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Accepter l’intervention d’une aide formelle au sein du domicile

Chapitre V : Les effets du PAP sur l’organisation de la mobilité locale et les modes de vie

2. Comment la prévention diffusée par les PAP modifie-t-elle les représentations mentales et les

2.4 Accepter l’intervention d’une aide formelle au sein du domicile

Après le montage du dossier administratif et la visite d’évaluation, accepter qu’une aide à domicile intervienne dans le logement et modifie les habitudes de vie est une étape décisive pour la consommation du PAP. La marge de liberté, cet espace laissé à l’ « indéterminisme » (Perrenoud, 1998, p. 125) du bénéficiaire se réduit puisqu’il doit désormais s’adapter à une aide formelle qui est contrainte par un cadre professionnel qui organise ses interventions. Le bénéficiaire doit donc accepter ces obligations professionnelles au sein de son logement et de sa vie quotidienne. La personne qui accepte un PAP accepte que ses marges de liberté changent, elle a moins de possibilités de « décision individuelle » comme l’explique Norbert Élias : « Ce que nous appelons ‘‘pouvoir’’ n’est dans le fond

rien d’autre que l’expression d’une marge de décision individuelle particulièrement étendue qui va de pair avec certaines positions sociales et traduit à l’intérieur de la société des possibilités plus grandes d’influer sur la manière dont les autres dirigent leur vie et de commander en partie le destin des autres »

(Elias, 1998, p. 94). Avec le PAP et l’aide à domicile, le bénéficiaire accepte que son mode de vie soit modifié. Or, le logement est un espace intime, une « région postérieure » ou « coulisse » pour le sociologue Erving Goffman (Goffman, 1973, p. 110). Le domicile peut se rapporter à l’espace où : « l’acteur peut se détendre, qu’il peut abandonner sa façade, cesser de réciter un rôle, et dépouiller son

personnage. (…) En général, la région postérieure est évidemment le lieu où l’acteur peut avoir l’assurance qu’aucun membre du public ne fera intrusion » (Goffman, 1973, p. 111). C’est dans le

logement que la personne bénéficiaire va devoir revoir ses marges de décisions, car ce territoire de l’intime est bouleversé par l’intervention d’un professionnel qui est là pour aider au maintien de la personne à son domicile. Désormais, la personne doit compter avec une organisation professionnelle ayant des horaires et des contraintes (de temps et de réalisation) ; elle n’est plus seule à entretenir le logement. « Cette ouverture du domicile va de pair avec un sentiment récurrent d’intrusion, la

confrontation des bénéficiaires avec cette pluralité d’alternatives qui représentent les auxiliaires de vie n’allant jamais totalement de soi puisqu’il faut désormais entrer en négociation et accepter de n’être peut-être plus totalement ‘‘maître chez soi’’ » (Blondel et al., 2013, p. 191). Si l’aide à domicile

intervient principalement sur le logement, elle peut également aider le bénéficiaire à l’extérieur, lors de ses déplacements.

De nouvelles relations et échanges sont élaborés au-delà de l’aide préconisée. L’intervention de l’aide formelle au sein du logement dans le cadre d’un PAP de l’action sociale de la Cnav s’apparente à une organisation dans le sens d’action collective comme le décrit le sociologue Michel Crozier. Le bénéficiaire et l’aide à domicile sont des acteurs avec des relations de pouvoir : « dans la mesure où

toute relation entre deux parties suppose échange et adaptation de l’une à l’autre et réciproquement, le pouvoir est inséparablement lié à la négociation. C’est une relation d’échange, donc de négociation dans laquelle deux personnes au moins sont engagées » (Crozier et Friedberg, 1977, p. 56). L’arrivée

d’une aide à domicile redistribue les cartes du pouvoir dans le logement, ce qui nécessite donc des négociations, des ajustements entre ce qui est effectivement préconisé par le PAP et ce qui peut être réalisé en fonction des compétences, mais aussi de la façon dont la personne retraitée accepte l’intervention : « La marge de liberté dont dispose chacun des partenaires engagés dans une relation

de pouvoir, c’est-à-dire dans sa possibilité plus ou moins grande de refuser ce que l’autre lui demande »

(Crozier et Friedberg, 1977, p. 60). Ainsi, l’échange entre le bénéficiaire et l’aide à domicile est décisif pour l’effectivité du PAP. Par ailleurs, les « demandeurs exclus », ceux qui se sont parfois vus imposer, à la suite d’un retour d’hospitalisation, un PAP et la présence de professionnels pour l’entretien de leur

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domicile, ont souvent eu plus de difficultés à accepter cette nouvelle relation qui prend forme dans l’intimité du logement et des habitudes de vie.

