seront abordés dans cette thèse de la façon suivante : des communes fortement densifiées en termes de population, mais aussi en termes de modes de transport et de connexions entre ces derniers.

La ville de Montreuil est l’une des villes hors de Paris où le métro est le plus développé (la ville abrite plusieurs stations de la ligne 9 du métro reliant directement Paris et la ligne 11 est en cours d’agrandissement pour relier Montreuil à Paris). Par ailleurs, cette commune abrite de nombreuses lignes de bus (13), intra et intercommunales, ainsi qu’une station de RER ; la ville est ainsi facilement reliée aux communes limitrophes. Enfin, d’autres modes de transports comme le RER permettent aux

60 Nous remercions encore à nouveau les personnels et la direction de la Carsat Normandie ainsi que les évaluateurs rencontrés et l’ensemble du réseau de professionnel.

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habitants de diversifier les modes de transports. La Figure 8 illustre l’utilisation par les actifs61 montreuillois de différents types de transports pour se rendre au travail : les transports en commun représentent près de 60 % des modes de transports utilisés.

Figure 8 : Répartition des différents moyens de transport utilisés pour se rendre au travail en 2016

Source : Insee, 2020g

La proximité à la ville de Paris et toutes ses infrastructures renforcent la notion d’habitat densifié. En 2016, la ville de Montreuil comptait 108 402 habitants (dont 10 % âgés de 60 à 74 ans et 5.8 % de 75 ans et plus) (Insee, 2020e) ; la densité de population était de 12 152,7 habitants/km² (Insee, 2020e). Le type d’habitat le plus répandu à Montreuil est l’habitat collectif dense. La ville est divisée en 14 quartiers, tous très densément peuplés, avec peu de diversification du bâti : principalement des immeubles ou des maisons de ville avec de petits jardins. La Carte 1 représente les arrêts de transports en commun sur la ville de Montreuil. La Carte 2 illustre la répartition des différents quartiers de la ville.

61 Bien que la thèse traite exclusivement des personnes retraitées cette information permet d’observer la répartition des modes de transport sur la commune et l’usage qui en est fait par la majeure partie de la population. Le comportement des retraités ne s’accorde pas forcément à ces pratiques, mais peut y tendre. Ce graphique issu de l’Insee est appliqué pour chacun des terrains d’étude.

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Carte 1 : Répartition des transports en commun sur la commune de Montreuil

Source : Ville de Montreuil, 2020

Carte 2 : Carte de la ville de Montreuil

Source : Ville de Montreuil 2016

Par ailleurs, la commune connaît de nombreuses mutations sur le plan urbain (elle développe des projets de rénovations importants). La population s’est largement diversifiée depuis une dizaine

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d’années : les acteurs rencontrés indiquent avoir remarqué une augmentation de population et une mixité croissante. Enfin, ainsi que le montre le Tableau 4, les personnes sont principalement locataires (60 %) et occupent leur logement depuis moins de 15 ans (au maximum 16.4 ans pour les propriétaires). La part importante des jeunes vivant sur la commune peut expliquer le peu d’années d’ancienneté dans le logement.

Tableau 4 : Statut d’occupation de la résidence principale à Montreuil

Source : Insee, 2020e

De manière générale, le terrain montreuillois a été le plus difficile à mener. De nombreux entretiens ont été refusés, malgré l’aide du Clic et de la mairie pour tenter de multiplier les opportunités et faciliter les rencontres. Les personnes interrogées vivent principalement dans des immeubles (sauf un enquêté vivant dans une maison de ville) ; toutes ont réalisé une mobilité résidentielle pour venir s’installer dans cette ville. Ces personnes ont souvent travaillé à Paris. Elles ont toutes accédé à la propriété en s’installant à Montreuil. Elles vivent à proximité des réseaux de bus et de métro (sauf une personne qui vit dans les hauts de Montreuil et qui n’a que le réseau de bus à proximité physique de son logement). Les entretiens se sont essentiellement déroulés dans le quartier de la mairie de Montreuil. Nouvellement rénové, ce quartier est caractérisé par la proximité des commerces, services et transports. La Figure 9 représente le type d’habitat dans lequel vivent les personnes rencontrées62.

62 Afin de conserver l’anonymat des personnes interrogées, cette photo ne reproduit pas l’immeuble de l’un des enquêtés rencontrés.

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Figure 9 : Photographie de l’habitat dense à Montreuil et vue aérienne du qartier de la mairie

Source : Google Street view et Mairie de Montreuil

La commune de Montreuil, en Seine-Saint-Denis, est donc le terrain retenu dans cette thèse pour analyser la mobilité des retraités et personnes vieillissantes en territoire urbain dense. Le quartier le plus exploré lors de cette enquête est central, proche des commerces et des transports en commun. Ce sont 8 personnes qui ont été interrogées sur la commune de Montreuil en 2016 et 6 en 2017. La moyenne d’âge est de 78 ans (83 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes). Toutes vivent en appartement (seule une personne vit dans une maison de ville) et toutes sont à proximité des stations de métro (sauf une qui vit dans les hauteurs de la ville et qui n’a pas accès direct au métro).