La difficulté principale, souvent source de non-recours, est l’image de l’aide à domicile. Si certains enquêtés, interrogés dans le cadre de l’enquête qualitative, expliquent être à l’origine des démarches (« demandeurs acteurs ») pour obtenir une aide formelle, d’autres refusent catégoriquement ce type d’aide, perçue comme un stigmate du vieillissement. C’est le cas, par exemple, de M. Paganus. Cet ancien pompier, âgé de 69 ans en 2016, occupe avec son épouse une petite maison de village en location dans l’un des bourgs du Pays de Bray. Leur comportement depuis le passage à la retraite correspond à une « retraite loisir » : « Elle [la retraite consommation] peut prendre deux formes

essentielles en fonction des deux formes de consommation coexistant dans notre société : la consommation de masse et la consommation communautaire dans le cadre du milieu familial. Dans le premier cas, on parlera de retraite-loisirs et dans le second cas de retraite-famille. Ces deux modalités d'une même pratique ont en commun une orientation consommatoire. Toutes deux mettent l'accent au moment de la cessation d'activité sur la réappropriation individuelle du produit social sous ses différentes formes » (Guillemard et Castells, 1971, p. 287). Le couple est engagé dans plusieurs

associations et activités (associations sportives, club senior) et ils font régulièrement (3 à 4 fois par an) des voyages en camping-car. Le couple ne bénéficie pas d’un PAP de l’action sociale de la Cnav. La question d’une aide institutionnelle s’était posée en 2015 lorsqu’il avait d’importants soucis de santé. Mais pour lui, la mise en œuvre d’une aide formelle est inenvisageable…

M. Paganus : « Moi, pendant un moment je ne pouvais plus marcher, je me voyais atterrir dans un fauteuil à un moment, j’étais très très mal.

Q : Et du coup, est-ce que vous avez, à ce moment-là, réfléchi à l’éventualité d’une aide à domicile ou des choses comme ça.

M. Paganus : Ah non, j’ai juste réfléchi à ce que j’allais utiliser pour me faire sauter la tête, vous voyez ! C’est clair, j’ai changé pas mal de fois. Moi, il n’était pas question que je termine ma vie dans un fauteuil. J’avais envisagé sérieusement, il n’était pas question que quelqu’un vienne m’aider à aller aux toilettes, il était hors de question ! (…) Et puis pour aller aux toilettes, il faut monter les escaliers, vous montez une marche et en arrière, vous essayez dans tous les sens et puis vous voyez que votre pied va comme ça, c’est atroce, c’est atroce, c’est atroce !

Mme Paganus : Non l’aide à domicile ce sera moi, bien qu’il soit tellement lourd que je ne pourrais pas le soulever. »

M. Paganus refuse une aide formelle, mais pas forcément une aide informelle. La dernière réflexion de Mme Paganus dans l’extrait d’entretien pourrait illustrer l’idée que l’aide est d’abord réalisée au sein du couple, et plus facilement par la femme par rapport à l’homme. Cette réflexion est notamment à mettre en lien avec le travail de l’économiste et sociologue Sylvie Renaut sur l’aide et l’entraide au sein du couple (Renaut et al., 2019). Si l’aide est élaborée entre un bénéficiaire et un professionnel lorsque le bénéficiaire est en couple l’intervention du professionnel doit prendre en compte l’autre membre du couple. Or, il est avéré que ce sont plus souvent des personnes seules, souvent des femmes veuves, qui bénéficient des PAP de l’action sociale de la Cnav.

Le couple confie chercher à déménager pour se rapprocher de leurs enfants. Cette mobilité résidentielle permettrait d’avoir leurs enfants près d’eux si M. Paganus avait à nouveau des problèmes. Accepter l’intervention d’un professionnel pour faire le ménage chez soi, ou encore plus pour faire des soins comme l’aide à la toilette par exemple n’est pas une chose facile et les critiques envers les aides à domicile ont été nombreuses, surtout de la part de ces femmes dont l’entretien du logement a été une tâche centrale tout au long de leur vie. Aujourd’hui, la plupart de ces femmes se retrouvent seules, souvent dans leur grands appartement ou maison, il leur est difficile d’accepter qu’une personne extérieure fasse le ménage, contraigne des emplois du temps, d’une façon différente de la leur, qui plus est. C’est le cas par exemple de Mme Temple. Cette veuve âgée de 86 ans en 2016 est retournée s’installer pour sa retraite dans son village d’enfance dans le Pays de Bray, dans une grande maison,

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après une carrière dans la restauration à Paris. Après des problèmes de hanches, elle a décidé elle-même de faire les démarches pour bénéficier d’une aide à domicile, car elle connaît beaucoup de monde (associations, personnels de mairie) dans son village qui a pu l’accompagner dans ses démarches. Elle a donc un profil de « demandeurs acteurs ». Son comportement depuis le passage à la retraite correspond à une « retraite participation », car elle s’est engagée dans différentes actions depuis son passage à la retraite. « Cette pratique [retraite-participation] traite le rapport à la société

sous la forme de sa reproduction, en manifestant une adaptation aux formes sociales existantes à travers une participation, lointaine, mais intense, aux expressions les plus directes de la société globale, par exemple les mass media » (Guillemard et Castells, 1971, p.287). À présent, l’aide est en place

depuis 2014. Cependant, elle éprouve toujours quelques difficultés à accepter la façon dont l’aide à domicile entretient son logement.

Mme Temple : « Oui depuis deux ans et demi maintenant. Elle n'est pas très méticuleuse

[elle rit]. (…) Je la vois tourner autour de la table basse. Alors je me dis : ‘‘Peut-être qu'elle

va la déplacer.’’ Alors, je continue à regarder quand même. Et puis, alors voyant qu'elle ne fait pas, je me lève et je lui dis : ‘’Vous pensez à déplacer la table là ? Parce que quand même, il faudrait passer un petit coup d'aspirateur de temps en temps.’’ Alors elle me dit : ‘‘Pourquoi, il y a de la poussière en dessous ?’’ Je dis : ‘‘Oui, certainement, vous l'avez déplacée ?’’ Cela faisait déjà au moins un an et demi qu'elle faisait le ménage chez moi. Elle me dit : ‘‘Non, je n'ai jamais osé, parce qu'elle est lourde.’’ ‘‘Quoi, vous n'avez jamais déplacé la table depuis que vous êtes chez moi, parce qu'elle est lourde ?’’ Alors j'ai dit : ‘‘Venez avec moi’’ et j'ai dit : ‘‘Moi je la tire, je la déplace du tapis, le passe mon aspirateur et puis ça y est.’’ Eh bien, croyez-moi si vous voulez, mais depuis, elle fait toujours pareil. Elle ne la déplace pas. C'est moi qui le fais le samedi, quand je fais le ménage moi à fond. Q : Est-ce que vous vous attendriez à ce qu'elle fasse plus le ménage ?

Mme Temple : À ce qu'elle soit un peu plus propre. »

Si cet extrait peut sembler anecdotique, nombreuses ont été les femmes interrogées à se plaindre des pratiques des intervenantes à domicile. Au-delà de l’aspect genré (aucun homme bénéficiaire n’a fait de critique sur la façon de faire le ménage), cet extrait met en avant le bouleversement que peut représenter l’intervention de l’aide à domicile dans le logement. En 2013, le CREDOC a mené une étude auprès de trois cents bénéficiaires de l’action sociale de la Cnav sur différentes Carsats. Les relations à l’aide à domicile y étaient abordées. Dans l’étude du CREDOC réalisée en 2013 sur la satisfaction des bénéficiaires d’un PAP, malgré un taux de satisfaction élevé des PAP, deux critiques ressortent régulièrement : un volume horaire alloué pour l’aide insuffisant et les « incompétences » des aides à domicile : « Les principaux motifs portent sur les compétences de l’aide à domicile et son travail : la

compétence, la lenteur et le type de tâches. À noter également dans les motifs d’insatisfaction, le décalage possible entre les attentes de la personne âgée qui a une certaine perception du champ de compétences de l’aide à domicile et la perception de la professionnelle. Ces écarts peuvent être source de tensions comme le montrent les exploitations que le CREDOC a réalisées à partir de l’enquête menée par la DREES sur les Intervenants à Domicile auprès des personnes fragiles. Ils s’expliquent notamment par le fait qu’on est sur des métiers dont le champ de compétences reste flou malgré les efforts des structures prestataires, mais aussi des politiques actuelles. Enfin, le turnover reste un motif d’insatisfaction pour les personnes âgées » (Loones, 2013, p. 53). Ces remarques laissent entrevoir la

difficulté que la mise œuvre d’une intervention d’aide à domicile peut provoquer chez les personnes vieillissantes.

Par ailleurs, le rôle central alloué à ces professionnels reste peu pris en compte par les sphères décisionnelles devant à la fois affirmer un savoir-faire spécifique (comme le respect des risques professionnels au domicile par exemple) et prendre en compte les spécificités des habitudes de vie de chacune des personnes chez qui elles interviennent. Si les métiers d’aide à domicile ont connu une grande impulsion avec le plan Borloo de 2005, ce secteur ne parvient pas à acquérir une réelle reconnaissance. En 2014, Jean-Marie Vanlerenberghe et Dominique Watrin proposaient de renforcer

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la participation de l’État sur ce secteur : « Renforcer durablement la participation de l’État dans le

financement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et de la prestation de compensation du handicap (PCH) afin d’assurer la solvabilisation et la qualité des interventions des structures d’aide à domicile. Sur la base de l’étude nationale de coûts engagée dans le secteur, définir un tarif national de référence de l’APA, modulable suivant les caractéristiques des départements. Approfondir et accompagner les efforts de mutualisation et de modernisation engagés par les services d’aide à domicile dans une optique d’amélioration de leur situation financière et de la qualité du service rendu »

(Vanlerenberghe et Watrin, 2014, p. 8). La reconnaissance des risques professionnels dans ce secteur doit aussi être distinguée : selon le rapport, il est fondamental de développer la formation et la professionnalisation de ces métiers, surtout dans l’objectif de reconnaissance de ces métiers par les autres acteurs du secteur de l’aide à la personne, et d’être plus précis sur les cahiers des charges des structures d’aide à domicile. En 2019, le rapport Libault rappelle l’importante de ce corps de métier pour le maintien à domicile et le besoin de formation dans ce secteur : « Concernant l’aide à domicile,

le secteur souffre avant tout d’un problème d’offre. La demande est largement solvabilisée (à 90 %) du fait des réformes récentes. En revanche, le mode de tarification des services, à l’heure actuelle, ne permet pas de financer les indispensables temps de coordination et de formation. Les difficultés de recrutement sont considérables, les conditions de travail difficiles, l’absentéisme très élevé et les accidents du travail records. L’urgence est d’investir dans la qualité de service qui ne peut passer que par une amélioration des conditions de travail » (Libault, 2019, p. 14). Par ailleurs, les

recommandations du rapport Libault sur le secteur de l’aide à domicile correspondent à ce qui est déjà paru sur le sujet depuis plusieurs années (Aldeghi et Loones 2010 ; Cour des comptes 2016 ; Eneis Conseil et EY 2016). Les difficultés liées à la charge de travail et au manque de reconnaissance (institutionnel, par les acteurs partenaires, mais aussi économique) poussent une grande partie des aides à domicile à quitter ce secteur pourtant toujours aussi porteur. La gestionnaire d’un service d’aide à domicile interrogée dans le cadre des entretiens préparatoires au choix des terrains d’études confiait effectivement que sa structure n'était jamais invitée dans les instances locales ou départementales (notamment au sujet des tables tactiques MAIA114). La difficulté à faire réseau pour ces métiers, tout comme pour les acteurs de l’action sociale, apparaît à partir de la rencontre avec cette gestionnaire et de l’expérience professionnelle au sein de la Dasif. Même si des fédérations existent, les personnes qui sont au plus proches du terrain sont rarement bien informées et n’ont pas les moyens de se rassembler et d’échanger sur leurs pratiques. Cette impossibilité de faire réseau ne peut qu’amplifier les difficultés générales rencontrées par les professionnels du secteur.

Le « bien vieillir », qui intègre la norme sur la mobilité locale diffusée par les politiques publiques du vieillissement, est assimilé par les retraités et les personnes vieillissantes dans leur vie quotidienne : conscientes de leurs difficultés physiques, elles parviennent, à maintenir leur quotidien. L’articulation avec les aides de prévention de l’action sociale de la Cnav est toutefois délicate pour les bénéficiaires qui ont été interrogés dans le cadre de l’enquête qualitative : l’aide apportée, sur une durée d’un an, s’insère rarement aux habitudes de vie du bénéficiaire, elles sont difficilement comprises et suivies, surtout en ce qui concerne les aides liées à la prévention (ateliers, sécurisation du logement). L’intervention de l’aide à domicile a aussi des effets sur l’organisation de la vie quotidienne du bénéficiaire : les emplois du temps professionnels de l’aide à domicile s’imposent aux emplois du temps des bénéficiaires ; le temps dédié à l’aide est aussi compté (deux heures maximums par semaine environ) ; la façon de travailler, de faire le ménage est différente entre le professionnel

114 La Méthode d'action pour l'intégration des services d'aide et de soin dans le champ de l'autonomie (MAIA), est développée en France depuis 2011. Il s’agit d’un cadre rassemblant les acteurs décisionnaires (sur des réunions appelées tables stratégies) et des acteurs de terrain (sur des réunions appelées tables tactiques). L’objectif est de réaliser une coordination entre les acteurs sur un territoire précis et de suivre certaines personnes en difficulté et dont l’élaboration de l’aide doit se faire par plusieurs acteurs. En Île-de-France, la Dasif participe aux tables stratégiques MAIA cependant ces dernières sont souvent annulées, reportées, et de nombreux territoires n’en sont pas ou plus dotés à cause de difficultés à mobiliser des acteurs pour organiser ces rencontres.

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et l’attente des bénéficiaires. Bref, la relation de pouvoir dans l’espace de l’intimité que représente le logement demande un effort d’adaptation de la part des bénéficiaires.

Ainsi, la façon dont l’aide se met en place est un moment charnière pour la relation à l’aide pour la personne vieillissante. L’implication de la personne est différente, trois comportements ont été repérés. Parfois les personnes « fragiles », ne peuvent prendre part à la mise en œuvre de l’aide, ce qui peut avoir des conséquences sur la façon dont ces dernières l’acceptent par la suite. D’autres au contraire sont initiatrices de la demande (il s’agit surtout des personnes à l’aise avec les démarches administratives). D’autres enfin sont spectatrices de la mise en œuvre bien qu’elles soient capables par la suite de prendre en main les aides. La réalisation de l’évaluation permet une présentation et une tentative d’adaptation de la prévention aux habitudes de vie des bénéficiaires. Cependant, les aides liées à la prévention sont rarement comprises par les retraités et les personnes vieillissantes115. Le « bien vieillir », qui correspond à la mise en valeur des activités extérieures et du lien social est intégré par les personnes interrogées qu’elles soient bénéficiaires d’un PAP ou non. Ce sont les retraités les plus jeunes qui intègrent totalement le « bien vieillir ». L’élaboration du PAP, qui contient généralement des aides liées à la prévention et à « bien vieillir », n’est pas toujours comprise et appliquée par les bénéficiaires. D’ailleurs, les PAP connaissent tous une adaptation entre ce qui est préconisé et ce qui peut être réalisé par le service d’aide à domicile. Une véritable relation de pouvoir s’instaure entre le bénéficiaire et l’aide à domicile. C’est un changement, au sens de Michel Crozier, qui n’est « ni une étape logique d’un développement humain inéluctable, ni l’imposition d’un modèle

d’organisation sociale meilleur, parce que plus rationnel, ni même le résultat naturel des luttes entre

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